Vite fait mal fait

Je raillais (non, je ne ralliais pas, je raillais) il y a quelques jours les sondages donnant les Français comme très majoritairement contre la mise en place d’une TVA « sociale », mais sans y comprendre grand-chose. « J’y pige que dalle mais je suis contre« .

Ceci ne signifie pas pour autant, chers auditeurs, que je suis favorable à une telle réforme, et je vais même vous avouer un truc : je ne suis pas un inconditionnel de Nicolas S., bien que lui, de son côté, soit carrément « accro » à mon blog et se précipite tous les matins pour voir si j’ai pondu un nouveau billet. Je vais donc en profiter avec opportunisme pour lui suggérer des pistes de réflexions.

D’abord ce constat constant, et c’est triste : la France souffre de bipolarisation chronique exacerbée droite-gauche ; restes des « oppositions de classes », vieilles lunes du défunt Marxisme acclimaté au pays du camembert, façon Georges Marchais. Pas moyen, dans ce foutu pays, de trouver des gens capables de pratiquer le dialogue, la confrontation constructive des idées et la synthèse. C’est véritablement une tare chez nous, et qui nous coûte très cher. On a donc une droite (pour le moment) aux affaires et qui tâche de faire passer ses « réformes » au forceps, et une gauche (pour le moment) en résistance et qui s’arc-boute contre, quoi que ça puisse être : c’est con, bilatéralement con. Et ça donne des résultats stupides, d’autant plus que le Grand Chef est du genre à dégainer trop vite, quitte à faire machine arrière ensuite.

– La proposition de taxe « Tobin » sur les transactions financières, limitée au périmètre français, telle que soutenue par N.S., est une ânerie : tout le monde le sait et le dit, ça va faire fuir aussi sec les opérateurs boursiers vers d’autres cieux où ça restera gratuit. Résultat pitoyable et prévisible : la Bourse de Paris à la ramasse. C’est évident, il faut obtenir au minimum un consensus de la zone Euro sur ce point pour que ça ait une chance de fonctionner sans se tirer / nous tirer une balle dans le pied.

– La TVA sociale est un chantier qui mérite qu’on ne le bâcle pas « avant les élections », qu’on prenne le temps de la réflexion, de la concertation, des arbitrages équilibrés. Pour le moment c’est une réforme à la hussarde, une de plus, et on en dit n’importe quoi. Tiens, le Monde aussi y va de ses affirmations  fantaisistes : « Les retraites du régime général et de la fonction publique sont indexées sur les prix. Au 1er janvier, elles sont ainsi augmentées… » : c’est n’importe quoi. C’est en avril dernier que les retraites ont été réévaluées, et tout le monde peut constater que ce n’est pas au niveau du taux de l’inflation, loin s’en faut. Le journaleux qui a commis ça constatera plus tard la triste réalité, quand il sera à la retraite… bref, la TVA sociale avant le mois de Mai ? téméraire, aventureux et contre-productif.

Bien évidemment, j’entends d’ici N.S. me rétorquer : non mais, Tibert, t’as vu à qui j’ai affaire ? comment ça fonctionne ? pas moyen d’avancer ! quoi que je dise, en face c’est non, non et non. Comment veux-tu que je discute de manière constructive et avec qui ? je propose quelque chose, ça déclenche illico les injures, l’anathème, le refus.

C’est vrai, aussi, quoi  : il ouvre la bouche, aussi sec l’écho renvoie « Fouquet’s », « Bolloré », « Rolex » (*)…. c’est lassant, à la fin.

Tibert, sévère mais compatissant

(*) Honnêtement, je sais pas pourquoi on en fait un drame, de cette histoire de Rolex : moi je peux en acheter une pas cher du tout. Quasiment tous les jours je reçois par email des offres avantageuses : jusqu’à 90 % de ristourne et plus. C’est pas si bling-bling que ça, la Rolex.

Libres livres

Les frontières de l’aube s’annonçant à l’horizon de Serangoon Gardens ou de Barbera, les petits-oiseaux commençant leur « boeuf » sur les branches, je suis là vissé devant ma page blanche, et ma foi la candidature éventuelle d’un ancien footballeur ombrageux et un peu foutraque aux Présidentielles 2012 ne m’inspire pas. Je vais donc vous entretenir – mais non, je ne vais pas vous entretenir ! vous rigolez, ou quoi ? – mais je vais vous entretenir d’autre chose.

