Le bronze d’art ou le stylo-bille

Quel ouvrier métallo n’a pas puisé pour ses menus besoins personnels dans les stocks de boulons, vis, lames, forêts… de l’atelier ? quel gratte-papier n’est pas revenu à la maison avec des feutres, un rouleau d’autocollant, des barres d’agrafes – voire l’agrafeuse – ou des ramettes de papier du bureau ? c’est bien normal, pas vrai ? juste de quoi rééquilibrer quelque peu la balance patron / salarié.

C’est bien normal, oui mais non… disons que ça se fait partout, et c’est toléré bon gré mal gré : on ne peut pas soumettre tout le monde à la fouille au corps le soir à la débauche. Mais quand c’est un buste en bronze qui disparaît des bureaux de l’Elysée, parmi des tas d’autres oeuvres artistiques ou d’ameublement discrètement escamotées, ça interroge : à ce niveau du Pouvoir avec un grand P, on s’attendrait à plus de rigueur, de conscience, de probité. Eh bien non… et je ne vous dis rien de l’inénarrable Mobilier National, institution pleine de fuites. On pourra se divertir à lire l’un des rapports de la Cour des Comptes à propos du Mobilier National, alias MNGBS ; tenez, cet extrait en pure langue de bois : Si ses ascendances lui valent d’être auréolé d’un incontestable prestige, le MNGBS, tel qu’il est aujourd’hui constitué, se présente comme une structure dont la configuration et la culture interne sont à maints égards peu favorables à l’inscription de ses activités dans une dynamique de recherche de performance et d’efficacité économique. En termes moins feutrés : poussiéreux, coûteux et inefficace. « Doucement le matin, pas trop vite le soir« , en somme.

Tout ça pour rappeler cette évidence : si nos flamboyants Grands Chefs étaient logés dans une tour de bureaux du côté de Puteaux ou de Montreuil, dans des espaces paysagés rythmés de cloisons d’insonorisation à mi-hauteur, on leur piquerait – au fait, c’est nous qui payons – tout au plus des taille-crayons, des rouleaux d’autocollant et des feutres effaçables à sec. On ne va quand même pas escamoter la photo de l’épouse, des gosses ou du chien-chien (ou de l’ensemble) qui trône immanquablement sur un coin du bureau : ce serait inhumain.

Tibert

2 thoughts on “Le bronze d’art ou le stylo-bille”

  1. … Bon, faut pas pleurer tout le temps non plus, Tibuche ! Bien sûr y’a quelques bricoles de « perdues » (pas pour tout le monde !) à Les-Lisez, mais quoi : l’Etat (c’est nous) vient de récupérer une commode en laque chinoise et véritable bronze doré au Mercure (galant ?) qu’aurait été dans la chambre de la Dauphine (Renault ? non : j’ai honte, là…) à Versailles jusqu’à ce que les Enfants de la Patri-i-euuu s’en emparassent dans un juste mouvement d’indignation, à la Vérolution. On l’avait perdue de vue jusqu’il y a une vingtaine d’années, où elle a été vendue (la salope) à un richissime américain*, qui vient de la « restituer » à la République pour la modeste somme de… un chouïa de plus de 4.000.000 d’€uros… alors qu’il l’avait acheté seulement 1.000.000 de francs à l’époque.
    https://www.nordnet.fr/infos/france/le-grand-retour-d-une-commode-royale-a-versailles/urn.newsml.afp.com.20190707.doc.1id3t9
    Pas mal comme placement, non ?…
    L’article ne dit pas s’il a demandé le paiement en bitcoin(s), histoire d’échapper à la TVA. Mais vous voyez que contrairement à ce qu’on affiche officiellement, tout ne se perd pas bêtement pour tout le monde, même au Mobïer National ! Mon copain Charles Sannat (Insolentiae) arrête pas de dire qu’il faut placer nos éconocroques (quand on en a !) ailleurs qu’en banque mais plutôt en métal lourd, en pierre, voire même en autos de collection ou en bwâtes de raviolis ; les vieux meubles, il en parle pas. Mais ça a pas l’air mal. Va falloir que je dépoussière le buffet Henri II-ronce-de-noyer de mon aïeule qu’est au grenier(**) depuis plus de 50 ans : sait-on jamais ?
    T.O.

    (*) Richissime américain ça faisait pléonasme, jadis. Mais c’est en train de changer, même si l’effet d’esbroufe à la sch’Trumpf peut encore trumper pour le moment au sujet de l’éclatante santé de l’Économie yankee… Pas si éclatante que ça, paraîtrait. Mais les amerloques ont toujours raffolé des records, et question « Dette Piblique », y sont tellement loin devant que même nous, on les rattrapera jamais, malgré les efforts louables de nos gouvernement successifs. Cependant, peu importe (le vent) : plus dure risque d’être la chute. Je voyais l’autre jour certains trottoirs de Los Angeles couverts de tentes et détritus divers à ne plus pouvoir traverser les rues. Pourkwâ qu’il en parle jamais de ces américains-là, le Mamoumouthe de la Maison Blanche ? C’est vrai qu’avec le protestantisme à l’américaine, la richesse est la récompense du Ciel. Quand on est pôvre, c’est qu’on a fait une entourloupe au Bon Dieu. Âââchement rancunier, le bougre !

    (**) Le buffet, pas l’aïeule !!!
    Et attendez : non seulement j’ai encore rien bu (à cette heure !!!) mais ça fait belles burettes que je ne fume plus rien, ni de surtaxé ni d’interdit ! Alors, vos remarques à la Hu-hu-hu, hein….

    1. Le buffet Henri II, personne ne vous le piquera. Il n’y a guère que les buffets bretons et basques à pouvoir le concurrencer. Le Mobilier National doit en conserver un, à tout hasard, au cazoù… et d’ailleurs ils ont dû l’égarer.

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