Liberté et pluralité sont dans un bateau

Le SNJ, le syndicat des journaleux, este (je sais, c’est pédant – verbe intransitif, pour « aller en justice »), bref, plus lisible, agit en justice pour que le gouvernement supprime de son site la page « Désinfox » qu’il a mise en ligne, pour, évidemment, contrecarrer les tombereaux d’insanités émises sur le sujet du moment – devinez quoi – un peu partout, genre les huiles essentielles en suppositoire, le jus de salsepareille en cataplasme, des fumigations d’eau de javel dans les bronches, c’est encore un coup de Bill Gates, et j’en oublie.

Je n’oublie pas – j’ai la rancune tenace –  que, si je ne m’abuse, Sibeth N. la porte-parole de notre beau gouvernement a utilisé à ce propos le terme fake-news, adressant ainsi un signal de mépris aux petits gars qui se cassent le baigneur chez nous pour conserver un minimum de tenue à notre langue et un corpus suffisant de termes non-rosbif. Mais, passons… il s’agit officiellement d’infox, bref d’intox, de bobards, de désinformation !

Désinformation ? le SNJ semble considérer que seuls les journaleux-journalistes des journaux ont le droit de balancer les infos qui (leur) vont bien dans le sens qui leur plaît : il dénie donc au gouvernement le droit de s’exprimer, car, paraît-il, cela porte atteinte « aux principes de pluralisme dans l’expression des opinions et de neutralité des autorités publiques« . Tiens donc ! comme disait Gabin. De une, le pluralisme, quand il y a N+1 voix au lieu de N, c’est encore plus pluraliste, si je puis dire : tant mieux !  De deux, le site gouvernemental – vous pouvez vérifier – se contente de renvoyer – pas au hasard, bien entendu – à des articles de la presse « classique ».  Pas plus, pas moins que moi quand je cite tel ou tel canard, estimable revue ou lamentable feuille de chou.

Je résume : pour les gens du SNJ, on (on : eux, bien évidemment, mais aussi n’importe quel clampin, inculte ou malfaisant, sur son site Fesse-Bouc, pour ses suiveurs de Touïtteur…) a farpaitement le droit de balancer des conneries ; mais c’est à eux, au SNJ, et personne d’autre, de mettre les choses au point. Non mais !

Merci les journaleux ! sans vous qu’est-ce qu’on deviendrait ?

Tibert

5 thoughts on “Liberté et pluralité sont dans un bateau”

  1. Mouais. Ch’ais pas kwâh dire. Pour un vieux schtroumpf comme moi qu’a fait ses classes avec un Hubert Beuve-Méry* ou tout comme, y reste plus que les yeux pour pleurer…
    Bon, passons sur le ou les engagements politiques : on peut avoir été à l’école de ce maître à penser et ne pas pour autant dénigrer de Gaulle (« Vous n’êtes pas des miens. ») ; ce qui subsiste de tout ça, c’est l’exigence de vérité – par le recoupement des sources – et la protection des journaleux-enquêteurs dans leur travail. J’ai trouvé que quelque chose venait de changer lorsque « Le Monde » a commencé de publier des photos (« L’écrit s’adresse à la raison, l’image à l’émotion… ») et plus encore, quand on a commencé d’y afficher des « pubs ». Ça nous valait, à mon père et moi – lui, spécialiste de l’URSS** et qui n’appréciait pas trop « Qui vous savez » et moi, jeune con de 68tard – des empoignades affectueuses lorsque lui suspectait l’objectivité – sinon la droiture – d’un quotidien étranger, à l’epoque seul disponible partout en URSS, de Moscou à Vladivostok. Mais je crois l’avoir déjà mentionné ici.
    Peu importe : quand je vois ce qu’est devenu le journalisme en général de nos jours, je n’ai vraiment aucune envie de me replonger dans le milieu… Bien qu’il ne faille jamais généraliser hâtivement : y’a toujours des types intéressants qui font en leur âme et conscience un boulot tous les jours un peu plus dingue ! De mon côté, j’ai donné ; aujourd’hui, je préfère aller promener Juju… pendant que je peux encore !
    Vous savez à quoi on mesure l’importance d’un homme ? Quand, des années après sa disparition, on s’aperçoit de la quantité de questions qu’on aurait à lui poser… ce qu’on n’a pas fait au moment où on le pouvait, le plus souvent pour d’obscures raisons ! et c’est aussi valable pour Hubert B.M. que pour Jean P., mein Fater.
    T.O.