Le livre électronique, j’en ai rêvé, ils l’ont fait. Techniquement c’est nickel, même si ça ne remplace pas les bonnes vieilles pages qu’on corne au coin pour marquer la page. Mais dix bouquins à 500 grammes chacun ça fait 5 kilos, et oui c’est lourd. Donc, vive le livre électronique ! en plus du papier, évidemment.

Mais voilà, moi je les emprunte, je les prête, je les revends, je les achète d’occasion, plus rarement neufs, ces chers livres : un livre ça vit, ça passe de main en main si ça vaut le coup, et puis un jour ça finit au pilon, à la poubelle ou sur une étagère à la maison ou chez un broc’, pour 2 euros – jamais 1,99, ça c’est du prix markétingue et baise-couillon, pas du prix de broc’.

Il existe même des médiathèques : je m’y inscris pour une poignée de sequins ou même gratoche, et je puis y emprunter plein de belles choses sans payer : le poids d’un livre quasiment gratuit, vous voyez, c’est bien moins pesant. Mais ça reste lourd, hélas, dans le sac, au bout du bras.

Donc, vive la légèreté, et vive le livre électronique – tiens, j’achète chez Anna-Zaune  « Les trois moustiquaires », d’Alexandre Dumât, et ça me coûte 2/3, disons, du prix du papier en édition de poche… voilà, je paye et je télécharge ce bouquin, il est « à moi »,  je le lis ou pas, c’est selon… mais…

– je voudrais prêter mon livre (et pas mon lecteur électronique, nuance !) à ma copine Aglaé, à mon cousin Jules : impossible, ça ne se fait pas. Il faut que je prête mon lecteur avec. Pourtant j’accepte que, prêtant mon livre, il soit pendant ce temps indisponible sur mon lecteur… ça doit coller, non ? non. D’autant plus qu’il y a des formats incompatibles entre lecteurs. Donc en somme, ça ne se prête pas, c’est comme les brosses à dents !

– bof, les histoires de moustiquaires, ça me lasse, alors ayant lu 36 pages  j’abandonne, je veux donc le revendre : ça ne se fait pas, eh non, il n’existe pas de marché d’occasion pour le livre électronique. Vous trouvez ça normal, vous ? si ça m’a coûté 1,20 ou 1,50 unités monétaires, je peux l’admettre – un « droit de lecture », en somme – mais si c’est 7 ou  8 ou  10 unités, alors là, zut, c’est abusif.

– il est extra, ce bouquin, mais il bouffe de la place sur mon lecteur : il faut que je le sauvegarde avant de l’effacer pour libérer de l’espace… mais comment le sauvegarder en étant certain que dans 2 ans, 5 ans… je pourrai le relire ? c’est-à-dire le remettre sur mon lecteur – mon prochain lecteur, car bien évidemment entretemps j’aurai acheté le dernier machin extra-plat à lecture relief et gloutron périonique  – sans me heurter à des problèmes d’incompatibilité ?

– je suis inscrit à la médiathèque de Noeud-en-Brie : comment vont-ils, à la médiathèque, me « prêter » des livres électroniques ? en papier c’est gratuit, d’accord, alors en électronique c’est combien ? et comment fait-on en toute légalité ?

Voilà, c’est très très bien le livre électronique. Enfin, ce sera très très bien, quand on aura répondu correctement à mes questions.

Bébert

Le hic de la laïque

Je vais vous raconter une joulie histoire laïque. C’est « Le Parisien-En-France » et autres lieux qui me l’a racontée, et j’ai pensé que ça valait le coup. Alors voilà…

Un habitant d’Aubervilliers (le 9-3, ses grands espaces, son univers impi-toya-able) fils de curé défroqué et probablement de ce fait-même athée de chez Athée, décide de se marier avec sa chère et tendre, avec qui il vit depuis pas mal de temps déjà : une Marocaine de confession musulmane, pour qui ça ne pose aucun problème de vivre avec un mécréant.

Mais voilà : la mairie lui demande un « Certificat de coutume », nécessaire semble-t-il quand on épouse un(e) étranger.

