Rétropédalage, mode d’emploi

Il existe très peu d’engins à rétropédalage : le vélo, surtout pas, sauf au cirque ; on se casserait la figure. Il faut évidemment un engin stable à l’arrêt. Les voitures-jouets de mon enfance le permettaient… j’en ai encore une rouge, en tôle, avec des roues noires, qui rouille au grenier. Et puis c’est à peu près tout. C’est en fait une technique rare, quasiment exotique, alors qu’on en parle comme d’un truc courant… Pas si simple ! ne rétropédale pas qui veut ; il faut pouvoir ! Tenez, deux superbes rétropédalages, qui en fait arrivent trop tard. Le bon rétropédalage, c’est très tôt, après c’est fichu.

Prenez d’abord l’autoroute A69 Castres-Toulouse : trop avancée pour faire machine arrière, ce serait un gigantesque gâchis. On la stoppe, mais elle va repartir. Les opposants pensaient-ils pouvoir la faire rétropédaler ? remettre les prairies en place, les haies, les arbres, les étangs, les hameaux, les petits oiseaux ? c’est trop tard. Passé un certain cran, ça devient pire que de terminer l’ouvrage ; et puis on ne peut pas laisser tout ça en plan….

C’est d’ailleurs un projet stupide, au départ. Les bouchons, c’est à l’entrée de Toulouse qu’ils se forment, pas sur le parcours. On privatise encore un peu plus nos routes, pour engraisser des boîtes privées. On néglige les contournements de villages, largement souhaitables, qui auraient accompagné la mise à 2×2 voies de la Nationale existante. Bref c’est une mauvaise décision, l’A69, prise dans une logique « de fric » , d’affaires, pas une logique d’utilité. Mais c’est trop tard pour rétropédaler. Le pire, c’est que cette histoire foireuse ne servira même pas pour les projets futurs : on n’apprend rien.

Et puis les députés ne veulent finalement plus des ZFE, ces zones ségrégationnistes qui interdisent aux citoyens de rouler dans certaines zones des villes, sauf à être riches, posséder une voiture récente, écolo-compatible. « Salauds de pauvres » , disait Gabin : c’est exactement ça, les ZFE. Le fin du fin de la voiture « verte », nous dit-on, ce serait au moins 2 tonnes de batteries électriques sur roues, avec du lithium bien rare, bien cher, bien polluant à extraire ; quand une bagnole des années 90 faisait 1.100 kilos toute mouillée. On s’est donc enfin aperçu du caractère scandaleux des ZFE, superbe ânerie de l’écologie punitive et doctrinaire. Alors on va rétropédaler ? en principe on devrait.

Entretemps on a consciencieusement saccagé l’industrie auto européenne. Nos moteurs thermiques sont aujourd’hui très performants, légers, sophistiqués ; c’est une technique aboutie, convertible aux carburants « verts », bio-gaz, éthanol agricole ; mais on s’est gargarisé de dogmes bornés, pourtant manifestement erronés, si l’on prend dans sa globalité le bilan écologique des véhicules électriques. Les Chinois, évidemment, ont raflé la mise, sur les décombres de notre industrie.

Bref quand on rétropédale, c’est d’abord qu’on s’est trompé ! et puis c’est casse-gueule, et ça laisse toujours des séquelles. Sauf avec les voitures à pédales (*).

Tibert

(*) Au fait… excellente idée ! les voitures à pédales. Zéro émission de CO2, bio, mobilités douces… que du bon. Je vous fiche mon billet que les écolos vont bientôt nous la proposer – que dis-je, nous l’imposer, au nom de la Planète.

Dix petits … ooups !

