Médecine de (casque à) pointe

Une mienne connaissance, vieux corps mâle fatigué, a eu la mauvaise idée de se déclarer une méchante maladie veineuse sous l’équateur… à Singapour plus précisément. Impossible de rentrer dare-dare et ventre à terre sous nos cieux et la douce protection de la Sécu, on l’a donc soigné sur place. Et bien évidemment, anti-coagulants, mesure religieuse du taux de prothrombine, et du fameux indice international de “fluidité” du sang, j’ai nommé l’ INR. Là-bas, ils utilisent un petit appareil, de la taille d’un sabot de paiement Carte  Bleue – on vous pique le bout du doigt, on tartine une petite bandelette de réactif d’une goutte de votre précieux sang, on attend une minute en papotant… et zboinnnng, le résultat : avec de la chance, hopefully comme ils disent, ce sera entre 2 et 3, disons 2.8 comme sur mon illustration.

Un petit appareil très pratique et inconnu en France
Appareil de mesure INR instantanée

Notez bien que ces petits machins sont en vente libre sur la Toile, au Canada, en Asie, un peu partout. Autour de 1.000 dollars.

Bon, de retour en France, mon brave ami continue son traitement… ah non cher monsieur, ce truc là ? ça n’existe pas chez nous. Donc, aller au labo, faire la queue, se faire tirer une demi-pinte de sang à la saignée du coude – bien bleue, la saignée du coude, au bout de 4-5 trous – puis attendre 3 à 4 heures, téléphoner pour avoir les résultats. La routine, quoi…

On me dit – le toubib à qui j’en ai parlé m’a dit : “c’est politique, les labos blahblahblah..” ;  on me dit – la laborantine à qui j’en ai parlé m’a dit : “les labos ne veulent surtout pas de ça, c’est du bon pain pour eux tous ces gens qui viennent se faire trouer la saignée du coude”.

On m’a dit – un vieux retraité depuis 15 ans sous anti-coagulants m’a dit : “il faut aller au labo tous les 15 jours… moi je peux pas y aller à pied, alors il faut appeler l’ambulance… mais pas de chance, il n’y a jamais d’ambulance “assis” disponible, alors on me trimballe jusqu’au labo en ambulance “couché”, et je m’assieds à côté du chauffeur… ça doit coûter un max, tout ça”.

Eh oui, faites les comptes, les labos, les ambulances… bon, vous avez compris le film ? comme les diabétiques, qui sont maintenant et heureusement plus autonomes, les centaines de milliers de gens qui sont sous anti-coagulants pourraient se faire leur petit test INR tout seuls chez eux, comme des grands, ou à la rigueur chez un voisin, chez le toubib du coin, ça coûterait bien moins cher, ce serait bien plus pratique… meuuh non, enfin, nous avons une médecine DE POINTE, nous, en France.

Allez, faites passer, parlez-en à vos copains, ça finira peut-être par faire bouger les lignes…

Tibert

Le permis à joints (*)

J’ai une idée. Non que ça m’arrive si rarement, je vous vois déjà ricaner… non, une idée, une vraie. Une de celles qui font avancer l’humanité, genre la marmite de Denis Papin, la pomme de Newton, la côte d’Adam.

Je vous explique : bon, la délinquance, nous dit-on, “a baissé” d’un pouïème de chouïa, selon not’ Ministre, mais nous savons tous que c’est totalement bidon, tant les “petits délits” qui nous pourrissent la vie (bagnoles vandalisées, fracturées pour 2 CD, un jeton de supermarché et un carambar ; vols à la portière, à la roulotte, à l’arraché, à la tire (j’en oublie ?) ; vols de bicyclettes, de scooters, de mobiles  ; siphonnages de réservoirs ; cambriolages divers et variés) sont peu suivis, quand ils sont seulement consignés sur les registres des commissariats ! mais non, c’est pas la peine de porter plainte, on va vous faire un papier pour l’assurance.

Et je ne vous dis rien de la Justice, qui rame dans une mer de : 1° dossiers jusqu’au plafond et retard abyssal – 2° les prisons sont ras la gueule, à moins de 2 ans de punition y a pas de place libre en tôle, cassez-vous et faites-vous oublier – 3°  la victime ? bon OK la victime mais l’agresseur, le “pôvre”, il faut le comprendre, il a eu une enfance difficile, il galère.

