Pub algie

(Du grec “algos” : douleur. Par exemple, la nost-algie, la gastr-algie, et puis ici, la pub-algie). Je vous parle, là, d’un bandeau alarmiste, en bas de l’écran, sur le site de La Montagne, le canard du rugby et des volcans : “La publicité est un moyen de financer la production d’une information fiable, de qualité et proche de vous. Pour soutenir notre travail, merci de désactiver votre bloqueur de publicité” . Eh oui, je l’avoue, j’utilise un bloqueur de pub sur mon ordi, c’est un peu moins envahissant, comme ça. “La publicité est un moyen de financer” … certes ! mais y aurait-il moyen, justement, qu’elle soit moins conne, mensongère, manipulatrice, matraqueuse ? les toujours frétillantes promotions de chez Leuclaire, la pseudo-mutuelle absolument merveilleuse, les crèmes à l’extrait de gurbonphlan suractivé qui tendent divinement la peau, les panneaux solaires absolument gratuits – justement la loi vient d’être votée, précipitez-vous… c’est d’un pénible ! sans omettre les prix en …,99, désormais incontournables.

Une raison de désespérer, c’est que ça ne va pas en s’arrangeant. On trouve encore deux-trois chaînes télé où les films ne sont pas tronçonnés par de la pub, mais ça se fait rare. On sait le succès de BitFlex, la grosse boîte états-unienne qui produit des séries et des films comme le boulanger des baguettes “tradition” : on s’abonne, et c’est le robinet d’images, à volonté. Eh bien, j’ai noté ça, sur le site des Numériques : “Les abonnés prêtent autant d’attention aux pubs qu’aux contenus : Netflix insérera des publicités générées par IA en plein milieu des épisodes dès 2026” . Je vous traduis : au lieu d’aller pisser, boire un coup, sortir le chien, vider les poubelles, ranger la vaisselle… entre deux épisodes de leur passionnant feuilleton, les abonnés BitFlex restent scotchés devant leur écran, à contempler les pubs : ça leur plaît aussi. Donc, on peut y aller, augmenter les doses, et dès 2026, avec des pauses-pub au beau milieu de la course-poursuite n° 8 de l’épisode 17 de la saison IV. Puisque ça les intéresse : les remontées du terrain le prouvent, les grandes-oreilles genre Gougueule-aide, Aleksa… en témoignent, on n’entend que très peu de chasses d’eau, de portes de frigo, de clebs qui s’ébrouent dans l’attente de la sortie-besoins.

Pour les enterrements low-cost – c’est un marché à développer, ça, coco – low-cost mais de qualité, on pourrait demander au curé (au rabbin, au mufti…), bref au maître de cérémonie, d’agrémenter la séance par une ou deux coupures de pub : on est à peu près sûr que les impétrants, dans leur caisse en bois, n’y verront aucune objection ; si ça se trouve, ça va leur plaire.

Tibert

PS – Je ne suis pas un groupie de monsieur Bayrou, ce vieux tromblon de la politique politicarde. Certes non. Mais je voyais hier, des médias de la bien-pensance s’étrangler d’indignation à l’évocation de la gifle qu’il avait balancée, jadis, à un gamin qui lui faisait les poches, sans vergogne : tortionnaire, apôtre de la violence, que n’a-t-on pas entendu ! eh bien, elle était pertinente, et amplement méritée, cette torgnole ; j’aurais fait exactement pareil.

Malaise de la mâlitude

( J’ai voulu acheter des oeufs, avant-hier… une enseigne de magasins pourtant bien connue, en quatre lettres, commençant par L. Rien ! pas la moindre boîte, bio ou pas, élevées en cage, au sol ou au plafond, rien. Et, attendez : pas la moindre goutte d’huile d’olive, non plus (il m’en fallait). Qu’en déduit-on ? de une, que Donald T. a réussi à nous persuader que la pénurie d’oeufs était planétaire ; de deux, que les Français se gavent d’oeufs frits à l’huile d’olive, c’est évident ; ou, qui sait, des oeufs durs-mayonnaise à l’huile d’olive ? c’est aussi envisageable, et puis c’est doublement consommateur d’oeufs, il en faut aussi pour la mayo. Mais, vous imaginez le cholestérol qui va avec ? c’est terrible. A l’heure où l’on abreuve nos sillons de messages, genre “trop gras trop salé trop sucré” , il serait temps que soit mis l’accent sur la dangerosité du couple “oeufs + huile d’olive” ; j’aimerais bien qu’on m’en laisse un peu. )

