Que l'heure de la retraite sonne !

Vous connaissez ? à la manière de Ferrat :

« Leur vie, ils seront flics ou sénateurs,

le temps d’attendr’ dans la torpeur

Que l’heure de la retraite sonne… »

Eh bien, elle n’a toujours pas sonné pour M. Mauroy, sénateur à 82 balais, et toujours sur la brêche.

M. Mauroy – auteur du best-seller « C’est ici le chemin ! » (euh… peut-être pas par là, finalement…en arrière, toute, on s’est gourrés, austérité blocage des salaires dévaluations etc etc) – est donc intervenu au Sénat, du style lyrique que nous lui connaissions, pour défendre la retraite à 60 ans, sa création, et à laquelle il tient. « C’est la loi la plus importante peut-être de la Ve République, celle qu’attendaient les Français ».

Eh bien, ça fait 22 ans que M. Mauroy devrait être à la retraite, selon cette disposition si importante qu’il a promue et dont il est si fier. Et il y a largement plus de 200 sénatrices-et-sénateurs qui ont atteint l’âge de la retraite à 60 ans. Allez, mesdames-messieurs les septuagénaires et octogénaires du Sénat, quand on descend dans la rue défendre la retraite à 60 ans (chiffre « rond », merveilleux, divisible par 2, 3, 4, 5, 6, 10, 12, 15, 20, 30, et c’est pourquoi on a choisi 60 ans, et non 61, pas beau, ou 67, a-ffreux !), un peu de cohérence, de logique, de courage : dételez… libérez des emplois !

Tibert

jeunes, beaux, riches et en bonne santé

Pourquoi pas 59, 58 etc ?
Pourquoi pas 59, 58 etc ?

Voulez-vous être…

1) Riche et bien portant ?

2) Pauvre et malade ?

Cochez la case correspondante.

Vous pourriez vous demander pourquoi cette pancarte ne descend pas plus bas, pourquoi la liste déroulante et les cases à cocher ne proposent pas 59, 58, 57, 56 etc… ? car enfin, de quoi s’agit-il ? de ce que nous voulons, na ! Bon, c’est 60 depuis Tonton, Tonton l’a dit, et Martine, elle aussi, dit que ça doit rester comme ça, et donc ça doit rester comme ça. Et puis soixante, c’est un bon chiffre.

De même que le statut des dockers CGT du port de Marseille est écrit dans le bronze de l’après-guerre, inaltérable et pérenne, d’une longévité comparable aux sacs plastique, 400 ans au bas mot. On peut en dire autant du statut des cheminots et du 1 % du chiffre d’affaires d’EDF dédié aux bonnes oeuvres du Comité Central d’Entreprise, j’arrête ici la liste déroulante, elle descendrait plus bas que mon billet.

Et les réalités économiques, la concurrence, le financement des retraites, tout ça attendra à la porte, comme le nuage de Tchernobyl.

Tibert

Edulcorants et litotes

Voyez cette dépêche du Fig’machin : les Parisiens seraient des chapardeurs, selon le maire de Londres. La preuve : en 2 mois, 3 vélos en libre service (3 seulement !!) ont été dérobés là-bas outre-Channel, contre 500 Velibs disparus.

Faites le calcul : 500 Velibs en 2 mois, c’est 3.000 Velibs par an qui partent en fumée – pas pour tout le monde ! Soit 15 % du parc. Edifiant, non ? Quant au vocabulaire employé – je fais confiance au traducteur, « chapardeur » doit avoir son homologue en Rosbif – je lui trouve bien de la mansuétude. C’est de vol qu’il s’agit. On aurait pu écrire sans se tromper : « Velib : les Parisiens, des voleurs !« .

« Incivilités », « chapardage »… surtout ne pas dire les choses, ça va fâcher quelqu’un. Tout baigne, dormez braves gens.

Tibert

Ni pour ni contre, et réciproquement

Le Figues-à-rôts titre en Une ce 2 octobre (errare humanum est), puis en titre d’article (perseverare diabolicum ) « Nouvelles manifestations contre les retraites« .

On se perd en conjectures, dans les milieux bien introduits, sur le sens de cette accroche. Le malheureux ou oublieux journaleux  a-t-il avalé l’accent aigu ? « …contre les retraités » ? ça ferait sens, mais pourquoi grands dieux s’en prendre aux retraités ? ils sont trop vieux? ils coûtent trop cher ? c’est ça ?

Ou bien alors c’est à n’y rien comprendre. Quelle catégorie de citoyens peut donc se rebiffer contre la (les) retraites ? quels sont ces enragés qui vont défiler, calicots au vent, pour exiger l’abolition de la retraite, des retraites… pour afficher leur intention de bosser jusqu’à ce que mort s’ensuive ?

Qui sont-ce, ces anti-retraites, ces bosseurs fous ? l’article nous apprend que si cette manif’ se passe un samedi, c’est exprès pour que les salariés du privé puissent, eux aussi, manifester ! traduisez : les fonctionnaires, eux, peuvent manifester le samedi, bien évidemment, mais aussi tous les jours ouvrés, sans que ça ait de conséquences ! 1°) ni sur leur emploi, inamovible et boulonné , 2°) encore moins sur le niveau de boulot produit,  3°) éventuellement même pas sur le salaire.

Braves gens du privé, n’ayez pas peur, comme disait Jean-Paul II, rejoignez les fonctionnaires, allez manifester « contre les retraites », le Figaro vous a donné le tuyau.

Tibert