Blooze

On peut avoir le blues en ces temps chahutés.

La France réintègre l’OTAN, on se demande pour quelle chimère, ou quel plat de lentilles : certes, le tout neuf et fringant Obama fait pour l’occasion risette à Maître Nicolas, qui boit du petit lait, mais qu’allons-nous (re)faire dans cette galère ?

Un millier de casseurs professionnels à Strasbourg, pour cause de sommet de l’OTAN, il faut bien trouver une occasion de casser… ça suit une ligne politique assez claire : anti-pharmacies, anti-hôtels Ibis, anti station-service, anti-panneaux indicateurs. Puis-je suggérer que désormais les sommets de l’OTAN se tiennent ailleurs que chez nous ?

Afghanistan : on a le choix entre une intervention qui s’éternise, sans succès clair, et qui ressemble de plus en plus à une ingérence étrangère, et le laisser-faire, donnant à coup sûr le champ libre à une bande de psychopathes moyen-ageux et misogynes. Que faire ?

Mais d’un autre côté, des nouvelles encourageantes, on nous donne la liste des paradis bancaires (pas fiscaux, bancaires, les paradis, bande d’approximatifs) : enfin une avancée significative, qui ne sert probablement à rien. Par exemple, il manque la City de Londres, l’état du Delaware, aux USA… une paille…

Tenez, si ça vous intéresse, je vous livre en pâture un circuit, pompé directement des blogs les plus lus, permettant d’échapper aux impositions : le « sandwich néerlandais« , qui met en jeu Les Pays-bas, Curaçao, et le canton de Zoug en Suisse : avec ça, le plus légalement du monde, sinon simplement, vous raquerez un minimum. Avec ou sans le G20.

Et parlons-en, des impositions : sur ce point, comme sur la durée légale du travail, le nombre de fromages différents, la consommation de pinard par habitant… nous sommes champions du monde. Le magazine Forbes nous a pondu un superbe graphique « Tax Misery and Reform Index« . En additionnant l’impôt sur les sociétés, sur les personnes, sur la richesse, les charges sociales patronales et salariales, et la TVA, nous caracolons en tête devant la Chine, presque 168, alors que les moins « chers » des européens, Irlande et Lituanie, tournent à 94.

Et nous avons empiré depuis l’an dernier  : + 1,1 ! Tax misery : joli terme.

Champions olympiques de l’imposition, que nous sommes ! alors, heureux ?

Nous sommes champions de l'imposition

Lèse-couine, au bas mot

Les têtes couronnées font, décidément, toujours rêver Mimi Pinson et les mimi-dinettes, et notre seul quotidien radicalement plutôt vaguement à gauche n’y déroge pas : c’est « Voici », « Point de vue », « Closer », « Hola »… ce matin sur Libé (ration). D’ici qu’ils nous tartinent sur le bal des Petits Plumards Beige à Monaco avec la princesse Conchita…

Michelle Obama, la First Lady des Etats-Uniens (*), a passé la main dans le dos de la reine d’Angleterre !! a-t-elle donc oublié le proctocole ? ciel ! ma doué ! putain d’Adèle ! et Libé-Gala de nous affirmer (on est sous le casque à sécher la permanente, là, chez le coiffeur, avec nos rouleaux, et on feuillette, haletantes, ces pages colorées pleines d’images croustillantes) que « si la reine a le droit de toucher ses convives, le contraire est proscrit« .

Donc si Elisabeth, la reine des Britanniques en personne, the queen herself, me donne une grande claque dans le dos, « hello buddy« , « salut mon pote »,  je peux pas lui rendre son geste affectueux ? ah c’est dur, c’est trop dur.