Autre chose : les mâles sont en danger, doublement. D’abord, on le sait, les coups de boutoir du sexe opposé, attentif à ce que désormais toute initiative de rapprochement soit validée, ou pas, par un accord explicite, quasi contractuel. Mais de l’autre, et en réaction, c’est l’offensive de la testostérone débridée. On a même un mot pour ça , un truc en ” … ing” , forcément : le looksmaxxing (à vos souhaits). Il s’agit de faire viril de chez Viril, la mâchoire carrément carrée (mâchez de la gomme à mâcher, ça muscle les mandibules), les cils plus courts, les biceps plus gonflés, les poils sur le poitrail… un mouchoir roulé en boule à l’entrejambe, ça peut aider, également.

On a toujours entendu parler de, ou vu, des “body-builders” acharnés (des culturistes, c’était le mot ad hoc, jadis), d’hommes un peu trop occupés de leurs biceps, de leurs abdominaux et de la taille de leur zigounette ; ça atteint désormais le point où l’on y consacre un terme dédié, des articles dans les canards, et des tas de trucs, aberrants parfois, sur les “réseaux sociaux” . Le problème est là : chacun peut se vivre comme prescripteur, préconiser n’importe quoi, être vu par une dizaine de curieux désoeuvrés vissés à leur écran de mobile, propager ses aberrations, sans garde-fou, sans filtre, sans filet. Il faudrait du recul, de l’esprit critique. Et puis surtout trouver autre chose, un truc utile , ou mentalement pas nul, pas trop crétin, pour meubler sa vacuité.

Tibert

Fromage, bière et dissymétrie

( Un sale bémol pour les Chouettes-Moments bistrotiers ( “Happy Hours” , en rosbif) : la “pinte” de bière peut se révéler pingre de bière. De fait, c’est une mesure vague, fluctuante, autour de 57 cl au Royaume-Uni mais seulement 47 cl aux USA. Chez nous (*) ? la “pinte” est une contenance exotique ; on a nos “demis” , trop petits et qui ne font qu’un quart – une dose décente pour la soif, ce serait 33 cl – et puis le demi-litre des soiffards, qui devrait être la norme. Je t’en fiche ! Voyez cet article de la Montagne : certains bistrotiers filous vous servent dans des verres “spécial radin” , du nom de “Granity” , à base hexagonale : on n’y a pas la bonne dose, et de loin ! 37,5 cl, pas plus, avec la mousse. Donc, amateurs de Chouettes-Moments : ayez l’oeil. )

Je voulais vous parler du Comté, ce fromage sublime, s’il est bien fait et mûri : des abrutis soi-disant écolos veulent le faire interdire ; de même que prohiber le ramassage des poubelles par des attelages de chevaux de trait, qu’on maltraiterait ainsi, prétendent-ils… mais, vive la liberté d’expression : on a le droit de proférer des conneries. Qu’on assume donc, en retour, sa bornitude d’esprit, et de se faire engueuler.

Et puis un mot de la dissymétrie gauche-droite… on s’offusquait, hier, de voir défiler un millier de militants d’extrême-droite – en bon ordre, ça va sans dire – mais quand ce sont leurs pendants de l’autre bord, fervents du Grand-Soir et de la mort des démocraties, ça ne soulève aucune vague : pourquoi ? vaste sujet. On pourrait gloser, par exemple, sur le vide béant, en Russie, quand on cherche des pendants au Mémorial de la Shoah, au Musée du Génocide… ces lieux de mémoire qu’on trouve par exemple à Kigali, à Auschwitz – et à Pnom-Penh, tout de même. Mais pas en Russie : aucun musée, à ma connaissance, ne documente le Goulag, les purges, les travaux forcés par -35°C, les déportations massives, la rééducation “à la schlague” . La mémoire est décidément borgne ; il doit bien y avoir quelque raison à cela.

Tibert

(*) Vous connaissez mon affection 😉 pour les mesures états-uniennes, je n’en dis donc pas plus.

