( Le rubicond Chef du Sénat – on doit bien y bouffer -, monsieur Larcher, était interrogé à la radio il y a peu… il commentait des propos assez aventureux de l’ex-plus jeune Premier Ministre, monsieur Attal. Ce dernier n’y va pas avec le dos de la cuillère : allez hop, les musulmanes, interdiction du voile avant 15 ans ! et puis ouste, une deuxième loi anti-séparatisme. Manifestement, c’est idiot : c’est d’abord viser spécifiquement ( « stigmatiser » , diraient certains) les musulmans, alors que notre laïcité ne fait, par principe, aucun distinguo entre les diverses religions. Et puis – c’est ce que monsieur Larcher critique à juste titre – encore et comme d’hab’, des propositions de règles « en l’air » , inapplicables, pieuses, pourrait-on dire. Le ministre de l’Intérieur ne disait pas autre chose : «Quand on édicte une règle, il faut être sûr de pouvoir la faire appliquer». C’est évident, mais ça fait des décennies que nos lois sont édictées au mépris de ce simple bon sens. Sortir des lois sans se donner les moyens de les faire respecter, c’est brasser du vent. )
Et puis un article alarmant du Monde nous apprend que la lecture fout le camp : « Les Français lisent beaucoup moins, on prédit la mort de la littérature, et tout le monde s’en fiche ». Eh bien non, moi je ne m’en fiche pas. D’abord il ne s’agit pas seulement de la « littérature » ; c’est un peu étroit. Les essais, l’histoire, les reportages, les sciences, les biographies… c’est aussi de la lecture ! Mais le constat est bien posé : ça craint. On est, on sera de plus en plus en face d’individus incapables de structurer leur pensée, leur langage, et de communiquer proprement, clairement, à l’écrit ou à l’oral (*). De fait, les RS, les fameux réseaux sociaux-poubelles, ont largement supplanté la lecture ; c’est ludique, coloré, plein d’images qui bougent, ça fait schboum, ça rigole, les phrases sont rikiki et simplissimes, « j’ai » devient « G » , on a réinventé les idéogrammes avec les émoticônes : c’est du rentre-dedans permanent. Donc, pourquoi se faire ch… euh, suer à dérouler les phrases sujet-verbe-complément-subordonnée-circonstancielle d’un bouquin ? (je ne vous dis pas, quand c’est du Proust !).
On est à la dérive, là… mais, me direz-vous, maintenant il y a l’IA : ça va remplacer. On va pouvoir déléguer nos capacités cérébrales à la Machine : c’est exaltant.
Tibert
(*) L’Educ’ Nat’ participe largement de cette débandade : l’exigence est passée à la trappe, on fait du chiffre : 80 % de bacheliers français dans une classe d’âge ; en Allemagne, 30 % pour l’Abitur (le Bac de là-bas). Et n’allez surtout pas vous imaginer qu’on est plus intelligents !