Tout ça est apparemment bien plus important que de savoir si la Suisse et Monaco font ou non partie de la liste grise (gris foncé ou gris clair, that is the question) des paradis du secret bancaire ! questions qui ne font pas rêver… morne capitalisme…

(*) J’ai décidé de ne plus écrire « les américains » pour traiter des habitants des USA. C’est insultant pour les Canadiens et Mexicains (américains, du Nord, eux aussi), les habitants de tous les pays d’Amérique centrale, les populations d’Amérique du Sud. C’est vaste, les Amériques, Colomb le constatait déjà en 1492, et il n’y a pas que les USA.

Action-réaction

Tiens, j’ai appris ces jours-ci un nouveau mot. Sur un panneau de chantier du bâtiment, parmi la liste des lots et des sociétés et corps de métiers impliqués, « températion » : avec la plomberie. Joli, non, températion ? au lieu de chauffage/climatisation. Plus court, simple, clair. Températion, tu me plais.

Bon, on n’est pas là pour  tempérer, mais pour écrire sur des sujets qui en valent la peine. Des sujets qui fâchent, donc !

Par exemple, Sartre et Céline, les deux frères ennemis de la littérature française, avaient tous deux compris l’importance de l’image, du look, comme on ne disait pas, le mot n’existant pas à l’époque, sauf chez les Rosbifs. Tous deux vêtus de peaux de bêtes, immuablement : Sartre, l’ « agité du bocal »,  avec son éternel gilet marron clair mi-tricot, mi-suède, Céline avec son mouton retourné sans manches tout mité, sale et débraillé, sur un pull sans âge ni couleur. Nos vedettes littéraires, par delà leurs différends, se rejoignaient sur la gestion de leur image ; à croire qu’ils avaient le même agent.

Des agents, tiens, parlons-en ! Trop d’agents, se dit-il dans les canards, trop de flics, de keufs, en parler-cités. Chaque fois que Maître Nicolas Le Petit se déplace – et qu’est-ce qu’il peut se déplacer ! – des nuées de flics, une marée de cars de flics, le centre-ville bouclé, la ville quadrillée, la thrombose en ville. Dernièrement, hier donc, Chatellerault : ficelée, Chatellerault ! camisole de force. Et les râleurs de râler : ouais, pour qui il se prend ? mais qu’est-ce qu’il se permet, ce petit monsieur, déni de démocratie, mégalomanie, état-policier, tout ça… on arrive même plus à lui envoyer des oeufs pourris et des tomates sur sa bagnole, on peut même plus le siffler d’assez près, le conspuer de visu, l’approcher pour l’invectiver, lui mettre nos pancartes insultantes sous le nez…

Faudrait se montrer un poil logique : ou bien on pratique la démocratie pacifique, visites policées et consensuelles genre René Coty – ou Vincent Auriol, ou un inaugureur de chrysanthèmes quelconque – sans autre enjeu que de faire le guignol, et alors on peut lui toucher le bas du manteau, lui serrer la paluche, crier Vive la France, Vive Vincentauriol, dans une ambiance pépère, sous une surveillance policière légère et bon enfant… ou bien chaque fois que Sarko se déplace, des milliers de « démocrates de gauche », furieux que ce soit lui qui ait été élu, et qui font une fixation sur sa personne, décident de lui pourrir la visite, de lui montrer combien ils le détestent, à quel point ils lui souhaitent tout le mal possible : et que devrait-il faire, ledit supposé ennemi de la démocratie prétendûment menacée  ?  venir tout seul à poil en robe de bure tel le Bourgeois de Calais ? offrir ses fesses à la foule pour se faire botter le cul ? serrer stoïquement les dents sous le déluge de tomates pourries, tout en marmonnant dans sa barbe « cassez-vous, pôv’ cons » ?

Bon, bref : si tous les « démocrates » lanceurs de cocktails-molotov et de pavés renonçaient à leurs projectiles, leurs insultes… éventuellement, peut-être, allez savoir… qu’on n’assisterait pas à de tels déploiements policiers. En somme, pour faire simple : il s’agirait de démilitariser, des deux côtés !