Pâques aqueux ? ah que non, à queues !

Dingue, ça devient dingue. Si Dutronc revisitait sa chanson des “Cactus”, il pourrait la titrer “Les queues”. Et si Gainsbourg pouvait ressurgir pour nous resussurer “Je pense queue” il ferait référence à autre chose qu’à ce que vous pensez, bande d’obsédés : je veux dire, les putains de files d’attente de Pâques.

Car à Pâques, pourrait chanter Dutronc :

Le monde entier – est dans la queue,

Il est impossible de visiter quoi qu’ce soit woua woua woua“.

Du Vatican à la Grande Arche, du Taj Mahal à la Muraille de Chine, que des files d’attente. De longues, patientes, dolentes, interminables files d’attente. Et corrélativement, devant les houatères de la Grande Arche, du Taj Mahal, du Vatican : des queues ! des queues pour aller faire pipi parce qu’on attend depuis trop longtemps dans l’autre queue, la vraie.

Une remarque sur les queues : les Etats-uniens sont champions en la matière. Ils ont inventé la crypto-queue, la fausse courte queue : vous vous alignez pour 5-6 mètres dans une inoffensive queue de pas grand-chose, qui disparaît derrière une anodine tenture, et passé cette tenture, coincé dans la queue, vous découvrez devant vous, horrifié, le zigzag d’une interrminaable queue . Nous n’en sommes pas, en Europe, à ce degré de raffinement dans la gestion des queues, mais on apprend très vite.

Fuyons donc Pâques et son wikinde à rallonge. J’ai dû vous le confier lors de précédents billets, mon regretté père me disait toujours “si tout le monde se rue à droite, va à gauche !”. La prochaine Pâque, donc, voyez-vous, au lieu de me laisser embarquer dans les queues pour le musée d’Orsay, la basilique St-Pierre de Rome, la pipi-room du musée de l’Hermitage… j’irai visiter les terrils abandonnés d’Hénin-Liétard, les monumentaux halls d’entrée des diverses mutuelles installées à Niort,  les vestiaires des stades de foot de Montluçon. A moins que je me programme avec “ma blonde” un petit week-end peinard chez nous, loin des queues ? hein ? ça serait pas une bonne idée, ça ? je sens, je vais faire des jaloux.

Tibert

Soixante minutes de silence

On va sans doute juger mon blog complètement à côté de la plaque. Pas un mot sur la période 11 mars – 22 mars à Toulouse-Montauban ? ce serait possible, ça ? c’est non seulement possible mais farpaitement justifié. Quelle serait l’audibilité de ma modeste fabrique de billets blogaux face au vacarme des media de la presse écrite, orale, télévisuelle ? je n’ai aucune chance, trop petit, je ne sais pas faire passer en boucles hallucinogènes les  mêmes séquences vidéo – les Twin Towers s’écroulant inlassablement, la rue où le tueur est passé sur son scooter il y a 5 jours… –  meubler de blabla et de circonlocutions vaseuses et oiseuses la maigreur du contenu journalistique déjà rabâché 245 fois. Donc, silence sur le gavage d’infos et de commentaires dont nous avons tous été les victimes collatérales.

Quoique… à propos de victimes… une enseignante d’Anglais, à rebours de l’unanimisme national, demandait hier vendredi à ses élèves une minute de silence à la mémoire de monsieur M.M., djihadiste autoproclamé, mort les flingues en mains après avoir assassiné 7 personnes dont 3 gosses qui allaient à l’école. Selon cette enseignante, M.M. était une victime : il sera réconfortant pour ses victimes, elles vont tout de suite se sentir mieux, de savoir qu’elles ont été flinguées par une victime ! entre victimes, n’est-ce-pas, on se comprend… c’est Paris-Normandie, canard local et normand, qui a obligeamment fourni son nom, et permis de constater que ladite enseignante n’est elle-même nullement issue de l’immigration maghrébine comme certains individus mal intentionnés le suggéraient, ne s’appelle pas Rachida ni Fatima, porte un nom du genre Danièle Dubois (*). Merci donc à Paris-Normandie de cette information essentielle ; la connivence communautariste étant ainsi écartée, Danièle D. ne pouvait donc qu’avoir “pété un câble”, tant son initiative était indéfendable – regrettable erreur, elle a bien besoin de repos, fragile psychologiquement, etc. Un poste de prof’ d’Anglais remplaçant devrait être vacant en Normandie dès les jours prochains.