Train-train

( Ouest-France nous l’annonce, plein d’espoir : possiblement, l’immense Céline Dion, que le monde entier envie au Québec, pourrait – au conditionnel, donc si les dieux sont favorables, le carré de Vénus dans le triangle dominant de Mercure, et vu que c’est une Bélier ascendant Poisson – venir chanter au concours Eurovision cette année (le 17 mai, on a tous coché la date) ; d’ailleurs je vous devine frétillant d’impatience 😉 . Et ce canard de se dire “optimiste” : aaaah oui, Oh My God ! vivement que Céline Dion vienne chanter à l’Eurovision ! J’en suis tout émoustillé. )

Mais trêve de persiflage, vous savez tout le bien que je pense de ces foires à décibels, lasers multicolores, paillettes, girls et beuglantes débiles. Il en faut pour tous les goûts, pas vrai ? L’actualité, outre que nous voilà avec un Léon de plus – c’est difficile d’échapper à cette nouvelle papale, ça tourne en boucle urbi & orbi – ce sont les grèves, re-(re-re-)rebelote, à la SNCF, la spécialiste incontestée de la chose. Le scénario est sans surprise, de longue date : vous êtes syndicaliste dans cette institution cruciale, la Force est donc en vous (*), vous en usez sans modération. Vous repérez des périodes de congés bien touffus, vous envoyez le refrain en trois vers inoxydables : “augmentation des salaires” ; “renforcement des effectifs” ; “meilleures conditions de travail” , et vous posez comme il se doit le préavis de grève : vous tenez forcément le pays par les cojones, comme on dit en Espagne.

On a droit évidemment aux micro-trottoirs, à la télé : les voyageurs, effondrés, stoïques, amers, désabusés… y en a marreje fais avecc’est lassant je m’organise autrement… c’est toujours les mêmesje sais pas comment je vais faire… Mais immanquablement, parmi ces saynètes de rue, on nous trouve deux nanas, un jeune retraité, un quadragénaire qui sort du boulot : “ben oui, ils ont leurs raisons, on les soutient” . Vous avez remarqué ? c’est pour équilibrer les réactions, la pluralité, c’est obligatoire.

Ce coup-ci, pour les juteux houiquindes de Mai, la SNCF s’est débrouillée, usant de personnel de raccroc, pour faire rouler une forte majorité des TGV (les TER, les Intercités, vous pouvez crever). Vexés, les grévistes ont annoncé de nouvelles grèves pour début juin. Non mais ! s’agirait pas que la tradition se perde.

Tibert

(*) Ce qui n’est pas le cas si vous bossez à plier-cintrer des tubes de fer dans une fabrique de mobilier de jardin.

Sécure, c’est plus sûr

( Il faut absolument que le cadavre politique de l’ex-président Sarkozy soit traîné dans l’arène, sous les huées et les crachats de la foule : c’est super-important ! d’aucuns, nous narre Le Monde, d’ex-éminences Vertes entre autres, s’acharnent juridiquement pour qu’on la lui arrache, sa Légion d’Honneur, contestant la décision de Macronibus de n’en rien faire. Je vais vous dire : une cérémonie genre “dégradation du capitaine Dreyfus” , dans la cour de l’Ecole Militaire, ça leur ferait très plaisir. On peine à imaginer une telle haine, ça doit leur manger le foie ! Nous savons tous que ces décorations, palmes, médailles…qui gratifient, tout de même, de temps en temps, des héros vrai de vrai, sont surtout des gages de notoriété, rien de plus : l’illustre Président de la Chambre de Commerce du Tarn-et-Meuse, le dévoué secrétaire du ronflant Comité Théodule, qui a le bras long… on comptait 93.000 membres en vie en 2016 : ça fait quand même beaucoup de héros magnifiques ; on se voit trop beaux !

Mais notre ministre Darmanin, de la Justice et des Sceaux, causait, hier, énonçant de rudes vérités : “il n’y a plus de lieux safe en France, c’est-à-dire de lieux « sûrs ». J’aime beaucoup qu’il ait repris, immédiatement et en français, le terme rosbif “safe” , qui tend à s’installer abusivement (nos cousins Québecois utilisent sécure, qui ma foi correspond bien au substantif sécurité). Pourquoi pas “sûr” , en effet ? parce que c’est sans doute trop court, on ne se sent pas en sécurité, avec ce trop bref “sûr” , et puis ambigu ! (même punition pour mûr : trop bref, mûr ; mature le fait mieux, n’est-ce-pas ? quand le mur “a du fruit” , c’est qu’il est mûr ? mature ? prêt à s’écrouler, ça c’est sûr.)

