Quand circulent les tarpés

Vous connaissez l’OFCE ? L’Observatoire Français des Conjonctures Economiques ? non ? son patron, Xavier Ragot ? non plus ? ah ah, je vous apprends donc son existence. Cet organisme « indépendant » (c’est moi qui ai mis des guillemets) revient ces temps-ci sur le devant de la scène, mis en lumière par Le Figaro : l’OFCE sort en effet un nouvel opus,  avec une proposition de taxer les « loyers implicites », entendez taxer les gens qui ont acheté, les salauds, leur logement principal, au lieu de payer un loyer comme devrait le faire tout Français normal  (note : si loyer il y a, c’est qu’il y a des bailleurs, non ? oui mais non, eux ont acheté des logements pour loger les autres, démarche altruiste et digne de respect, contrairement aux égoïstes propriétaires occupants).

j’ai donc été voir du côté du rapport de l’OFCE que Le Figaro épingle ce matin, et ma foi je l’ai lu, c’est ardu et tendancieux, mais j’y trouve, d’une part des formulations plus nuancées que celles que Le Figaro a choisi de monter en épingle – bon, ce canard n’est pas d’obédience trotsko-stalinienne, nous le savions déjà –  mais aussi de superbes âneries (ou malhonnêtetés ?), tenez :

Sur l’ISF, « C’est un impôt progressif sur le patrimoine des personnes physiques » : c’est clairement faux. C’est un impôt sur le patrimoine des ménages. Un ménage, ce n’est pas une personne physique, c’est une entité, ensemble de personnes physiques – une ou deux, du moins tant que  la polygamie n’est pas légale. Le célibataire « fortuné » paye donc actuellement l’ISF pour son patrimoine à lui tout seul, le couple paye pour son patrimoine à tous les deux ensemble… mais avec le même seuil, 1,3 M€, les mêmes tranches, et les mêmes taux !!

Sur la propriété immobilière, « Il n’est guère équitable que deux familles de mêmes revenus salariaux payent le même impôt si l’une a hérité d’un appartement tandis que l’autre doit payer un loyer ». On appréciera le « guère équitable« , formule qui ne fait pas dans la précision ! (*) C’est équitable, ou non ? eh bien c’est surtout une formule d’une extrême malhonnêteté, pour deux raisons :

  1. « ... doit payer un loyer » ? si certains sont fourmis, d’autres sont cigales, et l’OFCE n’aime pas les fourmis ! Quand un couple claque son fric connement, il « doit payer un loyer », peut-être, mais c’est son choix. D’autres en mettent de côté, empruntent (ou héritent, les veinards) pour acheter leur logement.
  2. « … si l’un a hérité » : je signale que l’héritage est déjà taxé, ils y ont pensé, à Bercy ! Par ailleurs tous les propriétaires-occupants ne sont pas héritiers : j’en connais qui ont acheté leur logement avec leurs propres sous, le croirez-vous ?

Bref la récente sortie de l’OFCE ne brille ni par sa neutralité ni par son indépendance. Extrait d’ambiance : « [selon certains économistes], taxer le capital ou ses revenus constituerait donc une double taxation. Mais ce point de vue est discutable : les revenus du capital constituent un élément de la valeur ajoutée… gnagnagna … Il est donc légitime de les taxer en eux-mêmes« . Où l’on passe d’un conditionnel « constituerait » à un indicatif « …est discutable » (discutable = ils ont tout faux, c’est la mauvaise orientation) suivi d’un affirmatif « il est donc légitime » : ça c’est de la discussion !

Tibert

(*) ça me rappelle le taupin qui, au tableau noir avec sa craie et son éponge,  s’était fait virer à coups de pompes dans le cul après avoir sorti au prof de maths, sur la comparaison de deux développements limités : « euh… ils sont à peu près équivalents…« .

6 thoughts on “Quand circulent les tarpés”

  1. Allons bon ! Moi, j’m’en fous : j’ai à peine de quoi tenir un mois devant moi questions pompe-à-phynances, alors les impôts sur le capital ou le foncier, vous savez…
    Tiens, je lisais à l’instant sur le blog de Charles Sannat, ex-banquier défroqué, économiste distingué et nanarchiste incurable (ça s’appelle « Insolentiae » son blog, pour le cas où vous ne le connaîtriez pas…) ; je lisais donc que selon un récent sondage, il n’y aurait plus que 4% des français à être satisfaits de leur président de la République actuel. Vous avez bien lu : « quatre pour cent » ! Voilà au moins un record qu’on ne lui contestera pas. Mais dîtes-donc : si l’on fait le compte de la part de population française affligée de surdité bilatérale totale incurable et qu’on y ajoute tous ceux dont la vue est déficiente à divers degrés, on doit y être largement aux 4% ! Et sans doute même légèrement plus…
    Encore des stats’ truquées ??? Comme disait un homme d’Etat anglais célèbre – auquel nous devons pour une bonne part d’être encore français et de ne pas marcher au pas-de-l’oie en braillent « Aïe – lit, Aïe l’eau » – « Je ne crois qu’aux statistiques que j’ai MOI-MÊME falsifiées… »
    Bonne journée tout de même !
    T.O.

