Le pays des gauches de l'homme

Si un de ces jours le pays où je vis – cher pays de mon enfance, etc etc… – en vient à retrouver ses esprits et sa raison, il faudra en profiter pour souffler un peu, faire le plein (de carburant) à ras la goulotte, remplir les jerricans et la citerne à fioul planquée derrière la machine à laver (*). Et réfléchir un peu, puisqu’on pourra enfin se payer ce luxe.

Réfléchir au hold-up qui a été opéré chez nous par les idéologues depuis 30 ans – en gros l’arrivée de Tonton aux manettes – avec la complicité des utilisateurs de concepts, puisqu’une idée ne prend vie que dans la rue et la pratique. Il est évidemment bien plus facile de faire vivre un concept de “droits” que de ” devoirs”, bien que tout philosophe un poil sérieux puisse vous confirmer sans aucune hésitation qu’un droit sans devoir, c’est comme Laurel sans Hardy, une saucisse sans purée, ou comme une ablation de sein, ou de testicule. Il faut les deux pour que ça soit harmonieux, équilibré, pour que ça balance bien.

Je proposerai donc à mes chères lectrices et presque aussi chers lecteurs de débattre de la vie dans la Cité, des concepts et de leurs biais, de la parole responsable et du sparadrap sur la bouche, des libertés et des devoirs ; par exemple, que diriez-vous du thème suivant ? droit de grève = droit d’arrêter de bosser ; gauche de grève = droit de grève + droit d’empêcher les autres de bosser.

Admettez, allez, admettez que le deuxième terme est bien plus riche ! quoique… “riche”… gloups… quel mot affreux !

Tibert

(*) ben quoi… les Suisses ont bien chacun leur petit abri-antiatomique individuel… pourquoi les Français n’auraient pas leur réserve stratégique individuelle de carburant, pour le cas z’où ?

Feue notre insouciante jeunesse

Il est des constats navrants ou enthousiasmants, c’est selon. Tenez, je ne me souviens pas m’être un seul instant, au cours de ma jeunesse folle, soucié de ce qu’il adviendrait de moi lors de ma mise à la retraite. Soyons clair : je m’en foutais totalement. Questionnant mes amis autour de moi, c’est la même réponse : ils et elles s’en tapaient complètement.

Eh bien, les jeunes d’aujourd’hui, surtout ceux qui sont inscrits au PS, à la Ligue, au NPA, aux Abonnés Absents… bref des tas et des tas de jeunes disent se préoccuper bigrement de leur retraite. Disons le tout net : ça leur caille les sangs, ça les empêche de travailler, ça les pousse dans la rue, ça leur fait crier des choses déchirantes, du genre “Sarko t’es foutu etc etc…”. La jeunesse est dans la rue, mais – du moins si l’on en croit ses slogans – pour défendre âprement ses 160 futurs trimestres de cotisation.

Je vous le dis, moi : c’est sinistre. Y a plus de jeunesse.

Tibert

Vagues à l'âme

Grèves : chronique… chronique de grèves chroniques. Nous ne devrions pas perdre de vue que le premier bâton dans les roues dans cette affaire prétendûment liée à la loi sur les retraites, ce sont les dockers de Marseille qui l’ont mis. Les dockers de Marseille : THE Corporation, intangible et souveraine. Tenter d’y toucher coûte cher, et le gouvernement a tenté d’y toucher.

Mais par la suite, mayonnaise anti-Sarkozienne et syndicats de fonctionnaires aidant, le mouvement a dérivé sur les retraites (rideau de fumée ?). Comme titre si bien le Figaro, le mouvement “contre les retraites” !

Une amie Corse à nous, et qui vit depuis longtemps en Suède, nous écrivait suivre attentivement la situation – la pénurie d’essence a débuté en Corse – mais que “vu de la Suède, ce conflit sur la retraite est assez ahurissant, mais tellement français ! ils en sont, eux, à mettre la barre à 67 ans, sans faire de drames“.

Bon, c’est pas tout ça, mais “on fait quoi, maintenant” ? comme diraient les journaleux de la télé.  Manifestement Mme la ministre des Finances, qui nous assure que tout baigne, ne va pas faire le plein à la pompe elle-même ! ceci étant, le paysage est assez contrasté :

– On vit plus vieux (surtout plus vieilles), et donc les pensions vont coûter plus cher. Dame ! il faut donc trouver du fric. Rallonger (*)  la durée de la vie active, évidemment. Cotiser plus, certes.