Ce certificat est à retirer auprès du Consulat du Maroc.

Au Consulat du Maroc, on déclare ne pas pouvoir lui délivrer ce papier s’il ne signe pas un acte de conversion à l’Islam. Et comme ça ne lui plaît pas de se convertir, il ne signe pas.

Retour à la mairie, on lui réitère la nécessité de ce « certificat de coutume » : si si, o-bli-ga-toi-re.

Obligatoire ? voyons voir, voyons voir… c’est faux : en fait le Code Civil ne réclame rien de tel, mais seulement un certificat de célibat. Alors ? alors il se trouve que de nombreuses mairies réclament en toute illégalité  ce genre de document totalement abusif ! et que sur les plusieurs milliers de mariages mixtes franco-marocains chaque année, la plupart se font avec ce fameux torchon « de coutume », parce qu’il paraît plus simple de faire semblant de se convertir, plutôt que de dénoncer cet abus.

Moralité : la mairie PS du coin ayant enfin compris le film, le mariage se fera entre un athée athée et et une musulmane musulmane, en France, pays laïc. Et c’est  très bien. Le seul problème, c’est qu’au Maroc ce mariage ne vaut pas. Eh bien, tant pis pour les bigots.

Tibert

PS : on espère que not’ ministre de l’Intérieur et des Cultes fera circuler les directives rectificatives nécessaires pour que cessent ces exigences abusives… et au fait, n’y aurait-il pas derrière ces paperasseries fantaisistes et illégales quelques employés de mairie un poil trop zélés ?

J'y comprends que dalle mais je suis contre

Encore un sondage où je n’ai pas été sondé –  en fait je ne suis jamais sondé, sans doute ne suis-je pas représentatif, ce doit être génétique. Un sondage, dixit « Le Monde » (et d’autres, Europe 1, L’Humanité, qui est d’ailleurs le commanditaire de ce sondage…) nous catégorise hostiles à la TVA sociale à 64 %. On sait que le Grand Chef Nicolas a décidé qu’on la ferait (la TVA sociale) avant le clap de fin sur son quinquennat, et je vous fiche mon billet que c’est encore une de ces réactions épidermiques anti-Sarko qui a largement inspiré le choix des sondés – tant il est vrai que ce Président suscite des sentiments de haine quasi pavloviens. Tiens, ça me rappelle Joe Dalton dans les premiers albums de Morris – les seuls qui vaillent – qui à la seule évocation du nom de Lucky-Luke, se mettait à trépigner, manger son Stetson, se roulait par terre, risquait l’apoplexie, hurlant « je hais Lucky-Luke !« .

Mais derrière ce rejet phobique, si chaque  sondé se voyait demander « la TVA sociale, en comprenez-vous les mécanismes et les enjeux ? pouvez-vous m’en développer les lignes directrices ? » (*) ce serait probablement « hem… ben… c’est-à-dire queuuh… ». Car la TVA sociale, mon mignon, c’est tout sauf simple.

Bon, je ne vais pas vous faire ici un topo sur les mécanismes de la TVA sociale, les coûts hors-taxes incluant ou non les cotisations sociales salariales, le différentiel produits importés-produits nationaux. D’abord j’ai moi-même besoin d’y voir plus clair et ce n’est pas totalement le cas – mais je me soigne ; et puis vous trouverez, chez Wiki par exemple, un début d’explication assez bien fait.

Rêvons de refaire ce sondage : l’ « Humanité » fait rassembler un échantillon représentatif d’un peu plus de 1.000 personnes, leur fait suivre un cursus pédagogique sur la TVA sociale, ses rouages, ses plus et ses moins, son application en Allemagne et au Danemark, ses résultats patents… et on repose la question. Chiche ?

Tibert

(*) je traduis en langage de talc chaud : « Pour vous  la TVA sociale c’est quoi ? comment ça marche ?  » Ah oui là comme ça on comprend.

Fin de parti ?

