Touche pas au collègue

Un individu largement aviné, psychiatriquement très instable, surine, poignarde, larde un contrôleur de la SNCF au cours d’une vérification. Le pauvre fonctionnaire (*) est très mal en point ; on appréhende le fautif. C’est inacceptable, c’est un meurtre. Et les salariés de la SNCF décident de se mettre en grève nationale, comme ça, allez les voyageurs, les clients – les “usagers”, pardon, un billet acheté donne juste le droit d’espérer être véhiculé – n’ont qu’à se démerder, tant pis pour eux.

Un couvreur agressé dans une fête foraine… tous les toits perçés de France attendront, ou bien les braves gens monteront sur leurs toits tout seuls, astérisques et périls.

Un garagiste se fait cogner lourdement par un malfrat… vous êtes en panne ? restez-y !

Un boulanger se fait avoiner et piquer sa caisse ? toutes les boulangeries du pays vont déployer l’étendard de la grève générale. Plus de pain, les gars, et de brioches, et de croissants, un dimanche c’est carrément insoutenable, pas de croissants au p’tit dèj’.  Touche pas à mon boulanger !

Les employés des pompes funèbres… on n’enterre plus, entassez vos maccab’s dans vos congèles.

Etc… etc.

Tibert

(*) Je sais, je sais, à la SNCF on n’est pas fonctionnaire. Tout de même, au vu du statut ça y ressemble bigrement.

Indicible pentagramme

On sait que “Dieu” ne se dit pas – ne se représente pas, ne s’invective pas etc… –  dans certaines religions, notamment la religion juive, sauf à doses homéopathiques. On ne prononce pas Son nom, le tétragramme YHWH, c’est interdit. Bon, si ça leur va comme ça… moi, YHWH, je peux vivre sans.

Il y a un autre nom qui est imprononçable, c’est le pentagramme L-O-B-B-Y. Vous avez dit “lobby” ? le lobby de l’hôtel Meurice ? pas de problème. Le lobby des limonadiers ? des marchands de canons ? des cigarettiers ? des labos pharmaceutiques ? des taxis ? des céréaliers ? les lobbies qui hantent les couloirs de l’Europe à Bruxelles,  les lobbies des lobbyistes ? bien entendu. Lobby, oui oui. SAUF lobby juif, ah non, pas çui-là.

C’est un truc qui n’est pas. Qui ne se peut pas. Impossible, aberrant, scandaleux. Mais l’AIPAC aux Etats-Unis, qu’est-ce ? euh… un “groupe de pression visant à soutenir Israël…” (voir la page wikipedia en anglais consacrée à cet organisme : “The American Israel Public Affairs Committee is a lobbying group that advocates pro-Israel policies...”. Eh oui, “groupe de pression” en anglais, c’est lobby.

Mais en France le terme “lobby”, flanqué de l’adjectif “juif”, “lobby juif” ou “groupe de pression juif”, on ne peut pas le dire. Pourquoi ? euh… les juifs sont sans doute les seuls à ne pas avoir le droit d’animer des groupes de pression. Tenez, le CSA cherche des noises à Sud-Radio parce que lors d’un débat, un auditeur a émis l’hypothèse que monsieur DSK aurait pu bénéficier de l’aide des Juifs, bref, d’un lobby juif.

Certes, le CSA argumente non seulement sur la terminologie employée, mais aussi sur la façon insistante dont cette question a été abordée. Certes, il y a différentes façons de dire une même chose. Mais constatons-le, on est désespérément accro’ à 39-45 par chez nous ; on ne loupe pas la moindre occasion de seriner le jingle-épouvantail : “les heures les plus sombres de notre histoire” ; de même qu’un tram affrêté pour transporter un groupe de Roms provoque aussi sec des cris d’horreur et des références à la rafle du Vel’ d’Hiv’ ou à “Nuit et Brouillard” – excusez du peu, ne manquent plus que les pyjamas rayés, “Arbeit Macht Frei” et les fumées des crématoires – de même “lobby juif” déclenche des clameur d’indignation : c’est Céline, Vichv, Gringoire et les Croix de Feu tout à la fois.

