Justice-fiction

( La jeune Sihem, de la Grand-Combe, dans le 3-0, a été tuée par un type de vingt ans son aîné, repris de justice condamné à moult reprises, notamment pour un « saucissonnage » avec arme sur un couple de commerçants, excusez du peu. Le suspect est d’ailleurs passé aux aveux. Mais il appert que, si ledit malfrat avait vraiment purgé sa peine de douze ans ou presque, il aurait évidemment été, derrière les barreaux, dans l’incapacité de commettre ce crime… Sihem serait vivante, à cette heure. Mais un juge des libertés et de la détention (JLD), ou un juge d’application des peines (JAP) ? – allez savoir, les rouages de la Justice… – plus probablement un JAP, a jugé que ce brave petit gars, qui en taule (pas en tôle !) se comportait bien sagement, pouvait sortir avant l’heure et sans danger pour la société… lourde erreur d’appréciation, on en conviendra. Fait rarissime, son nom nous est connu : il s’agit de monsieur Dugenou. Cet homme, ce présumé JAP, se trouve présentement, effondré, dans le bureau du Chef… )

Le Chef – Bon, Dugenou, vous avez réfléchi à la suite ? on ne peut pas en rester là…

Dugenou – Bien entendu, Chef… c’est sûr, j’ai salement merdé… euh, commis une erreur tragique. J’ai préparé ma lettre de démission….

Le Chef – Ah oui mais non… démissionner, OK ! mais il va y avoir d’abord la procédure citoyenne légale, examiner les tenants et aboutissants de cette affaire, si ça peut éviter d’autres drames… pourquoi vous avez autorisé l’élargissement, au vu de quels éléments, quelles pressions, quelle idéologie bonnasse, laxiste ou humaniste vous a guidé… le Jury Citoyen sera constitué d’ici la semaine prochaine, vous avez le temps de vous préparer. D’ici là, vous ne touchez bien entendu à aucun dossier de remise de peine, ça va sans dire !

Dugenou – Bon… d’ici là, j’irai, avec votre permission, rencontrer la famille de la jeune Sihem, lui présenter mes excuses. Ce sera un moment difficile, pour moi, pour eux, mais je le leur dois (soupir…). J’ai ce fardeau sur les épaules, et…

Le Chef – Bon bon, vous irez. Dur moment… mais il faut que vous le fassiez. On ne peut pas laisser passer ça comme ça… Ceci étant, au vu de la gravité des faits, et à la suite du Jury Citoyen, attendez-vous à une sanction exemplaire. Vous pourrez, bien entendu, démissionner… on verra. Si toutefois vous restez en poste, vous pourrez graver sur le mur en face de votre bureau, et en grosses lettres, la maxime suivante : « La détention, empêchant physiquement le condamné de nuire, a pour but premier de protéger la société ; toute autre considération, même estimable, est secondaire » .

Tibert

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