Papier, bitte (je like !)

Je lis ça dans une rubrique technique-geek-ordinateurs de Libé, le canard qui libère, à propos de Fesse-bouc, qui va entrer en bourses (son patron va se faire des couilles en or 😉 ) : “Dans les prochaines semaines, le nouveau profil du réseau social sera installé d’office chez tout le monde. Que ça plaise ou non.”

Mon sang n’a fait qu’un tour : comment, ces cons-là vont me mettre des petites bébêtes dans mon ordinateur ? et de quel droit ? bref, vous voyez, ça m’émeut. Je suis ému, quelque peu tourneboulé. Merde alors, et ma vie privée ? Et puis, progressivement, ça se calme, l’alerte passe. mais non, voyons gros bêta, si tu n’es pas inscrit chez Fesse-Machin, aucune raison qu’ils viennent te demander la marque de ton after-chèvre…

Mais je suis allé voir quand même sur l’excellent article dont je vous ai donné le lien ; je l’ai lu. Eh bien, ça fait froid dans le dos. TOUT ce que vous avez bien pu raconter comme âneries, blagues stupides, souvenirs crapoteux, histoires pas franchement reluisantes mais que vous avez cru bon de raconter sur Fesse-Bidule un soir de déprime ou de beuverie ou les deux… TOUT sera inscrit sur la page, VOTRE page, quand bien même ça remonterait à des années-lumière, quand bien même il y aurait prescription.

Moi je vous le dis : c’est bien fait. Bande de nazes, qu’avez-vous besoin de raconter vos secrets de peau de lapin partout sur la Toile ? on s’en tape, de vos salades intimes. Et tiens, c’est justice que ça vous remonte comme un hamburger-frites faisandé qui ne veut pas passer ; quand on pense que maintenant il y a un bouton de plus sur les écrans ex-cathodiques pour cliquer afin de signifier “J’aime” (vous aimez ? mais on s’en fout !), quand on apprend ensuite que vous avez liké… quel beau verbe du premier groupe, vraiment. Je like Fesse-bouc, vérie meutche.

Tibert, unlikely

A peu prèspuce

Un passionnant article du Monde-sur-Toile reprend ce marronnier médical inoxydable, ce thème incontournable, cyclique et récurrent : l’ablation systématique et généralisée des prépuces.

C’est en effet grâce à l’Afrique et à ses tourments viraux que cette brûlante question revient en boucle. L’Afrique et son Sida galopant. Pas de capote (merci Benoît n° 16), peu d’hygiène, et il y fait chaud, et la chair est faible. Circoncire (les hommes, NDLR, ça va sans l’écrire mais bon…) les protège un chouïa des infections de type VIH transmises par les femmes. Tel est le constat statistique et scientifique qui permet aux sécateurs fous de prôner l’ablation prophylactique et universelle de cet astucieux et fort utile bourrelet grossièrement cylindrique qui coulisse et protège. Mais cela ne va pas sans soulever un certain nombre de questions…

– Dans cette hypothèse, je vois mal comment les Juifs et les Musulmans vont arriver à se différencier des mécréants, des Goyim et des Khoufars. Zut quoi, si l’on ne peut même plus se reconnaître entre confrères… leur restera à inventer une nouvelle et rituelle différenciation – je ne sais pas, moi, mais de ce côté là je suppose qu’ils n’iront pas plus loin dans l’ablation, ce serait carrément mutilatoire et dommageable.

– Quid des femmes ? pourquoi un rapport statistique et scientifique d’un quelconque organisme Onusien ne nous apprend-il pas que l’ablation systématique et chirurgicale de l’hymen dès le bas âge protège d’une ultérieure défloration douloureuse et sanglante, permet d’éviter de salir les draps lors de la nuit de noces, et – cerise sur le gâteau – évite de saigner un poulet aux fins de faire croire à la famille (*) que la mariée était vierge ? tout bénef’.

– Je me lave, tu te nettoies – et si ce n’est toi c’est donc ton frère, nous nous lavons le prépuce, sous le prépuce et le reste avec… tous les jours. Qu’on ne vienne pas me raconter que le prépuce, c’est sale. C’est sale si on ne le lave pas.