On est cependant interpellé par cette histoire, car si je ne m’abuse la classe d’anglais est destinée à enseigner l’anglais, pas à gloser sur le dernier massacre ignoble et stupide ; ni même à observer des minutes de silence à l’unité. En principe, en classe, on la ferme ; de mon temps, on la bouclait même pendant une heure, sauf sur interrogation du prof’. Il est vrai que de nos jours UNE minute de silence en classe, c’est absolument exceptionnel. Alors, en plus, la gâcher pour la cause qu’il ne fallait pas… ce ne peut être qu’un pétage de plombs, Dieu merci.

Tibert

(*) pour d’évidentes raisons, “Danièle Dubois” n’est pas le véritable genre de nom : celui-ci a été changé. Il faudrait en réalité aller chercher un patronyme du style “Paulette Martin”. Mais chut !

Kafka en bagnole

La Cour Européenne de Justice trouve que les autorités françaises en matière de traitement des infractions routières poussent le bouchon un poil trop loin dans le zèle à récupérer des sous et à s’asseoir sur les droits des citoyens. Elle a donc donné raison à deux plaignants – 2 avocats, comme de bien entendu, car le simple pékin ne se risque guère dans ces guêpiers judiciaires, ça craint et c’est opaque. Ces plaignants contestaient fort régulièrement des PV, en suivant à la lettre (recommandée avec A-R) la procédure, mais on ignorait superbement leurs contestations, tu peux toujours flûter mon gars, cause toujours…

Autre joyeuseté, la procédure de contestation nécessite de “consigner” le montant de l’amende ; donc de la mettre en caution, “en attendant que” la Justice dise oui ou zut. Eh bien, dans les cas que je cite, ces montants consignés étaient enregistrés automatiquement – merci l’informatique – comme amendes réglées… et une amende réglée, ça vaut reconnaissance de la faute : plus de recours possible, l’affaire est cuite et ficelée. C’est pas bien joué, ça ?

Bref, l’administration abuse et s’assied sur la Loi, et spécialement vis à vis des automobilistes “fautifs” – chauffards, assassins de la route et autres noms d’oiseaux. Chose cocasse,  un autre courageux qui contestait un PV, mais hélas sans respecter la Sainte Procédure – il avait envoyé sa lettre de réclamation par courrier ordinaire – s’est vu répondre par courrier ordinaire que sa réclamation ne pouvait être prise en compte, vu qu’il n’avait pas protesté par recommandé A-R. En somme, on accusait réception de son courrier pour signifier qu’il était nul et non avenu. Qui peut prétendre que les fonctionnaires n’ont aucun humour ?

Tibert

Coquetel républicain et anti-calotte

Deux-tiers Fillon, deux-tiers Cohn-Bendit, un trait d’esprit (de sel, ou de répartie), poivrez et servez frais, pour éviter la prolifération des bactéries calottines.

C’est heureux et agréable d’entendre deux personnes raisonnables et pas trop langue de bois  – quoique, Fillon… – dire ce qui est évident, et que beaucoup de gens pensent, mais qui ne doit surtout pas être dit. La religion c’est (l’opium du peuple, irrationnel, obscurantiste… mais ça c’est mon opinion personnelle, et je la partage) de l’ordre de la  sphère privée. Chacun croit à ce qu’il veut, pourvu qu’il ne fasse pas ch… la République et ses concitoyens avec ça. Dans cette logique, qu’il y ait des abattoirs confessionnels, pourquoi pas, pourvu que ça n’oblige pas les citoyens athées à absorber de la viande bénie par David ou Abdel. Et que les compagnies aériennes ne nous privent pas de saucisson sous prétexte que Ahmed et Moshé n’en consomment pas, interdiction d’un Prophète il y a déjà un certain temps.

