Do U speak Globish ?

Note : ne loupez  surtout pas cet article du Figaro, essentiel à votre quête existentielle en ce premier jour de novembre, augmentation du prix du gaz, du gasoil, des pots de chrysanthèmes… et j’en oublie : « Comment se maquiller pour revoir son ex ? »  voilà qui interpelle, et comment !

Mais j’ai aussi lu – juste pour compléter, il me restait comme une petite faim – cet article, « Quand les grandes écoles de gestion s’agenouillent devant la langue anglaise« , un de plus comme on en lit tant pour dénoncer le lèche-botte, la servilité et la démission de nos « élites » supposées francophones vis-à-vis de l’anglais, ou plus précisément de la langue – largement abâtardie, essentiellement  à base de formules plaquées sur une syntaxe rustique, le Globish – des Etats-Uniens et des affaires, oh pardon du business. Les affaires ? c’est autre chose, une femme dit par exemple « j’ai mes affaires« , rien à voir avec le business, les trends, ça matche, c’est du win-win, je te le forwarde, envoie-moi un acknowledge, on fait du B-to-B (prononçez « bitoubi »),  as-tu  des spares, il faudrait addresser ce problème, sans oublier le traffic et les rush-hours.

On y lit, dans cet article, qu’il existe une Burgundy Business School, en fait une vague école de commerce à Dijon, ville où la mustard  doit faire partie des must, où le Pinot-Noir finira par se cultiver partout alentour, c’est tellement plus user-friendly que de se chamailler sur les mérites respectifs du Côtes de Nuits, du Volnay ou du Maranges.

Et songez que la Communauté Européenne, que les Britanniques ont décidé de déserter – pour être à l’abri des contraintes tout en restant dedans pour le business, et la fille de la crémière avec – se sert essentiellement de l’anglais : ils sont masos, en plus, à Bruxelles… bref c’est triste.

Gardons le moral, toutefois ; si j’ai bon espoir (hopefully, comme ils disent) que le chinois ne parviendra jamais à s’imposer malgré sa supériorité numérique, du fait de sa structure techniquement aberrante et de son apprentissage rebutant (*), je forme le voeu que les langues latines prennent le dessus sur le continent nord-américain lui-même, en l’espèce l’espagnol… l’Amérique Latine est latine, elle, c’est écrit dessus, et, tenez, elle cause en système métrique, ce truc simple, clair et logique que les anglo-américains n’ont jamais pu encaisser, mauvais joueurs qu’ils sont.

Tibert

(*) Les alphabets courants vous imposent une trentaine de caractères à mémoriser, moyennant quoi vous êtes sûr de pouvoir lire 100 % d’un texte, y compris de Jacques Lacan (quant à le comprendre, alors là…).  Le chinois vous demande, lui, d’en mémoriser 2.000 pour pouvoir déchiffrer 97 % des textes écrits (quant à comprendre Lacan traduit en chinois, alors là…)

3 thoughts on “Do U speak Globish ?”

  1. Goude morninge, Taïbert’
    Et d’abord, pas d’affolement ! jusqu’à nouvel ordre, la langue la plus parlée au monde reste… l’espagnol ! ben oui. Quant à l’anglais, encore faudrait-il savoir de quoi on parle, ou plutôt ce que l’on parle… Le « fluent english » est de moins en moins pratiqué, tout simplement parce ce que l’on croit être de l’anglais n’est généralement que de l’argot américain (avec l’accent « patate chaude » dans le pif…) et que l’argot est toujours spécifique d’un métier ou d’une corporation ; en ce moment et en l’occurrence, l’informatique et/ou le commerce international. Même en pratiquant couramment l’anglais tel qu’on l’enseignait encore dans les universités d’outre-Manche il y a une vingtaine d’années, j’avoue que je reste coi devant les indications hermétiques que m’affiche ma bécane (américaine, mais « Made in China », bien entendu !) à la moindre sortie de route… Or il se trouve que l’argot, plus que n’importe quel jargon, est sujet aux effets de mode ; ne pensez surtout pas éblouir votre descendance en vociférant le dernier terme que vous avez laborieusement acquis dans « L’informatique pour les nuls » devant votre ordinateur : vous passeriez pour un vieux con prétentieux qui tente seulement de donner le change à nos chères têtes blondes et qui aimerait tant avoir l’air d’avoir l’air…
    Lors de l’une de ses interviews de Mitterrand, un journaliste vedette de l’époque, aujourd’hui décédé lui avait demandé (le cul sur le bureau d’un président impassible…) s’il était un président « branché ». A quoi Mitterrand, toujours aussi impénétrable, lui avait rétorqué « Vous datez, Mr Mourousi. On dit « câblé » aujourd’hui. »)
    Quant à la littérature anglo-saxonne en général, relisez aujourd’hui – si votre pratique de l’américan-english vous le permet, tout ça change tellement vite ! – Kerouac dans le texte ( « Traduttore, traditore ! » ) et vous aurez l’impression très nette d’être branché sur un siècle défunt depuis belle lurette !
    Alors, pas de panique : de tous temps, les escrocs ont toujours enfumé leurs discours de termes abscons pour le petit peuple. Ca fait tellement plus « initié » et dans son immense fatuité/vanité, l’espèce humaine préfère de loin passer pour conne plutôt qu’ignorante…

    1. Réconfortant. Ceci dit, le classement établi par wiki (https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_langues_par_nombre_total_de_locuteurs) donne le mandarin premier, l’anglais second de peu devant l’espagnol et l’hindi, puis le français. Reste que le mandarin souffre d’un handicap rédhibitoire, c’est un « âne mort » à apprendre ; je persiste donc : l’espagnol (en version sud-américaine essentiellement) est sans doute la meilleure chance d’assurer la pérennité, et pourquoi pas la primauté des langues latines.

  2. … Tiens, tout ça me fait songer à une réflexion que je m’étais faite il y a fort longtemps en apprenant… l’alsacien (mais oui !), à la fac de Lettres de Schtross’bourry*, avec la délicieuse Elsa Laugel, figure du folklore aujourd’hui hélas disparue.
    L’alsacien n’est pas une langue, c’est un dialecte ; la différence tient tout simplement à ce qu’il ne s’écrit pas… Mais et excepté peut-être le russe (que je ne connais pas assez profondément), c’est probablement le véhicule le plus extraordinaire des états d’âme… On peut tout illustrer, en alsacien, du moindre frisson à la tristesse – ou la jubilation ! – la plus profonde. Hélas, vous l’aurez compris, tout ça ne tient absolument pas à la traduction… ou à la tentative de.
    Je vais tout de même essayer de vous donner un ou deux exemples. Vous vous sentez mal ? anxieux ? vous éprouvez un malaise indicible ? L’expression alsacienne pour ça est « J’ai l’angoisse qui voyage… » Trouvez donc plus explicite ! Une autre, celle-là pour exprimer que l’argument en face, destiné à vous effrayer, vous ferait plutôt rire ; en alsacien « Mer Hoselodel » (Transcription phonétique ; je vous l’ai dit, l’alsacien ne s’écrit pas.) ; traduction « On en tremble dans son froc ! ». Une petite dernière : pour moucher les prétentieux, les alsaciens les surnomment « Extra-Wurchtele… » ; en français « Petite saucisse extra »…
    Bien évidemment, vous ne pourrez pas discourir bien loin de la mécanique quantique ou de la relativité (très) restreinte en alsacien… mais quoi que vous éprouviez au tréfonds de votre âme, vous pourrez l’illustrer ! C’est la langue « maternelle » par excellence !

    * Strasbourg, en alsacien.

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