le diagnostiqueur fou, encore lui

Vous allez vendre votre logement ? bonne nouvelle, vous allez devoir faire faire un diagnostic de plus. Et vous ne pouvez pas le faire vous même, vous n’avez pas les outils, pas la qualification, vous n’êtes pas neutre, il faudra payer, nananè-reu !
Des diagnostics et mesures, il y en a déjà une belle brochette :

– La surface selon les normes Carrez, ça on peut comprendre. Pourquoi seulement dans les appartements, et pas dans les maisons individuelles ? parce que. Ne posez donc pas de questions oiseuses. Je poursuis :

– L’électricité
– le gaz
– Le plomb
– L’amiante
– Les termites, mais on aura bientôt les vrillettes, les capricornes, les lépismes du sucre, les blattes, les fourmis, les punaises des lits… important ça, les punaises des lits !
– La mérule,
– L’isolation thermique,
– Les risques naturels, miniers et technologiques.

Il y manque encore des trucs, là… il y a certainement moyen, dans le cadre des procédures en cours de simplification administrative, de tirer un peu plus, de gratter quelques taxes, de complexifier encore, après les brillantes avancées de la loi ALUR, cette loi qui plombe lourdement les transactions immobilières. On peut donc en remettre une couche – après avoir laissé le citoyen récupérer un peu, ensuite on presse à nouveau pour en extraire plus de jus. On va avoir droit au diagnostic sur la radioactivité naturelle !

Moi, tout con, je pensais que les « risques naturels » et la « radioactivité naturelle » c’était naturel tout pareillement ? pas du tout, c’est en plus, la radioactivité naturelle elle est naturelle, certes, mais il y faut un diagnostic spécial et indispensable – on se demande d’ailleurs comment on a pu vivre sans ça jusqu’ici.

Mais on a bien les risques miniers ? ah oui on les a, c’est déjà dedans – enfin, c’est écrit… Mais si on y distinguait plus finement ? il y a des mines spéciales… allez savoir… des mines de sel ? de potasse ? la dangerosité spéciale de la proximité des mines de potasse, tiens, ça mériterait peut-être un diagnostic à part ?
On a également à prendre en considération des risques jusqu’ici négligés, tenez, on est loin d’avoir tout raclé, allons-y, c’est fou ce qu’il y a de trucs à mesurer dans un logement :

– La qualité de l’isolation phonique, ou plutôt de l’absence d’isolation phonique – on entend le voisin se gratter sous les aisselles,
– Les risques de décollement des moulures de plafond,
– les risques de dessèchement du mastic des fenêtres,
– les risques de claquage des joints de plomberie,
– les risques d’occlusion de la canalisation des eaux-vannes (en clair : les chiottes bouchées),
– l’état du système de chauffage, chaudière, canalisations, radiateurs,
– l’état des ancrages et la hauteur des rambardes et appuis des fenêtres et balcons,
– les risques de descellement du / des lavabos,
– l’état et la conformité des boîtes à lettres…

J’arrête ; je suis serein et j’ai pleine confiance dans nos zélés et imaginatifs fonctionnaires du Ministère du Logement (durable ? Logement Durable, ça le ferait mieux, non ?), ou des Finances, ou les deux, ainsi que dans la pression amicale mais ferme des entreprises de diagnostics, avec l’appui et la bénédiction des ministres en place : ils sauront trouver de nouveaux contrôles et diagnostics inutiles ou redondants mais coûteux et susceptibles de nous emmerder un maximum – tout en augmentant significativement les délais et les coûts des transactions immobilières, ainsi que l’épaisseur des documents-papier afférents.

Tibert