    1. J’ai également tressailli à la vue de ce 4 %. Ciel ! 4 %… quasi une marge d’erreur sur un sondage…
      Moralité : Les socialistes ont été assez gonflés pour casser le thermomètre, interdiction de savoir si le pays a la fièvre (interdiction des statistiques dites « ethniques », alias « je veux pas le savoir ») : que n’interdisent-ils par voie de décret les statistiques sur l’appréciation que nous avons de notre Président ?
      Ah, au fait, c’est trop rare pour ne pas l’épingler : « dîtes » dans « dîtes-donc » c’est du passé simple. Circonflexe « inapproprié », comme la relation DSK-Nafissatou.
      Et puis je vais aller voir, jeter un oeil comme on dit, chez Insolentiae.

  2. P.S. : C’est drôle ; il n’y a jamais eu autant de spécialistes et d’experts en tous genres ; il n’y a pas une émission de télé ou de radio où l’on n’en déniche au bas mot une demi-douzaine, tous de premier choix, aussi hautement qualifiés qu’officiellement agréés… et jamais les choses ne sont allées aussi mal !
    Y’a comme un blème, là…

  3. Ahahahahh ! ça s’appelle la réponse du berger à la bergère, ça ! Mais vous avez raison : j’ai eu un moment de doute à propos de cet accent cirque-qu’on-flexe, mais j’ai trouvé que c’était plus joli comme ça. Pourtant, l’orthographe et l’esthétique ne font pas toujours bon ménage : la preuve. Et puis, entre nous soit dit, on ne s’en sert pas beaucoup dudit accent, alors faut bien lui faire prendre l’air de tanzaôtre, naâân ??? Sinon, il va moisir tout seul sur son clavier et le jour où on en aura vraiment besoin, y’aura plus personne à l’adresse indiquée ! Ça, c’est comme pour le « Z » : franchement, à côté des états de service du « E », c’est la pré-retraite vergogneuse pour ce pauvre Z (comme « Zorglub »…) !!! Alors voici un petit exploit littéraire pour lui montrer qu’on ne l’oublie pas ; j’ai écrit ça je devais avoir onZe ans à peine*. C’est une description du ciel uniformément bleu au-dessus du château de Neuschwanstein, dans un puzzle interminable (qq 3500 pièces…) dont je m’étais entiché, à l’époque :
    … Aucune zizanie, pas le moindre blizzard ni le plus léger gazouillis zéphyréen ; pas un seul zeppelin zébré zigzaguant comme un zoïle zombie zézayant ne trouble son zénith, qui va du zinzolin au lapis-lazuli des azulejos (ou zelliges) : le cauchemar des puzzlistes, mêmes dézingués…
    Z’avez compté ?? vingt-trois « Z » – vingt-six avec ceux qui les dénombrent… – en à peine quatre lignes !! C’est azurément un record, non ? C’était pour éviter que le « Z » de l’Azertyuiop de mon Popa ne s’empoussière à ne rien foutre à longueur de pages. Vous en connaissez, vous, des écrivains qui prennent autant de soin du matériel qu’on leur prête ?

    * Le bouquin dont c’est tiré s’intitule « Conte de la Journée d’un Petit Garçon Sage », se déroule à Nice bien avant le sinistre massacre que l’on sait (1958), est resté inédit à ce jour… et n’est pas à mettre entre toutes les mains ! Avis aux éditeurs désœuvrés qui traîneraient dans le coin : la bonne occaze, pas chère !!!
    C’était un petit coup de pub gratos. On dit merci qui ?? « Merci Tonton Tibeeeert !!! »

    1. Z’est pas zi mal que za… si l’Oulipo existait encore il faudrait vous y présenter. A ce propos, G. Perec a fait largement mieux, la touche « e » de son clavier étant restée inactive et poussiéreuse – sauf faute de frappe – pendant toute l’écriture de la Disparition, soit 300 pages. Mais tout ça n’est pas très politique…

      1. … Ze sais. Mais quand j’ai écrit ça (1956), Perec était comme la colombe qui tète même pa-z-encore sa mèèèèhre ! Et tout le monde croit que l’absence de « e » de « La Disparition » est de son fait et délibérée, alors que c’est simplement parce que le « e » de sa Réminjeton s’était dessoudé et qu’il avait pas les sous pour la faire réparer !!! Faut comparer ce qui est comparable, zaussi ! Sinon, on tombe dans tous les excès de la politique… Tiens, à propos…

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