Colbert ? bon sang mais c’est bien sûr !

( Juste une remarque, comme ça : le Conseil d’Etat rétablit la liberté de manifester… ah ! enfin  ! on peut maintenant être plus de dix à gueuler dans la rue. Puisque ça vient juste d’être promulgué, les divers rassemblements « Les vies noires comptent » et autres » la police tue » qui se sont tenus auparavant étaient donc illégaux ? mais alors… mais alors…  pourquoi les avoir interdits ? … parce que, si l’on doit interdire explicitement et chaque fois tout ce qui se goupille d’illégal, on va vite trouver ça lassant. Mais, vous me dites…  ? ah, on les a tolérés ? décidément, il est des nuances qui m’échappent. Et de voir hier de jeunes adultes cagoulés se balader dans Paris ou Bordeaux avec des pancartes « La police tue », avant de balancer en tir courbe ou tendu des pavés vers les policiers, donne une idée de la confusion mentale qui règne ces temps-ci )

Mais bon… monsieur Ayrault, le souriant 😉  ex-maire de Nantes et ex-premier ministre émérite de Pépère-Moi-Président, propose de débaptiser des salles  de lieux illustres – nous autres pauvres clampins n’y avons pas accès -, salles dédiées à Colbert, ministre de Louis XIV. Colbert était un esclavagiste, figurez-vous ! Né au début du 17 ème siècle, mort depuis 336 ans, bombardé patron de salles majestueuses et statufié dans toute sa gloire, Colbert était en fait un salopard !  Et dire que ça nous avait échappé. A monsieur Ayrault aussi, d’ailleurs, jusqu’à ces derniers jours. Mais il n’est jamais trop tard pour pencher du bon côté, du côté d’où vient le vent.

A propos de vent, tiens… on déprogramme ici et là « Autant en emporte le vent », ce film esclavagiste : c’est bien, mais insuffisant. il faut aller à la racine, et brûler l’oeuvre malsaine qui a inspiré ce navet raciste. C’est vrai, quoi… foutons au feu Margaret Mitchell et son immonde pavé ; ajoutons-y Hergé pour son « Tintin au Congo », tiens, et puis Georges Simenon – « Quartier nègre », vous vous rendez-compte ? – et puis Albert Camus, et qui encore ? … allez, purifions, purifions.

Tibert

Pour clarifier le débat

Je ne vais pas vous causer des essais de pub éphémère sur les trottoirs : cela justifierait de longs développements. De quel droit l’espace public est-il privatisable ? vous me direz, les terrasses des bistrots empiètent largement déjà ! et en hiver c’est opaque et massif, une terrasse de bistrot, bâchée, chauffée, enfumée… effectivement, les terrasses bouffent les trottoirs, et les motos-je-me-gare-où-je-veux, et les vélos qui circulent pas gênés, et les bagnoles garées abusivement, et les crocrottes des chienchiens qu’il faut contourner. Face à ces appropriations scandaleuses du domaine public, des municipalités vont tenter de détourner plaisamment votre attention, de rentabiliser gaiement le bitume au ras du sol : Bubo-Bubon-Bubonnet, et puis Couscous Gare-Bite bon comm’là-bas, etc. Faites comme moi : essuyez-vous les pieds dessus ! à l’inverse des colombins canins, Ne laissez nulle place / Où le pied ne passe et repasse etc etc, bref, piétinons et faisons en sorte de ruiner ces initiatives indignes. La pub se met à faire le trottoir : la réalité dépasse la métaphore.

Oui, mais je voulais traiter du débat, le débat sur le racisme. Ayant lu attentivement, je vois nettement plus clair, muni de deux articles  (du Monde, what else ?) juteux et pleins de sens. Où il se dit savamment que, c’est quasi lacanien, le langage est structuré par le racisme. Le premier topo traite du « raciste pas raciste » ; le paradigme incarné de cette galipette, de ce concept oxymoresque serait l’humoriste Michel Leeb, notamment dans un sketch sur les Africains. Chapeau (*) de l’article :  » Le racisme n’est pas une opinion, mais un fait structurel  » (**). Le péché originel, en quelque sorte… Vous êtes Blanc ? c’est irréparable. Et vice-versa.

Le deuxième article se pare des oripeaux de notations scientifiques (vocabulaires R et AR) mais nous agrippe le paletot avec un titre carrément olé-olé :  » Non-souchiens ou racisé.e.s, la novlangue des dévôts de la race « . L’auteure – ou l’autrice, ou l’auteuse, l’Académie nous dira un jour, peut-être, la bonne parole – semble renvoyer dos à dos les tenants des deux camps, coupables de jargoniser des concepts bancaux. J’ajouterai qu’elle y apporte sa contribution pénétrante, je cite : «  … par exemple, le mot ‘souchien’ signifie avant tout ‘non-souchien’  « . Et toc ! c’est tout de suite plus clair, non ? la créatrice de ce néologisme sous-canidé (très très désobligeant, il faut bien le dire), avait donc en tête de désigner l’opposé de ce qu’elle voulait nommer… de l’art de viser dans les coins, en somme ; voire de se tirer une balle dans le pied.

Reste que la péroraison de ce papier qui tire à hue et à dia est, croit-on comprendre, réconfortante : il semble qu’on y défende, qu’on veuille y défendre la langue française, face aux dévôts de la race de toutes obédiences. Si c’est ça, si j’ai bon, là, je serai bref : +1 !

Tibert

(*) Chapeau, c’est tout de même plus mignon que abstract, non ? chapeau, c’est bien trouvé.

(**) le racisme, un fait structurel ? comment un fait structurel peut-il constituer un délit ?  vous avez trois heures.