Complots, défiances et déviance

La chanteuse amateuse (amateur, amatrice, amateure ? rayez les mentions inutiles) Mennel a boucoup plu paraît-il au télé-crochet « Ze voïsse » (en français). Mais je rapporte ce que j’ai lu, n’ayant pas du goût pour stationner devant ma téloche à zieuter ce genre d’amuseries. Il s’est dit qu’elle a divinement interprété « Alleluïa » du regretté Leonard Cohen. Belle chanson,  et puis clin d’oeil aux trois religions monothéistes, semble-t-il…

Mais voilà elle était voilée, ce qui n’était pas forcément pertinent et en a rebuté beaucoup – à mon avis c’était naïf et inopportun – et pour enfoncer le clou on lui a trouvé moult casseroles, en l’occurrence de vieux touïtts où elle tenait des propos de type complotiste sur les attentats islamistes, notamment celui de Nice (*). A mon humble avis elle a là (elle a là, lalala) sans trop de jugeote emboîté le pas à tout un tas de salades abracadabrantesques – merci Jacques : personne ne serait jamais allé sur la Lune, les tours de Manhattan étaient en fait des hologrammes, c’est le Maussade qui aurait opéré au Bataclan, etc etc… je vous fais grâce du reste. Mennel s’est excusée, désolée, grosse erreur, tout ça, mais elle a jeté l’éponge : elle chantait faux, là, et plutôt que d’assumer et faire avec cette dérangeante dissonance, on lui a suggéré amicalement de laisser tomber le télé-crochet…

On rejoint là le débat mal emmanché sur Polanski le metteur en scène : s’il traîne lui aussi ses casseroles, en l’espèce des accusations de viols, son cinéma en est-il critiquable pour autant ? ben non. Idem pour cette chanteuse (chantrice ? chanteresse ?) amateuse : elle exhibe sa religion, elle a relayé des thèses complotistes absurdes, c’est piteux et critiquable ; mais elle chante bien – on le dit, du moins – et puis elle ne chante pas le Horst Wessel Lied ou Cara al sol,  mais des trucs qui ont de la gueule. Alors ? c’est un télé-crochet, ou un procès en sorcellerie ?

Et nous voilà avec Robert Faurisson, négateur obstiné des chambres à gaz du 3 ème Reich : il vient de se faire envoyer dans les cordes lors d’un n-ième procès, une fois de plus. C’est bien fait, ce type défend des thèses infâmes. Mais… mais ce qu’on lit dans Le Monde à ce propos laisse perplexe : «  La loi Gayssot établit la vérité des crimes contre l’humanité. Ça n’empêche pas les historiens de faire des recherches, mais le génocide, c’est une vérité. La contester, c’est être un faussaire ». C’est donc une loi qui établit la vérité, telle la loi de la pesanteur ? on touche au divin, à la Révélation, là : Gayssot-Dieu dictant les Tables de la Loi Eponyme… eh non, la vérité est historique. Le génocide (des Juifs, en l’occurrence) est une réalité historique, pas une Vérité Révélée. Et, je l’ai déjà dit, rejoignant humblement moult historiens illustres, cette loi est absurde et liberticide.

Tibert

(*) Sur Nice, justement, l’incroyable concours de négligences et de jemenfoutisme qui a permis au terroriste de balader son camion en repérages autant qu’il a voulu sans qu’on lève le petit doigt… a fini par susciter des questions et une enquête. Négligences ou complicités, l’avenir le dira peut-être.

5 thoughts on “Complots, défiances et déviance”