– Mais les “seniors”, on n’aime pas ça dans nos entreprises, sauf bien entendu les fonctionnaires, qui eux, sont indéboulonnables. Les “seniors”, soi-disant chers et peu productifs. On les vire ? et “ils font quoi” en attendant que l’heure de la retraite sonne ? ils vont pointer chez Popaul ? (**) exaltante perspective.

– les jeunes : bien entendu ils sont tous devenus bien plus intelligents que leurs aînés, puisque le taux de réussite au Bac est astronomique. Mais ils veulent tous faire Commercial, fonctionnaire ou bureaucrate ; jamais plombier, horticulteur ou technicien en machines agricoles. Hormis ceux qui sont vraiment bien diplômés et / ou qui en veulent, et qui trouveront sans problème du boulot, les autres…  traîneront en fac’ jusqu’à y user leur peu d’énergie et celle des profs, et commenceront à bosser fort tard : la retraite sera maigrichonne au bout du parcours.

– Du travail, il y en a : mais il faudrait, à défaut de trouver à faire ce que l’on aime, aimer ce qu’on a trouvé à faire. On n’est pas du tout du tout dans ces dispositions d’esprit chez nous, où par définition, sauf l’Etat-patron qui est très-très bienveillant, super protecteur – et laxiste, tous les patrons sont réputés des salauds et des exploiteurs.

Bref : difficile équation, vous en conviendrez.

Tibert

(*) Elle a déjà été allongée : donc je la “rallonge”, y a pas faute.

(**) Pas le Popaul que vous pensez !  Pôle-emploi, alias Popaul.

Comme un… comme une…

Monsieur Guerlain (si si, ça existe, ce n’est pas comme monsieur Twingo ou madame Destop) a défrayé les chroniques journalistiques en énonçant ceci :”Pour une fois, je me suis mis à travailler comme un nègre. Je ne sais pas si les nègres ont toujours tellement travaillé, mais enfin…”. Depuis, il s’est copieusement fait remonter les bretelles, s’est excusé, etc. Le premier membre de sa phrase signifiait qu’il avait travaillé très dur (ce n’est pas péjoratif ; mais il est vrai que cette expression date du temps de l’esclavage) ; on n’aura par ailleurs aucune difficulté, évidemment, à trouver débile l’humour laborieux, plat, déplacé de la deuxième partie. Humour déplacé et débile, monsieur Guerlain !

– Pour une fois, j’étais saoul comme un Polonais. Je ne sais pas si les Polonais ont toujours tellement été saouls, mais enfin…

– Pour une fois, j’en ai ch.. comme un Russe. Je ne sais pas si les Russes en ont toujours tellement ch.., mais enfin…

– Pour une fois, j’ai pleuré comme une femme. Je ne sais pas si les femmes ont toujours pleuré etc etc

Sans oublier les pinsons (toujours gais), les lapines (qui détalent comme des lapins), les ânes (qui bandent comme des cerfs), le chiendent qui pousse comme un malade, et la pluie qui tombe comme vache qui pisse.

Tibert

"presque" – adv. : pas tout à fait

Citation d’un de nos canards du tôt matin à la suite du grand plateau télé consacré à et consacrant hier soir Mme Aubry (de mots *) chez Mme Chabot – Aubry : “supprimer l’ISF serait une honte”.

Mais, plongeant dans le corps mince de l’article dudit canard, on y lit  la citation exacte :
Supprimer l’ISF, c’est presque une honte!“, s’est exclamée la première secrétaire du PS, invitée de “A vous de juger”. Elle a fait la comparaison entre les 600 millions d’euros qui ne seront plus versés à certains contribuables si le bouclier fiscal est supprimé, avec les 4 milliards d’euros que ces mêmes contribuables, pour une grande part, ne paieront pas au titre de l’ISF s’il était supprimé.

Pas tout à fait honteux, mais presque… restera à définir la presque-honte. Mais Mme Aubry sera-t-elle presque honteuse de sortir des contre-vérités aussi grossières et démagogiques, comme si l’ISF et le “bouclier fiscal” concernaient pour une grande part les mêmes contribuables !! comme si elle ignorait qu’il s’agit de remettre à plat ces 2 impôts débiles (**).