Mais messieurs Fillon et Cohn-Bendit vont plus loin, et sont d’accord – et moi avec – pour dire qu’au 21ème siècle, les religions pourraient enfin tenir compte de la progression technique de la chaine du froid, des progrès de la science etc… (ce qui implique, notamment, que le porc est une viande aussi saine que celle des copains, aussi contrôlée, et exempte de vices cachés). Ils ont bien raison, mais voilà que monsieur Fillon se fait sévèrement engueuler parce que les religions, c’est du privé, ça ne le regarde pas, et surtout qu’il est Premier Ministre, donc la loi de 1905 etc etc.

Justement ! justement ! si les religions sont de l’ordre du privé, pourquoi nous (les athées) nous pourrir la vie avec des exigences de repas confessionnels, de piscines réservées aux femmes, de port du voile dans les espaces publics etc ?

Et monsieur Cohn-Bendit abondait, lors d’un débat fort utile et pas du tout emmerdant, dans le sens de monsieur Fillon. En y ajoutant une remarque fort pertinente – et à laquelle je souscris derechef – sur l’aggiornamento souhaitable de l’Eglise Catholique – le mariage des prêtres, eh oui, ça aussi ça serait une idée qu’elle est bonne, la chaîne du froid a fait des progrès – et en balançant une pierre dans le jardin sarthois de monsieur Fillon à propos du côté ringard (“pas très moderne“, disait-il) qu’il y aurait à s’opposer au mariage homosexuel. (*) Bref, ce dernier point mis à  part, voilà enfin deux hommes de bords différents qui raisonnent clair et sensé, et ça fait du bien. Et, corollaire, ça fait hurler les dévôts.

Tibert

(*) Sur ce dernier point je retire mes billes. “Moderne” ne justifie rien, et si la modernité consiste à prôner et faire  l’apologie des piercings aux têtons et des tatouages sur les fesses sous prétexte que certains s’y adonnent, je suis ringard et j’y tiens. C’est du même ordre pour le mariage homo ; en fait c’est le mariage lui-même qui est en voie de ringardisation ! pas la cellule familiale traditionnelle, qui a fait ses preuves, et qu’il faut défendre contre les dérives “modernes”.

Congelons des rillettes

Le “Monde sur Toile”, qui fait pourtant volontiers dans le lénifiant et l’idéologie rose-Bisounours, nous assommait hier d’une bonne douche froide. Ma foi ça réveille et ça fait redescendre sur terre. Il s’agissait de la fermeture de la dernière boucherie traditionnelle “gauloise” à Pantin, dans le 93. En gros, on ne peut plus manger non-hallal à Pantin quand on est carnivore et qu’on tient à acheter chez le boucher.

Ce reportage ne fait pas dans le style trémolo, genre “la dernière classe” d’Alphonse Daudet, quoique… on y sent la nostalgie des rillauds, de la côte dans l’échine et du paleron bien paré. Mais c’est un constat accablant de :

– la nullité de nos filières d’apprentissage, qui produisent à la pelle des BTS “forces de vente” et de marquétinge – massivement chômeurs – quand on a massivement besoin de bouchers, de plombiers, de menuisiers.

– la mentalité communautariste des commerçants musulmans, qui sont musulmans avant que commerçants, point-barre, et ne souffrent pas qu’on puisse commercer autrement. Ce qui vous oblige à leurs pratiques alimentaires – pas de porc, pas de vin, que du Hallal. Vous reste encore la liberté de ne pas faire la prière 5 fois par jour, les fesses tournées vers Londres.

Que faire ?

– déménager ! eh oui, à Singapour on trouve du porc sans problème. Les Chinois du XIII ème à Paris en mangent aussi, et en Bretagne, en Auvergne…

– si l’on tient à Pantin, prendre le bus, le métro, sa bagnole, et chercher, s’il en reste, une boucherie normale, non religieuse. Y faire massivement emplette de viandes non-hallal, acheter un énorme congélateur pour stocker ça. Et prier pour que l’EDF fasse son boulot sans défaillance.

