Serrez les dents, ou priez, ça marche pareil

Un article assez bien foutu du Parigot ce jour souligne la dingue augmentation des prix des carburants en France. On le constate tous, et les airs de flûte du genre c’est la faute au prix du baril se heurtent à l’évidence : c’est nos Chefs qui se goinfrent, le Fisc avec un grand F. Pensez, sur un litre à 1,5 euro, le fisc se sert 90 centimes, quand le produit y est pour, disons, 40 centimes maxi.  Evidemment, l’antienne bien connue nous est resservie à toute occasion pour justifier l’appétit de Mon Cher Trésor Public : écolo écolo, du vert du vert les petits ! Tenez, la ministre y va de son couplet dans ce sens :  « Ferme sur le choix d’avoir une fiscalité écologique, la ministre des Transports Elisabeth Borne a admis, sur Europe 1, que le gouvernement est « bien conscient que ce choix peut poser des difficultés à certains Français, ceux qui sont éloignés des centres-villes et doivent prendre leur voiture tous les jours pour se déplacer ». Elle incite les automobilistes à s’orienter vers le covoiturage ou à changer de voitures. » En clair : dé-mer-dez-vous, on va continuer à vous mettre la pression, c’est pour la Planète (tu parles, Charles ! ils ont besoin d’encore plus de fric, voilà tout). Discours similaire à celui qui justifie depuis longtemps des tonnes de taxes « vertes » qui alourdissent les factures EDF, vous pouvez vérifier. La transition écologique vous dit merci, n’en doutez pas.

Et alors ? alors il appert clairement que les ruraux-provinciaux, les retraités (les ruraux retraités, vous êtes foutus) vont morfler tout particulièrement. Il y en a, disais-je, qui traversent la  rue sans regarder – le piéton a toujours raison –  pour trouver un job ; à la cambrousse il faut faire 50-80 kilomètres ou plus, à 80 km/h maxi merci qui, et le carburant ça douille ! Madame Borne vous suggère le covoiturage, qu’elle pratique assidument ; ou alors achetez une Tesla, c’est tout électrique ! il y a même une Tesla « de base ». Moins cher, une Twizzy, on s’y gèle les burnes en hiver, assis en tandem. Je vois d’ici mon voisin, 79 ans, qui bichonne deux os dans le fol espoir de clamser avant eux – une Twingo très fatiguée et une Renault 19 diésel sans assistance de direction, quasi de collection – embarquant sa copine de 89 ans pour une virée en Twizzy au marché hebdomadaire de Beaulieu-Les-Lombouses ; il y a la place pour un panier sur les genoux, et la Planète lui dira merci.

Le ménage rural normal a très souvent besoin de deux bagnoles ; il n’a aucun transport en commun digne de ce nom (et encore, il y a le ramassage scolaire, qui fonctionne pas trop mal). Alors ? alors tant pis pour lui, et vive l’écologie, bien évidemment.

Tibert

PS – Le Monde s’interroge gravement : si Manuel Valls va administrer Barcelone, peut-il rester député en France ? de mon point de vue, s’il fait ça – en aurait-il le droit – c’est un bien petit monsieur.

2 thoughts on “Serrez les dents, ou priez, ça marche pareil”

