L’homme et l’oeuvre, derechef

Saviez-vous que Michel-Ange était homosexuel ? Que Jean Genet, homosexuel, fut un malfrat et fit de la taule ? que Céline fut longtemps pourchassé pour ses horribles écrits anti-Juifs ? que Woody Allen a eu de sérieux problèmes d’abus sexuels, de même que Polanski ? Ce dernier a « bénéficié » , si l’on peut dire, de la récente « cancel culture » (politique d’effacement) : allez hop, Polanski et son oeuvre, à la trappe ! et ce type n’a jamais existé. Non mais… et puis, tenez, dans la même veine : ce prêtre, convaincu d’actes pédophiles… le « Picasso des églises » … il a conçu et installé des vitraux, de superbes vitraux – à ce qui se dit, je n’ai pas pu en juger.

Eh bien, ses victimes réclament la dépose de ces vitraux – ça s’est déjà fait ici et là – voire leur destruction ! La cancel culture à l’état cristallin, en somme. Au pilon, Céline et Genet ! Brûlons les films de Polanski, d’Allen, de… et ripolinons en beigeasse le plafond de la Chapelle Sixtine, où s’étalent des fresques tendancieuses, déjà pudiquement édulcorées par Daniele Ricciarelli (*). C’est débile, la cancel culture. Bien sûr que les crimes doivent être punis ! punir un homme et faire justice ne consiste pas à mettre à la poubelle l’homme et ses oeuvres – dans la mesure où celles-ci ne relèvent pas de poursuites judiciaires, évidemment. Les vitraux du présumé pédophile ne sont pas pédophiles, que je sache?

Et puis, on vient de sanctionner un juge de la Cour Nationale du Droit d’Asile (ça existe, ce truc, la CNDA ?) : il ne siègera plus ! Motif, je cite, « Plusieurs avocats spécialisés dans la défense des demandeurs d’asile ont dénoncé ses publications antiréfugiés, islamophobes et contre la communauté LGBT+ sur son compte Facebook, alors public » . En somme, il n’était pas correct, pas neutre… et je m’interroge. Je ne connais pas la composition des quinze chambres (quinze !) de la CNDA, je ne sais pas qui y siège, mais n’y aurait-il pas, parmi ces augustes personnages – ils sont au moins quinze, chaque chambre comptant au moins une personne, je suppose – des individus pro-immigration, islamophiles, partie prenante aux Helgébétés, des gens qui expriment à haute voix leurs convictions ? Ah oui, faites excuse, voilà, y a pas de souci : ce sont les bonnes convictions.

Tibert

(*) Ricciarelli a participé à l’œuvre de Michel-Ange ; après la mort de celui-ci, il a été chargé de « vêtir » correctement les personnages du Jugement dernier au moyen de feuillages, de drapés… placés aux bons endroits. Il y a gagné son surnom, « Il braghettone » , le caleçonneur.

2 thoughts on “L’homme et l’oeuvre, derechef”

    1. On va vérifier ça. Rectificatif et mea culpa si nécessaire : évidemment une oeuvre perverse pourrait se voir légitimement mettre à la poubelle. Quoique… voir Hans Bellmer, Sade, et des tas d’autres.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Recopiez ces symboles *