Mais il y a UN truc qui fonctionne bien, chez nous en matière de sécurité – enfin, plutôt bien – et que le Monde nous envie : les radars et les prunes avec double peine incorporée. La sécurité routière ! 2 km/h comme 35 km/h au dessus de la vitesse nominale, et c’est dans le tuyau, ça ne fait pas un pli : 90 euros ET (double peine) X points de permis en moins. Et ça marche ! ça marche même très bien, les radars d’aujourd’hui payent les radars de demain, c’est la radarisation de l’Hexagone par répartition.

Bon, vous voyez où je veux en venir ? le “petit” délinquant qui deale du shit, qui arrache les sacs à main, qui fracture les bagnoles, qui pickpockette… au lieu que monsieur le juge lui fasse les gros yeux et lui dise, paternel : allons, encore vous…  c’est très très vilain ce que vous avez fait, ça fait N fois que je vous le dis, bon, filez mais qu’on ne vous y reprenne plus ; au lieu d’une engueulade et d’un rappel à la Loi : 90 euros et 3 points de permis en moins.

Bon, les 90 euros, je ne suis pas sûr que le centre des prunes de Rennes en verra la couleur… mais le permis, alors ça le permis, ça fait mal, c’est dissuasif. Ne plus pouvoir sortir la Benz, la BMW, fruits du dur labeur de deal, pour frimer et draguer les meufs, c’est rédhibitoire.

Et s’il n’a pas le permis, le “petit” délinquant ? justement, on le lui fera passer en heures de Travail d’Intérêt Général, pour pouvoir les lui sabrer, ses points. Pédagogie ET répression,  le top.

Bébert

(*) En fait, mon titre était “Le permis à pjoints”, mais impossible de barrer un caractère du titre. Tant pis pour l’astuce.

Fallait pas faire comme ça

Des trois comiques involontaires auto-proclamées “agences de notation”, la plus ceci, la plus cela, la plus libéralo-libérale, j’ai nommé Standard & Poors, alias S&P, nous régale de ses remontrances et de ses bons conseils, après avoir – selon le scénario prévu, réglé comme du papier à musique, c’était écrit, il fallait le faire, pour le plus grand profit de la Finance Internationale, de la City et des Produits Dérivés – après avoir, donc, balancé sa célèbre équation AAA – A = AA.

Ahhhh… enfin, nous y voilà. Bon, et alors ? et maintenant ? hein? on fait quoi ?

Eh bien, c’est pourtant simple, il suffit d’apprendre… ils savent comment faire, eux chez S&P, et tel Moïse sur le Mont de Piété, écoutons et notons sur les Tables de la Loi S&P ce qu’il aurait fallu que nous fissions. D’autres oracles du même acabit nous donnent, et toujours après coup, de sages conseils, de bons préceptes : JP Morgan, un des fleurons de la Planète Finance, presque aussi éthique que Goldman Sachs, la banque qui vend à ses clients des produits dont elle  sait qu’ils sont pourris, la banque éthique que plus éthique qu’elle tu meurs, qui aidait la Grèce à maquiller ses budgets pourris.

Versons, au passage, une larme sur la défunte Lehman Brothers, qui n’aurait pas détonné au milieu de tout ce beau linge, mais n’a pas survécu à la crise des “subprimes” – en revanche, les agences de notation qui décernaient du AAA+ à Lehman Brothers, elles, paradent toujours et nous donnent de sages conseils de bonne gestion.

Bon, soyons pratiques et tirons les leçons de tout ça : virons ces ministres et ministresses incapables qui gouvernent nos finances, qui prennent les mauvaises décisions. Embauchons tout de suite et sans tarder quelques uns des ténors de S&P, de Moodys, de Fitch, de ces gars qui savent, eux, comment ça se gouverne, la finance, merde quoi. C’est vrai, enfin, ils savent comment il faut gouverner, suffit de suivre. C’est simple.

Evidemment, si c’était pour nous vendre, tel Goldman Sachs, et à l’insu de leur plein gré, des produits pourris dont ils savent qu’ils sont pourris, ça ne serait pas du jeu ; mais ils sont francs du collier, c’est probable. Que ces gens-là, usant de leur aura indue, claironnent partout “tel pays est dans la merde“, précisément afin de l’y mettre, dans la merde, rien de plus éthique, pas vrai ? c’est de bonne guerre anti-Euro.