( Dimanche ce fut la Fête des Mères : colliers de nouilles peintes sur fil de coton tressé, boîte à camembert peinte itou pour y ranger les colliers de nouilles, etc. Cet entrefilet du Parigot, bien garni de fôtes d’ortografe (*) et de charabia, nous narre qu’une mère, trop confiante, ou myope, ou assoiffée, ou les trois, est morte d’une surdose de GHB – la drogue du viol – que son fiston gardait en quantités significatives à la maison (dans des bouteilles de Pérriet !). Il n’avait pas d’étiquettes sous la main, hélas, pour éviter toute confusion. C’était vraisemblablement un petit négoce ignoble et non déclaré, préparation et vente subreptice, en liquide, sur les réseaux, de doses individuelles : « combien t’en veux ? c’est pour en violer combien ? « . Cela aura été fatal à sa maman. )

Et puis une antienne bien Bonne-Pensée dans Le Monde : « C’est dégueulasse mais on va le garder, pour l’Histoire » . Le titre annonce d’ailleurs la couleur, si j’ose dire : « Edulcorer un texte aboutit à un mensonge historique. Il faut pouvoir nommer l’ennemi » : il y a donc un ennemi. Multiforme, par exemple le titre d’un des plus célèbres Agatha Christie « Dix petits nègres » , devenu, pour des raisons évidentes, « Ils étaient dix » . De quelle couleur ? veuillez ne pas poser de questions grossières, je vous prie. Aux dernières nouvelles, Simenon a jusqu’ici échappé à la récriture (et non la réécriture, subtil distinguo, développé dans l’article), récriture « correcte » de certaines de ses oeuvres, « Le nègre » , « Quartier nègre » … serait-il moins digne d’être récrit que madame Christie ?

On passe en revue dans cet article, évidemment, le célébrissime « Tintin au Congo » de Hergé (1931) : pour déplorer que, nonobstant une abondance textuelle de mise en perspective, une préface « attention contenu toxique » , etc, on n’ait pas été assez loin dans les bémols, les warnings. En somme, s’agissant d’oeuvres indiscutables mais condamnées par la Bonne-Pensée, on ne peut, hélas, les brûler, ça rappellerait des précédents fâcheux ; plutôt que de caviarder les oeuvres « malsaines » , les maquiller, leur limer les dents, l’article cité ici prône de les encapsuler sérieusement ; il s’agit de les rendre inoffensives, pour (je cite) protéger les lecteurs ! On nous prend vraiment pour des neu-neus.

Tibert

(*) « (elle) …s’est versée sans le savoir une rasade de ce mélange toxique » . Eh non ce n’est pas elle qui s’est versée, donc on écrit versé, car le complément, le COD (la rasade) vient ensuite.

Plus loin, ce galimatias sauce journaleux trop pressé : « Une forte somme en liquide, plusieurs milliers d’euros ont également été saisis. [un espace de pub]. Considérant son état de choc, les UMPL (unités mobiles de psychiatrie légale) ont estimé qu’elle n’était pas compatible avec le régime de la garde à vue » . Donc, la forte somme était en état de choc… ! Vite une cellule psychologique !

Dé-lire

( Le rubicond Chef du Sénat – on doit bien y bouffer -, monsieur Larcher, était interrogé à la radio il y a peu… il commentait des propos assez aventureux de l’ex-plus jeune Premier Ministre, monsieur Attal. Ce dernier n’y va pas avec le dos de la cuillère : allez hop, les musulmanes, interdiction du voile avant 15 ans ! et puis ouste, une deuxième loi anti-séparatisme. Manifestement, c’est idiot : c’est d’abord viser spécifiquement ( « stigmatiser » , diraient certains) les musulmans, alors que notre laïcité ne fait, par principe, aucun distinguo entre les diverses religions. Et puis – c’est ce que monsieur Larcher critique à juste titre – encore et comme d’hab’, des propositions de règles « en l’air » , inapplicables, pieuses, pourrait-on dire. Le ministre de l’Intérieur ne disait pas autre chose : «Quand on édicte une règle, il faut être sûr de pouvoir la faire appliquer». C’est évident, mais ça fait des décennies que nos lois sont édictées au mépris de ce simple bon sens. Sortir des lois sans se donner les moyens de les faire respecter, c’est brasser du vent. )

