Travailleurs, travailleuses,

Deux inspecteurs du Travail avec un Grand T signent une tribune dans « Le Monde », et, chouette, on peut la lire in extenso sans payer. Profitez-en !

Ils, ces inspecteurs du Travail, traitent du projet hollandesque de refonte vite fait du Code du Travail, ce pavé devenu imbuvable : et plus précisément de ce qui concerne les « référendums » de salariés. Des référendums censés permettre aux non-syndiqués (de loin les plus nombreux, si l’on exclut les grosses citadelles et forteresses, notamment chez les fonctionnaires, CGT, FO etc…) de s’exprimer, à bulletins secrets, et non en clamant « tou-sensem-bleu-tou-sensem-bleu ouais » à main levée sous le regard vigilant des responsables syndicaux. Tenez, si vous voulez un éclairage sur ce sujet nouveau, voyez par exemple cet article.

Ces deux inspecteurs du Travail (fonctionnaires, donc, et dans une fonction qu’on peut sans hésitation qualifier de régalienne) sont en l’occurrence – ils en ont farpaitement le droit – syndiqués à SUD-Travail (Solidaires Unitaires Démocratiques). je vous offre ici un échantillon des thèmes et de la « coloration » de SUD-Travail. Et je lis dans leur prose du Monde ceci : qu’il convient de défendre « le primat au militantisme ancré dans la légitimité des luttes sur la représentation fondée sur l’électorat et le nombre, à ce titre doublement sous influence directe de l’employeur, en tant qu’électeurs et en tant qu’élus« . En d’autres termes, le militantisme ( donc les syndicats, what else ? ) doit garder sa primauté sur l’expression des salariés, d’autant plus suspecte et sujette à caution que derrière elle se profilerait l’ombre menaçante de l’employeur…

Mais bon, lisez donc ce texte juteux tant qu’il est là et gratuit. Voici des fonctionnaires chargés, par des moyens coercitifs au besoin, de faire impartialement respecter la législation sur le travail, point-barre. Mais ce qu’on lit, c’est que 1) le patronat, ce pelé, ce galeux de qui vient tout le mal, avance masqué derrière le projet de loi ; 2) aucun dialogue potable en entreprise ne peut se concevoir hors les syndicats, seuls acteurs valables pour ce qui est des « modalités collectives de la discussion, de l’argumentation et de la critique » – tandis qu’un référendum, comprenons-le bien, c’est un bête (un « binaire ») Oui ou Non pipé – toujours au détriment des salariés, ces pauvres brebis soumises et bonnes à tondre.

Foin de la situation largement critiquable du syndicalisme racorni et arc-bouté sur ses « avantages acquis » que nous côtoyons actuellement en France ; on a droit ici, en 2016, à l’apologie sans nuance, quasi stalinienne (*) de l’Avant-Garde du Prolétariat, cette glorieuse et clairvoyante avant-garde, seule capable de faire pièce aux visées méprisables du Grand Capital et de ses suppôts désignés ici, l’Union Européenne et ce gouvernement félon et répressif. En somme, les syndicalistes – ici, je suppose, des militants de chapelles politiques opportunément coiffés de leurs casquettes de syndicalistes – prêchent pour leur paroisse : c’est bien normal. Je m’interroge juste sur la contradiction criante – bien que licite – entre un syndicalisme anti-patrons « de combat » et la mission d’un inspecteur du Travail.

Tibert

(*) private joke pour les amateurs.

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