Il serait peut-être temps de constater que la guerre 39-45 est terminée, qu’Hitler est mort depuis deux tiers de siècle, et que le contexte a changé. Allumez donc la T.S.F sans crainte, les patrouilles vert-de-gris bottées de noir ne passent plus dans la rue ;  il n’y a plus de brouillage ; “Ici Londres…”, “les carottes sont cuites” : c’est fini tout ça.

Tibert

Genres

Ca devient très compliqué. Quand j’étais minot, on n’avait pas d’éducation sexuelle à l’école. Il fallait investiguer, supputer, lorgner, poser des hypothèses. Mais une chose était claire : il y avait les filles et les garçons. D’ailleurs, “école de filles” et “école de garçons”, il y avait deux écoles primaires. On n’avait pas encore mis tout le monde ensemble, et les portes des cabinets dans la cour de récré ne comportaient pas de trou pour mater, vu que ça ne nous aurait rien appris d’intéressant.

Plus tard j’ai pu théoriser tout ça ; gonades, paires de chromosomes gnagnagna, XX et XY, caractères sexuels primaires et secondaires, etc. Découvrir qu’il peut y avoir des anomalies des organes sexuels, mais marginales, rares ; bref, aux anomalies près, le modèle masculin-féminin tenait la route. Coccinelle changeait de sexe, certes, mais c’était en quitter un pour adopter l’autre.

Mais pas du tout, nous dit-on maintenant : un nouveau manuel scolaire de SVT  – Sciences et … bref, les Sciences Nat’ de ma jeunesse – de classe de Première veut définir le sexe, non comme caractère biologique, mais comme  un tout biologico-sociologique. Je cite : “Le sexe biologique nous identifie mâle ou femelle mais ce n’est pas pour autant que nous pouvons nous qualifier de masculin ou de féminin. Cette identité sexuelle, construite tout au long de notre vie, dans une interaction constante entre le biologique et le contexte socio-culturel, est pourtant décisive dans notre positionnement par rapport à l’autre“.

En somme, donc, si l’on suit les messieurs-dames qui ont conçu ce nouveau manuel scolaire, il n’existe plus deux modèles sexuels, mais des tas. Ce qui veut dire, soyons clairs, une infinité de combinaisons. On voit tout de suite de quelle diversité il peut s’agir ! citons, heu… les homos, les hétéros à  tendance bi (les hétéros tout court ça n’intéresse personne), les trans (les trans MtF et les FtM, voire d’autres),  les lesbiens, les travestis hormonés ou pas, les zoophiles, les fétichistes du pied, du genou, du chapeau, les amateurs d’aisselles pas rasées, les accros au pipi, les fanatiques du piercing des têtons, et j’en passe, parce que ça devient moche.

En somme, les certitudes physiologiques ne seront bientôt plus rien face au contexte socio-culturel, c’est à dire le n’importe quoi (on peut dire socio-cul’, ça le fait très bien) . Restent – merci au nouveau manuel scolaire – le “mâle et femelle”, comme disent les anglo-américains : nous sommes toujours des mammifères, ça rassure. Quant à la définition de notre genre, peut-être qu’aux portes de la mort, à l’issue d’une “ interaction constante entre le biologique et le contexte socio-culturel“, nous en aurons une vague idée, qui sait ?

Tibert

Tout baigne

On l’a appris hier soir tard, dans l’affaire DSK contre madame Diallo Nafissatou, le procureur a décidé d’abandonner les poursuites. En fait, il reste persuadé, et on est prêts à le croire, que monsieur DSK a bel et bien sauté sur la femme de ménage en question pour lui présenter ses hommages sexuels, MAIS il constate que, vu les salades, les mensonges et les embrouilles dans lesquelles madame Diallo est impliquée, il n’a pas la moindre chance de convaincre 12 jurés de voter unanimement la culpabilité. C’est comme ça aux USA, et ma foi ça fonctionne – mieux que chez nous, où il faut des lustres pour traiter une affaire, à l’exception, bien entendu, du vol du scooter du fils de monsieur Sarkozy, qui fut traité énergiquement et avec promptitude.