Marseille, sa bouillabaisse, sa Bonne Mère, ses quartiers Nord, ses grutiers et dockers obligatoirement tous syndiqués et ses éboueurs qui bossent selon le contrat de travail informel  « fini-parti« . A savoir : leur journée est en principe de 7 heures (merci Martine, merci Lionel) mais une supposition : s’ils avaient fini leur boulot de la journée, disons, en 5 heures 30 au lieu de 7, pourraient-ils rentrer chez eux goûter un repos bien mérité ? (ou bricoler, repeindre un appart’ « pour un copain », cuisiner, que sais-je ?) eh bien oui, la Mairie – la communauté urbaine, en fait : la MPM, leur donneur d’ordres – magnanime ou laxiste ou les deux, les a laissés fonctionner selon le « fini-parti », au vu paraît-il de la pénibilité de leur boulot. Notez bien qu’il existe des tas de boulots tout aussi pénibles, les maçons les terrassiers les métallos la découpe de volaille à la chaîne, etc etc… mais eux, en plus, ils travaillent dans le sale, ça ne sent pas la rose, pas vrai ? certes, mais on peut supposer qu’ils étaient au courant lors de la signature de leur contrat de travail  ? et ils ne ramassent pas des poubelles pendant 7 heures, loin de là.

Le problème est que ce ne sont pas 5h 30, ou 6h20 qui sont effectuées en moyenne, mais au grand maximum 3h30, soit la moitié du temps théorique. Vous pourrez lire ce qu’en dit le Figues-haro – voir le lien que je me suis décarcassé à vous fournir plus haut, en gras souligné etc. Donc, de deux choses l’une :

– soit les éboueurs marseillais bossent à 2 fois la vitesse nominale, et là je me demande s’ils n’ont pas tendance à y aller un peu allegro vivace,  et s’ils ont le temps de fignoler les coins ? (*) amis lecteurs marseillais, les coins sont-ils propres dans votre ville ? au vu des fines remarques du maire actuel, le trop bon monsieur Gaudin, les conducteurs de camion-poubelles auraient tendance là-bas » à se prendre pour des pilotes des 24 heures du Mans ».

– soit ils n’ont qu’une demi-charge de travail, en clair pas assez de travail, ce qui relève de la responsabilité de leur employeur la MPM, qui gère mal sa boîte, gaspille l’argent du contribuable, et peut envisager de sabrer quasiment la moitié des effectifs, d’où grosses économies pour la ville de Marseille – ce que ledit contribuable de là-bas appréciera certainement.

Il se trouve qu’un courageux ou téméraire citoyen de Marseille – un avocat – a entrepris de saisir la Justice sur cette affaire, estimant, lui, que sa ville n’est pas propre, et que donc les éboueurs peuvent donner encore un peu de leur précieux temps « fini-parti » au polissage des bordures de trottoirs, au nettoyage des caniveaux et au lavage à grande eau des recoins sombres où ça pue l’urine fermentée. Je dois dire que je suis admiratif, et je souhaite à cet avocat courage et ténacité. Car bizarrement son adversaire, c’est la MPM, qui s’obstine à chouchouter ses éboueurs et leur « fini-parti » aux dépens des Marseillais.

Il se trouve aussi, et c’est là le fin mot de la fin, que l’avocat de la Communauté Urbaine a énoncé ceci : « le fini-parti n’a pas été mis en place par une décision. C’est une tolérance, un usage historique qu’on ne peut pas abroger« . En clair, personne à la MPM n’a jamais autorisé formellement et par écrit les éboueurs à agir comme ils le font (mais ils le font) : eh bien, c’est un usage historique ! et il est évidemment impossible d’abroger un usage historique, qui n’a pas d’existence légale.

Reste aux patrons de France et de Navarre à affronter cet état de faits : le campement des salariés pendant des heures devant la machine à café non plus que les parties de crapette en réseau sur leurs ordinateurs ne sont inscrits au Contrat de Travail, donc ce sont des tolérances, des usages historiques qu’on ne peut pas abroger. On peut juste rechercher des salariés plus consciencieux et moins feignasses.

Tibert

(*) Locution usuelle dans ma famille à propos d’un nettoyage sommaire : « si les coins en veulent, qu’ils s’approchent ! »

On en reste sur le cul

Brève nouvelle du Fig’ machin-chose ce soir : « Villepin va installer son siège à Paris. »

Nooooon…. c’est pas vrai ? ! à Paris ? sans blague.

Eh bien si, c’est vrai ! ça vous la coupe, hein ? on en reste sur le cul, comme le titre de ce billet le suggérait.

