Vieux motard que j'aimais

Les Suisses, les Helvètes, ces veinards d’habitants d’un pays dont on peut dire qu’il est la Suisse de l’Europe, à l’abri de leurs remparts de fric et des portes blindées des coffres replets, que même Hitler leur a fichu la paix – si ça se  trouve, il avait ouvert en douce un compte numéroté à Zurich – les Suisses, donc, votent, font des votations régulièrement, souvent, pour des questions importantes ou moins importantes. Et naturellement, on se fout de leur gueule, vu que c’est, selon les canons de la Pensée Correcte, faire oeuvre de démagogie, faire appel aux réflexes identitaires, xénophobes, rétrogrades, bref tout plein de vilains sentiments.

Pourquoi cette levée de boucliers ? parce que les Suisses votent généralement de vilaines décisions. Expulser les criminels étrangers, interdire la construction de nouveaux minarets… et le pire, c’est que leur choix fait force de loi. Réflexe xénophobe ou pas, lamentable décision ou pas, on ne peut plus construire de minarets en Suisse, et vous admettrez qu’il reste néanmoins tout à fait possible de prier malgré l’absence de minaret, et plus généralement de tout chapeau pointu architectural.

Chez nous le référendum est de deux types : tel que prévu par la Constitution, et le Grand Charles l’utilisait avec talent, jusqu’au jour où il lui a pété dans les doigts ; ou d’ « initiative populaire », selon les voeux de certains à Gauche et ailleurs – là où la pensée est plus verte. Et c’est là que le bât blesse. Il s’agit de « consulter le peuple » – pas de le laisser décider, eh oh ! les élus n’ont aucune envie qu’on leur pique leur boulot.

Et voici que notre Grand Chef, bien tardivement, à quelques encâblures de la votation décisive pour sa réélection ou pas, découvre tout d’un coup que le référendum ça existe, que ça peut aussi se faire chez nous. Chic alors ! nous sommes bien d’accord, même à plus de 1.000 parlementaires, on ne représente que très imparfaitement les sentiments et les opinions des citoyens. Il faut nous demander notre avis, direct depuis l’isoloir, et souvent, et pas seulement 2 mois avant une élection présidentielle. Votons donc, votons, cher Président, sur les devoirs de chômeurs, sur le droit de vote des étrangers, sur… tous ces thèmes si porteurs.

Reste  à savoir : c’est pour nous demander de décider, ou juste pour prendre la température ? chiche qu’on fait comme les Suisses, ces veinards qui votationnent tous les quatre matins – pas seulement pour prendre la température.

Tibert

2 thoughts on “Vieux motard que j'aimais”

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