  1. … C’est extraordinaire comment, lorsqu’on est tout en haut du tas de fumier, les problèmes de ceux qui sont en-dessous paraissent étonnamment simples et riquiquis ! M’âme Borne me rappelle la très regrettée Marie-Antoinette : »Ils n’ont pas de pain ? ils n’ont qu’à manger de la brioche ! »
    Le co-voiturage ici, en campagne !?!? Mouuuuahaahahahh ! le premier magasin est à 8 km minimum* et tous mes voisins bossent dans leurs champs 12h par jour, même une fois l’âge de la retraite largement passé… Pas question d’aller les emmerder pass’ qu’ous z’êtes en panne de moutarde. À moins d’y aller à dos de tracteur quand ils vont réapprovisionner à la Coopérative en semences de maïs OGM..?
    Vous cherchez du boulot ? y’a qu’à traverser la route… et paf, vous vous retrouvez dans la gadoue pire que du côté d’où vous venez ! Et encore, soyez heureux : il y a à peine quinze ans, vous auriez patiné dans la bouse fraîche… Mais – merci la PAC ! – des vaches, y’en a plus une ! Pourtant, moi j’aimais bien : ça mettait de la vie dans le paysage… et pis c’est sympa, les vaches : ça nourrissait les hirondelles ! Aujourd’hui, des hirondelles, y’en a quasiment plus. Mais pleurez pas : d’ici très peu, les moustiques eux-mêmes auront disparu, remplacés par des drones qui assaisonneront nos cheveux blancs au glyphosate pur jus… Si-si !
    Ôtez-moi d’un doute : l’adjectif formé sur « Borne », c’est pas « borné(e) » ??
    AAaaaahhhh… là, je comprends mieux !
    Mais qu’est-ce qu’on a bien fait au Bon Dieu pour avoir hérité d’une bande de trouduc’s pareils ??? Et pendant ce temps-là Onc’ Donald est en train de foutre le monde entier dans un bordel dont nous n’avons encore qu’une pâle idée… au point de faire passer Rohani pour un type bien plus sensé et raisonnable que lui et de nous faire revenir à la bonne vieille économie de troc ! Quant à ses « alliés », laissez-moi soupirer : L’Arabie Saoudite et Israël dans le même panier..? Va falloir une solide cloison étanche entre les deux ! Y’a de quoi rire ; du temps que je bossais à Riyahd, dans TOUS les bureaux, sur la carte du Moyen-Orient Israël était rageusement barbouillé(e) au feutre noir… Ce qui n’empêchait pas la capitale d’être ravitaillée tous les matins en fruits et légumes frais en provenance de là-bas par trois gros avions cargos qui embarquaient à Tel Aviv… avec un léger détour par Beyrouth ; juste le temps de changer les étiquettes sur les cageots… et de payer quelques droits de transit aux Libanais, qu’étaient pourre rien dans ces fournitures mais qu’ont toujours eu le sens des affaires !!
    On vit dans un monde fou-fou-fou… et c’est pas parti pour s’arranger, apparemment !
    J’vas m’faire un kaouahh, tiens ! mais pas un « Moka » : y’a belle lurettes qu’on a arraché tous les caféiers des hauts-plateaux yéménites pour le remplacer par du bétel, nettement plus rémunérateur.
    Quant au « démocratique » Yémen… j’aime mieux me taire, tiens.
    T.O.

    (*) Y’a une dizaine d’années, on avait encore un boulanger et un épicier ambulants, mais aujourd’hui quéquette : pas rentab’ tout ça ! Y’avait même le facteur qui nous apportait aux aurores une belle baguette fraîche contre un n’tit café serré : on était la première boîte-à-lettre de toute sa tournée. Maintenant, avec tous les lotissements qu’ont poussé alentours, la factrice passe vers les 13h… chrono en main, les bons jours. Et elle change tous les mois, ou presque !

    1. Ah non ma facteuse à moi est assez stable dans son instanciation physique ; pour le reste je confirme vos propos : jamais avant 13h-13h30, le courrier ; et puis il reste toud’même le maraîcher ambulant le mercredi, le boulanger du même métal a pour sa part déclaré forfait. Le covoiturage quant à lui reste ultra-minoritaire. D’ailleurs avec une ligne ADSL régulièrement dégommée par les camions grumiers et qui plafonne à 800 Kbits/s le matin à 4 heures (heure de pointe, comme chacun sait), organiser un covoiturage genre BlahblahCaisse demande une looongue patience. Le goinfrage du fisc sur les bagnoles et leurs consommables est plus que jamais à l’honneur : c’est facile, ça rapporte un max – et l’écologie procure opportunément de vertueux prétextes. Tant pis pour ceux qui ont vraiment besoin de leur bagnole, ce sont les « dégâts collatéraux ».

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