Sol bémol

Il est des principes éternels et intemporels, qui s’imposent à tous et à l’Univers. « Tout homme est mortel » – et les femmes aussi, sinon il y aurait des foules de travelos ; la loi de la pesanteur, de Mariotte, de Murphy etc, on a su ça dans notre jeunesse. Et puis cette maxime qui nous fut serinée  dans les salles de classe : « Chaque homme a deux patries, la sienne et puis la France« . C’est de Thomas Jefferson, homme politique états-unien, après la bataille de Yorktown (1781) qui vit les Français de Rochambeau filer un bon coup de main aux Amerloques locaux contre les colonialistes Anglais… ça date ! deux-cent quarante ans bientôt.

Mais on le serinait encore, ce jingle, sur les bancs de la Communale, et puis « Qui vole un oeuf vole un boeuf« , « Nettoyer c’est bien, ne pas salir c’est mieux« , sans oublier l’encrier de porcelaine blanche et le porte-plume Maréchal-des-Logis-Chef. C’était dans les années 50 : les charters n’existaient pas (le premier vol commercial transatlantique en avion, c’était en 1958), les boat-people non plus, les passeurs lybiens, turcs, albanais… n’étaient pas encore nés, et Lampedusa était une petite île assoupie au large de la Sicile, ignorante des hordes de nefs bondées qui y aborderaient soixante-cinq ans plus tard.

Et donc ? et donc le contexte a radicalement changé, du tout au tout. Mais il faudrait que l’on continue comme si de rien n’était, nous prêchent les Bonnes-Ames : bras grand ouverts, Chaque homme a deux patries, la sienne et puis la France, laissez venir à nous tous les « migrants » de la planète. On connaît bien les arrière-pensées politiques des promoteurs du « no border« , « pas de frontières« , de la Porte Ouverte : le Prolétariat (P majuscule) français s’étant quelque peu dilué (« les damnés de la Terre, les forçats de la faim » prenant leur Citron C3  pour aller remplir leur caddy chez Carrouf’…), il faut lui trouver un substitut pour le Grand Soir, et le voilà, le bienvenu substitut : les « migrants » ! Mais ces fins manoeuvriers et comploteurs mis à part, comment peut-on se cramponner à cette non-politique de l’immigration actuelle : laisser faire, et mollement faire semblant de contrôler ?

Bref voici que le nouveau chef des LR, monsieur Wauquiez, parle de supprimer ou de restreindre drastiquement le droit du sol : tollé général ! haro sur le Wauquiez ! au coin, et tout de suite !  il rejoint le FN, là, et tout ce qui peut être estampillé FN de près ou de loin est caca, ipso facto. Pourtant il dit là des choses sensées, monsieur Wauquiez, et ce qui se passe à Mayotte et aux Comores en est une bonne illustration. Si, au lieu de lever les bras au ciel et de pousser des cris d’effraie (*), on en discutait, calmement ? avec des faits, des statistiques de population enfin VISIBLES ?

Tibert

PS – On peut d’ailleurs s’interroger sur l’aveuglement et l’inaction totale des Chefs de la droite devant ce problème depuis le début des années 2000. Evidemment les patrons filous y ont trouvé de la main-d’oeuvre pas chère et docile, et ont pu peser sur le chômage ; mais les dégâts de ce laisser-faire sont considérables.

(*) Orfraie, si vous y tenez, mais c’est une déformation. C’est de l’effraie qu’il s’agit, la chouette effraie. Enfin, certaines peuvent être chouettes.

6 thoughts on “Sol bémol”

  1. Mouiiifff… le genre de problème insoluble, du moins dans l’état actuel des choses. D’une part, parce que pour partager, encore faut-il avoir qqchose à partager ; on le voit parfaitement avec la Grèce : livrée à la voracité et l’avidité des financiers « européens » (*), elle n’aura bientôt plus rien à partager que des souvenirs et des paysages (et encore !) ; or, il y a belle lurette que le cataclysme s’annonçait, dans un pays où tricher avec le fisc et l’État a toujours été considéré comme un sport national (en particulier et en premier lieu par l’Église !) Mais une fois encore, pour les politiques, c’était « après nous, le déluge ! ». Le droit du sol ? Du temps où la France vivait essentiellement de son agriculture, le mot « sol » avait sans doute un sens ; cependant, aujourd’hui où son peuple se retrouve de plus en plus souvent déraciné et « déplacé » à la recherche d’un gagne-pain, quelle signification profonde le terme a-t-il encore pour la majorité de sa population ?
    « Salus populi suprema lex est » affirmaient les anciens : « Le salut du peuple est la loi suprême ». À l’époque où la Liberté de Bartholdi éclairait encore le monde depuis son îlot du port de New-York, la formule avait de la superbe… et du sens. Mais que représentent aujourd’hui les peuples aux yeux des vampires insatiables qui les ont pris en otage ? Des étudiants grecs – proches du P.C. – viennent de tenter en vain de déboulonner la statue du Pdt Truman du square athénien sur lequel elle règne depuis des décennies ; ils en ont été empêchés et délogés sans ménagement par la police d’un État qui se prétend socialiste…
    Par les temps que nous vivons, l’Occident – mirage encore toujours synonyme d’espoir pour ceux qui ont tout perdu ; ou plutôt à qui on aura tout pris, en Afrique et ailleurs ! –, l’Occident, donc, a-t-il quoi que ce soit à offrir de palpable à tous les déshérités de la planète en dehors du pillage, de la prédation et de la mort ?