Et puis un article alarmant du Monde nous apprend que la lecture fout le camp : « Les Français lisent beaucoup moins, on prédit la mort de la littérature, et tout le monde s’en fiche ». Eh bien non, moi je ne m’en fiche pas. D’abord il ne s’agit pas seulement de la « littérature » ; c’est un peu étroit. Les essais, l’histoire, les reportages, les sciences, les biographies… c’est aussi de la lecture ! Mais le constat est bien posé : ça craint. On est, on sera de plus en plus en face d’individus incapables de structurer leur pensée, leur langage, et de communiquer proprement, clairement, à l’écrit ou à l’oral (*). De fait, les RS, les fameux réseaux sociaux-poubelles, ont largement supplanté la lecture ; c’est ludique, coloré, plein d’images qui bougent, ça fait schboum, ça rigole, les phrases sont rikiki et simplissimes, « j’ai » devient « G » , on a réinventé les idéogrammes avec les émoticônes : c’est du rentre-dedans permanent. Donc, pourquoi se faire ch… euh, suer à dérouler les phrases sujet-verbe-complément-subordonnée-circonstancielle d’un bouquin ? (je ne vous dis pas, quand c’est du Proust !).

On est à la dérive, là… mais, me direz-vous, maintenant il y a l’IA : ça va remplacer. On va pouvoir déléguer nos capacités cérébrales à la Machine : c’est exaltant.

Tibert

(*) L’Educ’ Nat’ participe largement de cette débandade : l’exigence est passée à la trappe, on fait du chiffre : 80 % de bacheliers français dans une classe d’âge ; en Allemagne, 30 % pour l’Abitur (le Bac de là-bas). Et n’allez surtout pas vous imaginer qu’on est plus intelligents !

Un mot en « trisme »

( De menus plaisirs, de temps en temps… tenez, en Corée du Nord, on lançait un navire, en grande pompe, sous les yeux du Lider Maximo de là-bas, Bibendum III et son manteau de cuir. Le destroyer guerrier, pour renforcer encore l’armement de dingue de ce pauvre pays : ça a fait glou-glou ! il a peut-être coulé, gité, refusé de démarrer, bref il est certain que ça a foiré ; on ne nous en dit pas beaucoup plus, ils sont vexés. Ce qui est sûr, c’est que les suites seront saignantes ; on va trouver des coupables, et je les plains : « sabotage » , à n’en pas douter. c’est qu’on ne rigole pas, au nord du Pays du Matin Calme. )

Mais voyez ce rapport, tombé sur le bureau de Macronibus, et qui fait grand bruit ces jours-ci : l’entrisme des Frères Musulmans ! On tombe de l’armoire, vraiment ? on découvre, effarés, les dégâts des silencieux termites derrière le placo-plâtre ? allons donc. On sait depuis très longtemps à qui on a affaire, les pays du Proche-Orient donnent une excellente image de ce à quoi ça ressemble, cette confrérie des FM, ses buts, ses méthodes. Il suffit d’ouvrir les yeux. L’entrisme ! ça fait des siècles que l’entrisme existe ; les trotskistes, depuis la Libération, en ont fait une religion : s’embaucher dans les administrations, les grosses entreprises nationales (EDF, SNCF…), noyauter, investir, prendre les manivelles. La technique est connue comme le loup blanc.

Donc, les islamistes des FM font de l’entrisme, eux aussi… pas pour le Grand Soir bien rouge ; mais pour imposer leur mode de fonctionnement étroit, liberticide et rétrograde (un échantillon croustillant et qui donne envie 😉 l’Afghanistan !), et sa domination sur la société. Evidemment, c’est assez mortifère ! On aurait pu s’en alarmer plus tôt… Si l’on s’en tient au président actuel, qui est là depuis, tout de même, sept ans, qu’en pense-t-il ? Manifestement il s’en fiche, il n’en a cure, ce n’est pas son combat, pas plus que l’immigration incontrôlée, la drogue envahissante et la violence qui va avec. Il est branché sur « Choisissez la France » (en anglais : ils sont nuls en langues, dans les grosses boîtes). C’est ça qui le branche. Très bien, mais pendant ce temps-là, les termites bouffent les fondations de la démocratie laïque que nous prétendons être.

Bien entendu, la Mélenchonie hurle à l’islamophobie : c’est tout à fait logique, c’est même rassurant ! c’est leur nouveau fonds de commerce, l’électorat musulman, pour leur servir de marchepied, accéder aux manivelles. L’électorat musulman est-il dupe de cette sollicitude cocasse ? je l’ignore. Ce qui est sûr, c’est qu’en mettant la question des FM sur le tapis, on a appuyé là où ça craint.

