Un double, si possible !

Lisant ce matin dans le Monde que la fac du Mirail à Toulouse doit par décision de justice (*) être illico débloquée, virant ainsi les occupants-étudiants (avec et sans guillemets), je parcours les commentaires des lecteurs, et tombe sur celui-ci, qui m’interpelle et m’inspire (citation quasi in extenso) : « une note minimale améliorable, ou encore l’idée d’avoir les sujets en amont des examens » : quand on lit ça il ne faut pas s’étonner que les grandes Ecoles françaises aient un avenir souriant. Imagine-t-on ce genre de discours à Polytechnique ou Normale Sup (ou à Oxford ou Yale !). Quant à cette étudiante en anthropologie, je veux juste lui souhaiter bon courage pour trouver un emploi si elle arrive à finir ses études. La France manquerait d’anthropologues ça se saurait ! « .

Eh oui ! les sciences dites « molles » (sociologie, psychologie…), les lettres et la philosophie, ça ne recrute pas énormément, au contraire de tas d’activités manuelles, le bâtiment, les métiers de bouche, la métallurgie, la logistique, les services à la personne…  alors s’inscrire en fac pour y décrocher un mastère pour très probable futur chômeur, c’est un peu maso, voire con… et donc, pour celles-z-et-ceux qui en ont les moyens intellectuels, le courage et les moyens tout court, la double compétence s’impose : boucher ET anthropologue ; pâtissier ET philosophe, psychologue ET staffeur. Tout en touillant la crème anglaise, on peut ainsi écouter avec intérêt un podcast du grand penseur Dugenou traitant de l’hypothèse du continu dans la conception aristotélicienne de l’univers. C’est tout de suite plus dense et valorisant.

D’ailleurs la plupart des cursus courants exigent maintenant des casquettes doubles. L’informaticien le sait, qui doit conjuguer ses compétences purement techniques, les bits et la bande passante, le verrou pessimiste et la troisième forme normale… avec un savoir extérieur, finances, droit, linguistique, que sais-je !

Ainsi, au lieu d’exiger connement qu’on leur donne au rabais des diplômes en plastique avec un aller simple pour Popaul-Emploi, pourquoi nos bloqueurs-révolutionnaires et futurs chômeurs sociologues ne s’initieraient-ils pas aux arcanes de la découpe des travers de porc ? on pourrait d’ailleurs aménager les facs dans ce sens, y organiser les cours manuels : faire les TP sur barbecues, joignant ainsi l’utile et le plaisant. Ce serait tout de suite, moins contestataire, certes, mais largement consensuel.

Tibert

(*) L’administrateur provisoire de cette fac a l’air ravi-enchanté de cette décision : elle le  « contraint à solliciter le concours des forces de l’ordre » ! C’est pas moi, moi j’ai rien demandé, faut pas m’en vouloir…

5 thoughts on “Un double, si possible !”

  1. Ben oui : travailler, c’est fatigant. Surtout avec les mains et les bras. Cependant, ne focalisons pas, S.V.P. : certes le Mirail a toujours été le bordel, mais faut aussi replacer dans le contexte ! Toulouse restait une paisible préfecture endormie – … doucement le matin, pas trop vite le soir… – jusqu’à ce qu’Airbus – à l’origine Sud-Aviation – fasse le grand démarrage que l’on sait et y attire une faune de chômeurs venus d’un peu partout et pas toujours recommandables. Et puis… et puis, et puis il y a la mentalité gasconne, elle-même très particulière : on voit couramment des trucs inimaginables à Lille ou à Strasbourg qui, ici, ne troublent personne. Et ce jusqu’au sein même du corps universitaire enseignant. Qu’on se rassure : je ne citerai pas de nom.
    « … Et par-dessus tout ça…* « , il y a encore le culte de la peau d’âne : tant qu’on continuera de croire qu’un joli diplôme joliment calligraphié et non moins soigneusement encadré est indispensable pour réussir sa vie, on collectionnera les socio/anthropo/bidulologues chômeurs en puissance, là où les petits accrocheurs teigneux comme des morpions du genre Sarko arriveront à l’aise en haut du tas de fumier, avec des références postiches maquillées comme des camions volés…
    Je suis en train de m’infliger « N’oubliez pas de vivre », un nanar d’un certain  » Thibaut de Saint Pol » (joli pseudo pour la collection Harlequin..) qui conte, par le détail et en n’épargnant rien au lecteur, les tribulations d’un khâgneux en proie au doute affreux sur ses motivations réelles et qui, en sus, se double probablement de ce qu’en 68 on aurait appelé « une honteuse » : j’avoue que « Mes Universités » – comme l’aurait chanté Philippe Clay – sont loin derrière moi et qu’il m’arrive de me demander comment ça peut bien être aujourd’hui. Ce pourquoi je me suis lancé dans cette « étude de mœurs ».
    Ben si c’est comme ça que ça se passe à ç’-t-heure, je suis content d’être loin de tout ce cirque ! Pour en revenir au bouquin, dans le genre « narcissique forcené », un vrai chef-d’œuvre, et qui date déjà de 2006**. Or, je n’ai pas la sensation que ça se soit amélioré depuis… Je-ne-sais-plus- quoi était jadis « le socialisme plus l’électricité » mais les « black-blocks » d’aujourd’hui – pour ne parler que de ça –, ça ressemble fort à mai 68 + Internet + le I-phone. Le plus tragique restant qu’en lieu et place du « Jouissez sans entraves », aujourd’hui on a le nikhab, la charia et la Manif pour tous !