– ou bien vous résigner à la viande hallal, mais en le sachant  – situation bien plus confortable que d’en manger sans le savoir !

– à défaut, se mettre au végétarien et à l’abstinence d’alcool.

Reste que la religion chrétienne est masochiste et désarmée. L’obligation de manger du poisson le vendredi est un rempart pitoyable au hallal (et au casher, donc). Il faut urgemment que le pape nous ponde une encyclique “Ad sanctam carnis manducationem” interdisant à ses ouailles de manger – sous peine d’excommunication – de la viande bénie par tout autre que le curé ou son diacre. Voilà qui emmerdera les compagnies aériennes, les cantines scolaires, les abattoirs, mais redonnera du boulot et de l’allant à nos ecclésiastiques démotivés.

Tibert

Enfin une bonne nouvelle

J’apprends, content, que le Conseil Constitutionnel a retoqué la stupide loi sur la pénalisation de la négation (ouf) du génocide arménien de 1915. Encore une de ces lois “mémorielles” destinées 1°)  à faire plaisir à des copains Arméniens, 2°) à graver dans le marbre une lecture d’évènements historiques, comme si l’Histoire avait besoin de ça. Laissons donc l’écriture de l’Histoire aux historiens, et les lois liberticides, baillonneuses et inutiles à la poubelle (de l’Histoire).

Non que je nie le génocide arménien.Loin de moi cette idée farfelue. Mais suivant le même principe il faudrait aussi punir gravement l’affirmation que le Parlement de Bretagne à Rennes a bien été incendié par des agriculteurs – pour ne pas peiner les agriculteurs – ou la négation du réchauffement climatique, pour s’attirer les bonnes grâces des écologistes. Ne jamais dire ce qu’il est interdit de dire, ne pas écrire ce qu’il est interdit d’écrire, sous peine de peine, en vertu de la loi Schmoll, de la loi Machin, ou de la loi Dugenou.

Bon, vous me direz, le Conseil Constitutionnel fait preuve de bon sens, et rien de plus. Mais le bon sens se fait rare, et dans le climat délétère que nous vivons, ça fait du bien d’apprendre que des gens, quelque part, ont encore la tête sur les épaules.

Tibert

Fouquet's : ça bégaye dans le rizotto

Un des reproches les plus cons et qu’on ressort ad nauseam à  l’encontre de notre futur-ex-Président, c’est sa soirée d’investiture au Fouquet’s, un resto plutôt cher et typé “gastronomique” des Champs-Elysées, à Paris. Con, car où est le mal d’aller fêter ça ? de s’en jeter un avec des amis, de manger un morceau – un rizotto crevettes-artichauts – tout en commentant les matchs de la dernière soirée de Ligue 1 ?

Si ç’avait été chez Roger-la-frite, au Couscous-de-Constantine, au Bosphore-Kebab, à la Pizza du Marais, on aurait hurlé à la démagogie. Le seul comportement “neutre” du Petit Nicolas aurait été de s’envoyer subrepticement et en vitesse un jambon-beurre-cornichons et un Fanta-Light (burp) dans un coin sombre derrière sa bagnole. Encore se serait-il trouvé quelques papas pas rasés pour immortaliser ces instants inoubliables.

Donc, le Fouquet’s, hein, qu’on les lui lâche avec ça. En revanche, qu’on reproche ses copains à monsieur Sarkozy, soit, il ne les choisit pas à la CGT ni sur le boulevard de Belleville, excusez le, il vient de Neuilly. Monsieur Mitterand, lui, fréquentait entre autres d’anciens fonctionnaires Vichystes – René Bousquet par exemple – et cultivait ses propres amis milliardaires ; il avait, paraît-il, son rond de serviette chez Le Divellec – autre cantine assez dispendieuse – et au Fouquet’s, justement, au Fouquet’s, table numéro 83. Qui le lui reprochait ?