En voilà une information qu’elle est surprenante, et utile. Car on supputait, on supputait… Noeud-les-Mines ? trop mineur. Garges-les-Gonesse ? ça sonne moche, ça fait banlieue, c’est pas la France profonde. France profonde… France profonde… Bussière-Poitevine ? trop profond. Vollore-Montagne ? ouais c’est moins profond, mais les mobiles « passent » mal.

On se perdait en conjectures, vrai ! mais bon, Monsieur Villepin (« Villepin », vous aussi vous aviez noté la familiarité déplacée ? ) a tranché, brillamment comme toujours : ce sera à Paris. Rue du Cherche-Midi (à quatorze heures, woauf wouaf !  LOL, MDR).

Bébert-ferme-ta-boîte-à-camembert.

J'ai Déjà Donné

L’inénarrable JDD, le Journal du Dimanche – qui est donc un hebdomadaire, pas un « journal », mais bon, on passera là-dessus – nous régale une fois de plus de l’une de ses spécialités les plus kitsch, stupides, grotesques, connes… rayer la mention inutile, à savoir le classement semestriel des 50 personnalités les plus aimées des Français. J’ai déjà rouspété contre cette mascarade, je recommence donc.

Qui sont-ce, ces Français méritants, prestigieux, exemplaires, rayonnants ? 1° un ancien professionnel de tennis de haut niveau qui habite New-York et s’est recyclé dans la chanson ; 2° un ancien professionnel de football recyclé dans les affaires, et qui vit beaucoup à Madrid ; 3° un acteur de cinéma  récemment sorti des listes de figurants ou de seconds rôles grâce à un personnage valorisant et sympathique dans le film « Intouchables » (eût-il joué un truand, un pauvre gars… il coulait en 129 ème  place, tant il est clair que c’est le rôle qui plaît). Noah-Zidane-Sy, c’est le tiercé dans l’ordre. Incidemment on ne peut qu’admirer l’absolue pureté anti-raciste, cristalline, nickel-chrome, de ce choix : un métis Noir/Blanc, un Maghrébin, un Noir ! aurait-on oublié les Juifs dans la distribution de médailles ? mais non, ils pointent tout près du trio de tête, puisque DanyBoon et Gad Elmaleh figurent dans les 10 premiers. Les asiatiques ? les amérindiens ? les kanaks ? que voulez-vous, il n’y a que 50 places.

Une revue-sur-Toile nommée Slate (l’ardoise) et que je vous recommande nous a pondu une étude (« Pourquoi les personnalités préférées des Français sont-elles si ringardes ? « ) quelque peu sérieuse, scientifique, sur les coulisses de cette Bérézina du bon goût et de l’exigence, ce classement débile pour lecteurs débiles qui nous régale invariablement de fantaisistes, personnages de la jet-Set, anciens sportifs… alors que nous devrions avoir chez nous quelques individu(e)s méritants, courageux, exemplaires, rayonnants, des gens qui donnent à penser que l’espèce humaine est encore estimable et susceptible de progrès.

Le fin fond de l’histoire est que c’est l’équipe du JDD qui choisit en interne ces phares de l’Humanité que sont Mimi Mathy, Yannick Noah, DanyBoon etc, sur des critères scientifiques que je ne vous dis que ça ! la liste est donc pré-découpée, et si vous répondiez « euh… Jean-Marie Le Clézio ? (prix Nobel de littérature) ; Cédric Villani ? (médaille Fields cette année) on vous répondrait « ils ne sont pas dans la liste ! dans la liste, on vous dit ! choisissez Aznavour Floresti Debbouze Sardou Noah… : ceci confirme donc ce que je pensais de ce sondage semestriel et lamentable, et du sérieux de l’équipe de rédaction de ce canard. Je m’abstiendrai de gros mots, mais je les pense très fort, vous devriez pouvoir les lire en filigrane.

