Gérontologie et plafonds bas

Tout d’abord : on apprend que le chenu mannequin de la maison Smalto, Jack, 80 balais aux prunes cette année, est actuellement toujours Président de l’Institut du Monde Arabe (IMA) , à Paris, ceci en contradiction formelle avec les dispositions sur l’âge de la retraite des fonctionnaires. Au fait, les costards sur mesure, le célèbre couturier rital s’en est collé pour environ 200.000 euros, mazette ! Fillon fait vraiment petit joueur à côté. Ce ne sont pas des cadeaux avec ou sans renvoi d’ascenseur, meuuh non, qu’est-ce que vous allez chercher ; c’est pour les défilés de mode à l’IMA. Ben quoi… le cadre est chouette, et il y a même un restau au sommet sur la terrasse pour organiser des coquetels face à la Seine. Feu Lagerfeld, qui lui n’était pas fonctionnaire, n’aurait pas imaginé mieux.

Et puis cet article éclairant sur l’urbanisme nul de chez Nul de chez nous. Figurez-vous que les Français ne veulent décidément pas densifier correctement le tissu urbain ; ça fait de la peine aux écolos. Le rêve, le credo des écolos-logiques et ayahtollesques, c’est… 1) le maximum d’espace terrestre pour cultiver des légumes évidemment bio (*) ;  2) et puis des grandes tours dans des conurbations, pour y loger tout le monde, comme ça plus besoin de prendre sa bagnole, pas de place perdue, convivialité gnagnagna… eh bien c’est loupé ! ces cons de Français s’efforcent de miter le paysage en faisant construire leur petit « Sam’suffit » ou « Mon repos » un peu partout, de préférence en pleine cambrousse au milieu de nulle-part, pelouse, allée gravillonnée, portail et haie de tuyas (voire barbelés, miradors et doberman), toiture deux-pentes en tuiles-béton marron foncé avec casquette sur l’entrée, deux chambres rikiki mais suite parentale royale comme le couscous, terrasse pavée en grès non-gélif, et puis grand garage ; on y met la tondeuse, la table de ping-pong, les vélos et le barbecue en hiver, en attendant de pouvoir se construire la chapelle à merguez en parpaings, enduit taloché. Et, forcément, le matin pour aller au boulot – quand ils ont du boulot – ils prennent leur bagnole (pas le choix) : eh bien c’est la-men-ta-ble. Mais c’est comme ça.

C’est comme ça et ça démontre tout bonnement que ce qu’on nous propose pour habiter collectivement est tout sauf engageant. Des parallélépipèdes rectangles d’un conformisme consternant, des balcons étriqués et miteux donnant sur le parking en dessous, des plafonds de plus en plus bas – en dessous de 250 cm maintenant ! (**) -, les voisins qu’on entend péter, des WC et des salles de bains aveugles, des parties communes aussi plaisantes qu’une journée chez Roblot, les chambres où pour pouvoir poser le pied le matin il faut d’abord pousser le lit contre le mur ; peu ou pas de rangements… il manque plein de choses, outre des architectures un peu chouettes, spacieuses et lumineuses : le vestibule ! le quoi ? le vestibule : les godasses, le parapluie, les manteaux, tout ça… et puis une arrière-cuisine, si si, la souillarde ! pour les provisions, le congèle, les confitures, le stock de PQ, les bassines et l’aspirateur. Des prises électriques dans les parkings, pour les futures bagnoles rechargeables. Et des prix corrects, des syndics pas trop gourmands, des charges supportables, des… autant flûter, tiens. Alors ? alors on fait construire, comme on dit. Dans des lotissements et des paysages aussi enthousiasmants qu’une journée aux PFG.

Tibert

(*) et puis des élevages bio de volaille bio en plein air, et des fermes bio d’aquaculture bio, avec recyclage bio des déchets – si les vegans n’ont pas pris le pouvoir.

(**) Les différents ministres du logement ont tous été incapables – ils s’en foutent, eux n’habitent pas là – de fixer une norme nationale, pourtant indispensable pour contrer les manips des promoteurs tendant à nous empiler de plus en plus serré. Deux-cent-soixante-cinq centimètres MINIMUM sous plafond, ça serait trop demander ?