Boulots d'avenir : écrivain public sur Toile

La fracture numérique existe, j’habite juste à côté.

Tantôt ce sont des immeubles de centre-ville, hyper-branchés en fibre – Orange se bagarre avec Free pour brancher avant l’autre -, des ménages pour qui l’ordinateur, Internet, commander des machins sur la Toile… tout ça c’est du banal de chez Banal.  Le petit dernier joue en ligne, papa va sur les forums qui lui bottent, mamma tchatche sur Fesse-bouc…

Ailleurs c’est tout juste si l’on vient de mettre au grenier – on ne sait jamais – le modem 56 K qu’on branchait une fois par jour pour relever ses mails – en priant le Ciel pour qu’il n’y ait que du texte ! – parce que l’Internet, tintin, trop loin, trop isolé, on peut crever. Mais avec du pot, le hameau peut bénéficier de l’ADSL –  poussif, athmatique et qui se traîne à 512 K. On arrive même à surfer, c’est dire…

Et puis il y a Paulette et Roger, ou Lucette et Maurice, les anciens, qui quel que soit le branchement, fibre supersonique ou modem 56 K à pédales, rechignent, traînent les pieds, ces cons. Internet pour eux c’est du chinois, l’ordinateur du grec ancien. Alors on va à la poste, on écrit, on se déplace aux guichets pour la Sécu, pour les trains, pour s’inscrire à ceci ou cela… on achète des tas de timbres… on s’emmerde la vie parce que de plus en plus on est foutu si l’on n’a pas Internet, vous le savez comme moi.

Et, tenez, les avides du Fisc, les gloutons qui avalent tout cru les picaillons que naïvement nous croyions nôtres, projettent de rendre les déclarations d’impôts « en ligne » obligatoires pour « certains contribuables », sans qu’on sache lesquels. Et, naturellement, si Paulette et Roger sont concernés, comment feront-ils ?

Eh bien, le Ministère y pense, oui, ils y pensent, aux « anciens » récalcitrants, aux mal-voyants têtus, aux nécessiteux qui ne peuvent pas se payer une bécane et une connexion Internet  : ‘ l’administration fiscale prévoit de « promouvoir la télédéclaration pour compte d’autrui », au travers de « partenariats faisant appel à des organismes sociaux ou des associations » ‘. Reste à savoir si ce sera du boy-scoutisme « à vot’ bon coeur » ou du boulot enfin reconnu. Parce que je vous parle d’expérience, je préfère cent fois – c’est la parabole maoïste du mec affamé au bord de l’eau que je vous ressers, là – filer du poisson à celui qui a faim que lui apprendre à pêcher : d’accord, c’est moins politiquement correct, ça fait mauvais genre, pas pédagogique du tout, mesquin, tout ça, mais si vous saviez le boulot que c’est d’expliquer à Paulette ou Roger (au meilleur des deux) les subtilités du clic droit du mulot, et que pour Arrêter, il convient de Démarrer !

Tibert

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Recopiez ces symboles *