Queues et santé mentale

Déambulant de temps en temps à Paname, je suis toujours étonné de voir les populations autochtones faire la queue. Grève ou pas grève, pluie ou pas, froid mordant, cagnard accablant, on fait la queue… pour aller au cinoche, pour se goinfrer une crème glacée, pour casser une graine, avoir droit aux rarissimes sanisettes, visiter un musée ou s’acheter un sandwich dans une boulangerie… des tas de raisons.

D’accord ils sont trop nombreux, les Parisiens, ils se marchent sur les pieds dans la rue, se compressent dans le métro… mais rien ne les oblige à subir les queues : il suffit de ne pas s’y coller si ce n’est pas vital. Entre pas de crème glacée Berdhillon – le nec plus ultra, paraît-il – et trente minutes de poireautage pour finir par en obtenir une, qui sait ? pour moi c’est vite choisi ! je passe au large.

Le Télérama du jour nous régale d’ailleurs d’un article croustillant et assez confondant sur la vogue d’une boulangerie de l’avenue de l’Opéra ; le titre en forme de question  sous-entend d’ailleurs la réponse : évidemment que c’est complètement et triplement con de faire quarante-cinq minutes de queue pour acheter UN croissant à 4 euros (quatre euros !! le prix de trois virgule cinq à quatre croissants bien faits, pur beurre gnagnagna…), croissant peut-être épuisé (le client-queuteur aussi !) au moment d’apercevoir le comptoir au loin. D’abord avenue de l’Opéra ce ne sont que godasses, fringues, agences de voyages, banques… mais des magasins de bouffe ? autant que de poils sur un oeuf. Il semble que dans ces coins-là on ne mange pas, ou alors au restau systématiquement – avec le compte en banque qui va bien, le Muscadet de base à 25 euros, la tartine grillée avocat-rillettes (*) à 12 euros et le reste à l’avenue à l’avenant !

Il est ainsi permis de s’interroger sur la santé mentale des malheureux habitants de ces contrées, où, derrière des alignements de façade et de façades intouchables car hausmanniennes : patrimoine PMC (parquets-moulures-cheminées) immarcescible – on entend les voisins faire pipi…

Tibert

(*) Faites excuse, on me souffle qu’il faut écrire Avocado Toast : c’est vrai que c’est bien meilleur comme ça.

One thought on “Queues et santé mentale”

  1. … Pour ce qui est des voisins qu’on entend faire pipi, ce n’est pas le privilège des habitants d’immeubles du cher baron, Tibuche ! Il me souvient de ces maisons « GMF » d' »accession à la propriété » façon « duo », c’est à dire assemblées par paire (comme dans les amandes « philippines ») des superbes lotissement des années 70 ; les escaliers d’accès à l’étage de l’un et l’autre pavillon y étaient situés côte à côte sur chaque face d’une cloison de béton banché qui faisait office de « mur » entre deux habitations… tout ça coulé d’un seul bloc et sans autre forme d’isolation ! Et comme le béton est un excellent transmetteur de vibrations, les gens de l’un des pavillons étaient parfaitement au courant de l’heure à laquelle leur voisine allait se coucher : elle traînait des pieds et on entendait parfaitement le raclement de ses savates sur les marches depuis la « maison » d’à côté ! Et c’est parfaitement authentique !
    Quant à ce qui est des « queues », un citoyen d’URSS – relation d’affaires de mon père – nous racontait, au cours d’une discussion sur les problèmes d’approvisionnement chers à l’Union Soviétique, avoir découvert un jour une incroyable queue sur le trottoir d’une rue de Moscou… qui en voyait pourtant d’autres quotidiennement ! Comme ça l’intriguait quand même, il s’adresse à l’un des « participants » de la file pour lui demander quelle denrée rare pouvait bien motiver un tel rassemblement… et le type de lui répondre : « Je ne sais pas. Mais si y’a autant de monde, c’est que ça doit être quelque chose de très intéressant… c’est pourquoi je m’y suis joint ! »
    Et celle-là est aussi authentique que l’autre !
    Mais rassurons-nous : avec la façon dont on nous manipule aujourd’hui – notamment avec les « manques organisés », comme on commence à en souffrir de + en + souvent en matière de médicaments -, je ne serais pas étonné qu’on voit ça aussi en France un de ces jours ; je lisais hier un article sur les difficultés financières de la chaîne Carrouf’ et l’on y évoquait, entre autres, les incessantes ruptures de stock propres à ses enseignes… Il m’arrive de devoir faire 35km dans chaque sens pour aller m’approvisionner à l' »Intercharmé » de la ville d’à côté, fatigué d’attendre que certains produits de base fassent leur réapparition dans les gondoles d’ici. Des gondoles qui finiront bien un jour ou l’autre par connaître leur épisode « Titanic »… D’autant qu’Adli (des Teutons, bien entendu !) vient de rénover et d’agrandir complètement son magasin (à 350m de Carrouf’) et que la concurrence s’en ressent clairement, même si à qualité égale, les produits « génériques » de Carrouf’ sont nettement meilleur marché que les pseudo-promos de l’autre… Mais combien de chalands se cassent la tête à jouer à la comparaison des étiquettes ? Surtout depuis que les téléphones portables remplacent de plus en plus le petit bout de papier ou l’enveloppe usagée comme support gribouillé de la liste des courses !
    Et je ne parle pas des quelques 15 « petits » commerces et plus qui ont plié boutique depuis les bientôt 19 ans que je vis ici ! Chaque fois qu’une épicerie « de proximité » ferme, une banque ou une agence immobilière s’empresse de prendre sa place ! Mais ôtez-moi d’un doute : ça se bouffe, les chèques ? Et les briques ou les pierres aussi ?
    T.O.

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