– Je suis né porteur de prépuce, comme beaucoup ; je n’en suis pas plus fier pour autant, mais je suis bien dans ma peau (de prépuce), nous vivons en bonne entente lui et moi, et la seule mutilation rituelle que j’aie jamais subie, c’est la section du cordon ombilical. Je suis d’ailleurs bien conscient que c’était nécessaire à mon indépendance physique. Donc, sécateurs rituels ou prophylactiques, passez au large, on ne vous a rien demandé. Dieu s’en fout, des prépuces, si vous saviez à  quel point ! allez donc couper vos rosiers, élaguer vos arbres fruitiers, rogner les ailes des poulets, châtrer les matous, il reste du pain sur la planche à découper sans emmerder les prépuces.

Bébert

(*) … famille qui n’est pas dupe, mais bon, c’est pour les voisins – quant aux voisins, personne n’est dupe, mais bon, c’est poli de faire semblant.

Barthes, Angelopoulos : tableau de chasse

Tout le monde sait que les piétons payent chaque jour un lourd tribut à la circulation auto-moto-bus’omobile. D’autant plus qu’en France, et spécialement à Paris etc… le piéton n’a que foutre des signaux de voirie, rien à cirer des passages qu’on lui a réservés, se contrefiche des flux de véhicules, et se prend pour le matador esquivant le toro, olé !!

Mais comme  dans la blague bien connue (*), ce n’est pas toujours le matador qui gagne, hombre ! Notre regretté Roland Barthes a payé de sa vie une rencontre inopinée avec un autobus, il y a de cela quelques lustres. Et nous apprenons, hélas, que le célèbre cinéaste Théo Angelopoulos vient de se faire  buter par une moto. C’est aussi une lourde perte : j’avais beaucoup aimé l’Apiculteur, Paysage dans le brouillard, l’Eternité et un jour… ça nous changeait agréablement des Bidasses en folie et de Retour vers le futur IV. Ce sont évidemment et comme toujours les meilleurs qui s’en vont.

Mais, quand même, on s’interroge : que foutait donc Théo Angelopoulos à 8 h 30 dans une rue improbable du XIV ème arrondissement à Paris ? par quel malheureux hasard un motard de l’escorte de la Ministre de l’Artisanat – grandissime poste, qui vaut bien DEUX motards, des gyrophares et une sirène hurlante –  a-t-il pu percuter ce génial et imprudent cinéaste ? quand on y songe, on est peu de chose. Je cite :

Le convoi se composait d’une voiture berline Renault (**) escortée par deux motards de la police, et se dirigeait vers la porte d’Orléans. Il se rendait à l’aéroport militaire de Villacoublay pour rallier Toul, fief de Mme Morano”.

Voilà, c’est simple, et c’est tragique. Il eût suffi que le convoi de madame Morano se dirige, sirènes hurlantes, vers son fief de Toul (place, manants, place au convoi de la Ministre de l’Artisanat…) en empruntant – toutes affaires cessantes, sirènes hurlantes et gyrophares girotant – le boulevard Sébastopol, l’autoroute du Nord et l’aéroport du Bourget, et Théo Angélopoulos était sauvé ! qu’avait donc la Ministre de l’Artisanat de si urgent à faire dans son fief (***) de Toul, l’histoire ne le dit pas. Pourquoi une Ministre de l’Artisanat utilise-t-elle un aéroport militaire, nul ne le sait. Pourquoi le TGV Paris-Nancy-Strasbourg ne convenait pas à ce noble déplacement, on l’ignore. Ce tragique fait d’hiver gardera tragiquement ses zones d’ombre.

Tibert

(*) vous la connaissez ? c’est un type qui va dans un restaurant espagnol et y déguste un plat excellent à base de … ah vous la connaissiez ? eh bien alors pas la peine que je vous la raconte.

(**) Une Twingo Diesel jaune moutarde, selon nos informations ; madame la Ministre était à côté du chauffeur en costard-casquette et avait les pieds sur le tableau de bord.

