Nonobstant le sparadrap

( On va bien y arriver à commencer, non ? allez, on y va. Pffft… encore une année à passer. Tenez, j’apprends que le langage assez fermé des décisions de justice devrait tendre à se simplifier, se clarifier, car, le croirez-vous ? on a du mal à suivre, parfois. Le Parigot nous cite des « infra petita« , des « susmentionnés » qui devraient passer à la trappe… moi je trouve ça triste ; infra petita  désigne très explicitement l’alinéa a)  en dessous… susmentionnés, voir plus haut, etc. Mais c’est, outre des termes parfois abscons – ou carrément sans abs –  la construction des phrases qui pèche : les redoutables doubles ou triples négations, les subordonnées relatives pendantes qu’on récupère trois lignes plus tard, etc. Messieurs-dames de la justice, de la clarté dans l’expression ! ça demande un effort, je sais. Il faut, tel Flaubert – ou comme moi, tiens ! – raturer, reprendre, restructurer, biffer, reconstruire son texte… eh oui, c’est exigeant. Au passage, merci de nous sauver le fragile et mignon nonobstant, que je chéris particulièrement. )

Mais au fait : Benalla, acte III. Monsieur Benalla, c’est pour Macronibus le sparadrap du capitaine Haddock dans L’affaire Tournesol. Pas moyen de s’en décoller ! après l’histoire des initiatives musclées du personnage lors des manifs, ce furent les passeports diplomatiques – deux ! comme les testicules, c’est plus sûr – et un voyage « officieux » au Tchad façon barbouze et françafrique. Et désormais, l’ex-acolyte musclé déchu s’attache clairement à lâcher un maximum de boules supposées puantes, à mouiller du beau linge avec lui  : il nous raconte ses billets échangés avec Macron par messagerie instantanée (voyez comme nous étions proches !). Et l’Elysée de nier, puis d’admettre, contraint, que, oui, certes, ponctuellement, deux brefs échanges… ces cachotteries… on joue à quoi, là ? c’est miteux. Un peu de courage, que diable ! Ils ont échangé par messagerie instantanée ? et puis ? c’est interdit ?

Tibert

One thought on “Nonobstant le sparadrap”

  1. … Simplifier le langage juridique ??? Faut bien reconnaître que des fois on peut s’y perdre. Mais à quoi on va payer les avocats si n’importe qui peut désormais comprendre les arcanes du droit bien de chez nous ? Encore des chômeurs en vue. Allons-y pourtant et, pendant qu’on y est, simplifions aussi le langage du vulgum pecus, encore appelé « langage vernaculaire » (verna quoi ?). C’est d’ailleurs déjà le cas dans la conversation courante (comme la diarrhée ? Comme la diarrhée.) Z’avez qu’à compter le nombre de « En fait… », « Donc… » « Ouais-eeeuhhh » et surtout « … Voilà. » qui font office d’indispensable marinade au vocabulaire courant dans le fricot verbeux qui tient de plus en plus souvent lieu de conversation (de ni vous, ni moi… ouf ! Mais on en a déjà parlé, je crois) à nos chers con-temporains.
    Pour ne rien dire des « Eeuuuhhh… » qui prolongent et tiennent suspendues en lévitation intellectuelle les entretiens éclairés qu’on nous inflige à longueur de stations de radio (ou de télé !) de grande écoute et qui sont sensés (les « Eeeuuuuuhhh… ») apporter la preuve de la profondeur de pensée de ceux qui les profèrent. Il est de bon ton, aujourd’hui plus que jamais, de réfléchir (ou de faire comme si…) avant de dire une connerie : ça fait intelligent et cultivé.
    D’un autre point de vue, il me souvient d’un article d’une revue scientifique d’il y a quelques années ; étude consacrée au langage des animaux « supérieurs » (non, pas les humains !) qui avait recensé un vocabulaire de plus de 150 « mots » différents chez… le corbeau ! L’auteur y faisait un parallèle avec le vocabulaire moyen du pilier de bistrot ordinaire… Avantage très nettement en faveur du zoizeau ; nonobstant* le degré d’imbibition alcoolique, lequel rend disert, c’est bien connu.
    Bon, et à part ça, la nouvelle mouture Benallienne 2019 est en pleine essor. Ce qui m’a immanquablement reconduit à l’heureuse époque de mes « Humanités » classiques : « Encore un petit effort et tout finira mal ! » (Catulle, 1er siècle avant J.C.)
    Cependant, « Nihil novi sub sole », comme d’hab.
    « Et nunc, reges, intelligite ; erudimini, qui judicatis terram… »**
    Allez, la bonne année quand même : on peut toujours rêver !
    T.O.

    (*) Le « nonobstant », c’est pour faire plaisir à Tibuche, of course !
    (**) Toujours la Bible, mais les psaumes (II-10) cette fois. « Et maintenant, rois, comprenez, instruisez-vous, vous qui décidez du sort de la terre. »

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