Tibert

Le bompte est con

( Une histoire sinistre, mais qui me suggère une réaction d’humour noir, bien dans l’air du temps : le déni de réalité. A la station « Pyrénées » , à Paris – rien à voir avec les verts pâturages du 6-5 , ça sent le renfermé et l’air recuit – un homme a tenté, par deux fois, à une heure d’intervalle, d’étrangler la femme qui le précédait sur l’escalator vers la surface… heureusement il n’a pu conclure aucune de ses tentatives, et s’est fait coincer. Direction la psychiatrie , et sous ferme escorte, vu son état de confusion. On est là devant un cas typique de « sentiment d’étranglement » ).

Mais autre chose : cette histoire de parité hommes-femmes dans les conseils municipaux. Je vous ai mis en (*) – c’est rébarbatif – le texte du projet de loi qui généralise cette exigence à toutes les communes. Eh bien, selon moi, comme pour des tas d’élus locaux, c’est une superbe ânerie : du dogmatique pur beurre. Faudra-t-il le seriner encore et encore ? la parité des compétences, de l’engagement, de la motivation, du civisme, ne se décrète pas, elle se conquiert. On peut, évidemment, contraindre à des effectifs identiques, ça ressemblera aux façades des décors de cinéma : ça fait jouli, mais c’est totalement bidon.

Mesdames, c’est à vous : à votre engagement, votre motivation, votre civisme, vos compétences. Faute de quoi, il y aura une majorité d’hommes ? on survivra.

Tibert

(*) « Une proposition de loi visant à harmoniser le mode de scrutin aux élections municipales, définitivement adoptée par l’Assemblée nationale le 7 avril 2025, prévoit de généraliser le scrutin de liste paritaire à l’ensemble des communes, indépendamment du nombre d’habitants. Le scrutin majoritaire plurinominal appliqué jusque-là ne permet pas de respecter la parité, contrairement au scrutin proportionnel de liste appliqué dans les communes de 1 000 habitants et plus. La loi devrait entrer en vigueur avant les élections municipales de 2026. »

Rétro

( Des initiatives lamentables, à désespérer de l’Homme – ooups… de l’Humain, excusez. Pire que le Concours Eurovision, cette crotte médiatique : l’ Extreme Day Tripping, je vous le fais en anglais car c’est là-bas qu’on a inventé cette ânerie. Il s’agit de monter dans un avion « bas coût » , évidemment, d’aller à Bergen (Helsinki, Athènes, Bologne, Séville, Cologne…), d’y passer la journée : visite vite-vite des monuments incontournables, photos, bouffe, photos, shopping, photos, selfies devant le Parthenon ou les Arènes (cheese…), et retour le soir-même à la maison. C’est du tourisme que, plus stupide que ça, tu meurs. Les écolos pointeront évidemment le désastreux bilan carbone ; pointons surtout la débilité, en acier inoxydable, d’un tourisme dégénéré.)

Mais c’est demain un « Super Dimanche » : élections en Pologne, en Roumanie, au Portugal. Outre que les « populistes » de droite-droite ont déjà les manettes en Slovaquie, en Hongrie, en Italie, les trois scrutins de demain risquent de mettre aux manivelles les mêmes équipes : si ce n’est pas un raz de marée, ça en a les prémisses. Passons sur l’Italie et le Portugal, pays latins, loin de Moscou – les mânes de Mussolini et Salazar sont peut-être encore tièdes – mais avouez que la Pologne, la Slovaquie, la Roumanie, la Hongrie… ça vous a des allure d’ex-Rideau de Fer, non ? vous y ajoutez la Biélorussie, restée dans l’orbite poutinienne, et il vous manque juste la défunte RDA, la Tchéco, les Pays Baltes et l’Ukraine – dont les Russes contestent l’existence – pour rebâtir le glacis soviétique en Europe.

