Des mots en ance et en tion

Le Macronious suprême nous l’a déclaré, solennellement, il faut désormais serrer les boulons face à la menace des islamistes extrêmes. En français châtié, ça donne « bâtir une société de la vigilance pour lutter contre l’hydre islamiste« . On notera un réel progrès dans la clarté des termes : du temps de Flamby-Moi-Président, on parlait du terrorisme, sans plus de précision, des fois qu’on aurait froissé – on dit stigmatisé – quelqu’un. Notez aussi qu’on nomme l’hydre, mais pas toutes ses têtes, et pour cause, vu qu’elles repoussent comme du chiendent quand on les coupe !

Et aussi sec, c’était couru, d’aucuns se récrient ou s’inquiètent. Ainsi le directeur exécutif du Collectif contre l’islamophobie en France affirme que l’on s’achemine vers « une république de la délation où chaque musulman devient un suspect potentiel ». Je cite celui-là, mais de nombreux bords, et de tous bords, on alerte à la délation. République de la vigilance, donc république de la délation ?

D’abord un peu de bon sens : un terroriste islamiste, c’est un supposé musulman, sinon ce n’est pas un islamiste. Donc on va surveiller et vigiler plutôt les mosquées que les soirées-loto du troisième âge ou les sorties-rando non confessionnelles. Et puis si on vigile, et si l’on perçoit une menace, à quoi ça sert d’avoir été vigilant si on ne dénonce pas ? d’abord on peut tomber sous le coup de la loi pour non-dénonciation de crime, et deuxio, et surtout, on va peut-être laisser se commettre des horreurs.

Le Français, c’est connu, et à la différence des Anglo-Saxons, est réputé réfractaire à la délation ; cafteur, balance, mouchard, corbeau, noms d’oiseaux. J’ai écrit délation, pas dénonciation. Ce qui laisse toute sa place à la vigilance citoyenne ! la vigilance sans la dénonciation m’évoque la phrase de Péguy : ils ont les mains propres, mais ils n’ont pas de mains. Permettez-moi de citer également la sagesse populaire : quand faut y aller, faut y aller ; et puis faut ce qu’y faut. En d’autres termes, dénoncer demande du courage ; c’est peut-être ça le problème.

Tibert