De fait, et paraphrasant ces propos darmaniens : plus personne ne doit se sentir en sécurité ; c’est clairement ce qui nous est signifié. Le cocasse de la chose, si je puis dire, c’est que c’est l’ex-ministre de l’Intérieur, qui nous sort ce triste constat. Ne serait-il pas enfin judicieux, approprié, de “faire quelque chose” ?

Tibert

Défense de débattre

( Je reviens sur ce meurtre infâme, dans le Gard, d’un musulman dans la mosquée où il priait : la Justice argumentait hier largement sur le déséquilibre mental du “suspect” (il est présumé innocent 😉 ) et donc la piste terroriste est exclue. Bien… mais pas du tout ! nous clame-t-on, la famille, son avocat, les proches, les institutions musulmanes, les dépités (*) LFI, les… : on DOIT voir, compter, dénoncer, vilipender, ce crime comme un acte islamophobe, puisque commis sur un musulman. En somme, si à vélo je percute un piéton pour une raison X ou Y, c’est un accident de la route ; si c’est un musulman, c’est un acte islamophobe ! )

Et puis on a vandalisé-caviardé la devanture des éditions PUF, bien connues des étudiants parigots et des amateurs des petits opuscules “Que sais-je ?” , pour les nuls. C’est que cette vieille maison sort un bouquin intitulé « Face à l’Obscurantisme woke ». Mais c’est agiter le chiffon rouge : les vitres de la maison d’édition ont été dégradées, entre autres amabilités, par l’inscription «Féministes contre la propagande fasciste». Voilà : sortir un livre qui dérange, c’est de la “propagande” ; et puisque ça contredit la doxa Bonne-Pensée, c’est “fasciste” (prononcez fâchiste, comme fâchination, fâchicule… ). Nous avons là une excellente illustration de la conception du débat démocratique, vu du Bon côté : en somme, défense de débattre, sauf à l’unisson.

Tibert

PS – Symétrie de la conne et violente pulsion de faire taire, plutôt que de contredire : cette expo-photo, à Nîmes, d’expression féministe-radicale. Sur le titre, « Benzine Cyprine », je ne vois pas où la cyprine, produit naturel et biologique, peut rejoindre la benzine, combustible fossile ; mais ça ne justifie pas le sabotage d’une expo, que je sache.

(*) Je ne l’ai pas fait exprès, mais je la garde, celle-là.

Mai, mais

On commence par une journée à banderoles, la GCT sort ses drapeaux, bizarrement rouges, ses camions-sono, “tous-sensem-bleu-tous-sensem-bleu-ouais !” , on interdit aux boulangers (aux fleuristes, aux staffeurs, aux luthiers…) de faire travailler leurs salariés, et l’on ne travaille surtout pas : c’est la fête du Travail. A cette occasion, si ce jour béni tombe un mardi, un jeudi… c’est plus de 1.000 km de bouchons sur les routes : y a un pont ! Ponts = bouchons (*). Les cafetiers des sites touristiques lorgnent la météo : si le temps s’annonce beau, c’est bingo ! la pompe à bière à 3,50 minimum le demi ne va pas chômer, elle.

De fait, la Loi stipule que seules peuvent bosser les entreprises pour lesquelles ça se justifie “pour des raisons de continuité de service ou de sécurité” . Parmi elles, on retrouve notamment (…) l’hôtellerie et la restauration. Donc, les restaus, bistrots, canis, rades (kebabs, fastes-foudes, auberges…), pas de problème. Les serveurs, “garçons” , serveuses, réceptionnistes, plongeurs, chefs de rang, commis de cuisine, cuistots, gâte-sauces… peuvent bosser. Question : comment approvisionner en pain frais du jour, légalement, les restaurants ? je vous le demande.

On a ainsi l’exemple d’une loi stupide. Une parmi tant d’autres. C’est malheureux de le constater, mais on paye, fort cher, nos trop nombreux parlementaires pour faire des lois : alors ils font des lois ! En revanche on ne paye personne pour dépoussiérer nos lois, pour faire remarquer que celle du 29 brumaire, an XII, est encore en vigueur mais clairement contredite par celle du 27 octobre 1978, que telle autre légifère sur les becs de gaz et pourrait sans dommage être supprimée, que deux d’entre elles sont redondantes, une seule suffirait… il y a là un boulot de dingue, salutaire, à coup sûr.