Un proverbe russe ironico-amer dit à peu près ça, en VF : « dans notre pays on ne sait jamais de quoi le passé sera fait ». Eh bien le passé « a du retour » , comme on dit d’une éructation. Quel penchant malsain et masochiste anime ces pays qui, sortis il y a environ 35 ans de la sujétion à la Grande Russie, s’en rapprochent à nouveau ? c’est si chouette, le PoutineLand ? ou serait-ce plutôt que l’Europe de madame Van der Layen et de la Commission de Bruxelles ne fait plus rêver personne ? je penche pour un mix intermédiaire : de une, ne sous-estimons pas la propagande poutinesque et mensongère, dans un pays sous la botte ( « famille, chrétienté, virilité, valeurs » , gnagnagna…) ; de deux, notre Europe est un mauvais patchwork, bancal, enflé, bureaucratique, hors-sol, et, disons-le, carrément louche sous certains aspects. Même pas fichue d’avoir une Défense crédible. Alors… les Trabant pétaradantes qu’on attendait cinq ans, les ensembles collectifs « Drapeau Rouge » ou « Octobre » , les pionniers avec le foulard rouge, les deux semaines de vacances en camping dans les « pays frères » : c’était chouette. Tiens, même la STASI… ça avait de la gueule ! C’était le bon temps.

Tibert

Pub algie

(Du grec « algos » : douleur. Par exemple, la nost-algie, la gastr-algie, et puis ici, la pub-algie). Je vous parle, là, d’un bandeau alarmiste, en bas de l’écran, sur le site de La Montagne, le canard du rugby et des volcans : « La publicité est un moyen de financer la production d’une information fiable, de qualité et proche de vous. Pour soutenir notre travail, merci de désactiver votre bloqueur de publicité » . Eh oui, je l’avoue, j’utilise un bloqueur de pub sur mon ordi, c’est un peu moins envahissant, comme ça. « La publicité est un moyen de financer » … certes ! mais y aurait-il moyen, justement, qu’elle soit moins conne, mensongère, manipulatrice, matraqueuse ? les toujours frétillantes promotions de chez Leuclaire, la pseudo-mutuelle absolument merveilleuse, les crèmes à l’extrait de gurbonphlan suractivé qui tendent divinement la peau, les panneaux solaires absolument gratuits – justement la loi vient d’être votée, précipitez-vous… c’est d’un pénible ! sans omettre les prix en …,99, désormais incontournables.

Une raison de désespérer, c’est que ça ne va pas en s’arrangeant. On trouve encore deux-trois chaînes télé où les films ne sont pas tronçonnés par de la pub, mais ça se fait rare. On sait le succès de BitFlex, la grosse boîte états-unienne qui produit des séries et des films comme le boulanger des baguettes « tradition » : on s’abonne, et c’est le robinet d’images, à volonté. Eh bien, j’ai noté ça, sur le site des Numériques : “Les abonnés prêtent autant d’attention aux pubs qu’aux contenus : Netflix insérera des publicités générées par IA en plein milieu des épisodes dès 2026 » . Je vous traduis : au lieu d’aller pisser, boire un coup, sortir le chien, vider les poubelles, ranger la vaisselle… entre deux épisodes de leur passionnant feuilleton, les abonnés BitFlex restent scotchés devant leur écran, à contempler les pubs : ça leur plaît aussi. Donc, on peut y aller, augmenter les doses, et dès 2026, avec des pauses-pub au beau milieu de la course-poursuite n° 8 de l’épisode 17 de la saison IV. Puisque ça les intéresse : les remontées du terrain le prouvent, les grandes-oreilles genre Gougueule-aide, Aleksa… en témoignent, on n’entend que très peu de chasses d’eau, de portes de frigo, de clebs qui s’ébrouent dans l’attente de la sortie-besoins.

Pour les enterrements low-cost – c’est un marché à développer, ça, coco – low-cost mais de qualité, on pourrait demander au curé (au rabbin, au mufti…), bref au maître de cérémonie, d’agrémenter la séance par une ou deux coupures de pub : on est à peu près sûr que les impétrants, dans leur caisse en bois, n’y verront aucune objection ; si ça se trouve, ça va leur plaire.