Ce qui restera de cette histoire, c’est quand même assez lourd : un homme de tout premier plan est aussi, d’abord, un mâle en proie à ses pulsions – testostérone, turgescence etc – et l’on a pu découvrir au fil de l’enquête quelques-unes de ses conquêtes fugaces et passées, qui toutes ont confirmé son appétit et sa vigueur. Bon, c’est sa vie privée, certes oui bien sûr vous avez raison mais quelque part c’est signe de fragilité, vous ne trouvez pas ? il est vulnérable, cet homme, il a une faille, un talon d’Achille, il peut péter un câble sans crier gare devant un exemplaire représentatif du sexe féminin. Monsieur Giscard fantasmait sur les jambes de madame Saunier-Seïté pendant qu’elle discourait à la tribune, monsieur Mitterand entretenait deux fers au feu au minimum – monsieur Chirac s’en tenait au cul des vaches, lui – mais tout ça en douce, discrètement, entre gens policés. Tandis que là, vous avouerez, ça fait désordre.

Eh bien, nonobstant (*) cette histoire catastrophique, ce bide total, cette affaire dévastatrice, et dans la plus belle unanimité, les pontes du PS se réjouissent bruyamment de cette nouvelle. Cher Dominique ! cher ami ! comme je suis heureux(se) et soulagé(e) ! quelle joie ! Harlem (si si, Harlem, pas le Bronx, je suis sûr), Bertrand, François, Martine, tous affichent la plus grande satisfaction, le plus immense soulagement. Innocent, Dominique ? heu, ils s’en foutent. L’important, c’est qu’il revienne pousser en mêlée pour 2012, mais désormais inoffensif et désarmé : il ne pourra plus leur faire de l’ombre. Que du bon ! Tiens, si on le voyait débarquer impromptu à l’université d’été du PS, hein ? bronzé, en chemise manches courtes, col ouvert ? la standing ovation, le top, quoi.

Tibert

(*) J’aime  bien nonobstant, je l’avoue. C’est daté, ça fait rapport de gendarmerie, mais c’est tellement plus mignon que malgré, en dépit de…  l’expression latine est quasi évidente – non obstat, ça ne fait pas obstacle – et puis surtout on entend “nonos” dans nonobstant, ça fait irrésistiblement frétiller de la queue.

Economie souterraine

Ce titre in-ra-ta-ble, le journaleux du Figues-à-rôts, auteur de cet article, l’a loupé ! gros comme une maison, pourtant, gros comme la Porte d’Aix à Marseille – porte vers l’exotisme, le dépaysement, le Sud… et la jungle, apparemment. “Un parking (souterrain, note du claviste ) géré par une bande à Marseille“.

Reste à Vinci, titulaire théorique de l’exploitation de ce parc à voitures, et en désespoir de cause, à se découvrir une vocation de maintien de l’ordre par ses propres moyens, ou à se rendre en procession jusqu’aux pieds de la Bonne Mère, là haut sur la colline… Notre-Dame-de-la-Garde, qui veille sur la vie des marins, y compris les Escartefigue du ferry-boâte,  et les marchandes de violets, de favouilles et de clovisses du Vieux Port, mais semble se désintéresser du respect de l’ordre républicain.

Tibert

Suicide collectif et museau vinaigrette

Nos fins limiers de l’identification des causes de mort approchent lentement de la vérité. C’est vrai aussi que c’est terriblement ardu, cette histoire d’une vingtaine de cochons de sangliers trouvés morts sur une délicieuse petite plage verte des Côtes d’Armor. Après moult remue-méninges, expertises, autopsies et recherches historiques, le commissaire Velet (à moins que ce soit Raymond Souplex) a frappé sa paume gauche du poing droit, en s’exclamant : “bon sang ! mais c’est bien sûr !”. Et c’est ainsi, chers auditeurs, que l’hypothèse des algues vertes tueuses se renforce, le canard nous l’annonce. “Sangliers morts en Bretagne : la piste des algues vertes se précise“. Ils sont très forts, disons-le.

Moi je trouve quand même que c’est un peu facile, là, comme explication. D’accord, le gaz sulfhydrique (H2S pour les intimes) a déjà tué un cheval, d’accord, le niveau de nitrates dans les eaux de surface et dans la nappe phréatique est épouvantable en Côtes d’Armor, d’accord, on sait qu’il y a là-bas beaucoup trop de porcheries industrielles, qui balancent leur lisier odorant dans le paysage ; bien entendu on sait pertinemment que ces algues vertes sont dues à cet excès de nitrates, et qu’elles produisent en se décomposant du H2S. Certes… et certes derechef, ça ne sent pas toujours la rose dans la campagne bretonne.