(***) Fief : “Terme de féodalité. Domaine noble, relevant du seigneur d’un autre domaine, concédé sous condition…”

Le permis à joints (*)

J’ai une idée. Non que ça m’arrive si rarement, je vous vois déjà ricaner… non, une idée, une vraie. Une de celles qui font avancer l’humanité, genre la marmite de Denis Papin, la pomme de Newton, la côte d’Adam.

Je vous explique : bon, la délinquance, nous dit-on, “a baissé” d’un pouïème de chouïa, selon not’ Ministre, mais nous savons tous que c’est totalement bidon, tant les “petits délits” qui nous pourrissent la vie (bagnoles vandalisées, fracturées pour 2 CD, un jeton de supermarché et un carambar ; vols à la portière, à la roulotte, à l’arraché, à la tire (j’en oublie ?) ; vols de bicyclettes, de scooters, de mobiles  ; siphonnages de réservoirs ; cambriolages divers et variés) sont peu suivis, quand ils sont seulement consignés sur les registres des commissariats ! mais non, c’est pas la peine de porter plainte, on va vous faire un papier pour l’assurance.

Et je ne vous dis rien de la Justice, qui rame dans une mer de : 1° dossiers jusqu’au plafond et retard abyssal – 2° les prisons sont ras la gueule, à moins de 2 ans de punition y a pas de place libre en tôle, cassez-vous et faites-vous oublier – 3°  la victime ? bon OK la victime mais l’agresseur, le “pôvre”, il faut le comprendre, il a eu une enfance difficile, il galère.

Mais il y a UN truc qui fonctionne bien, chez nous en matière de sécurité – enfin, plutôt bien – et que le Monde nous envie : les radars et les prunes avec double peine incorporée. La sécurité routière ! 2 km/h comme 35 km/h au dessus de la vitesse nominale, et c’est dans le tuyau, ça ne fait pas un pli : 90 euros ET (double peine) X points de permis en moins. Et ça marche ! ça marche même très bien, les radars d’aujourd’hui payent les radars de demain, c’est la radarisation de l’Hexagone par répartition.

Bon, vous voyez où je veux en venir ? le “petit” délinquant qui deale du shit, qui arrache les sacs à main, qui fracture les bagnoles, qui pickpockette… au lieu que monsieur le juge lui fasse les gros yeux et lui dise, paternel : allons, encore vous…  c’est très très vilain ce que vous avez fait, ça fait N fois que je vous le dis, bon, filez mais qu’on ne vous y reprenne plus ; au lieu d’une engueulade et d’un rappel à la Loi : 90 euros et 3 points de permis en moins.

Bon, les 90 euros, je ne suis pas sûr que le centre des prunes de Rennes en verra la couleur… mais le permis, alors ça le permis, ça fait mal, c’est dissuasif. Ne plus pouvoir sortir la Benz, la BMW, fruits du dur labeur de deal, pour frimer et draguer les meufs, c’est rédhibitoire.

Et s’il n’a pas le permis, le “petit” délinquant ? justement, on le lui fera passer en heures de Travail d’Intérêt Général, pour pouvoir les lui sabrer, ses points. Pédagogie ET répression,  le top.

Bébert

(*) En fait, mon titre était “Le permis à pjoints”, mais impossible de barrer un caractère du titre. Tant pis pour l’astuce.

Le hic de la laïque

Je vais vous raconter une joulie histoire laïque. C’est “Le Parisien-En-France” et autres lieux qui me l’a racontée, et j’ai pensé que ça valait le coup. Alors voilà…

Un habitant d’Aubervilliers (le 9-3, ses grands espaces, son univers impi-toya-able) fils de curé défroqué et probablement de ce fait-même athée de chez Athée, décide de se marier avec sa chère et tendre, avec qui il vit depuis pas mal de temps déjà : une Marocaine de confession musulmane, pour qui ça ne pose aucun problème de vivre avec un mécréant.

Mais voilà : la mairie lui demande un “Certificat de coutume”, nécessaire semble-t-il quand on épouse un(e) étranger.

Ce certificat est à retirer auprès du Consulat du Maroc.