Tibert

PS – Je ne suis pas un groupie de monsieur Bayrou, ce vieux tromblon de la politique politicarde. Certes non. Mais je voyais hier, des médias de la bien-pensance s’étrangler d’indignation à l’évocation de la gifle qu’il avait balancée, jadis, à un gamin qui lui faisait les poches, sans vergogne : tortionnaire, apôtre de la violence, que n’a-t-on pas entendu ! eh bien, elle était pertinente, et amplement méritée, cette torgnole ; j’aurais fait exactement pareil.

Malaise de la mâlitude

( J’ai voulu acheter des oeufs, avant-hier… une enseigne de magasins pourtant bien connue, en quatre lettres, commençant par L. Rien ! pas la moindre boîte, bio ou pas, élevées en cage, au sol ou au plafond, rien. Et, attendez : pas la moindre goutte d’huile d’olive, non plus (il m’en fallait). Qu’en déduit-on ? de une, que Donald T. a réussi à nous persuader que la pénurie d’oeufs était planétaire ; de deux, que les Français se gavent d’oeufs frits à l’huile d’olive, c’est évident ; ou, qui sait, des oeufs durs-mayonnaise à l’huile d’olive ? c’est aussi envisageable, et puis c’est doublement consommateur d’oeufs, il en faut aussi pour la mayo. Mais, vous imaginez le cholestérol qui va avec ? c’est terrible. A l’heure où l’on abreuve nos sillons de messages, genre « trop gras trop salé trop sucré » , il serait temps que soit mis l’accent sur la dangerosité du couple « oeufs + huile d’olive » ; j’aimerais bien qu’on m’en laisse un peu. )

Autre chose : les mâles sont en danger, doublement. D’abord, on le sait, les coups de boutoir du sexe opposé, attentif à ce que désormais toute initiative de rapprochement soit validée, ou pas, par un accord explicite, quasi contractuel. Mais de l’autre, et en réaction, c’est l’offensive de la testostérone débridée. On a même un mot pour ça , un truc en  » … ing » , forcément : le looksmaxxing (à vos souhaits). Il s’agit de faire viril de chez Viril, la mâchoire carrément carrée (mâchez de la gomme à mâcher, ça muscle les mandibules), les cils plus courts, les biceps plus gonflés, les poils sur le poitrail… un mouchoir roulé en boule à l’entrejambe, ça peut aider, également.

On a toujours entendu parler de, ou vu, des « body-builders » acharnés (des culturistes, c’était le mot ad hoc, jadis), d’hommes un peu trop occupés de leurs biceps, de leurs abdominaux et de la taille de leur zigounette ; ça atteint désormais le point où l’on y consacre un terme dédié, des articles dans les canards, et des tas de trucs, aberrants parfois, sur les « réseaux sociaux » . Le problème est là : chacun peut se vivre comme prescripteur, préconiser n’importe quoi, être vu par une dizaine de curieux désoeuvrés vissés à leur écran de mobile, propager ses aberrations, sans garde-fou, sans filtre, sans filet. Il faudrait du recul, de l’esprit critique. Et puis surtout trouver autre chose, un truc utile , ou mentalement pas nul, pas trop crétin, pour meubler sa vacuité.

Tibert

Fromage, bière et dissymétrie

( Un sale bémol pour les Chouettes-Moments bistrotiers ( « Happy Hours » , en rosbif) : la « pinte » de bière peut se révéler pingre de bière. De fait, c’est une mesure vague, fluctuante, autour de 57 cl au Royaume-Uni mais seulement 47 cl aux USA. Chez nous (*) ? la « pinte » est une contenance exotique ; on a nos « demis » , trop petits et qui ne font qu’un quart – une dose décente pour la soif, ce serait 33 cl – et puis le demi-litre des soiffards, qui devrait être la norme. Je t’en fiche ! Voyez cet article de la Montagne : certains bistrotiers filous vous servent dans des verres « spécial radin » , du nom de « Granity » , à base hexagonale : on n’y a pas la bonne dose, et de loin ! 37,5 cl, pas plus, avec la mousse. Donc, amateurs de Chouettes-Moments : ayez l’oeil. )

Je voulais vous parler du Comté, ce fromage sublime, s’il est bien fait et mûri : des abrutis soi-disant écolos veulent le faire interdire ; de même que prohiber le ramassage des poubelles par des attelages de chevaux de trait, qu’on maltraiterait ainsi, prétendent-ils… mais, vive la liberté d’expression : on a le droit de proférer des conneries. Qu’on assume donc, en retour, sa bornitude d’esprit, et de se faire engueuler.