Mais bon, il y a d’autres pistes. Trop facile d’accuser les agriculteurs bretons ! tiens, on a déjà vu ça avec le Temple Solaire, avec la secte de Waco, avec tout un tas de groupuscules ; c’est sûrement un suicide collectif. Et ça tombe juste avant le début du mois du jeûne chez les Musulmans – du moins ceux qui veulent s’y conformer. Sachant la race porcine athée – je ne les ai jamais vus à l’église – on ne peut pas incriminer quelque lubie ésotérique. C’est manifestement un geste symbolique fort, une solennelle protestation contre l’ostracisme qui les frappe. On sait en effet que le porc est proscrit, “bio” ou élevé en batterie, par tous ces gens-là, et les Juifs pieux aussi, et c’est injuste, trop injuste. De mon point de vue, d’ailleurs, c’est à tort, j’apprécie les rillettes et le petit salé, le jambonneau et le boudin, et, cochonnes, cochons, laies et sangliers, vous avez toute ma sympathie. Quoique, le porc de batterie, je passe mon tour, il a vécu trop malheureux.

Tibert

Logement, saison III – Rue de Rivoli (de service)

Chers auditeurs, au cours de nos veillées à thème “urbanisme et galettes de blé noir”, nous avons papoté – moi surtout, vous je sais pas – sur les lamentations des Parigots, prisonniers d’un Haussmannisme figé et maintenant bloquant et mortifère (saison 1) ; constaté que le maillage du territoire est débile et indigne de gens supposés intelligents, coincé sur son schéma parigo-centriste coûteux, injuste, contre-productif (saison 2) ; voyons voir à pointer du doigt une autre ânerie bien de chez nous, le “paraître” au détriment du “vivre”.

J’étais hier à Paris, avenue Victoria juste sur le flanc Nord du théâtre du Châtelet, visitant un su-per-be immeuble Haussmann pur beurre, parquets-moulures-cheminées…parquets délabrés, et le reste à l’avenant. Une entreprise y réhabilite une “courette” : euphémisme pour un puits étriqué, noirâtre, nauséabond, en piteux état. En revanche, je me répète, la façade, alors là, ma-gni-fi-que ! l’ennui, c’est que les cuisines, les sanitaires, les couloirs… donnent sur la courette ! Evidemment, de l’extérieur, “ça en jette”, mais il faut y vivre, ma brave dame…

Je me suis par ailleurs baguenaudé à Montréal, non pas dans le Gers, mais au Québec : chaque avenue a son double “de service”. Ainsi l’artisan qui répare un chauffe-eau (mais à Paris les chauffe-eau ne sont jamais réparables, on les change d’office), le camion-poubelle, le livreur de chez YUPS… passent et garent là, laissant l’avenue libre pour y lécher les vitrines, magasiner, circuler, trottiner. C’est un schéma classique dans les pays neufs, et où il y a de la place. Mais à Paris, Lille, Lyon etc… le livreur “je travaille moi monsieur” met ses feux de détresse et plante son véhicule au milieu de la chaussée : quoi faire d’autre ? il n’a pas d’alternative.

La place ? il y en a. Quand les sièges sociaux des grosses boîtes se décideront – se résigneront, pour leurs dirigeants (*) – à s’installer là où l’on peut enfin fonctionner, vivre, circuler, respirer. Quand on admettra enfin les outils de télétravail comme des outils de travail.

Allez, du balai, Haussmann de façades et immeubles cacochymes ! de l’air, des voies de service pour le côté pratique, des immeubles de notre époque – avec des plafonds d’au moins 2,70 m – les sièges sociaux “au cul des usines”, et tout le monde vivra mieux.

Tibert

(*) Le Fouquet’s va leur manquer, c’est là le vrai problème ! essayez de priver les PDG ‘s et leurs z’épouses des vitrines de l’avenue Montaigne, des petits restos du XVème… trop dur !

Tibert

Aïe à 2 drimes, euh gaïne !