Au Consulat du Maroc, on déclare ne pas pouvoir lui délivrer ce papier s’il ne signe pas un acte de conversion à l’Islam. Et comme ça ne lui plaît pas de se convertir, il ne signe pas.

Retour à la mairie, on lui réitère la nécessité de ce “certificat de coutume” : si si, o-bli-ga-toi-re.

Obligatoire ? voyons voir, voyons voir… c’est faux : en fait le Code Civil ne réclame rien de tel, mais seulement un certificat de célibat. Alors ? alors il se trouve que de nombreuses mairies réclament en toute illégalité  ce genre de document totalement abusif ! et que sur les plusieurs milliers de mariages mixtes franco-marocains chaque année, la plupart se font avec ce fameux torchon “de coutume”, parce qu’il paraît plus simple de faire semblant de se convertir, plutôt que de dénoncer cet abus.

Moralité : la mairie PS du coin ayant enfin compris le film, le mariage se fera entre un athée athée et et une musulmane musulmane, en France, pays laïc. Et c’est  très bien. Le seul problème, c’est qu’au Maroc ce mariage ne vaut pas. Eh bien, tant pis pour les bigots.

Tibert

PS : on espère que not’ ministre de l’Intérieur et des Cultes fera circuler les directives rectificatives nécessaires pour que cessent ces exigences abusives… et au fait, n’y aurait-il pas derrière ces paperasseries fantaisistes et illégales quelques employés de mairie un poil trop zélés ?

Fin de parti ?

Marseille, sa bouillabaisse, sa Bonne Mère, ses quartiers Nord, ses grutiers et dockers obligatoirement tous syndiqués et ses éboueurs qui bossent selon le contrat de travail informel  “fini-parti“. A savoir : leur journée est en principe de 7 heures (merci Martine, merci Lionel) mais une supposition : s’ils avaient fini leur boulot de la journée, disons, en 5 heures 30 au lieu de 7, pourraient-ils rentrer chez eux goûter un repos bien mérité ? (ou bricoler, repeindre un appart’ “pour un copain”, cuisiner, que sais-je ?) eh bien oui, la Mairie – la communauté urbaine, en fait : la MPM, leur donneur d’ordres – magnanime ou laxiste ou les deux, les a laissés fonctionner selon le “fini-parti”, au vu paraît-il de la pénibilité de leur boulot. Notez bien qu’il existe des tas de boulots tout aussi pénibles, les maçons les terrassiers les métallos la découpe de volaille à la chaîne, etc etc… mais eux, en plus, ils travaillent dans le sale, ça ne sent pas la rose, pas vrai ? certes, mais on peut supposer qu’ils étaient au courant lors de la signature de leur contrat de travail  ? et ils ne ramassent pas des poubelles pendant 7 heures, loin de là.

Le problème est que ce ne sont pas 5h 30, ou 6h20 qui sont effectuées en moyenne, mais au grand maximum 3h30, soit la moitié du temps théorique. Vous pourrez lire ce qu’en dit le Figues-haro – voir le lien que je me suis décarcassé à vous fournir plus haut, en gras souligné etc. Donc, de deux choses l’une :

– soit les éboueurs marseillais bossent à 2 fois la vitesse nominale, et là je me demande s’ils n’ont pas tendance à y aller un peu allegro vivace,  et s’ils ont le temps de fignoler les coins ? (*) amis lecteurs marseillais, les coins sont-ils propres dans votre ville ? au vu des fines remarques du maire actuel, le trop bon monsieur Gaudin, les conducteurs de camion-poubelles auraient tendance là-bas” à se prendre pour des pilotes des 24 heures du Mans”.

– soit ils n’ont qu’une demi-charge de travail, en clair pas assez de travail, ce qui relève de la responsabilité de leur employeur la MPM, qui gère mal sa boîte, gaspille l’argent du contribuable, et peut envisager de sabrer quasiment la moitié des effectifs, d’où grosses économies pour la ville de Marseille – ce que ledit contribuable de là-bas appréciera certainement.