J’en sais un rayon, hein, sur les comparatifs biaisés Mitterand-Sarkozy, Mitterand l’icône rose et Sarko le fils maudit. Et j’en sais des tartines sur les coulisses de cette fameuse soirée du Fouquet’s qui fait tant scandale chez les borgnes de l’indignation unilatérale. Et comment je le sais ? par les journaux, tiens.  Je lis dans le Figues-à-rôts que monsieur le Président “regrette le Fouquet’s” ; ah bon, voyons voir les commentaires des lecteurs… il y en a un qui a l’air super-informé, ma parole, il devait y être ! le menu, les boissons, tout ça… la table 83 de monsieur Mitterand… je veux en savoir plus… un coup de moteur-cherche-cherche, “Mitterand Fouquet’s“, rien de probant, et je m’obstine, “bing” (le moteur de recherche : Bing, car j’en ai marre des abus de Gougueul ) “risotto Robert Hossein“, et bingo, toute une tartine sur le même article ! pile-poil le même topo de mon lecteur du courrier des lecteurs, repris N fois par différents auteurs : “Aux crevettes, pas aux langoustines, ni aux gambas, comme le classique de la maison, le fameux risotto “Robert Hossein“, qui aurait fait exploser le food cost (*), car...”

Vous ferez l’expérience vous-même si vous voulez : 5 fois exactement la même citation dans la première page de résultats de “Bing”. Il semble que tout ça soit une série de copié-collé flemmards et abusifs d’un article de Jean-Claude Ribaut dans le Monde daté du 16 février… à moins que ça remonte à encore plus loin.

Deux conclusions possibles :

– De nos jours, on n’invente plus rien, on copie. L’authenticité des commentaires de lecteurs, j’ai des doutes.

– Le risotto (rizotto va bien aussi) plus c’est réchauffé, meilleur c’est.

Tibert

(*) Ridicule et con. “L’addition”, “la douloureuse”, “la note”, eh anglomane de mes deux.

Arithmétique et logique, termes en hic

Un peu de maths, ou plutôt de calcul. Et de la logique pour finir.
Un  député de l’UMP, monsieur Vanneste, parle “de la fameuse légende de la déportation des homosexuels” pendant l’occupation allemande. On le flingue donc et le marque du sceau de l’infamie, car en France de nos jours il n’est plus possible de prononcer certains mots sans se voir clouer au pilori. J’y reviendrai.

Moi-même j’étais resté sur des informations extrêmement sommaires – le triangle rose, la persécution des homosexuels par le régime hitlérien. Je suis donc “tombé de l’armoire” en apprenant la teneur du discours de monsieur Vanneste. Il déraillait ou quoi ?

Et puis je suis donc allé voir plus creux, et notamment les chiffres donnés par la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, laquelle, vous me l’accorderez, n’est pas suspecte d’apologie du nazisme. Ces gens sont a priori crédibles, et ont travaillé en historiens. Bon, voyons voir, et allez-y donc voir vous aussi, car c’est précis à l’unité près.

Il ressort que 7 Français homosexuels, non résidents d’Alsace-Lorraine, ont été emprisonnés puis déportés en camp de concentration (un nombre nettement plus grand – quelques dizaines – est à déplorer au total en incluant les départements annexés par le Reich). Mais ce qui est frappant, c’est que ces 7 Français ont en fait été déportés avec un convoi de “politiques”, et épinglés du triangle rouge – pas rose.

Résumons nous :

– Les chiffres sont effectivement minuscules au regard des statistiques mortuaires de la seconde guerre mondiale. Vis à vis des morts de froid et de faim en Russie, vis à  vis du massacre des Juifs, c’est peanuts, et de ce point de vue monsieur Vanneste peut effectivement parler de “légende” –  si l’on considère que la déportation “en masse”  est communément et aveuglément admise.

– De nombreux homosexuels avaient d’autres activités que celle-là  (être homosexuel, ça laisse du temps libre), et aussi des opinions politiques, figurez-vous. Ils pouvaient même se trouver être Juifs, francs-maçons, communistes, résistants…  la déportation en tant qu’homosexuel et rien d’autre est donc chose délicate à comptabiliser. De ce point de vue c’est le flou le plus complet.