Ce faisant, on pourrait s’aviser que le dépoussiérage de nos lois pourrait s’accompagner d’un nettoyage de notre terminologie, d’une refonte de nos énormes bouquins, de notre tentaculaire corpus législatif. Le Code Civil, 3166 pages : c’est déraisonnable, non ?

Hélas, on va aussi sec assimiler ça, c’est rédhibitoire, à la mission DOGE, la fine équipe de monsieur Musk, qui prétend faire maigrir l’administration Trump à coups de tronçonneuse ; et puis la complexité, le maquis juridique, font le bonheur de certaines professions, les notaires, les avocats, les juristes, les… tous métiers qui se contrefichent de travailler ou pas, le Premier Mai. Il y en même qui vont se faire du fric sur des inculpations de fleuristes qui auront, les infâmes, fait travailler leur salariée d’épouse, ce jour-là.

Tibert, bosseur ce jour

(*) C’est ici, j’ai fait la faute exprès, une formule idiote ; le signe “=” a un sens, au choix, de constat d’une identité de nature (A = B : tiens donc, les deux entités sont interchangeables ! ou d’assignation d’une valeur à une entité : B= 7 : je dis que l’entité B vaut désormais 7 (**). Mais des trucs du genre “3 packs achetés = 1 gratuit” ? c’est lamentable. Eh non, 3 packs achetés ne sont pas “égaux” à 1 gratuit ; c’est en fait une implication. Il faudrait l’écrire ” 3 packs achetés ==> 1 gratuit” . Comme ça, ce serait correct.

(**) D’ailleurs, en bonne programmation, l’assignation s’écrit B := 7 et non pas B = 7. C’est plus clair comme ça (***).

(***) Bon, j’arrête là.

De la pérennité de la pénurie

( Le type qui voulait – c’est assez étrange – devenir “tueur en série” , donc, forcément, suriner au moins deux autres individus ( “en série” , ça commence à trois) après avoir lardé à mort un musulman venu prier dans sa mosquée, à la Grand-Combe, dans le 3-0… y a pas de doute, s’est-on écrié aussitôt, c’est une crime islamophobe ! d’ailleurs il a insulté Allah. Et de manifester, et c’est scandaleux, et le gouvernement ne nous protège pas, et islamophobie, et là-haut ils traînent les pieds, bien sûr, pour retrouver ce salaud, et…

C’est clairement un crime odieux. Condamnable, évidemment. Le coupable doit être puni. Mais qu’on mette ça en parallèle avec le type (un fou, forcément) qui a égorgé un prêtre dans une église en Normandie, avec celui qui a tué dans la cathédrale à Nice (un malade mental, évidemment), avec tous les attentats contre les individus et les institutions de la communauté juive… qu’on évoque Crépol et le jeune rugbyman tué (juste une bagarre entre jeunes à la fin d’un bal) : il y a comme ça des indignations dissymétriques. Et au comptage des morts par attentats terroristes revendiqués, comme on dit, “y a pas photo” , pour le moment. )

Mais les toubibs se mettent en grève… ils sont – on peut les comprendre, ça ressemble à quoi, ce bricolage ? – furieux que le gouvernement cherche, en leur imposant des contraintes d’installation, à étaler le trop peu de confiture sur la tartine : à remédier cahin-caha aux déserts médicaux. De fait, qui a mis en place et maintenu la rareté des médecins ? le gouvernement, et depuis des décennies. Cela, sous l’amicale et ferme incitation de la profession, soucieuse de préserver son prestige et son fromage. C’est la complaisance – ou la servilité – de nos dirigeants envers l’impératif de maintenir serré le robinet aux diplômes de médecine, qui a conduit à cette situation, tout à fait prévisible, on l’a vue arriver, mais je t’en fiche.

Qu’on invoque la “qualité” de nos médecins français, garantie soi-disant par une sélection féroce et un cursus interminable, prête à rire ; ce métier requiert certes des capacités intellectuelles correctes, une excellente mémoire, une bonne capacité à bachoter ; rien de fantastique. Ensuite, on a la vie devant soi, on pratique, on apprend, on se confronte, on progresse : ça pourrait même être intéressant.

Tibert

J’y étais, moi môssieu !

(Je sais, je me fais rare. Des préoccupations, pas franchement à partager. J’aurais bien écrit sur le woke, les anti-woke et le wokisme : le Monde en fait ses choux gras, ces jours-ci, à grands renforts de Foucault, Derrida et autres Bourdieu : rien qu’à invoquer les mânes de ces trois illustrissimes sommités, on fait la génuflexion. C’est trop pour moi.