    (*) … et surtout allemands ! Les allemands, sous couvert de l’Europe, sont en train de réaliser avec la Grèce ce que Hitler voulait, à l’époque, faire de la France : un immense parc d’attraction , complètement vidé de sa substance et dévolu au seul plaisir des travailleurs d’outre-Rhin.

    (**) La locution reste généralement attribuée à Cicéron. C’est également la devise de l’un des États des USA, le Missouri… Inconscience ou ironie ?

    1. Sombre bilan. Ceci dit, d’aucuns plus bronzés que nous (cf les saillies de Berlusconnard) traversent l’Afrique sub-saharienne et la Lybie, ou autre, etc…- et ce n’est pas de la tarte – pour tenter de rejoindre des « sols » où ne les attendent que « du pillage, de la prédation et de la mort ». Si on les détrompait ??
      Et puis les Allemands ont déjà leurs chaises longues, leurs ronds de serviettes et leurs bières bien fraîches en Slovénie, où tous les bistrotiers parlent schleu. Où allons-nous, où allons-nous ?

  2. … Tiens, j’apprends à l’instant que notre chère amie Merkel doit rencontrer Donald un de ces jours et qu’elle compte bien lui demander des exemptions – pour l’industrie teutonne – des mesures anti-russes que ledit canard entend appliquer prochainement à l’échelon mondial pour sa plus grande gloire personnelle. En effet, les gros trusts allemands ont ET des marchés ET des usines en Russie et n’entendent pas y réduire leurs bénéfiques activités pour un « make América great again » dont ils se foutent comme de leur première Kürry-Wurst !
    Moi qui bénéficie de la double nationalité franco-allemande depuis mes origines et ai longtemps vécu à cheval sur nos frontières, je suis toujours sidéré devant l’angélisme des français*, qui considèrent notamment les habitants d’outre-Rhin comme des modèles de zèle, d’intégrité, d’honnêteté et de droiture d’autant plus facile à berner que nous, on a le « Système D » ! C’est absolument faux : la seule chose qui compte pour les Teutons d’aujourd’hui, c’est leur fric ! Bon, y’a des exceptions comme partout, mais tout comme les américains, ils sont toujours très enclins à changer les règles du jeu en leur faveur dès que le vent commence de tourner. Et en loucedé, de préférence : en voici un exemple de plus. Mais apparemment, l’exemple encore récent de la déloyauté et des extraordinaires falsifications d’un Volkswagen est déjà oublié. Un détail : ce n’était que la partie immergée de l’iceberg. Des émules enthousiaste de Volk’s et de la duplicité de ses dirigeants, y’en a des milliers là-bas ! Macroléon vient de s’apercevoir que ses grandes aspirations européennes (à propos de la dette, notamment…) sont stoppées tout net par Mémé Angelure ! Le pôvre ! quel scoop ! Vous connaissez le parallèle entre les Germains et les dogues** ? Quand ils ont quelque chose entre les mâchoires, ILS NE LÂCHENT JAMAIS PLUS !
    A bon entendeur, Tschüss !

    (*) Mais pas que : au début de l’Occupation, Himmler était venu à Paris en secret. Il avait fait rouler sa Mercédès au pas le long des trottoirs des Champs pour mieux dévisager les parisiens et son chauffeur l’entendait s’exclamer « C’est incroyable !! Beaucoup d’entre eux pourraient aussi bien être allemands ! »
    Comme quoi, la connerie n’a pas de patrie particulière…
    (**) Dont les « dogues allemands » ne sont pas les plus inoffensifs !

    1. Il reste qu’avec tous leurs défauts, ils ont de la bonne bière. Tout n’est pas si noir…

  3. Je viens de découvrir ce blog d’une façon détournée et je savoure ces échanges circonspects et instructifs.
    Merci à Timothy Olgerssøn avec qui j’ai (un peu) échangé sur un autre site dit littéraire.
    Louis

    1. Circonspects… effectivement. Mais loin d’être consensuels. Et puis ça déborde parfois sur les bords, mais pourquoi pas ?

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