Il se trouve qu’un courageux ou téméraire citoyen de Marseille – un avocat – a entrepris de saisir la Justice sur cette affaire, estimant, lui, que sa ville n’est pas propre, et que donc les éboueurs peuvent donner encore un peu de leur précieux temps “fini-parti” au polissage des bordures de trottoirs, au nettoyage des caniveaux et au lavage à grande eau des recoins sombres où ça pue l’urine fermentée. Je dois dire que je suis admiratif, et je souhaite à cet avocat courage et ténacité. Car bizarrement son adversaire, c’est la MPM, qui s’obstine à chouchouter ses éboueurs et leur “fini-parti” aux dépens des Marseillais.

Il se trouve aussi, et c’est là le fin mot de la fin, que l’avocat de la Communauté Urbaine a énoncé ceci : “le fini-parti n’a pas été mis en place par une décision. C’est une tolérance, un usage historique qu’on ne peut pas abroger“. En clair, personne à la MPM n’a jamais autorisé formellement et par écrit les éboueurs à agir comme ils le font (mais ils le font) : eh bien, c’est un usage historique ! et il est évidemment impossible d’abroger un usage historique, qui n’a pas d’existence légale.

Reste aux patrons de France et de Navarre à affronter cet état de faits : le campement des salariés pendant des heures devant la machine à café non plus que les parties de crapette en réseau sur leurs ordinateurs ne sont inscrits au Contrat de Travail, donc ce sont des tolérances, des usages historiques qu’on ne peut pas abroger. On peut juste rechercher des salariés plus consciencieux et moins feignasses.

Tibert

(*) Locution usuelle dans ma famille à propos d’un nettoyage sommaire : “si les coins en veulent, qu’ils s’approchent !”

J'ai Déjà Donné

L’inénarrable JDD, le Journal du Dimanche – qui est donc un hebdomadaire, pas un “journal”, mais bon, on passera là-dessus – nous régale une fois de plus de l’une de ses spécialités les plus kitsch, stupides, grotesques, connes… rayer la mention inutile, à savoir le classement semestriel des 50 personnalités les plus aimées des Français. J’ai déjà rouspété contre cette mascarade, je recommence donc.

Qui sont-ce, ces Français méritants, prestigieux, exemplaires, rayonnants ? 1° un ancien professionnel de tennis de haut niveau qui habite New-York et s’est recyclé dans la chanson ; 2° un ancien professionnel de football recyclé dans les affaires, et qui vit beaucoup à Madrid ; 3° un acteur de cinéma  récemment sorti des listes de figurants ou de seconds rôles grâce à un personnage valorisant et sympathique dans le film “Intouchables” (eût-il joué un truand, un pauvre gars… il coulait en 129 ème  place, tant il est clair que c’est le rôle qui plaît). Noah-Zidane-Sy, c’est le tiercé dans l’ordre. Incidemment on ne peut qu’admirer l’absolue pureté anti-raciste, cristalline, nickel-chrome, de ce choix : un métis Noir/Blanc, un Maghrébin, un Noir ! aurait-on oublié les Juifs dans la distribution de médailles ? mais non, ils pointent tout près du trio de tête, puisque DanyBoon et Gad Elmaleh figurent dans les 10 premiers. Les asiatiques ? les amérindiens ? les kanaks ? que voulez-vous, il n’y a que 50 places.

Une revue-sur-Toile nommée Slate (l’ardoise) et que je vous recommande nous a pondu une étude (“Pourquoi les personnalités préférées des Français sont-elles si ringardes ? “) quelque peu sérieuse, scientifique, sur les coulisses de cette Bérézina du bon goût et de l’exigence, ce classement débile pour lecteurs débiles qui nous régale invariablement de fantaisistes, personnages de la jet-Set, anciens sportifs… alors que nous devrions avoir chez nous quelques individu(e)s méritants, courageux, exemplaires, rayonnants, des gens qui donnent à penser que l’espèce humaine est encore estimable et susceptible de progrès.