Je lis ça, au petit matin de la gueule de bois d’après les flonflons de la Fête Nat’, et c’est beau : “J’ai rêvé que nous puissions remplacer ce défilé [militaire] par un défilé citoyen où nous verrions les enfants des écoles, où nous verrions les étudiants, où nous verrions aussi les seniors défiler dans le bonheur d’être ensemble, de fêter les valeurs qui nous réunissent”. C’est joli, non ? c’est du Joly, Eva pour ses groupies d’EELV, les écolos rangés derrière la bannière à lunettes rondes et fushia au bout du nez.

Je lis ça, et sur ce point au moins je suis complètement d’accord avec madame Eva, sauf que moi je n’en ai pas rêvé, pas eu besoin, du moins, de me prendre pour un avatar de Martin Luther King ; d’autre part, autre bémol, si “séniors” relève du vocabulaire latin, c’est en fait du Politiquement-Correct anglo-machin pur jus, pour ne pas dire “vieux”, l’épouvantable et repoussant “vieux”. Pourtant, “où nous verrions aussi les vieux défiler…“, ça le ferait tout aussi bien, non ? allez, édulcorons, “les anciens“, si vous y tenez.

Mais bon, oui, sur le fond,  on en a marre nous aussi, non-EELV, ou à peine, de voir les militaires confisquer la fête nationale, et marre itou d’entendre des paroles historiques, certes, mais horriblement datées et sanguinaires sur la musique de notre Marseillaise. Qu’un rouget de l’île moderne et inspiré nous abreuve de ses couplets apaisés, c’est tout ce que je nous souhaite.

Ah oui, tiens, autre chose : on a amplement pris connaissance,  à la télé, ces derniers jours, des désordres occasionnés dans les aéroports parisiens et marseillais par un “arrêt de travail d’une certaine catégorie de personnels” d’Air Algérie. En d’autres termes, c’était la merde ! eh bien, je suis allé voir, une fois, sur les sites du genre Le BilletLeMoinsCher.com, ou VoyagezPasCon.fr, les vols Paris-Alger, par exemple, au hasard… vous me croirez si vous voulez, mais il y a 9 compagnies qui assurent des vols Paris-Alger ; pas qu’Air Algérie ! Iberia, Lufthansa, Air France (Alitalia, c’est pareil), Aigle Azur, tout ça. Alors, les gars, un conseil : un clic du mulot sur VoyagezMoinsCons.org, et faites jouer la concurrence.

Tibert

Oh la belle bleue !

Les feux d’artifices sont à l’eau cette année et c’est très bien ainsi. On a pleuré pour qu’il pleuve ? on a fait des processions, curé en robe blanche, et bêlé des chants pour les grenouilles et les escargots ? très bien, ça a fonctionné du feu de dieu, il pleut comme demandé, de quoi vous plaignez-vous (…Jean-Gilles mon gendre, de quoi vous plaignez-vous, etc etc…) ?

Donc, disais-je, les feux d’artifices du 13 juillet sont à l’eau, oooooh, MAIS la récolte de maïs est sauvée, aaaaaaaah !

Et alors, où ça la belle bleue ? eh bien, chers-z-auditeurs, l’équipe de France de foot féminine ! en bleu, et gaillarde, et conquérante, et bien en jambes ! elle a chuté, certes, contre sa consoeur des USA, mais en demi-finale du mundial, rien que ça. Et, tenez-vous bien, le match était retransmis à la télé, oh certes pas sur TF1 ou la 2, et sans les commentaires des super-vedettes de la commentation, mais sur Direct 8, pour celles-et-ceux qui s’y intéressaient. Et ma foi, c’était plaisant, débridé, et assez fair-play, ce qui nous change des pugilats crispés des matches masculins. Faut dire, il y avait sûrement moins de fric en jeu.

Le résultat ? vous le lirez, si ça vous dit, dans votre canard habituel, s’il daigne traiter le sujet. Mais concluons sur cette affaire : premio, les filles savent jouer au foot, mais oui, et apparemment elles n’ont pas encore pris la grosse tête, pas fait une manif dans un autocar, pas rédigé un pamphlet lamentable contre leur entraîneur. Deuxio, ça intéresse beaucoup moins les supporters bière-foulards-vuvuzelas-beuglantes, et donc les journaleux, et les télés, et les sponsors, etc. Pourquoi? probablement parce qu’elles n’ont pas de roustons, je ne vois que cette explication. Troisio, on ose espérer que, boudant le spectacle de cette demi-finale un mercredi vers 18 heures, les innombrables sportifs mâles habitués des packs de Kro et des “à poil l’arbitre” auront enfilé un short pour un petit jogging. C’est ça, le sport.