De quoi vous mette presque de mauvaise humeur.
Tibert

(*) encore un calembour bien coulant comme on les aime !

(**) juste un exemple : un bon vivant gagne 10.000 euros par mois, mais dépense tout son fric… il n’épargne pas, donc patrimoine : néant – pas d’ISF ! youpee… moralité, claquez presque tout.

Le bout d'un boudin

… mais quel bout ? le boudin a deux bouts. Donc il faudrait écrire : “les bouts d’un boudin”. Dont acte.

Bon, mais c’est pas tout : j’apprends, de source autorisée, que l’ambassade de France d’un certain pays que je ne nommerai pas – pour ne pas stigmatiser une certaine frange de la population – a demandé à une mienne relation, qui voulait faire certifier conformes un certain nombre de photocopies (20 au total) la somme de 140 euros. Calculs faits, avec retenue de la TVA à 19,6 % et des heures supplémentaires, LA page photocopiée format A4 est facturée (on peut exiger une facture, à ce prix) 7 euros. Sept euros la page : si vous voulez vous faire du blé rapidement et sans vous fatiguer, faites-vous certificateur de photocopies, c’est un métier d’avenir.

Autre : les lycéens sont entrés dans les manif’s anti-lois sur les retraites. On sussure, dans les milieux bien introduits, qu’ils sont poussés dans le dos par le PS, mais que ne va-t-on pas chercher là ! Il est un fait, d’ailleurs, que Mme Royal a vivement encouragé les lycéens à descendre dans la rue – pacifiquement, a-t-elle jugé utile de préciser : “Je leur demande d’ailleurs de descendre dans la rue, mais de façon très pacifique“. Ah bon, nous voilà rassurés, les blocages de lycées avec cassage de gueule des récalcitrants seront ainsi évités, merci Mme Royal.

Un des leaders maximaux de ces lycéens énonçait d’ailleurs ceci : ouais les retraites ça nous concerne, on veut pas commencer à bosser à 30 ans pour finir à 67, et d’ailleurs il faudrait qu’on prenne les années d’études en compte dans le calcul des points de retraite.

Ben,  et tirer sur le sein maternel pour boire son lait, et pousser pour faire caca dans sa couche, c’est pas du boulot, ça ? tiens, naître, c’est déjà super dur. Les annuités infantiles, faut les compter aussi, y a pas de raison.

Tibert

Noms d'oiseaux

Une histoire comme il s’en passe ces jours-ci : un ingénieur d’origine maghrébine (pourquoi un ingénieur ? parce que !)  accompagne sa fille pour consultation chez un ophtalmo(…logiste). L’ophtalmo est à la bourre, comme la plupart des spécialistes, incapables de gérer correctement un planning de rendez-vous – c’est chronique chez les toubibs spécialistes, ils doivent supposer que si leurs “patients” s’appellent comme ça, c’est qu’il y a une bonne raison, et qu’ils n’ont rien d’autre à foutre qu’attendre chez le toubib.

L’ophtalmo est à la bourre, comme d’hab’… le monsieur d’origine maghrébine attend, attend… n’est finalement pas si “patient” que ça et pénètre de sa propre initiative dans le cabinet de consultation. Et là, les versions divergent : le non-patient crie, tempête, s’en va en gesticulant et va porter plainte car selon lui, le toubib l’a insulté de manière raciste en l’éconduisant. Le toubib, lui, nie en bloc ; selon lui, il avait d’ailleurs déjà reçu ce monsieur auparavant, sans anicroche ni comportement raciste.

Constat : si l’ingénieur dit vrai, c’est super emmerdant pour le toubib, certes, mais bon, raciste primaire c’est très très moche ; en tous cas sa réputation est faite, il est en quelque sorte marqué au fer rouge, et toutes les assosses de la bien-pensance vont le clouer au pilori – le clouent déjà au pilori ! Si, en revanche, l’ingénieur a trouvé ce pervers, subtil et efficace moyen de “faire la peau” socialement parlant à ce médecin, c’est également super grave, du même tonneau que la jeune fille qui crie au viol en déchirant son corsage, alors qu’on ne lui a strictement rien fait.

