Peine-à-jouir quinquennale

Je vais vous entretenir de la fête : pour faire correctement la fête et sans pensée culpabilisatrice, il faut l’aval des médias qui vont bien. Il y a dix ans, monsieur Sarkozy, cet impudent qui avait osé les défier au Fouquet’s – lieu non agréé, quand par exemple « Le Bar Nabé », rue des usines à Vitry-sur-Seine, semblait tout indiqué – muni d’un risotto crevettes-artichauts, a pu sentir la réprobation générale, mesurer sa faute de goût.  De même, ce malotru de Macron qui ignore les Bonnes Manières s’est fait salement remarquer, dimanche soir : outre que le second tour n’est pas dans la poche, il s’est réjoui avec ses amis à la Rotonde, à Paris-Montparnasse. Vous vous rendez compte, des hors-d’oeuvres à 13 euros, des plats à 28 euros ! mais peut-être s’est-il sagement contenté d’un supplément-beurre (4,50 euros) ?

Bref les cons sont là derechef, tous les cinq ans, pour scruter le contenu et le prix de l’assiette, le cadre de la fête et la liste des convives, aux fins de délivrer ou non leur satisfecit : idéalement ça se doit de donner dans la modestie, le frugal, le populaire de bon goût, sans ostentation – mais qu’on voie bien que c’est sans ostentation.

Je ne suis pas le groupie de l’homme aux élégantes rouflaquettes ; je vais vous dire : je n’ai pas voté pour lui. Son arrivée en tête au premier tour, c’est finalement « moins pire » que certaines hypothèses qui me faisaient frissonner d’horreur rien qu’à les évoquer. Et s’il a envie de se taper la cloche avec des amis à lui là où ça lui plaît, ma foi c’est son droit le plus strict, et il a bien raison : « on n’a droit qu’à un tour« , « la vie est courte« , et toutes ces sortes de choses.  Et au diable les peine-à-jouir.

Pour clore, ce commentaire d’un lecteur du Monde, que je fais mien sans réserve : +1, comme on dit sobrement.
 » Encore une polémique ridicule. Il est arrivé en tête au premier tour et a décidé d’ouvrir des bouteilles de champagne dans une brasserie parisienne normale. Tout ça avec des gens qui l’ont soutenu depuis le début. C’est quoi le problème? Il aurait du rentrer prendre une tisane et se coucher à 23 h après avoir regardé TF1? Je n’arrive pas à croire qu’on perde notre temps avec des trucs aussi débiles.  »

Pcc : Tibert, et un jambon-beurre-cornichon, un !

5 thoughts on “Peine-à-jouir quinquennale”

  1. Il semble qu’il y ait eu quelques radis et des croque-monsieurs coupés en quatre, le tout juste pour éponger les apéros. C’est du moins ce que disait monsieur Stéphane Bern, pas au titre de chro-niqueur patenté des têtes couronnées et petits marquis de notre époque mais en tant qu’invité à ce pot… donc rien de pendable. Au fait, qui peut nous dire où MLP a dîné dimanche soir, avec qui, quel menu, à quel prix ? c’est une question essentielle pour la démocratie.
    ( Et Fillon ? qui lui a servi la coupe de cigüe ? )

    1. Chère madame Bardine, si vous avez des tuyaux sur la p’tite bouffe Le-Penéenne de dimanche soir, je suis preneur. Pour « délivrer un scoop » (horrible anglicisme) à la barbe des médias (de la médiacratie, dirait JL Mélenchon).