Tibert

PS : J’ai hésité à intituler ce billet “Le dégradeur fou a encore frappé“. J’apprends que S&P, devenu dingue, ivre de son pouvoir de dégradation, dégrade urbi et orbi, la SNCF, EDF… toutes entreprises nationales. Les entreprises publiques, on dirait qu’il n’aime pas ça, S&P.

Aux tonnes (G. Appeaux linaires)

C’est un fait : l’orthographe fout le camp. L’orthographe, et la grammaire, et le passé simple, pour ne rien dire de l’imparfait du subjonctif. Plus il est simple et rapide de corriger un texte – un ordinateur à deux balles, un coup de traitement de texte, efficace et peu coûteux – plus il est courant de nos jours de trouver des coquilles, des fautes d’accord, des barbarismes, des à-peu-près, bref, des erreurs, dans les journaux et les livres.
Pire, on réécrit les livres pour la jeunesse – le “Club des cinq”… –  qui utilisaient logiquement le passé simple – le temps du récit, au présent : c’est plus facile, encore qu’avec ces putains de verbes du 2ème et 3ème groupe ça soye pas de la tarte. Il faut se mettre  à leur niveau, ces chers petits. Nous-mêmes, de notre temps, devions probablement ne rien comprendre à ce que nous lisions : le passé simple, fi donc, quel obscur charabia.

Bon, en matière de fautes d’orthographe, l’erreur est humaine, et personne n’est à l’abri d’une étourderie, même pas moi. Mais la relecture n’est pas pour les chiens, que je sache. Qu’on ne relise pas les quotidiens, ou à peine, ça peut à la rigueur se pardonner, le lendemain c’est oublié. Encore faudrait-il exiger des journaleux un niveau plus que moyen. Mais un livre, zut quoi ! un livre c’est pérenne, ça passe de main en main, c’est une balise.

Le “Que choisir” de ce mois-ci m’a fait hurler de rire, traitant de cette nouvelle tendance très moche des éditeurs à ne plus relire sérieusement leurs ouvrages (*). Il s’agit d’un opus de Stéphane Hessel, édité au Seuil en 2006, intitulé “Ô ma mémoire“. Dans ce texte que je n’ai pas lu, monsieur Hessel, l’indignateur professionnel, doit probablement citer des poèmes qui lui sont resté gravés en mémoire, justement, des vers qui nous parlent aussi, que nous avons aimés, que nous aimons  – tenez, Guillaume Apollinaire, “Automne” :

Dans le brouillard s’en vont un paysan cagneux
Et son bœuf lentement dans le brouillard d’automne
Qui cache les hameaux pauvres et vergogneux

Monsieur Hessel cite donc ce poème, et ça donne aux éditions du Seuil, 2006 :

Dans le brouillard s’en vont un paysan khagneux…

Non mais, rassurez-moi, ils l’ont fait exprès ? c’est de l’humour ?

Thibaire

(*) Si la relecture pouvait se sous-traiter en Chine, au Pakistan, en Malaisie, payée 3 Carambars et un coup de pied au derrière, alors évidemment, ça pourrait se faire. Mais que voulez-vous, on ne sait pas encore délocaliser ça.

It is monday, it is ravioli (*)

Je ne vous écrirai rien sur la joulie idée démago d’Eva Joly qui veut donner des jours de congés en rab’ aux Sikhs, Shintoïstes, Boudhistes… et j’en oublie. C’est la période des cadeaux Bonux, profitez-en, il devrait y en avoir pour tout le monde.

Je ne vais pas vitupérer le “IT For Business Forum” qui va se tenir à Deauville à grand renfort d’anglicismes tous les 3 mots, speakers, time to market, best practice et success stories, trend… et j’en oublie. Il ressort clairement de tout ça que pour faire des affaires il faut être anglo-quelque chose, nous autres pauvres cons de latins n’y entravons que couic, le français est infoutu de vendre quelque chose en français – même à des Français, et, fi donc, débattre en français en France est du dernier plouc.

Je vais vous écrire quelque chose sur un nouveau truc super, ça vient de sortir :  pour produire des films français qui marchent bien à l’international, il faut les produire en langue anglaise ! eh oui, c’est tout con, si “Trois hommes et un couffin” avait été parlé en Rosbif – Dussolier Boujenah et Giraud doivent bien pouvoir baragouiner ça, sinon on les double, pas de problème, ou alors on prend Pitt Cruise et Clooney… – il est clair que c’était le succès planétaire garanti ! pas besoin de faire du doublage laborieux pour les Etats-Uniens et autres anglophones, pas besoin d’en faire une pâle réécriture hoolywoodienne : que du bon !

