Je suis allé pêcher, non la sardine à Messine ou le hareng à Lorient, mais des chiffres. Je cherchais en effet une idée, un ordre de grandeur…j’ai trouvé ! Je cite : “Les fumeurs parisiens jettent (…) environ 10 millions de mégots dans les rues chaque jour, soit 350 tonnes par an“.
Et pourquoi cherchais-je ces chiffres ? j’étais en face d’un article des Echos sur Paris-la-crasse. Effectivement, cette ville est sale, ça se sait, y compris à l’étranger, et très largement du fait, non d’un budget rikiki, ni du manque de bonnes intentions, mais du fait de ses habitants, dont un bon nombre se comportent comme des cochons. On a un terme aseptique pour ça, bien poli : les incivilités.
Oui, les chiffres, donc… je re-cite : “La Ville essaie aussi la coercition. Elle a créé en 2016 sa propre brigade « anti-incivilités », la DPSP. Celle-ci compte aujourd’hui 3.400 agents, autrefois répartis dans différents services de la Ville. Ils ont dressé l’an dernier 37.866 procès-verbaux pour dépôts de déchets sur la voie publique.”
Donc 10 millions de mégots par jour… Supposant que les mégots sont jetés également entre 8 h et 21h, soit sur 14 heures, ça donne 714.000 mégots à l’heure, soit environ 200 mégots à la seconde balancés sur la voie publique.
Or (*), chaque agent de la DPSP a verbalisé 37.866 / 3.400 = moins de 12 fois par an, soit à la louche 1,2 prune par mois (eh oui, les congés payés) : sur 20 jours ouvrés, 0,06 prune par jour.
Bref : 6/100 ème de prune par jour / par agent de la DPSP, quand on jette (c’est interdit) 200 mégots à la seconde. Je ne cite pas – en fait, si, je les cite, mais je n’ai pas les chiffres – les crachats, mictions abusives, papiers, emballages, bouteilles vides, détritus divers, crottes de chiens “oubliées”, tags… quoique les tags relèvent plutôt des interventions nocturnes, c’est un exercice typique d’insomniaque.
En termes de “rentabilité” (**) – il y a toujours une utile notion de rentabilité, ou d’efficacité, y compris dans un service public -, calculez par agent le ratio salaire+charges, rapporté au montant des prunes collecté ; en déduire le nombre d’années pour un retour sur investissement. Vous avez deux heures.
Tibert
(*) Tout raisonnement matheux comporte au moins un “or”, pour introduire une nouvelle assertion à croiser avec les éléments déjà établis. Sinon c’est pas du jeu. Voilà qui est fait.
(**) Dit de façon moins lisse : en termes de fric foutu en l’air.