Et puis un mot de la dissymétrie gauche-droite… on s’offusquait, hier, de voir défiler un millier de militants d’extrême-droite – en bon ordre, ça va sans dire – mais quand ce sont leurs pendants de l’autre bord, fervents du Grand-Soir et de la mort des démocraties, ça ne soulève aucune vague : pourquoi ? vaste sujet. On pourrait gloser, par exemple, sur le vide béant, en Russie, quand on cherche des pendants au Mémorial de la Shoah, au Musée du Génocide… ces lieux de mémoire qu’on trouve par exemple à Kigali, à Auschwitz – et à Pnom-Penh, tout de même. Mais pas en Russie : aucun musée, à ma connaissance, ne documente le Goulag, les purges, les travaux forcés par -35°C, les déportations massives, la rééducation « à la schlague » . La mémoire est décidément borgne ; il doit bien y avoir quelque raison à cela.

Tibert

(*) Vous connaissez mon affection 😉 pour les mesures états-uniennes, je n’en dis donc pas plus.

Train-train

( Ouest-France nous l’annonce, plein d’espoir : possiblement, l’immense Céline Dion, que le monde entier envie au Québec, pourrait – au conditionnel, donc si les dieux sont favorables, le carré de Vénus dans le triangle dominant de Mercure, et vu que c’est une Bélier ascendant Poisson – venir chanter au concours Eurovision cette année (le 17 mai, on a tous coché la date) ; d’ailleurs je vous devine frétillant d’impatience 😉 . Et ce canard de se dire « optimiste » : aaaah oui, Oh My God ! vivement que Céline Dion vienne chanter à l’Eurovision ! J’en suis tout émoustillé. )

Mais trêve de persiflage, vous savez tout le bien que je pense de ces foires à décibels, lasers multicolores, paillettes, girls et beuglantes débiles. Il en faut pour tous les goûts, pas vrai ? L’actualité, outre que nous voilà avec un Léon de plus – c’est difficile d’échapper à cette nouvelle papale, ça tourne en boucle urbi & orbi – ce sont les grèves, re-(re-re-)rebelote, à la SNCF, la spécialiste incontestée de la chose. Le scénario est sans surprise, de longue date : vous êtes syndicaliste dans cette institution cruciale, la Force est donc en vous (*), vous en usez sans modération. Vous repérez des périodes de congés bien touffus, vous envoyez le refrain en trois vers inoxydables : « augmentation des salaires » ; « renforcement des effectifs » ; « meilleures conditions de travail » , et vous posez comme il se doit le préavis de grève : vous tenez forcément le pays par les cojones, comme on dit en Espagne.

On a droit évidemment aux micro-trottoirs, à la télé : les voyageurs, effondrés, stoïques, amers, désabusés… y en a marreje fais avecc’est lassant je m’organise autrement… c’est toujours les mêmesje sais pas comment je vais faire… Mais immanquablement, parmi ces saynètes de rue, on nous trouve deux nanas, un jeune retraité, un quadragénaire qui sort du boulot : « ben oui, ils ont leurs raisons, on les soutient » . Vous avez remarqué ? c’est pour équilibrer les réactions, la pluralité, c’est obligatoire.

Ce coup-ci, pour les juteux houiquindes de Mai, la SNCF s’est débrouillée, usant de personnel de raccroc, pour faire rouler une forte majorité des TGV (les TER, les Intercités, vous pouvez crever). Vexés, les grévistes ont annoncé de nouvelles grèves pour début juin. Non mais ! s’agirait pas que la tradition se perde.

Tibert

(*) Ce qui n’est pas le cas si vous bossez à plier-cintrer des tubes de fer dans une fabrique de mobilier de jardin.