Donc : les cours d’art dramatique, les cours Simon, Florent… les écoles d’acteurs : mettez-vous à l’anglais, que diable. Les acteurs : tâchez d’améliorer votre “The” (pas “ze”, merde quoi, “the” avec la langue qui pointe sous les incisives supérieures, oui c’est dur…) et s’il faut des versions pour le marché “domestique” (intérieur, en français) on doublera, tant pis… tiens, il paraît que les intellos détestent les films doublés : on leur mettra des sous-titres,  no problem !

Tibert le Latin

(*) T’as d ‘ beaux yeux, tu sais…

Vite fait mal fait

Je raillais (non, je ne ralliais pas, je raillais) il y a quelques jours les sondages donnant les Français comme très majoritairement contre la mise en place d’une TVA “sociale”, mais sans y comprendre grand-chose. “J’y pige que dalle mais je suis contre“.

Ceci ne signifie pas pour autant, chers auditeurs, que je suis favorable à une telle réforme, et je vais même vous avouer un truc : je ne suis pas un inconditionnel de Nicolas S., bien que lui, de son côté, soit carrément “accro” à mon blog et se précipite tous les matins pour voir si j’ai pondu un nouveau billet. Je vais donc en profiter avec opportunisme pour lui suggérer des pistes de réflexions.

D’abord ce constat constant, et c’est triste : la France souffre de bipolarisation chronique exacerbée droite-gauche ; restes des “oppositions de classes”, vieilles lunes du défunt Marxisme acclimaté au pays du camembert, façon Georges Marchais. Pas moyen, dans ce foutu pays, de trouver des gens capables de pratiquer le dialogue, la confrontation constructive des idées et la synthèse. C’est véritablement une tare chez nous, et qui nous coûte très cher. On a donc une droite (pour le moment) aux affaires et qui tâche de faire passer ses “réformes” au forceps, et une gauche (pour le moment) en résistance et qui s’arc-boute contre, quoi que ça puisse être : c’est con, bilatéralement con. Et ça donne des résultats stupides, d’autant plus que le Grand Chef est du genre à dégainer trop vite, quitte à faire machine arrière ensuite.

– La proposition de taxe “Tobin” sur les transactions financières, limitée au périmètre français, telle que soutenue par N.S., est une ânerie : tout le monde le sait et le dit, ça va faire fuir aussi sec les opérateurs boursiers vers d’autres cieux où ça restera gratuit. Résultat pitoyable et prévisible : la Bourse de Paris à la ramasse. C’est évident, il faut obtenir au minimum un consensus de la zone Euro sur ce point pour que ça ait une chance de fonctionner sans se tirer / nous tirer une balle dans le pied.

– La TVA sociale est un chantier qui mérite qu’on ne le bâcle pas “avant les élections”, qu’on prenne le temps de la réflexion, de la concertation, des arbitrages équilibrés. Pour le moment c’est une réforme à la hussarde, une de plus, et on en dit n’importe quoi. Tiens, le Monde aussi y va de ses affirmations  fantaisistes : “Les retraites du régime général et de la fonction publique sont indexées sur les prix. Au 1er janvier, elles sont ainsi augmentées…” : c’est n’importe quoi. C’est en avril dernier que les retraites ont été réévaluées, et tout le monde peut constater que ce n’est pas au niveau du taux de l’inflation, loin s’en faut. Le journaleux qui a commis ça constatera plus tard la triste réalité, quand il sera à la retraite… bref, la TVA sociale avant le mois de Mai ? téméraire, aventureux et contre-productif.

Bien évidemment, j’entends d’ici N.S. me rétorquer : non mais, Tibert, t’as vu à qui j’ai affaire ? comment ça fonctionne ? pas moyen d’avancer ! quoi que je dise, en face c’est non, non et non. Comment veux-tu que je discute de manière constructive et avec qui ? je propose quelque chose, ça déclenche illico les injures, l’anathème, le refus.

C’est vrai, aussi, quoi  : il ouvre la bouche, aussi sec l’écho renvoie “Fouquet’s”, “Bolloré”, “Rolex” (*)…. c’est lassant, à la fin.