– Il n’est nulle part question des homosexuelles : ça n’existait pas sous le IIIème Reich ? c’était non répréhensible ? tant mieux pour elles, mais c’est bizarre, et assez “macho”. Sujet à creuser, donc.

– Monsieur Vanneste n’a pas explicitement affirmé qu’aucun homosexuel n’a été déporté en tant que tel ; non, mais c’est cependant un peu ce qu’on croit lire : une légende, c’est du domaine de la fable, de l’irréel. Mais n’y aurait-il eu qu’UN seul homosexuel “français de France” (non résident en Alsace-Lorraine) déporté – on en a compté 7 – cela aurait constitué une déportation, pas une légende. Quant aux homosexuels allemands ou annexés, là on n’a pas de doutes, ils ont effectivement été persécutés.

Voilà les pendules remises à l’heure quant aux faits, aux chiffres objectifs. Restent deux questions :

– Pourquoi monsieur Vanneste lance-il cette polémique ? pourquoi maintenant ? dans quel but ?

– Si l’on fait le parallèle entre les idées reçues – déportation massive et systématique des homosexuels pour ce seul motif – et les chiffres des historiens, on peut effectivement se poser des questions sur cette erreur d’échelle, de perspective. Et, au lieu de diaboliser monsieur Vanneste, de crier au loup, au lepénisme, au révisionnisme etc, si l’on argumentait ? car on peut argumenter, réfuter, les faits sont assez précisément établis. Mais on traite là d’un des thèmes répertoriés à l’inventaire de la Pensée Unique : l’anathème et le pathos tiennent lieu d’argumentation. C’est regrettable.

Tibert

Fouzitout du lundi

C’est dingue, je découvre de jour en jour de nouveaux talents en matière de chanson. Après Amy Winehouse, dont j’ignorais totalement l’existence avant qu’elle parte en voyage sur les rives du Styx, c’est au tour de Whitney Houston de me révéler et son ex-existence et son défunt talent à l’occasion de sa mort tragique dans une chambrette de l’hôtel “Formule 1” de Beverly Hills, à la Garenne-Bezons. J’ai eu longuement l’occasion de rattraper mon retard culturel hier devant ma télé, les chaînes d’information – sauf Al Jazeera en arabe – rivalisant d’hyperboles dans l’hagiographie Houstonienne.

J’ai eu bien évidemment droit à la “scène culte” (‘est comme ça qu’il faut dire, paraît-il) d’un vieux “Sacré soirée” d’archives, avec Michel Drucker, la défunte Houston et monsieur Gainsbourg, chanteur-compositeur ; “culte” car ce monsieur s’y montre d’une goujaterie rare, marmonnant assez clairement à l’adresse du présentateur “I want to fuck her“, et ce devant madame Houston, qui comprend l’anglais, et la France qui digérait – y compris les mouflets, et sans carré blanc. Il y a des claques qui se sont perdues ce jour-là.

Mais bon… continuons notre revue du week-end : l’annulation, 5 minutes avant l’heure,  du match de rugby prévu samedi soir à St-Denis (93) vers 21 h,  pour cause de pelouse gelée. On va siffler le début du match, et… putain, good Lord ! la pelouse elle est gelée ! quelle surprise ! quelle  cruelle déception inattendue, par ce froid polaire et à la nuit noire ! Il paraît que les annonceurs n’auraient pas admis, eux qui avaient déjà réservé, payé  et préparé pour cette tranche horaire leurs pub’s connes, débiles et inutiles – mais coûteuses – que l’on avançât à l’après-midi les hostilités sportives ; pourtant vers 14-15 heures ce samedi, ou le lendemain à la rigueur, on aurait eu de bonnes chances 1°) de trouver une pelouse accueillante et souple 2°) de rassembler le public qui de toutes façons avait payé et réservé sa demi-journée pour l’occasion – notamment tous ceux qui avaient fait le déplacement depuis l’Irlande.