Il serait tout de même intéressant que la présomption d’innocence soit mieux respectée dans ce genre d’affaire – notamment que les journaleux tournent 2 fois leur stylo-bille dans leur bouche avant de livrer des noms ! c’est loin de valoir les abominables salades pédophiles d’Outreau, mais il y va de l’honneur d’un homme – fût-il incorrigiblement en retard dans ses rendez-vous.

Tibert

Que l'heure de la retraite sonne !

Vous connaissez ? à la manière de Ferrat :

“Leur vie, ils seront flics ou sénateurs,

le temps d’attendr’ dans la torpeur

Que l’heure de la retraite sonne…”

Eh bien, elle n’a toujours pas sonné pour M. Mauroy, sénateur à 82 balais, et toujours sur la brêche.

M. Mauroy – auteur du best-seller “C’est ici le chemin !” (euh… peut-être pas par là, finalement…en arrière, toute, on s’est gourrés, austérité blocage des salaires dévaluations etc etc) – est donc intervenu au Sénat, du style lyrique que nous lui connaissions, pour défendre la retraite à 60 ans, sa création, et à laquelle il tient. “C’est la loi la plus importante peut-être de la Ve République, celle qu’attendaient les Français”.

Eh bien, ça fait 22 ans que M. Mauroy devrait être à la retraite, selon cette disposition si importante qu’il a promue et dont il est si fier. Et il y a largement plus de 200 sénatrices-et-sénateurs qui ont atteint l’âge de la retraite à 60 ans. Allez, mesdames-messieurs les septuagénaires et octogénaires du Sénat, quand on descend dans la rue défendre la retraite à 60 ans (chiffre “rond”, merveilleux, divisible par 2, 3, 4, 5, 6, 10, 12, 15, 20, 30, et c’est pourquoi on a choisi 60 ans, et non 61, pas beau, ou 67, a-ffreux !), un peu de cohérence, de logique, de courage : dételez… libérez des emplois !

Tibert

jeunes, beaux, riches et en bonne santé

Pourquoi pas 59, 58 etc ?
Pourquoi pas 59, 58 etc ?

Voulez-vous être…

1) Riche et bien portant ?

2) Pauvre et malade ?

Cochez la case correspondante.

Vous pourriez vous demander pourquoi cette pancarte ne descend pas plus bas, pourquoi la liste déroulante et les cases à cocher ne proposent pas 59, 58, 57, 56 etc… ? car enfin, de quoi s’agit-il ? de ce que nous voulons, na ! Bon, c’est 60 depuis Tonton, Tonton l’a dit, et Martine, elle aussi, dit que ça doit rester comme ça, et donc ça doit rester comme ça. Et puis soixante, c’est un bon chiffre.

De même que le statut des dockers CGT du port de Marseille est écrit dans le bronze de l’après-guerre, inaltérable et pérenne, d’une longévité comparable aux sacs plastique, 400 ans au bas mot. On peut en dire autant du statut des cheminots et du 1 % du chiffre d’affaires d’EDF dédié aux bonnes oeuvres du Comité Central d’Entreprise, j’arrête ici la liste déroulante, elle descendrait plus bas que mon billet.

Et les réalités économiques, la concurrence, le financement des retraites, tout ça attendra à la porte, comme le nuage de Tchernobyl.

Tibert

Edulcorants et litotes

Voyez cette dépêche du Fig’machin : les Parisiens seraient des chapardeurs, selon le maire de Londres. La preuve : en 2 mois, 3 vélos en libre service (3 seulement !!) ont été dérobés là-bas outre-Channel, contre 500 Velibs disparus.

Faites le calcul : 500 Velibs en 2 mois, c’est 3.000 Velibs par an qui partent en fumée – pas pour tout le monde ! Soit 15 % du parc. Edifiant, non ? Quant au vocabulaire employé – je fais confiance au traducteur, “chapardeur” doit avoir son homologue en Rosbif – je lui trouve bien de la mansuétude. C’est de vol qu’il s’agit. On aurait pu écrire sans se tromper : “Velib : les Parisiens, des voleurs !“.

“Incivilités”, “chapardage”… surtout ne pas dire les choses, ça va fâcher quelqu’un. Tout baigne, dormez braves gens.

Tibert