Tous potes, même Benoît

(A l’heure où nous mettons sous Toile, nous apprenons, ravis et heureux, que monsieur Hamon, Benoît, retisse, tel Pénélope, le lien avec le PS : il a bigophoné à l’illustrissime Olivier Faure (y aurait-il des élections en perspective ?). Mais que de bonnes nouvelles ! sans compter le gros succès des signatures de son bouquin par Normal-Pépère dans les centres commerciaux : il est question qu’il fasse aussi la caravane du Tour cet été.)

Mais au fait ! le 18 juin c’est le jour de l’appel éponyme – pas l’appel à tarte ni de la forêt, encore moins du muezzin. Et c’est assez solennel ; on va au Mont Valérien dans le 9-2, on met son costard de cérémonie, on aligne quelques gardes républicains en rangs d’oignons avec leurs casques et leurs capotes à revers rouges, on fait un discours : bref c’est  cérémonieux. Et quand un collégien vous apostrophe dans la foule des badauds avec un (en fredonnant mezzo voce (*) les premiers mots) « Cella luh-tteuhh finah-leuu… ça va Manu ?  » on lui remonte les bretelles… en le tutoyant : « Non, ça tu ne peux pas, non, non, non, non« .

Et on a bien raison de les lui remonter, les bretelles qu’il ne porte sans doute pas, ce jeune collégien malotru et insolent. La distance, nom de nom ! La distance indispensable à la vie en société. J’ai un ami québécois qui a même théorisé ça avec la « bulle ». Chacun a droit à sa bulle protectrice, son enveloppe invisible mais d’une épaisseur suffisante, quasi palpable, sinon les rapports sont agressants (et un néologisme, un !). A fortiori dans la solennité de l’instant, avec tous les signes visibles qui vont avec, on doit respecter les distances ! Tenez, moi… j’en ai marre, moi, de recevoir des tas de mèls commerciaux à la noix dans lesquels on m’apostrophe avec des « Albert (**), profitez vite de cette opportunité (***) fantastique ». Un minimum de politesse et de distance  veut qu’on me donne du « Monsieur Dugenou, profitez etc etc… » sinon poubelle ! (en fait, poubelle systématiquement, mais je grossis le trait à dessein pour les lecteurs peu aguerris).

Restent deux constats terribles : 1) On tutoie les collégiens, et ma foi ça m’interroge, ah oui, gravement. Est-ce bien pertinent ?  2) On peut plus roter en douce, maintenant. Il y a toujours des forêts de micros et de caméras, sinon de mobiles aux aguets pour immortaliser nos éructations, voire nos flatulences. Honvahoù, là ?

Tibert

(*) En principe l’entonnation – et hop, un second néologisme !  – du chant de l’Internationale veut qu’on lève le poing droit serré au dessus de la tête.  Sinon ça vaut pas.

(**) Pour des raisons de sécurité, le prénom a été changé, et le nom avec – tout, quoi. Eh non, je ne m’appelle pas Albert Dugenou, encore moins Paul Delépaule.

(***) C’est un anglicisme. Une opportunité ? une affaire, une occasion, une aubaine…