Tibert-pas-au-top 50

Z'Eurro est ar-ri-vé-éé…

Le « Monde-sur-Toile » et les autres canards réputés sérieux dissertent là-dessus : ça fait 10 ans qu’on a l’Euro, et « 10 ans après, l’Euro reste associé à une perte de pouvoir d’achat« , dixit justement « Le Monde« . Et de citer notamment le petit noir, qui se négociait 4,50 à 5 Fr grand maximum sur le zinc, à rapprocher de 1,50 euro = 10 Fr !(*), soit le double en 10 ans. Et de se couvrir la tête de cendres, car « Le Monde » a peu d’affection pour l’Euro – c’est une litote, et ne manque pas une occasion de le débiner.

Le même canard titre, d’ailleurs : « La croissance allemande a bénéficié de la monnaie unique« . Ben alors,c’est bon ou mauvais ? il faudrait savoir… bon pour les Allemands, pas bon pour nous ? c’est ça ?

Eh oui, c’est ça. Et moi j’en ai par dessus la tête d’entendre seriner tous les jours l’antienne « avec le Franc, au moins, on maîtriserait notre destin, on serait pas gênés aux entournures comme avec l’Euro gnagnagna ». Nous ne maîtriserions rien du tout ! nous étions, jusqu’à la mise en place du « serpent monétaire » SME en 83, les rois incontestés – avec les Italiens, c’est vrai – de la dévaluation de notre monnaie. Dix-sept dévaluations entre 1028 et 1983. Un courant d’air ? on dévaluait. Nos industriels frileux et craintifs pleurnichaient qu’ils n’y arrivaient pas ? on dévaluait. Les caisses sonnaient creux ? on dévaluait. On dévaluait à tout propos et hors de propos, parce que nos gouvernants sont des paniers percés, parce que la Grandeur de la France, parce qu’on dépense trop et connement, parce qu’on ne sait pas bosser sans rouspéter, parce que notre pays est piloté en fonction des états d’âme des chauffeurs de taxis, des aiguilleurs du ciel, des patrons chauffeurs-routiers et des agents de conduite SNCF et RATP.

On en a vu, des reculs du Franc par rapport au Franc Suisse, au Mark, au Florin, au Franc belge, même le Franc belge, c’est dur, hein ?… on en a vu, et chaque fois c’était une baffe et une mortification : pas sérieux… monnaie de singe… pas capables de bosser sans râler… gaspilleurs… cigales… sous De Gaulle sous Pompidou sous Giscard sous Mitterand, on en aura vu défiler des dévaluations – des humiliations.

Depuis le SME, en revanche, il n’y a pas eu une seule dévaluation – si, en fait, les taux de change sont maintenant à la baisse vis à vis du Franc suisse depuis 2011 – la suisse, ce paquebot de banques ; vis à vis du Yen depuis peu – injustement, au vu de la santé de l’économie nipponne et de sa dette souveraine ; et vis à vis du Dollar, cette monnaie de singe planétaire. Mais songeons-y :  si l’on avait gardé le Franc, où en serions nous dans la dégringolade vis à vis du Mark, du Florin, du Franc belge, du Yen, du… ? hein ? au ras des pâquerettes. Si la monnaie négative existait, nous y serions déjà.

Et en cas de malheur – de retour au Franc, je vous fiche mon billet de 100 qu’une des premières décisions qui seront prises, ce sera une dévaluation : « compétitive », pour la bonne cause,  je vous rassure tout de suite.

Tibert

(*) J’ai fait un rapide calcul : 9 centimes de café maximum par dose (6 grammes) à la machine derrière le comptoir. De l’eau, un peu d’énergie, disons 2 centimes le tout : coût de production, moins de 11 centimes. Après une petite translation vers le comptoir : 1,50. Vers la salle : 2, voire plus.

Grands espaces

Les poules pondeuses « de batterie », ou d’abattage, comme vous voudrez, fournissent 80 % des oeufs de poule (eh oui…) produits en France. Elles disposaient réglementairement jusqu’ici de 550 cm2 dans leur enfer quotidien de chaleur, promiscuité, bruit, lumière permanente, mais vont bénéficier de la sollicitude de l’Union Européenne, qui leur octroie 750 cm2, plus un perchoir, plus un grattoir, plus… bref, s’il existe un enfer moins dur que l’enfer, voilà, c’est à ce doux enfer qu’elles vont avoir droit, ce dès le 1er janvier 2012. Merci Bruxelles, une fois.