Mais les impératifs des écrans publicitaires sont  impitoyables. Ce samedi après-midi, il y avait à la téloche un autre match de rugby, entre Soustons et La 1ère réserve de La Réole. Il eût été impensable de diffuser simultanément DEUX matchs de rugby, on aurait confondu les pub’s, vous pensez… il y a des pub’s pour l’après-midi (la bière, les biscuits pour l’apéro, les perçeuses à percussion…) et les pub’s pour le soir (fuites urinaires, mari qui ronfle…) : ça ne se mélange pas ! le désordre et l’à-peu-près  dans la réclame ou, pire, le rien du tout – pas de pub’, grands dieux ! ) , quelle  insoutenable perspective. Tiens, rien que d’y penser, le sang me caille.

Mais on le jouera, ce match, si si. Les spectateurs irlandais n’auront qu’à reprendre des billets d’avion, et les Français itou par le train. Quand on aime on ne compte pas, c’est bien connu.

Tibert

Tristes zones tempérées

Une polémique de chez Paul-et-Micque est née des propos – de bon sens selon messieurs Sarkozy, Arno Klarsfeld et nombre d’autres ; imprégnés de l’idéologie nazie selon un député apparenté P.S. – des propos, donc, de monsieur Guéant , qui estime que “toutes les civilisations ne se valent pas“. Remarquons que si l’on superpose absurdement ces divers points de vue, on en conclut que l’idéologie nazie est toute de bon sens !

On lit  de tout et du n’importe quoi…. ça délire fermement ! certains ont ainsi traduit cette citation : [selon monsieur Guéant], la civilisation occidentale est de loin la meilleure, et de toutes façons bien préférable à la civilisation arabe. Vous lisez ça, vous, dans la phrase que je vous ai citée ? vous non plus ? Je vous l’avais pourtant bien dit : si ledit ministre avait déclaré  “passe-moi le sel“, on aurait aussitôt protesté chez les Fervents Gardiens de la Pensée Correcte contre cet ignoble appel du pied aux électeurs du Front National.

Polémique bien venue, donc, qui nous permet de lire toute la passionnante prose qui se rédige et s’édite sur le sujet. Notamment un article de monsieur Laurent Gervereau dans le Monde. “Pas de civilisation pure, pas de civilisation supérieure“. Notons tout de suite ce paradoxe : si la civilisation à l’état cristallin, “pure”, n’existe pas, alors de quoi traitons-nous ? et si malgré tout nous nous obstinons à gloser sur un concept boîteux, qu’il n’y ait pas de civilisation supérieure (à quelle aune ? quelle échelle de valeur ?) implique qu’il n’y en a pas d’inférieure, donc que toutes les civilisations sont égales, se valent.

A quoi bon, dès lors, nous fatiguer à changer ? restons comme on est, puisque notre civilisation vaut les autres, et lycée de Versailles. Cramponnons-nous à notre modèle, puisqu’au moins nous y sommes habitués, confortables, comme dans des charentaises bien rodées.

Et justement, ce monsieur Gervereau apporte de l’eau au moulin du ministre, qui souhaitait aussi défendre notre civilisation. Et de nous citer l’incontournable Lévi-Strauss : “J’ai pu observer en tournant des films au Laos, au Mali, chez les Inuit ou les Wayana, combien nous détruisions à vitesse de quelques années des civilisations et des traditions séculaires. Ce que Claude Lévi-Strauss constatait dans Tristes Tropiques avec désolation se réalise en un ou deux ans par les effets conjugués du commerce et du tourisme“.

Justement ! vous avez bien raison monsieur Gervereau ! notre modèle occidental européen est menacé dans ses traditions séculaires. Il nous faut défendre notre saucisson sec, notre béret, notre baguette de pain contre le hamburger et le kebab envahissants. Défendons idem pied à pied le petit salé dans les cantines face au blanc de dinde ou au tofu ; boutons les locuteurs anglomanes hors de France ; résistons au rap et au R’n’B ; entêtons-nous à nommer les vacances de Noël “vacances de Noël”, et pas “vacances de fin d’année”. Notre mode de vivre – notre civilisation, “pas pure”, certes, mais il n’en est point – est menacé de jour en jour. Défendons nos valeurs, qui valent celles des autres, vous en êtes bien d’accord ?

Tibert-Egalité