Trois P : pain, PERT et prosélytisme

Il est connu que dorénavant et jusqu’à nouvel ordre, on va dans les cantoches scolaires se taper, une fois par semaine et rituellement, du steak de soja, des fayots en salade, du tofu sauce gribiche, des pois-chiches en ragoût, et autres délicieuses spécialités sans viande ni poisson. Nos chères petites têtes plus ou moins blondes auront ainsi l’occasion de s’apercevoir qu’on peut se passer jusqu’à un certain point (qui n’est pas précisé) des produits animaux. Excellente initiative ! juste un peu trop de flonflons et de battage médiatique là-dessus : les écolos y tiennent, c’est tendance, etc etc.

Justement, il y a une campagne de pub – oops, excusez, de communication – là-dessus dans l’Est, et les agriculteurs rouspètent. Outre que la photo illustrant le plateau-repas du potache végétarien (carottes braisées toutes nues sans persil, omelette tristounette, une tranche de pain, un bout de pseudo-camembert industriel, une petite pomme et un truc non identifiable dans un ravier (le hors-d’oeuvre ? des rondelles de concombre ? de la compote de navet ?) n’ouvre guère l’appétit, on peut se demander s’il n’y a pas là une campagne anti-éleveurs, bref du prosélytisme… la Loi de 1905 pourrait quasiment être invoquée, au vu de la ferveur des tenants du végétal-et-rien-d’autre. Pour ma part, je trouve cette photo rebutante et contre-productive : si c’est ça la bouffe végétarienne, vive le bar au fenouil et le rognon de veau grillé !

Et puis j’ai trouvé une belle phrase sur Le Monde, au gré de mon butinage sur la toile : une jeune femme traite de son amour du bon pain… je cite : « En fait, le temps lui-même est un ingrédient. Notamment pour le pain et les fermentations longues qui lui apportent tant. Je corrige toujours ceux qui disent que faire du pain prend du temps : non, cela dure longtemps« .

Eh oui, et nous voilà rendus à la méthode PERT, qui théorise l’ordonnancement des tâches d’un processus pour en minimiser la durée globale. Eh oui, car on peut laisser reposer la pâte trois-quatre bonnes heures près de la chaudière pour que les arômes se développent, et puis faire du piano, tailler les rosiers, courir vingt minutes, écrire un bout de blog… pendant que la pâte lève ! C’est fou ce que la fabrication du pain permet d’activités passionnantes. En plus, s’il est bon…

Tibert