Ceci pose tout de même un problème d’éthique, et si je ne rejoins pas madame Bardot, Brigitte, dans tous ses combats, sur ce point de la cruauté des hommes envers les animaux je ne peux qu’être de son bord. On a assez pleuré, boycottons. Boycottons les oeufs marqués « 3… », soit tous les oeufs produits en élevage de batterie. Et tant qu’à faire, seuls les oeufs  « 0… » (supposés « biomachin ») et « 1… » (poules élevées en liberté) méritent qu’on les bouffe. Les « 2… » ouais, c’est moins pire,  mais bon, elles voient pas la lumière du jour… vous vivriez comme ça, vous ?

Vous allez me dire – et une copine à moi le disait, haussant les épaules, « je ne vois pas la différence« . Certes ! le blanc est blanc, le jaune est jaune, un oeuf est un oeuf. Mais la poule, ELLE, elle la voit, la différence ! et comment. Faites donc rapidement un sondage débile façon Figues-haro auprès des poules lectrices de ce canard, du genre comme hier « La SNCF a-t-elle raison d’augmenter ses tarifs ? Oui- Non » (devinez la réponse) : « Poules, mes amies, préférez-vous une cage de 750 cm2 ou un pré d’herbe verte ? Cage – Pré  » vous verrez,  impressionnant, ça va faire genre plébiscite.

Reste qu’on ne peut pas, hélas, boycotter efficacement les oeufs « 3… ». Bicôse les restos, et les aliments industriels. Quel resto osera nous annoncer sur sa carte « Nous n’utilisons que des oeufs 0 ou 1« , quel industriel de la biscuiterie, des pâtes aux oeufs frais, de la ragougnasse en boîte affichera fièrement sur ses emballages « que des oeufs de poules en liberté chez nous » ?  Allez, on fera comme on pourra, on va quand même essayer. Ouvrons les boîtes d’oeufs, et « 3… » : Niet ! « 2… » ? que nenni. Oui, c’est plus cher, je sais. Eh bien, mangez-en moins, de toutes façons c’est bourré de cholestérol,  bio ou pas, donc allez-y mollo :  à ne bouffer qu’avec Parcimoni et Bonessian.

Bébert

Courses folles

Les tarifs du gaz, des trains, de ceci, de cela, vont augmenter en janvier, comme d’hab’ on commence à s’endurcir : même pas mal – et bien évidemment ceux des taxis.

Leur course folle aux sons de Radio-Côte-d’Ivoire ou d’une radio kurde, à payer en espèces exclusivement – si vous voulez une facture, vous aurez une fiche griffonnée au coin d’un feu de croisement – va désormais vous coûter au minimum 6,40 euros (et évidemment beaucoup plus la plupart du temps) sans oublier le pourboire, largement justifié vu l’amabilité et l’empressement.

Avancée majeure (pour eux), les taxis n’auront plus à montrer par signal rouge / vert s’ils sont libres ou pas… c’est idiot, c’était pratique, eh bien non, ça les gêne, donc on a supprimé ça. A vous d’agiter le bras frénétiquement et à tout hasard, tel un sémaphore désespéré au bord de la chaussée :  ILS choisissent.

Bon, résumons-nous : corporation à « numerus clausus », rare, peu disponible, de plus en plus et trop chère, pas très agréable la plupart du temps – puisque nos gouvernants, droite-gauche confondus (et merci tout particulièrement à monsieur Pasqua)  sont infoutus d’avoir un peu de courage et de réformer cette profession qui leur est si chère dans le sens d’un meilleur service (*), appelons de nos voeux l’avènement de moyens propres à envoyer ces gens-là rejoindre les allumeurs de réverbères, les réparateurs de bidets et les cardeurs de matelas.

Longue vie à Autolib, Velib et toutes ces sortes de choses !

Vivent les motos-taxis, les crypto-taxis, les taxis sans plaque, les camionnettes collectives et les minibus dégriffés !

Vive l’auto-stop  au coin des feux de croisement, avec une pancarte pour la destination et le billet de 10 qui dépasse de la poche !

Vive le covoiturage  en ville !

Bébert

(*) une commission Attali avait, il y a 3 ou 4 ans, fait des propositions positives, évidentes, sensées… elles ont fini à la poubelle, les propositions Attali sur les taxis.