  1. … C’est pas vous qui revendiquiez récemment notre qualité de « latins » ? Et plus on descend vers la Mère des Tirranées, plus on se latinise. Il me souvient d’avoir demandé les autorisations nécessaires à une époque – 1997 – pour dérouler une « parade » de cirque (« Casartelli », italien ; le plus grand d’Europe…*) à Marseille un samedi matin, depuis le fort St Nicolas (ou St Jean ; me souviens plus tout à fait…) jusqu’au Lido en empruntant les quais du Vieux-Port puis la Canebière, etc. Sept éléphants, 18 chevaux de Haute Ecole Espagnole avec leurs cavaliers, une douzaine de dromadaires harnachés, un camion plein de clowns (pas les plus faciles à maîtriser…), je vous passe le détail du reste. Réponse de la Police Munid’sespoils : « Aucun problème. Z’avez besoin d’un encadrement policier ? » – « … Ben je vous ai donné le détail de l’inventaire et l’itinéraire. Je crois que oui… ça fait tout de même une sacrée équipe, non ? et pour la Canebière… » – « OK, OK, no problem ! »
    Arrive le samedi matin en question. Un peu plus de 3/4 d’heure après le début prévu des réjouissances et alors que ça commençait à s’énerver côté éléphants – et moi donc ! -, je vois débarquer une R4 bleue-flic légèrement fatiguée avec en tout et pour tout deux fliquesses, l’air complètement égaré…
    – Où sont les autres ? Il y a une bonne douzaine de rues transversales à barrer sur le passage de notre itinéraire accepté par la ville ?
    – Euhhh… quels autres ? Y’a que nous deux…
    J’attrape mon portable Itineris – indispensable quand on bosse pour un cirque ! – et j’appelle la Police voir-plus-haut. Je demande le gars qui m’avait signifié l’autorisation l’avant-veille pour lui dire ma façon de penser… – « Ah, mais il est pas là ; c’est son week-end de récup… »
    Je vous dis pas l’engueulade : même le capitaine Haddock en aurait pris de la graine ! Et dans l’impunité absolue : Gaudin en personne avait insisté pour la parade. Alors je me suis lâché, je vous dis pas…
    Pour finir, on a collé les deux malheureuses fonctionnaires en tête pour ouvrir la route… et les clowns tout au long du chemin pour barrer les rue transversales au fur et à mesure de notre progression. Paraît qu’ils se sont jamais autant amusés ! Quant aux fliquesses, elles ont reconnu en fin de compte qu’elles avaient rarement été aussi applaudies…
    Alors, pour tout vous avouer ce qui s’est passé à Nice est loin de me surprendre.
    Sauf que là, ça a tourné au drame…

    (*) Ben ouais, j’ai fait plein de choses durant désormais mes presque 3/4 de siècle ; partant du principe que dans un boulot, c’est pas le pognon qui m’intéressait mais bien de ne surtout jamais m’y ennuyer. Et là, j’ai été servi !!! Et encore : vous savez pas tout…

    1. Ouais mais « de votre temps » et du cirque Casartelli – que je n’ai pas eu le plaisir de voir évoluer – les cameras vidéo à tous les coins de rues n’y étaient pas, le PC de surveillance non plus, et le Préfet n’avait pas sorti un arrêté d’interdiction de circuler sur la Promenade des Anglais ou la Canebière. Je continue de penser que si les consignes – simples, claires – avaient été appliquées, ce camion n’aurait pas fait ce qu’il a fait le 14 juillet. « On » a été léger quelque part, et je fais dans la litote, là.

  2. … Sans doute, sans doute… Mais ce dont je vous parle, c’est tout de même pas la pré-histoire : des caméras de surveillance, y’en avait déjà des paquets, à Marseille et ailleurs. Le j’m’enfoutisme aussi… quand c’était pas pire. Une autre anecdote : sur ordre du boss, j’avais remis plusieurs milliers d’invitations gratuites au responsable municipal des « évènements festifs » pour remercier le personnel municipal de son amabilité : à l’époque, Marseille comptait – tenez-vous bien… – pas moins de 36.000 (trente-six mille, vous avez bien lu…) employés municipaux ! Deux ans plus tard, je reviens avec un autre spectacle du groupe Casartelli, genre « Hollyday on ice »… Comme notre premier passage avait été très rentable, je demande à voir le gars cité plus haut, avec qui j’avais eu un bon contact : « Il fait plus partie du personnel. » – « Ah bon ? Il a démissionné ?  » – « Non-non : il a été viré. » – « Euuuhh.. et pourquoi ?  » – « Il revendait pour son compte les invitations gratuites que vous lui aviez données… »
    Y’a eu comme un malaise, lààààà…

    1. Marseille, où le Samu social s’est illustré à son avantage ; et puis les éboueurs dans l’excellent système « fini-parti » ! Sans oublier son pittoresque maire, qui s’appelle Gaudin. Il finit son dernier mandat, parole de Gaudin ! Méluche lorgne déjà dessus.

  3. … Tiens, je l’avais oubliée celle-là : quand, l’été 97, je négociais à Marseille pour le passage de Casartelli et que les éboueurs étaient en grève depuis… je ne sais plus quand : pour rentrer à Toulouse en train, j’ai dû louvoyer entre les tas de détritus sur les quais de la gare St Charles… en plein mois d’août ; je vous dis pas l’odeur ! Et pour circuler dans Marseille même, valait mieux prendre le métro : l’état des rues engorgées par les ordures en monceaux épars en était presque arrivé à interdire la circulation !

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