Tibert, sévère mais compatissant

(*) Honnêtement, je sais pas pourquoi on en fait un drame, de cette histoire de Rolex : moi je peux en acheter une pas cher du tout. Quasiment tous les jours je reçois par email des offres avantageuses : jusqu’à 90 % de ristourne et plus. C’est pas si bling-bling que ça, la Rolex.

Libres livres

Les frontières de l’aube s’annonçant à l’horizon de Serangoon Gardens ou de Barbera, les petits-oiseaux commençant leur “boeuf” sur les branches, je suis là vissé devant ma page blanche, et ma foi la candidature éventuelle d’un ancien footballeur ombrageux et un peu foutraque aux Présidentielles 2012 ne m’inspire pas. Je vais donc vous entretenir – mais non, je ne vais pas vous entretenir ! vous rigolez, ou quoi ? – mais je vais vous entretenir d’autre chose.

Le livre électronique, j’en ai rêvé, ils l’ont fait. Techniquement c’est nickel, même si ça ne remplace pas les bonnes vieilles pages qu’on corne au coin pour marquer la page. Mais dix bouquins à 500 grammes chacun ça fait 5 kilos, et oui c’est lourd. Donc, vive le livre électronique ! en plus du papier, évidemment.

Mais voilà, moi je les emprunte, je les prête, je les revends, je les achète d’occasion, plus rarement neufs, ces chers livres : un livre ça vit, ça passe de main en main si ça vaut le coup, et puis un jour ça finit au pilon, à la poubelle ou sur une étagère à la maison ou chez un broc’, pour 2 euros – jamais 1,99, ça c’est du prix markétingue et baise-couillon, pas du prix de broc’.

Il existe même des médiathèques : je m’y inscris pour une poignée de sequins ou même gratoche, et je puis y emprunter plein de belles choses sans payer : le poids d’un livre quasiment gratuit, vous voyez, c’est bien moins pesant. Mais ça reste lourd, hélas, dans le sac, au bout du bras.

Donc, vive la légèreté, et vive le livre électronique – tiens, j’achète chez Anna-Zaune  “Les trois moustiquaires”, d’Alexandre Dumât, et ça me coûte 2/3, disons, du prix du papier en édition de poche… voilà, je paye et je télécharge ce bouquin, il est “à moi”,  je le lis ou pas, c’est selon… mais…

– je voudrais prêter mon livre (et pas mon lecteur électronique, nuance !) à ma copine Aglaé, à mon cousin Jules : impossible, ça ne se fait pas. Il faut que je prête mon lecteur avec. Pourtant j’accepte que, prêtant mon livre, il soit pendant ce temps indisponible sur mon lecteur… ça doit coller, non ? non. D’autant plus qu’il y a des formats incompatibles entre lecteurs. Donc en somme, ça ne se prête pas, c’est comme les brosses à dents !

– bof, les histoires de moustiquaires, ça me lasse, alors ayant lu 36 pages  j’abandonne, je veux donc le revendre : ça ne se fait pas, eh non, il n’existe pas de marché d’occasion pour le livre électronique. Vous trouvez ça normal, vous ? si ça m’a coûté 1,20 ou 1,50 unités monétaires, je peux l’admettre – un “droit de lecture”, en somme – mais si c’est 7 ou  8 ou  10 unités, alors là, zut, c’est abusif.

– il est extra, ce bouquin, mais il bouffe de la place sur mon lecteur : il faut que je le sauvegarde avant de l’effacer pour libérer de l’espace… mais comment le sauvegarder en étant certain que dans 2 ans, 5 ans… je pourrai le relire ? c’est-à-dire le remettre sur mon lecteur – mon prochain lecteur, car bien évidemment entretemps j’aurai acheté le dernier machin extra-plat à lecture relief et gloutron périonique  – sans me heurter à des problèmes d’incompatibilité ?

– je suis inscrit à la médiathèque de Noeud-en-Brie : comment vont-ils, à la médiathèque, me “prêter” des livres électroniques ? en papier c’est gratuit, d’accord, alors en électronique c’est combien ? et comment fait-on en toute légalité ?

Voilà, c’est très très bien le livre électronique. Enfin, ce sera très très bien, quand on aura répondu correctement à mes questions.