    (*) Bécaud, in « Les Marchés de Provence ».
    (**) Encore un giton à Bourdieu façon « Eddy Bellegueule »… Faut reconnaître quand même une certaine lucidité à ce Thibaut de St Tsoin-tsoin ; voilà l’exergue de l’un de ses chapitres ; une citation extraite du « Grand Voyage » de Jorge Semprun : « De toute façon, mon livre, je vais le finir parce qu’il faut le finir, mais je sais déjà qu’il ne vaut rien. »
    Quel dommage de ne pas avoir écouté cette voix de la sagesse !
    À la bonne vôtre !
    T.O.

    1. Rectifions la citasse amorcée (de Lénine, si je ne m’abuse) : « Le socialisme c’est l’électricité plus les soviets ».
      Et merci du tuyau, je ne lirai donc sans doute pas ce que l’auteur dont vous causez, inspiré par Semprun, aurait dû pudiquement mettre à la benne. Il aurait pu en faire un palimpseste, c’est plus écolo…
      Mais au fait, à propos de Tou-louseuu, il paraît – dixit un adjoint au maire, mais hélas pas « off the records » – qu’il y aurait trop d’Auvergnats. Qu’a-t-il contre les Auvergnats ? et puis comment le sait-il ? les statistiques ethniques sont interdites !

  2. Les Auvergnats de Toulouse ??? Jamais entendu parler. A moins qu’on ne sous-entende que « Le Pompidou » (village de Haute-Auvergne – ou plutôt des Cévennes -, fort sympathique au demeurant…) ait entrepris de coloniser la Ville Rose… mais comme disait un premier ministre homonyme, « Il ne faut pas confondre le bond avec la volée… », fouchtra !

    1. Vous me charriez, là… Je faisais évidemment référence, et vous le savez sûrement, aux Auvergnats vus par monsieur Hortefeux. Cf par exemple ce site ici. Mais bon, cette histoire d’un adjoint au maire de Toulouse, là… trop d’Auvergnats … les nouvelles du 3-1 ne parviendraient-elles pas aux départements limitrophes ?

  3. … Mea culpa ! j’avoue que la lecture des œuvres complètes de Mr Hortefeux est une épreuve à laquelle je rechigne et que l’histoire des « auvergnats » m’avait échappé. Surtout après m’être tapé un aperçu de celles (les œuvres) de Thibaud de St Popol (San A.), déjà évoqué ici et qui a consacré une fort intéressante étude sociologique au « Slow-Drinking », dixit son site serponnel…
    Être passé – et ce n’est pas rien, même en trichant un peu à propos de Jean Moulin ; même en figurant en « lanterne rouge » sur la listes des 24 accessibles à la rue d’Ulm… – sous les fourches caudines de Normale-Sup (La grande école la plus sélective de France, paraît-il ; qui compte au moins un auvergnat célèbre parmi ses anciens élèves – le regretté Georges Pompidou, lui aussi déjà évoqué ici-même – et qui s’élève présentement contre les nouvelles dispositions sur la sélectivité à l’entrée des facs. Quel altruisme !) pour finir par nous pondre (j’allais utiliser un terme comparable dans son itinéraire, mais légèrement plus… trivial) un papier digne du Firagots-Mémère section « Comment recevoir vos amis », faut pas avoir beaucoup d’amour-propre…*
    Mais j’arrête : ce tout petit môssieur va avoir l’impression que je lui en veux personnellement, ce dont je me fous comme de ma première extase amoureuse en solitaire**.
    Amen.
    T.O.

    (*) Me semble bien que c’était la regrettée baronne de Rotschild, ex-vendeuse de bonbons au détail, qui s’était fait jadis l’arbitre.sse des élégances de ce genre de « savoir vivre » à l’usage des maîtresses de maison angoissées…
    (**) Avouez que c’est joliment suggéré, non ?

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