En comptant des moutons

(Au fait : on ne nous l’avait pas dit, mais la ridicule, brimatoire, stigmatisante (pour les provinciaux, si si, ils existent) et inefficace mesure de limitation à 80 km/h sur TOUTES les routes sans séparateur médian : eh bien, ils hésitaient entre 70 et 80, et, sympas comme tout, ils en sont restés à 80. Mais ce n’est que partie remise, et au prochain massacre causé par un fêlé bourré, sans permis et / ou bourrant à 140 à l’heure, on va avoir droit aux 70, « pour votre sécurité » bien entendu, ça va de soi, quelle question ! Et ainsi de suite… merci bien monsieur le Premier Ministre ! )

Bon, ça sert à rien, ils sont sourds, mais ça soulage. J’en viens donc à mon billet…  voilà, Le Parigot clame que désormais ce sera plus comme avant : on va avoir grâce à lui les VRAIS effectifs des manifs. C’est tout con : on comptabilise les têtes vues de dessus au passage d’une ligne imaginaire perpendiculaire à l’axe de la rue quelque part entre Bastille et République, ou Bastille et Nation, ou… bref, un comptage électronique basé sur la reconnaissance des têtes vues d’en haut, chevelues glabres nues coiffées de bitos de bonnets de foulards de chèches de.. et l’on peut annoncer, non pas « y avait 80.000 manifestants selon les organisateurs, 22.000 selon la police » mais : « y avait exactement 47.329 manifestants ». Vous voyez le progrès !

Ben non. Il y avait une certaine poésie au flou des comptages ; Verlaine l’avait écrit joliment : « De la musique avant toute chose / Et pour cela préfère l’impair / Plus vague et plus soluble dan l’air etc etc« . Et puis « ceux qui comptent leurs pieds (puis divisent par deux) ne sont pas des poètes, ce sont des dactylographes », ajoutait Léo Ferré, bien d’accord avec Verlaine sur ce point. Les lendemains qui chantent, Camarade Syndicaliste en lutte pour la  Défense des Travailleurs et du statut des cheminots – chouettes retraites spécifiques en déficit de 3,3 milliards d’euros, compensés par qui ? par nous, bonnes pommes -, ces Lendemains Chantants, disais-je, ont besoin de souffle, de lyrisme, d’élan, pas de comptages pointilleux, mesquins et chichiteux.

Outre le souffle ample et flou, il se trouvera certainement, c’est réglé à l’avance comme du papelard à musique, prévisible à 98, 7 % , qu’un opportun sondage sorti de derrière les fagots journalistiques nous apprendra le soutien massif des Français aux gréves SNCF RATP etc… comme d’hab, annoncées et à venir. On prend les paris ?

Tibert, une seule tête vue du dessus.