  2. … Vous v’là rev’nu de Saint Gapour, cher Tibert ?
    Ben ça m’fait ben plaisir !
    Pour le reste, je vais vous dire : on n’en a rien à fout’ de la cantine à Macron. Pas plus que de Macron lui-même ; seule remarque à faire en matière d’inexpérience politique (je n’ai pas dit d’inaptitude, mais rien ne vous empêche de le penser…), la France va sans doute rejoindre bientôt le niveau « Trump » pour les « States ». Mais est-ce que les agences de notation ont un « BBB » (ou pire : CCC ?*) pour ça ?
    Et y’a pas qu’à ce niveau qu’on assiste au triomphe de l’inculture et de l’efficacité : la dernière fois que je suis revenu ici, ç’a été pour apprendre que mes (pauvres) bagages étaient partis sur les USA… au lieu de Dunedin, en Nouvelle Zélande. Bref. « Je pense tout de même qu’il faudrait au moins apprendre à lire aux bagagistes, non ? » ai-je formulé en guise de réclamation au charmant monsieur qui venait me dire qu’en attendant et en guise de dédommagement, la compagnie (que je ne nommerai pas) m’offrait une nuit d’hôtel gratuite… je suis logé à 45 km de l’aéroport ; j’eus préféré le trajet en taxuche, histoire de m’éviter de poireauter 24h devant la télé dans un motel qcq en attendant le retour de ma valdouse fugueuse : j’avais laissé ma n’tite nauto à la maison, parce que sinon, j’aurais eu plus de frais de parking (gardé, tout de même. – Ce qui n’empêche pas la fauche, toutefois – ) que le prix du billet !
    A quoi il m’a été répondu que désormais, c’est un lecteur-laser qui déchiffrait les codes-barres des étiquettes et qu’il n’y avait plus de lecteur « physique ».
    Chouette ! Ca va m’économiser un pourboire ! (Ici, on dit « bakchich » C’est peut-être pour ça qu’il y a eu maldonne : un terme indien – ou arabe ? – dans un pays nettement anglo-saxon, ça fait désordre ; et moi, je dois faire oriental au teint olivâtre, vu la fatigue du trajet, le décalage horaire et quatre jours sans me raser… Encore heureux que j’aie coupé à la « fouille au corps » en débarquant !)
    Et à part ça, y fait beau chez vous ?

    * De mon temps (ahlàlàlà…), CCC ça voulait dire « Comptoir Commercial du Caoutchouc »… j’avais une sorte de cape à capuchon en toile-à-tapis-de-sol-caoutchoutée comme ça quand j’allais au lycée : elle puait le vieux pneu que c’en était un vrai plaisir !
    Quant à Trump, il vient de préciser dans un de ses Tweets matinaux qu’il était « flexible » et qu’il en était fier ! Ehhh oui : à ces âges, la chair est faible…

    1. Eh oui, selon le proverbe, « avec l’âge les raideurs se déplacent… ».
      Quant au souper macronesque, effectivement, on n’en a rien à cirer, mais pourquoi diantre la presse s’en gargarise-t-elle ?

  3. … Parce que ce qui compte désormais, ce n’est plus l’intérêt du sujet (ça, on s’en tape que vous croiriez jamais !) mais bien l’épaisseur des tartines de pub – payante, bien entendu ! – ou la propagande qu’on va pouvoir nous faire avaler entre deux conneries bien grasses photos à l’appui, et plus rien d’autre.
    Y’à qu’a voir tout le cirque – funèbre… – fait autour de la mort du pauvre flic abattu par un fou furieux ; une saloperie (son assassinat) aussitôt récupérée par Daesh d’un côté (toujours à l’affût d’un coup médiatique, surtout s’ils n’y sont pour rien !) et de l’autre, par un gouvernement à bout de souffle qui fait ainsi démonstration de sa grandeur d’âme : le coup de l’éloge funèbre en direct par le « pacsé » du flic, j’avoue que je trouve que ça frise l’indécence la plus basse ! Mais voilà, c’est une pierre dans le jardin de la Le Pen et de son rejet du mariage homo, alors on aurait tort de s’en priver, en ces temps difficiles…
    Pardon, Xavier !
    Mon Dieu ! Quand je pense aux exigences d’un Hubert Beuve-Méry, toujours intraitable quand j’y ai fait mes premiers pas de pigiste (y’a un paquet d’années…)
    Autre souvenir encore (rien à voir !) : Mon père avait des doutes quant à l’impartialité dudit Monde parce que c’était le seul canard français qu’on trouvait en vente un peu partout en URSS. Un signe, selon lui.
    Décidément, sale temps pour la fanfare…

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