Ma, notre, votre tuture

Les Français (les mâles, car les Françaises, bof, elles s’en tapent) seraient en désamour de la grosse belle bagnole, celle qui fait vroum-vroum avec son 6 cylindres double échappement et se retourner les jaloux sur son passage. C’est ce que Le Monde nous apprend…

D’abord c’est bon pour l’industrie nationale : aucun de ces engins rutilants n’est fabriqué par chez nous, Renault et PSA n’en proposent pas. Les allemandes cossues, les pur-sangs italiens, les carrosses anglais, et basta – ah si, des Japonaises aussi, mais ça ne le fait pas aussi bien, c’est sans caractère. Bref pour rouler luxueux faut rouler étranger. Comment se fait-ce ? eh bien c’est simple :

D’abord c’est taxé à mort, l’Etat se goinfre. Et puis à quoi ça sert d’avoir un truc ruineux à 150.000 euros qui roule à 80 sur des rocades limitées à 70 ? qui se prend des prunes et des points de permis en moins dès que le chauffeur effleure le champignon ? pas moyen d’aller au dessus d’un petit 140-145 compteur – ce compteur qui est gradué jusqu’à 300… et encore quand les semi-remorques lituaniens, portugais, roumains, bulgares, polonais… ne sont pas installés sur la voie de gauche à jouer à se doubler.

Et puis c’est plein de jaloux, la France. Pays égalitariste, qu’ils disent ; 70 % des Françaises-et-des-Français sont pour le maintien et même le renforcement de l’ISF – salauds de riches ! – d’autant plus qu’ils ne le payent pas (*). Plein de Français égalitaristes, à la vue d’une Borsche, une Lambordini, une Verrary… garée là, se sentent des envies de rayer consciencieusement le flanc de la bébête, d’y crever les pneus, à cette saleté rutilante, de balancer un grand coup de latte dans le rétro à 2.000 euros pièce. Alors, à quoi bon, hein ? que des emmerdes…

Au reste, je m’interroge toujours, à la vue d’une aile froissée, d’une portière rayée, d’une boursouflure sur le hayon arrière des voitures : pourquoi s’obstine-t-on à proposer des tôles rigides laquées à grands frais ? la vieille Mehari, tenez, et la Cactus de Citron récemment, c’était, c’est plein de panneaux de plastique, flexibles, pas chatouilleux, sans souci, un coup de pied dedans et ça reprend sa forme, ou à peu près… les carrossiers sont contre, évidemment, c’est leur pain quotidien, l’aile froissée, la portière enfoncée…

La solution, si vous tenez absolument à vous payer une voiture de luxe : faites dégonfler le moteur ou mettez une cale SOUS l’accélérateur, au dessus de 150 c’est que des ennuis ; demandez qu’on vous mette des panneaux de carrosserie en plastique teinté dans la masse ; et puis posez des housses en simili sur vos fauteuils cuir pleine fleur, maquillez le logo de la bagnole, qu’on la prenne pour une Macia au lieu d’une Bercedes : vous allez pouvoir rouler peinards.

Tibert

(*) égalitariste mais pas trop, les fonctionnaires formant une caste qui se tape un boulot inamovible et une retraite plus précoce, calculée sur les 6 derniers mois de salaire – contre 25 ans chez les salariés du secteur privé. Egalitarisme sélectif.

2 thoughts on “Ma, notre, votre tuture”

  1. Eh, oh, Tibert : faut pas rêver avec les carrosseries en plastoc ! J’ai été l’heureux propriétaire de deux Méhari(e)s – l’une orange DDE et l’autre jaune-canari-PTT – ; la seconde en 4×4 avec le moteur 6 cv de la G.S. Flat Twin Citroën : elle grimpait aux murs ! j’y avais collé de chaque côté de larges chevrons de scotch noir ; on aurait dit une énorme guêpe… sauf que la bwâte à crabauds était d’une fragilité extrême, qu’elle pétait à tout bout de champ et coûtait, au remplacement, presque aussi cher que tout le reste de la bagnole !
    But ze real problème, c’est que la carrosserie de l’une comme l’autre était en 4 pièces seulement : la calandre avant, les deux côtés et l’arrière à bascule… Un jour, un malotru m’a défoncé l’angle avant gauche de la première – qu’au vu de sa couleur, ma compagne avait baptisée « Clémentine » ; un nom à avoir des pépins… – sur le parkinge de la gare Viotte, à Besançon, avant de filer sans laisser d’adresse bien entendu… A l’époque (1974), le flanc latéral, d’une seule pièce de l’avant à l’arrière, valait la bagatelle de 3500 fr ! Pour ma pomme, pass’que j’avais pas les moyens d’une « tous risques ». J’ai bien essayé de rouler en masquant plus ou moins le trou béant avec du scotch industriel, mais ça ne tenait pas et comme le chauffage de la bagnole était « à air chaud », l’air glacé qui s’engouffrait par là m’arrivait juste sur les… genouilles et m’obligeait à conduire avec les jambes enroulées dans une couverture. Faut dire qu’à l’époque, on avait encore des hivers à – 35° dans le Haut-Doubs et le Jura. Autre problème : des cons avaient découvert que le plastique, ça brûle très bien et s’amusaient à foutre le feu aux pauvres Méharis rien que pour le plaisir de les voir brûler (ça avait fait la première des journaux, à l’époque) ; une fois tout consumé, restaient juste les jantes, le bloc moteur, le volant (métallique) et tout un barda en tubes : l’armature du plastique et celle des sièges. Avec les yeux pour pleurer si vous n’aviez pas souscrit un avenant « Vol-Incendie-bris-de-glaces » à votre police d’assurance ordinaire…
    Et je ne parle pas de la rapidité avec laquelle l’ABS « coloré dans la masse » se décolorait et se « matifiait » au soleil ; ce qui exigeait des « polish » fréquents avec des cires zadéquates. Assez onéreux et fatigant, au demeurant.
    Bref : une voiture pour les jeunes fous que nous étions ! Mais qui ne répondrait en rien aux impératifs de sécurité actuels !!!

    1. Allons allons, le plaisir de rouler tête au vent dans / sur une superbe voiture en plastique et de couleur orange DDE, ça se mérite. Et ça ne coûtait pas le prix d’une Astonne-Martine carrossée par Zagato et qui tombait en panne tous les 125 miles.

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