    (*) Connu par l’intermédiaire d’un vieil ami à moi dont je n’ai plus de nouvelles depuis un bail : Jean-Pierre Migeon, à l’époque rédacteur à l’Aurore de Pierre Lazareff : on n’était pas du même bord, mais on s’estimait… Mon Dieu, que ce temps semble bel et bien révolu !
    (**) Ce qui ne veut nullement dire communiss’ !! Mais il était apprécié d’un côté comme de l’autre du « Rideau de Fer » ; sauf par un certain « Doumeng » (« Le Milliardaire Rouge »…), qu’il avait fait évacuer de la salle un jour qu’il était à Moscou pour discuter d’une réclamation portant sur un point précis avec le « Comité de Achats Textiles » de l’URSS, au milieu duquel trônait Doumeng – « Je suis ici pour défendre les droits de l’URSS ».
    Mon père estimait que ce qui allait être dit ne concernait pas en quoi que ce soit ce monsieur… : « Vous ne croyez pas que l’URSS est assez grande pour se défendre toute seule ? Je n’engagerai les discussions que lorsque vous serez sorti. »
    Il venait de se faire un copain, je vous dis pas !

    1. Bon, mais tout ça ne nous dit rien de la défense du pluralisme de la presse via le SNJ. Ceci dit (Brahim), nous partageons de la désolation à constater ce qu’est devenu « le Monde », canard désormais militant, forcément de gauche, what else, n’est-ce pas monsieur Plenel. Et au diable l’objectivité…
      Au fait, les « Décodeurs » de ce canard : c’est de l’anti-infox, en principe du moins : Ils sont censés ramer dans le même sens que le site gouvernemental dont je causais hier. Alors, à quoi on joue, là ?

  2. Pluralité, avez-vous dit ? Passons donc un peu la revue… : Lu hier dans les com’s de SPUTNIK* – oui-oui, dans les coms de Sputnik – : « Pourquoi qu’elle s’appelle Sibeth ? Parce que « Siconne », ça existe pas ! » Amusant. Cependant, ils ont gardé du bon temps de Tass et des Izvestia le ciseau facile : si votre com n’est pas dans la lignée éditoriale, hop, coupé ! sauf pour les annonces de cul, qui pullulent au milieu des commentaires en tous genres… (Ôtez-moi d’un doute : diffuser ce genre de racolage, c’est pas assimilé au proxénitisme chez nous ?)
    Quant à notre nationale « A.F.P. », je préfère m’abstenir de tout commentaire. Et c’est aussi valable pour « BFM-Poubelle » ! Ejusdem farine…
    Et pisqu’on en est à la distribution de « satisfecit », dans la lancée, voir ci-dessous pour Reuter’s.
    A Ciao !
    T.M.

    (*) … Sputnik que je ne donnerai certes pas en modèle d’objectivité… Mais quand vous voyez que Reuter’s nous radote depuis près de deux ans les mêmes faits-divers d’un extraordinaire diamant bleu et d’un pauv’ crétin de con-brioleur qu’a rien trouvé de mieux comme idée que de jouer les père Nowëll en se glissant dans la cheminée pour s’introduire chez un clampin ; lequel clampin a eu entre-temps l’excellente idée d’allumer une chouette flambée (après tout, les cheminées c’est fait pour ça !), on voit à quel niveau ça vole ! Si c’est pas de l’enfumage, ça…

    1. Je ne lis Sputnik que du bout des yeux, avec d’épaisses protections dubitatives. Ce qui est le cas pour tout, d’ailleurs – la zététique, vous connaissez ? L’art de douter, qu’il nous faut pratiquer plus que jamais. Il y a de moins en moins de fumeurs, et de plus en plus d’enfumeurs !
      Ceci dit (… 😉 … ), « ejusdem farinae« , pas fariné. Génitif… Rosa rosa rosam rosae rosae rosa, voyez Brel.

  3. … Merci de votre correction, cher Tibuche… Mais le latin et moi, c’est tout de même une vieille-vieille histoire ! Et dans la liturgie orthodoxe, c’est surtout grec… et araméen, pour le Patriarcat d’Antioche auquel je cotise (Fort irrégulièrement je le reconnais ! Mais bon : je ne suis pas candidat à la béatification.)
    Ahlàlà : tout fout le camp, mon pôv’ monsieur…
    @ + !
    T.O.

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