Le fin fond de l’histoire est que c’est l’équipe du JDD qui choisit en interne ces phares de l’Humanité que sont Mimi Mathy, Yannick Noah, DanyBoon etc, sur des critères scientifiques que je ne vous dis que ça ! la liste est donc pré-découpée, et si vous répondiez “euh… Jean-Marie Le Clézio ? (prix Nobel de littérature) ; Cédric Villani ? (médaille Fields cette année) on vous répondrait “ils ne sont pas dans la liste ! dans la liste, on vous dit ! choisissez Aznavour Floresti Debbouze Sardou Noah… : ceci confirme donc ce que je pensais de ce sondage semestriel et lamentable, et du sérieux de l’équipe de rédaction de ce canard. Je m’abstiendrai de gros mots, mais je les pense très fort, vous devriez pouvoir les lire en filigrane.

Tibert-pas-au-top 50

Avec des rennes et des clochettes

Je lis ce jour que les gendarmes se décarcassent du côté de Tournus pour comprendre comment un homme a pu essayer de descendre du train qui justement venait de quitter cette gare, se péter méchamment la gueule sur la ballast et en mourir, crâne enfoncé. Les portes auraient normalement dû être bloquées, paraît-il…

Je lisais hier que les statistiques indiennes d’accidentologie (quel moche mot !)  font état d’environ  36.000 morts (vous me passerez les pouïèmes) sur le réseau ferré périurbain de Bombay en 10 ans – soit 10 morts environ par jour, et autant de blessés (estropiés à vie, grabataires, légumes en chaise roulante etc). Là-bas si les portes des wagons sont fermées c’est qu’elles sont coincées – autrement c’est portières grand-ouvertes, passagers cramponnés aux barres de maintien, marchepieds surpeuplés, et mettez m’en aussi quelques uns sur les toits. Déjà que chez nous les houatères ne sont pas souvent nickel dans les trains, même au début de leur périple – des mauvais Français ne lèvent pas la lunette pour pisser, et splassh, ils visent en plein dessus, ou ils passent pas la balayette après la grosse commission, ou y a pas d’eau dans le réservoir de chasse, ou c’est bouché…  je n’ose imaginer l’état de leurs homologues bombaysiens avec la chaleur qui règne là-bas.

C’est clair, on a l’air riquiqui avec nos chiffres d’accidents ferroviaires : on est pas de taille ! et pourquoi je vous raconte ça ? je sais pas, c’est Noël, ça devrait pouvoir faire un conte de Noël, non ? les joulis trains de banlieue de Bombay, avec leurs grappes d’humains juchés sur les marchepieds et les tampons entre les wagons – en y ajoutant, évidemment, de la neige, des guirlandes à clignotements et des sapins. Allez, “Jingle bells, jingle bells…”.

Bébert

Noël mammaire

Vous en serez certainement d’accord, l’annonce, peu avant Noël, que les prothèses PIP (*) destinées à donner plus de volumes (allez, au pluriel, c’est plus volumineux) aux seins des femmes soucieuses d’aérodynamisme, sont de vraies bombes à retardement et vont devoir être “explantées”, présente bien plus d’importance que ce buzz (le remue-ménage, quoi) autour de  l’initiative débile de nos parlementaires visant à légiférer sur la négation du génocide arménien.

Cette loi conne et inutile viendra s’ajouter aux nombreuses lois stupides, Gayssot etc… destinées à “cadrer” et censurer l’expression. Il est clair que la “Shoah”, le génocide Khmer, arménien, vendéen, Katin, le Goulag… j’en oublie, là ? … sont des faits historiques, que leur réalité ne résulte pas de textes votés par le parlement français, mais d’une démarche neutre, scientifique. Les députés ont perdu là une occasion d’aller boire un coup, au lieu de faire tourner la machine à légiférer – qui chez nous ne chôme pas ! le problème, c’est juste de les faire appliquer, les lois… mais ceci est une autre histoire.