Tibert

Lola, Byrrh et les bouts-filtres

Comment marier la le coq à l’âne, le poisson à la bicyclette ?  en écrivant un billet méli-mélo. A dire vrai, je me serais bien contenté des deux premiers termes du titre, car ils sont liés, si si ; mais l’actualité l’exige, il faut que je fasse feu ici et maintenant sur les sophismes et les arguments spécieux des clopeurs, qui se rebellent contre la décision de certaines mairies de réserver des bouts de plage aux non-fumeurs… pas Charleville-Mézière, ni Chateaudun, non, mais La Ciotat, par exemple. Vous en avez marre, vous aussi, des bouts-filtres de cellulose plantés dans le sable, ou flottant au gré des vagues sous votre nez ? moi aussi. Et ce n’est pas parce que les flots marins accueillent aussi les égoûts de la ville et les déchets des plaisanciers que ça excuse les fumeurs qui ne ramassent pas leurs mégots et leurs emballages de cigarettes.

Bon, ça soulage, à défaut d’être constructif.

Mais Lola, Byrrh, Byrrh et Lola ? “Lola”, film quelque peu désuet, passé, daté, mais que je l’on savoure comme une gâterie. Le jeu d’Anouk Aimée est malheureusement trop affecté, inutilement mobile, minaudé à l’excès, mais ce cow-boy à Stetson dans sa décapotable américaine blanche sur le front de mer de la Baule, ce grand et blond marin amerloque plus vrai que nature, ce bistrot du Quai de la Fosse – le quai de la fesse – qui sent bon le cahoua à la chaussette réchauffé, comme on savait le faire avant l’irruption des percolateurs italiens, et tous ces lieux nantais dont Jacques Demy se gave visuellement et nous régale – avec une photographie noir / blanc somptueuse ! et pour le panthéon du cinéma, il fallait l’oser, la séquence du ralenti, le marin états-unien en uniforme et bob blanc sur la tête, la gamine en jupe-corolle se tenant par la main, effleurant le sol de la foire aux auto-tamponneuses, au son du prélude numéro 1 du Clavier Bien Tempéré.

Mais Byrrh ? eh oui, Byrrh… les rades nantais et d’ailleurs de l’époque arboraient sur leurs murs, leurs vitrines, et “Lola” nous les montre abondamment, ces affichettes-réclames qui font ou on fait les délices des “je me souviens” façon Perec. Clacquesin, St-Raphaël-Quinquina, l’Arquebuse, Fernet-Branca, chin-chin-Cinzano, Dubo-Dubon-Dubonnet, Cusenier, Guignolet-kirsch, Noilly-Prat… et Byrrh ! Byrrh qui m’a, au fil du film, tarabusté, questionné, qu’est-ce que c’est que ce mot, pourquoi ce nom bizarre pour un vermouth catalan, un vin muté – à base de mistelle, de vin rouge, de plantes aromatiques et d’additifs plus ou moins pharmaceutiques ?

Bref, je vous le livre comme la Toile me l’a appris, ça vaut le coup de mulot : les frères Violet, tenant un commerce de tissus à Thuir (66), ayant concocté une boisson “revigorante” de leur cru, et désireux de lui donner un nom, jetèrent les yeux sur leurs coupons de toile, qui sont tous, paraît-il, référencés par une lettre. L’alignement, l’empilement,  la séquence des étiquettes qu’ils lurent alors donnait BYRRH (pourquoi, nom d’un chien, n’avaient-ils que 5 coupons de tissu ?). Mais le croiriez-vous ? ça leur plut, ou bien ils en avaient marre de chercher, ou plus probablement ils étaient bourrés du fait de leurs multiples dégustations d’échantillons – et Byrrh vint au monde des bistrots. J’ai bien dû en boire une fois dans ma vie.

Tibert