Soixante minutes de silence

On va sans doute juger mon blog complètement à côté de la plaque. Pas un mot sur la période 11 mars – 22 mars à Toulouse-Montauban ? ce serait possible, ça ? c’est non seulement possible mais farpaitement justifié. Quelle serait l’audibilité de ma modeste fabrique de billets blogaux face au vacarme des media de la presse écrite, orale, télévisuelle ? je n’ai aucune chance, trop petit, je ne sais pas faire passer en boucles hallucinogènes les  mêmes séquences vidéo – les Twin Towers s’écroulant inlassablement, la rue où le tueur est passé sur son scooter il y a 5 jours… –  meubler de blabla et de circonlocutions vaseuses et oiseuses la maigreur du contenu journalistique déjà rabâché 245 fois. Donc, silence sur le gavage d’infos et de commentaires dont nous avons tous été les victimes collatérales.

Quoique… à propos de victimes… une enseignante d’Anglais, à rebours de l’unanimisme national, demandait hier vendredi à ses élèves une minute de silence à la mémoire de monsieur M.M., djihadiste autoproclamé, mort les flingues en mains après avoir assassiné 7 personnes dont 3 gosses qui allaient à l’école. Selon cette enseignante, M.M. était une victime : il sera réconfortant pour ses victimes, elles vont tout de suite se sentir mieux, de savoir qu’elles ont été flinguées par une victime ! entre victimes, n’est-ce-pas, on se comprend… c’est Paris-Normandie, canard local et normand, qui a obligeamment fourni son nom, et permis de constater que ladite enseignante n’est elle-même nullement issue de l’immigration maghrébine comme certains individus mal intentionnés le suggéraient, ne s’appelle pas Rachida ni Fatima, porte un nom du genre Danièle Dubois (*). Merci donc à Paris-Normandie de cette information essentielle ; la connivence communautariste étant ainsi écartée, Danièle D. ne pouvait donc qu’avoir « pété un câble », tant son initiative était indéfendable – regrettable erreur, elle a bien besoin de repos, fragile psychologiquement, etc. Un poste de prof’ d’Anglais remplaçant devrait être vacant en Normandie dès les jours prochains.

On est cependant interpellé par cette histoire, car si je ne m’abuse la classe d’anglais est destinée à enseigner l’anglais, pas à gloser sur le dernier massacre ignoble et stupide ; ni même à observer des minutes de silence à l’unité. En principe, en classe, on la ferme ; de mon temps, on la bouclait même pendant une heure, sauf sur interrogation du prof’. Il est vrai que de nos jours UNE minute de silence en classe, c’est absolument exceptionnel. Alors, en plus, la gâcher pour la cause qu’il ne fallait pas… ce ne peut être qu’un pétage de plombs, Dieu merci.

Tibert

(*) pour d’évidentes raisons, « Danièle Dubois » n’est pas le véritable genre de nom : celui-ci a été changé. Il faudrait en réalité aller chercher un patronyme du style « Paulette Martin ». Mais chut !

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