Rosbif radars en France

Les radars nouveaux arrivent ! vachement plus difficiles à caviarder, quatre mètres de haut, et rotatifs : 2.000 cabines de radars seront installées pour y faire tourner aléatoirement (aller à Thouars ou ailleurs…)  700 vraies caméras – histoire que ce pigeon d’automobiliste, qu’un gros bahut aura empêché de lire les panneaux de vitesse, ne sache pas si radar il y a ou pas en haut du perchoir ; en plus ça ne flashera même pas : furtif, subtil, résilient, efficace. On pourra même surveiller si vous clopez ou si vous êtes en train de mettre la main droite sur le genou gauche de votre passagère ! madame Perrichon sera ravie, et vous, monsieur Dugenou, votre permis en lambeaux et votre porte-monnaie en seront pour leurs frais : z’avez qu’à respecter les limites de vitesse – dont il est possible que vous ne puissiez connaître la consigne, et tant pis pour vous. Ou bien roulez à 29,5 km/h uniformément, ça vaut partout !

Le côté amusant, si j’ose dire, de l’histoire, c’est que la présentation dudit système Mesta-Fusion par son concepteur est en anglais ! C’est ici. Logique : Big-Brother est anglais, pas vrai ? à vous donc de pratiquer la langue de madame May pour admirer cette bête de technologie, dont la France peut être fière, avant qu’elle ne vous fasse très mal. Et tout ça parce que les véhicules, eux, sont immatriculés ! le jour où le citoyen-piéton, fautif par lui-même – traversée hors des clous, le verre de trop avec une puce-espion au fond, un gros mot « xxx…phobe » lu sur les lèvres, etc – sera équipé d’une immatriculation lisible par radar, portique radio, code-barre… les portes seront ouvertes à un avenir radieux – et juteux !

Tibert (… et  toujours 3.700 morts / an grosso-modo sur la route, contre 20.000 en accidents domestiques, qui, eux, ne sont pas juteux et sont donc nettement moins dignes d’intérêt)

 

Fo Q

C’est chouette, le langage SMS, non ? ça permet d’en signifier beaucoup en peu de lettres. Donc, oui, « Fo q ».

De quoi s’agit-il ? de radars, encore et toujours les radars ! les radars au bord des routes, qui permettent paraît-il de porter remède à la principale source de criminalité dans ce pays : la route ! les braquages, les vols à la tire, à la roulette, à la portière, les cambriolages, les agressions, les escroqueries… tout ça compte peu, c’est l’épaisseur du trait, et la Maréchaussée vous laisse l’initiative : à vous de vous déplacer au Poste, citoyens – si vous êtes en état de le faire – pour porter plainte, au moins signaler le truc… pour l’assurance ! en revanche, si c’est un « délit » sur la route, pas la peine, c’est auto-matique, vite un cliché, souriez, c’est dans la boîte, vous recevrez l’avis par la poste.

Et que dit d’intéressant le Rapporteur spécial, M. Mariton, dans l’article du Figarôt que je vous ai déniché ? des choses intéressantes, mais mezzo voce, hein, dans la demi-teinte :

– « ce qui reste du produit des amendes (…) doit être consacré à la sécurité routière. Une partie de cette somme – 208 millions d’euros en 2009 – sera versée à l’AFITF, l’Agence de financement des infra­structures de France. Or cet établissement public n’est pas en mesure de justifier clairement l’impact de ses investissements routiers sur la sécurité routière. » En clair : « on est censés utiliser le fric de ces amendes à améliorer le réseau, mais ça ne se fait pas ». Or chacun sait que si la route est dangereuse, c’est d’abord parce que la route est dangereuse ! les virages mal foutus, ça se corrige, les intersections sans visibilité, ça s’arrange, et pas nécessairement avec des putains de rond-points tous les 100 mètres.

« (…) l’objectif de passer à moins de 3 000 tués ne sera pas atteint. On obtiendra 3 350 tués. Par ailleurs, l’installation de radars s’est ralentie à partir de 2007. Or il ne faut pas relâcher l’effort dans ce domaine tout en associant mieux les usagers au choix des emplacements et de la vitesse limite« . C’est énorme, en gros, on nous dit :

– LA méthode pour réduire les tués sur la route, c’est les radars. C’est faux ! encore une fois, la qualité de nos routes est essentielle en ce domaine. Plutôt que de coller un panneau « Attention virage dangereux » et un radar, si l’on supprimait le virage dangereux ?

– que les usagers sont associés au choix des emplacements ! qui a jamais été consulté sur l’emplacement d’un nouveau radar ? et les radars mobiles, on vous a consultés avant de les dissimuler, dans une descente bien droite, par exemple ?

– « En 2008, la circulation a diminué de 1,5 % et l’accidentalité de 7,8 %. » En voilà un aveu qu’il est intéressant ! la densité du trafic y est pour quelque chose, dans les accidents.. pas que la vitesse, alors ? les tétrachiées de camions sur nos routes, ça pourrait y être pour quelque chose, dans les accidents ?

Un point reste très positif aux yeux du Rapporteur Spécial : les radars s’auto-financent largement, chaque radar rapporte de quoi peupler nos bords de routes, permet de faire des petits… chouette perspective, prendre la route va devenir de plus en plus plaisant.

Deux remarques pour finir, M. Mariton  :

Premio : si la SNCF ne se foutait pas de la tête de ses clients en leur proposant des billets hors de prix alors que les trains sont vides (exemple : le 1er Mai, tarif « gros trafic » et trains vides), on envisagerait de laisser notre bagnole au vestiaire, on prendrait le train… avec moins de risques d’accident, vous en conviendrez.

Deuxièmo : si les péages d’autoroutes étaient raisonnables, on envisagerait de déserter les voies ordinaires pour les trajets longs et usants. Il paraît que les autoroutes sont plus sûres. Mais se faire racketter de 30, 40, 50 euros, ça non. On pourrait, tiens,  affecter le fric des radars à réduire le montant des péages…