Mais basta avec cette loi, tirons la chasse. En fait, je ne puis m’empêcher d’établir un parallèle entre les notes attribuées par nos 3 comiques, Moodys-Standard etc…-Fitch, et la profondeur des bonnets de nos congénères du sexe dit faible (mon oeil !). Car autant il était du dernier chic il y a peu d’arborer des tailles C, D, E… (catégorie carrément spéculative), autant il est maintenant gratifiant, positif, de s’afficher avec du A, du AA, du AAA+ (celui-là, c’est pour Jane Birkin, à ses propres dires). Ca permet assurément d’éviter toute “dégradation” – vous en conviendrez avec moi, une poitrine dégradée à C- -, “à jouer au foot avec”, dotée ou non de prothèses PIP,  c’est affligeant et moins pratique que des oeufs au plat.

Reste à pondre une loi pénalisant la négation de la nocivité des prothèses mammaires PIP. Soyez tranquilles, ça va venir.

Tibert

(*) exception faite des “reconstructions” mammaires suite à des cancers du sein – là, on ajoute l’horreur au tragique.

Heureux peu (*)

J’aime bien madame Joly, et de plus en plus au vu de son programme.

Super, son programme ! outre qu”enfin elle propose de dépénaliser le cannabis – du simple bon sens, mais le bon sens se fait rare chez nos élites éclairées – ce qui permettra de mettre sur un pied d’égalité la fumette le tabac l’alcool et les anxiolytiques, elle se lance hardiment dans la déconstruction de la cellule familiale traditionnelle, car il est bien établi que c’est être réac’ et pas vert du tout – ça aurait même, paraît-il, un effet néfaste sur les gaz à effet de serre – de se cramponner à la structure parentale classique (et qui fonctionne bien, merci). Là, je dois dire, je ne la suis pas du tout.

Son slogan sur le “moins consommer” me plaît, en revanche (sauf sur la bouffe, où j’ai des réticences) : enfin un coup de pied au cul des appareils à masser l’intérieur du gros orteil, des crêpières électriques transformables en machines à tortillas, des tiédisseurs de mousse à raser, des ionisateurs d’air tantriques et des fontaines lumineuses  à eau recyclée. “Ma thurne est découverte” va pouvoir mettre la clé sous la porte, et Boulinex  se recentrer sur ses métiers de base : l’autocuiseur et le presse-purée à manivelle.

Enfin, last but not liste, et même le plus important : les 32 heures ! On en rêvait, Eva le fait. Reste à faire fonctionner tout ça : simple, moins on consomme, moins on a besoin de produire, donc de travailler. C’est d’une logique impeccable, et je dirai même que ça touche aussi bien le fonctionnaire des Impôts que le fabricant de gratte-dos à décharge statifiée. Du moment qu’on ne produit que peu, on déclare peu à l’URSSAF, les rentrées de fric se faisant rares, il devient de plus en plus simple de les contrôler, c’est vite bâclé, en moins de 32 heures, tiens !

Restera à occuper nos loisirs, considérablement plus épais… ne consommant que peu, et surtout des voyages voraces en effet de serre, on restera à la maison, ou on partira à vélo, avec une remorque éventuellement, comme les congés payés en 36. Pour ne pas être esclave de la consommation, on lavera notre linge au lavoir – tiens, en voilà des boulots à créer, remettre en route les lavoirs de nos grand-mères, avec les planches, les brosses et le savon de Marseille – et ça passera le temps agréablement. A la veillée, on évitera de se cramponner à “Sacrée Niaiserie” sur TF2 (sauf si on dispose d’une dynamo pour alimenter la télé, et en privilégiant tout de même Arte et la Chaîne Parlementaire) : on cassera les noix pour les porter au moulin, on alimentera le poële à copeaux de bois, on triera les lentilles “bio”, on se tricotera des pulls, on se fera la lecture, on fera des petits.

Je plaisante, bien évidemment. Ce sont en fait des propositions très intelligentes… pour des gens évolués, cultivés, assez friqués pour avoir tout l’essentiel, se trouver bien chez eux et occuper leurs loisirs intelligemment. En d’autres termes, c’est un programme élitiste. Proclamons vite la REVE, la République des Elites Vertes et Eclairées et rejoignons-la – puisque nous en sommes, bien évidemment.

Tibert

(*) Happy few, chez nos voisins d’outre-Channel