Bébert

Le hic de la laïque

Je vais vous raconter une joulie histoire laïque. C’est “Le Parisien-En-France” et autres lieux qui me l’a racontée, et j’ai pensé que ça valait le coup. Alors voilà…

Un habitant d’Aubervilliers (le 9-3, ses grands espaces, son univers impi-toya-able) fils de curé défroqué et probablement de ce fait-même athée de chez Athée, décide de se marier avec sa chère et tendre, avec qui il vit depuis pas mal de temps déjà : une Marocaine de confession musulmane, pour qui ça ne pose aucun problème de vivre avec un mécréant.

Mais voilà : la mairie lui demande un “Certificat de coutume”, nécessaire semble-t-il quand on épouse un(e) étranger.

Ce certificat est à retirer auprès du Consulat du Maroc.

Au Consulat du Maroc, on déclare ne pas pouvoir lui délivrer ce papier s’il ne signe pas un acte de conversion à l’Islam. Et comme ça ne lui plaît pas de se convertir, il ne signe pas.

Retour à la mairie, on lui réitère la nécessité de ce “certificat de coutume” : si si, o-bli-ga-toi-re.

Obligatoire ? voyons voir, voyons voir… c’est faux : en fait le Code Civil ne réclame rien de tel, mais seulement un certificat de célibat. Alors ? alors il se trouve que de nombreuses mairies réclament en toute illégalité  ce genre de document totalement abusif ! et que sur les plusieurs milliers de mariages mixtes franco-marocains chaque année, la plupart se font avec ce fameux torchon “de coutume”, parce qu’il paraît plus simple de faire semblant de se convertir, plutôt que de dénoncer cet abus.

Moralité : la mairie PS du coin ayant enfin compris le film, le mariage se fera entre un athée athée et et une musulmane musulmane, en France, pays laïc. Et c’est  très bien. Le seul problème, c’est qu’au Maroc ce mariage ne vaut pas. Eh bien, tant pis pour les bigots.

Tibert

PS : on espère que not’ ministre de l’Intérieur et des Cultes fera circuler les directives rectificatives nécessaires pour que cessent ces exigences abusives… et au fait, n’y aurait-il pas derrière ces paperasseries fantaisistes et illégales quelques employés de mairie un poil trop zélés ?

J'y comprends que dalle mais je suis contre

Encore un sondage où je n’ai pas été sondé –  en fait je ne suis jamais sondé, sans doute ne suis-je pas représentatif, ce doit être génétique. Un sondage, dixit Le Monde” (et d’autres, Europe 1, L’Humanité, qui est d’ailleurs le commanditaire de ce sondage…) nous catégorise hostiles à la TVA sociale à 64 %. On sait que le Grand Chef Nicolas a décidé qu’on la ferait (la TVA sociale) avant le clap de fin sur son quinquennat, et je vous fiche mon billet que c’est encore une de ces réactions épidermiques anti-Sarko qui a largement inspiré le choix des sondés – tant il est vrai que ce Président suscite des sentiments de haine quasi pavloviens. Tiens, ça me rappelle Joe Dalton dans les premiers albums de Morris – les seuls qui vaillent – qui à la seule évocation du nom de Lucky-Luke, se mettait à trépigner, manger son Stetson, se roulait par terre, risquait l’apoplexie, hurlant “je hais Lucky-Luke !“.

Mais derrière ce rejet phobique, si chaque  sondé se voyait demander “la TVA sociale, en comprenez-vous les mécanismes et les enjeux ? pouvez-vous m’en développer les lignes directrices ?” (*) ce serait probablement “hem… ben… c’est-à-dire queuuh…”. Car la TVA sociale, mon mignon, c’est tout sauf simple.

Bon, je ne vais pas vous faire ici un topo sur les mécanismes de la TVA sociale, les coûts hors-taxes incluant ou non les cotisations sociales salariales, le différentiel produits importés-produits nationaux. D’abord j’ai moi-même besoin d’y voir plus clair et ce n’est pas totalement le cas – mais je me soigne ; et puis vous trouverez, chez Wiki par exemple, un début d’explication assez bien fait.

Rêvons de refaire ce sondage : l’ “Humanité” fait rassembler un échantillon représentatif d’un peu plus de 1.000 personnes, leur fait suivre un cursus pédagogique sur la TVA sociale, ses rouages, ses plus et ses moins, son application en Allemagne et au Danemark, ses résultats patents… et on repose la question. Chiche ?

