Un radar dans le dos

Les radars nouveaux arrivent, messieurs-dames, indifférents à la couleur politique de qui-c’est-qui-va-faire-Président cette année : c’est qu’au Ministère de la bagnole les têtes passent… les zélés fonctionnaires restent, obstinément focalisés sur votre bagnole et ce qu’elle peut rapporter. Le radar capable de voir si vous téléphonez au volant (en fait vous vous grattiez l’oreille mais c’est fou comme ça y ressemble) tout en bouffant une barre chocolatée (*), le tout sans avoir bouclé votre ceinture ; le radar susceptible de déterminer si vous suivez la bagnole de devant à moins de 2 secondes – est-ce elle qui a freiné dans cet intervalle de temps ou vous qui avez accéléré ? dans le doute on punira les deux – et le radar capable de vous flasher d’une main sans perdre de vue l’autre côté de la chaussée. Le marché et le rendement des radars promettent d’être super-juteux. Notez bien que ça ne baissera pas le nombre de morts sur la route, vu que ceux qui font les cons et provoquent les accidents graves (bourrés du samedi soir, motards « poignée dans le coin », pépés et mémés distraits et distraites, j’en ai marre des « auteures » et des « toutes celles-zet-tous-ceux »(**)) se contrefoutent des radars, ce n’est pas pour eux.

Il existe cependant un marché bien plus juteux : 20.000 morts par an contre à peine plus de 3.000. Il s’agirait de flasher les comportements accidento-gégènes à la maison ! oui à la maison, car Le Monde vous le précise, c’est 5 à 6 fois plus de morts que sur les routes… et aucune madame Perrichon pour vous saboter le moral. Oui, madame Perrichon : la passionaria de la « Ligue contre la Violence Routière » qui veut vous faire rouler à 80 km/h maxi parce que rouler vite – rouler tout court, en fait – c’est dangereux… omettant simplement d’ajouter que les chauffards, les vrais, n’en ont rien à cirer des limites de vitesse : ce n’est pas pour eux. Mais, je me répète…

Donc disais-je, selon Le Monde, dans la liste abominable des accidents domestiques, « and the winner is » : les chutes ! les chutes, 9.600 accidents mortels, soit 3 fois plus que les morts sur la route. Et pas un seul radar pour rentabiliser tout ça. Pourtant les moyens existent, tenez… vous imposez que tous les escabeaux, échelles, marchepieds… de plus de 60 cm de haut, soit environ 24 pouces grands-bretons, soient équipés dorénavant d’un radar de chute et identifiés par une puce électronique-et-GPS. Forcément ça créera des emplois, ça augmentera le PIB – hélas mais qu’y faire ça renchérira fortement le prix de ces équipements – mais surtout ça rapportera un max de pognon à l’Etat : une échelle qui bascule ? schhhtag ! le radar enregistre l’infraction, et hop le Centre des Infractions Domestiques d’Abbeville (le CIDA) vous sort un superbe avis de prune, avec, pourquoi pas ? des points en moins sur votre permis de grimper aux arbres.

Evidemment vous pensez pouvoir échapper à la punef si l’échelle est tombée à vide ? maladroit inconscient ! vous auriez pu vous faire fracasser le petit orteil gauche. Donc, ça douille quand même, et comme ça la prochaine fois vous ferez attention : la punition est pédagogique, ne l’oubliez pas. Et puis si vous êtes mort quand la prune arrive dans votre boîte à lettres, renvoyez le formulaire de réclamation : vous avez déjà payé.

Tibert

(*) En Amérique du Nord ils ont tous leur gobelet de 12 fl.oz., soit environ 336 ml de café avec un couvercle et une paille, dans une alvéole sous le tableau de bord ; chez nous il y aurait une alarme sitôt qu’on essaierait de le soulever pour boire un coup.

(**) Urgemment, créons le gracieux terme celzéceux, on gagnera du temps.

2 thoughts on “Un radar dans le dos”

  1. … Je me suis toujours demandé, moi qui ai pas mal bourlingué dans le monde during my dog’s life, d’où venait ce besoin bien français de brandir le bâton à tout bout de champ et la carotte le moins possible… A part le prix Cognac-Jay peut-être, qui récompense le maximum de tirs-au-but avec résultat positif à l’appui ?
    Il y a qqs temps, je refaisais – pour le plaisir – le trajet Toulouse-Strasbourg en diagonale au travers du Massif Central en évitant un maximum de nationales et toutes les autoroutes, comme je l’ai fait plus de cent fois du temps que j’étais étudiant, au volant de ma 204 cabriolet. Ah, la belle époque !
    Ben c’est édifiant : outre qu’il y a désormais des tas de départementales coupées purement et simplement au profit de quatre-voies et autres autoroutes de proximité (démerdez-vous pour raccorder les bouts !) il n’y a pour ainsi dire plus de ces petits hôtels-bar-tabac de village qui faisait le charme des étapes avec leurs rencontres inopinées ni plus AUCUNE station service pour refaire le plein au cas où vous auriez été distrait en partant. Nourrice de rigueur si vous ne voulez pas vous échouer en pleine nuit et en pleins champs du côté de Ste Foy l’Argentière ou du Pin Mallet.
    Mais là où ça pullule par contre, c’est côté radars !!! Il y en a de planqués partout ; dans les endroits les plus inattendus et il m’est arrivé d’en compter plus de HUIT (!) sur 18 km, sur une petite route jadis tranquille ! Du coup, mon avertisseur de « zone dangereuse »* n’arrêtait pas de couiner au point que j’ai été tenté de le couper pour avoir la paix (au fait, c’est peut-être le but recherché ? Y’a des trouducs assez vicieux dans l’administration pour avoir ce genre d’idée, vu que c’est pas le temps de méditation qui leur est compté…)
    Bref, au lieu de consacrer entièrement mon attention au pilotage de ma « puissante conduite intérieure » (comme disait Henry Vernes dans les Bob Morane des sixties), je passais mon temps à scruter anxieusement les bas-côtés pour y deviner l’armoire-à-pévés automatiques avec éclairage incorporé ; au point que j’ai manqué de peu une sortie de route dans un virage… muni d’un radar, comme il se doit ! Et on veut nous faire croire que c’est pour notre bien et notre sécurité qu’on multiplie ces pièges-à-cons ??? Bernique !!! c’est juste pour nous pomper un max de fric ! Et le stress de l’automobiliste alors ? Caisse y z’en font ? J’avais l’impression que ma ‘tite Mazell’ Clio et moi, on était un couple de souris qui courait entre deux rangées de matous affamés ! Très bon pour l’attention portée au pilotage, ça ! Vous voulez mon avis de citoyen d’Europe à double nationalité (franco-allemande) ? On est de plus en plus cernés et pressurés par les cons, d’un côté comme de l’autre du Rhin (peut-être encore un peu moins à droite dudit Rhin pour le moment, mais l’exemple français gagne : ça ne durera pas…)
    Et vous voudriez qu’on soit pas anti-européens ?
    Ben c’est raté.

    *(… tout à fait légal et agréé, rassurez-vous…)

    1. +1, comme on écrit dans les commentaires de lecteurs. Et j’y ajoute les « zone 30 » justifiées ou pas, les radars pédagogiques, les ralentisseurs de tout poil : creux bosses abusives et chicanes, et, laste beutte notte liste, les ronds-points innombrables, épidémiques, à la gloire des maires bâtisseurs. Les délicieuses petites départementales de notre enfance sont aujourd’hui des pensums. Tout ça pour rien : les fadas du volant s’en foutent, eux.

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