Mais il y a ceux qui ont fait Le Mont-Blanc par la face Nord, ceux qui ont fait le débarquement en Provence, ceux qui… qui auront assisté aux funérailles du papam François. Grosse organisation, et pas simple, il y a de la concurrence, planétaire ; il a fallu ramer, se cramponner. Mais on y est ; muni d’un périscope, juché sur un pliant déplié, sur les épaules d’un autre, le smartphone à bout de bras pour tenter d’immortaliser le passage de la boîte en bois – très simple, la boîte, c’était un pape modeste.

Il faut, sinon on sera venu pour rien, que le smartphone immortalise la chose : quand on va voir la Joconde au Louvre, on lui tourne le dos, pour faire un selfie. S’il n’y avait pas une cohue ahurissante, on ferait bien pareil, dos au cercueil de François. Avec un sourire “cheese” . La suite classique, c’est de faire savoir urbi et orbi, à ses followers, ses amis, sa famille, son fan-club, via Tique-toque, Unstagramme, Houate-sape… qu’on y était ! Avec des émoticônes, pour enrichir le message et pallier le manque de mots.

C’est ainsi qu’à Rome, ce matin, les flux 4G ou 5G des réseaux téléphoniques sans-fil vont peut-être péter les plombs, dans l’effort titanesque de retransmettre aux quatre coins de la Planète, en un laps de temps plutôt court, des instantanés au thème prévisible et unique, par centaines de milliers d’exemplaires.

Mon père disait : “Si la foule se bouscule à gauche, file à droite !” : au risque de décevoir mes followers 😉 je ne serai pas à Rome pour enterrer François. D’ailleurs, seraient-ils quatre malheureux clampins à suivre le corbillard, façon funérailles de Mozart, je n’irais pas : je n’ai aucune envie de croiser Donald T. au coin d’une rue, et puis je n’aime pas le Requiem de Verdi.

Tibert, ailleurs.

Des vertus du “local”

( Un spécialiste ( mazette ! ) se réjouit, sur Ouest-France, du fait que l’Eurovision, ce concours lamentable de trémoussements, paillettes, faux cils, décibels en boîte, girls emplumées, chansonnettes aux textes indigents, “ait fait bouger les lignes sur les questions LGBT” . Il espère même, nous confie-t-il, une prochaine victoire française ! fantastique. Je sais de mieux en mieux pourquoi ce genre d’évènements, quand je viens à en prendre connaissance, me “rebute” , pour rester poli. )

Mais autre chose : un très long article du Monde, dans la rubrique des sciences, explique que les ADN d’origine européenne sont “sur-représentés dans les bases de données, ce qui biaise la recherche en génomique humaine” . Et de détailler, dans cet article-fleuve, les inconvénients de cette situation… par exemple, les dosages de médicaments ne sont pas les mêmes, d’un groupe ethnique à un autre… on est là dans la droite ligne du discours culpabilisant : salauds d’Européens, qui font peu de cas des ADN africains, du sous-continent indien, etc. Vous voyez le topo…

Au courrier des lecteurs, l’un d’eux m’ôte les mots de la bouche – les touches du clavier, si vous préférez. Je le cite : “Les Européens font des recherches concernant leurs types de populations, les asiatiques pareil, les indiens pareil, les etc..pareil.. C’est quoi le souci ? Ah oui, c’est vrai, c’est l’injonction du mélange.. ” . J’allais le dire ! si les labos kényans, congolais, vietnamiens… soucieux d’améliorer les connaissances en matière de génétique, se préoccupent d’amasser des données concernant les ADN des populations locales, c’est parfait. C’est à eux : y a plus qu’à, comme on dit. D’ailleurs, un autre article, du même canard, abonde dans mon sens : l’Inde se dote d’une base de données sur ces gènes “locaux” . Ce qui va heureusement modifier les forces en présence, et remédier à la détestable “sur-représentation des ADN d’origine européenne” dans les bases de données. C’est notre faute, forcément…

Tibert

PS – Au fait, pour pouvoir se désoler, s’indigner du déséquilibre ethnique des données sur les ADN… il a fallu compter, non ? compter les ADN “européens” (les caucasiens) et les autres ? ces dénombrements seraient-ils devenus corrects, “bonne-pensée” ? la HACEC, la Haute Autorité des Comptages Ethniques Convenables, a-t-elle donné sa bénédiction ?