Tibert

(*) je traduis en langage de talc chaud : “Pour vous  la TVA sociale c’est quoi ? comment ça marche ? ” Ah oui là comme ça on comprend.

Fin de parti ?

Marseille, sa bouillabaisse, sa Bonne Mère, ses quartiers Nord, ses grutiers et dockers obligatoirement tous syndiqués et ses éboueurs qui bossent selon le contrat de travail informel  “fini-parti“. A savoir : leur journée est en principe de 7 heures (merci Martine, merci Lionel) mais une supposition : s’ils avaient fini leur boulot de la journée, disons, en 5 heures 30 au lieu de 7, pourraient-ils rentrer chez eux goûter un repos bien mérité ? (ou bricoler, repeindre un appart’ “pour un copain”, cuisiner, que sais-je ?) eh bien oui, la Mairie – la communauté urbaine, en fait : la MPM, leur donneur d’ordres – magnanime ou laxiste ou les deux, les a laissés fonctionner selon le “fini-parti”, au vu paraît-il de la pénibilité de leur boulot. Notez bien qu’il existe des tas de boulots tout aussi pénibles, les maçons les terrassiers les métallos la découpe de volaille à la chaîne, etc etc… mais eux, en plus, ils travaillent dans le sale, ça ne sent pas la rose, pas vrai ? certes, mais on peut supposer qu’ils étaient au courant lors de la signature de leur contrat de travail  ? et ils ne ramassent pas des poubelles pendant 7 heures, loin de là.

Le problème est que ce ne sont pas 5h 30, ou 6h20 qui sont effectuées en moyenne, mais au grand maximum 3h30, soit la moitié du temps théorique. Vous pourrez lire ce qu’en dit le Figues-haro – voir le lien que je me suis décarcassé à vous fournir plus haut, en gras souligné etc. Donc, de deux choses l’une :

– soit les éboueurs marseillais bossent à 2 fois la vitesse nominale, et là je me demande s’ils n’ont pas tendance à y aller un peu allegro vivace,  et s’ils ont le temps de fignoler les coins ? (*) amis lecteurs marseillais, les coins sont-ils propres dans votre ville ? au vu des fines remarques du maire actuel, le trop bon monsieur Gaudin, les conducteurs de camion-poubelles auraient tendance là-bas” à se prendre pour des pilotes des 24 heures du Mans”.

– soit ils n’ont qu’une demi-charge de travail, en clair pas assez de travail, ce qui relève de la responsabilité de leur employeur la MPM, qui gère mal sa boîte, gaspille l’argent du contribuable, et peut envisager de sabrer quasiment la moitié des effectifs, d’où grosses économies pour la ville de Marseille – ce que ledit contribuable de là-bas appréciera certainement.

Il se trouve qu’un courageux ou téméraire citoyen de Marseille – un avocat – a entrepris de saisir la Justice sur cette affaire, estimant, lui, que sa ville n’est pas propre, et que donc les éboueurs peuvent donner encore un peu de leur précieux temps “fini-parti” au polissage des bordures de trottoirs, au nettoyage des caniveaux et au lavage à grande eau des recoins sombres où ça pue l’urine fermentée. Je dois dire que je suis admiratif, et je souhaite à cet avocat courage et ténacité. Car bizarrement son adversaire, c’est la MPM, qui s’obstine à chouchouter ses éboueurs et leur “fini-parti” aux dépens des Marseillais.

Il se trouve aussi, et c’est là le fin mot de la fin, que l’avocat de la Communauté Urbaine a énoncé ceci : “le fini-parti n’a pas été mis en place par une décision. C’est une tolérance, un usage historique qu’on ne peut pas abroger“. En clair, personne à la MPM n’a jamais autorisé formellement et par écrit les éboueurs à agir comme ils le font (mais ils le font) : eh bien, c’est un usage historique ! et il est évidemment impossible d’abroger un usage historique, qui n’a pas d’existence légale.

Reste aux patrons de France et de Navarre à affronter cet état de faits : le campement des salariés pendant des heures devant la machine à café non plus que les parties de crapette en réseau sur leurs ordinateurs ne sont inscrits au Contrat de Travail, donc ce sont des tolérances, des usages historiques qu’on ne peut pas abroger. On peut juste rechercher des salariés plus consciencieux et moins feignasses.

Tibert

(*) Locution usuelle dans ma famille à propos d’un nettoyage sommaire : “si les coins en veulent, qu’ils s’approchent !”