On commence par une journée à banderoles, la GCT sort ses drapeaux, bizarrement rouges, ses camions-sono, « tous-sensem-bleu-tous-sensem-bleu-ouais ! » , on interdit aux boulangers (aux fleuristes, aux staffeurs, aux luthiers…) de faire travailler leurs salariés, et l’on ne travaille surtout pas : c’est la fête du Travail. A cette occasion, si ce jour béni tombe un mardi, un jeudi… c’est plus de 1.000 km de bouchons sur les routes : y a un pont ! Ponts = bouchons (*). Les cafetiers des sites touristiques lorgnent la météo : si le temps s’annonce beau, c’est bingo ! la pompe à bière à 3,50 minimum le demi ne va pas chômer, elle.
De fait, la Loi stipule que seules peuvent bosser les entreprises pour lesquelles ça se justifie « pour des raisons de continuité de service ou de sécurité » . Parmi elles, on retrouve notamment (…) l’hôtellerie et la restauration. Donc, les restaus, bistrots, canis, rades (kebabs, fastes-foudes, auberges…), pas de problème. Les serveurs, « garçons » , serveuses, réceptionnistes, plongeurs, chefs de rang, commis de cuisine, cuistots, gâte-sauces… peuvent bosser. Question : comment approvisionner en pain frais du jour, légalement, les restaurants ? je vous le demande.
On a ainsi l’exemple d’une loi stupide. Une parmi tant d’autres. C’est malheureux de le constater, mais on paye, fort cher, nos trop nombreux parlementaires pour faire des lois : alors ils font des lois ! En revanche on ne paye personne pour dépoussiérer nos lois, pour faire remarquer que celle du 29 brumaire, an XII, est encore en vigueur mais clairement contredite par celle du 27 octobre 1978, que telle autre légifère sur les becs de gaz et pourrait sans dommage être supprimée, que deux d’entre elles sont redondantes, une seule suffirait… il y a là un boulot de dingue, salutaire, à coup sûr.
Ce faisant, on pourrait s’aviser que le dépoussiérage de nos lois pourrait s’accompagner d’un nettoyage de notre terminologie, d’une refonte de nos énormes bouquins, de notre tentaculaire corpus législatif. Le Code Civil, 3166 pages : c’est déraisonnable, non ?
Hélas, on va aussi sec assimiler ça, c’est rédhibitoire, à la mission DOGE, la fine équipe de monsieur Musk, qui prétend faire maigrir l’administration Trump à coups de tronçonneuse ; et puis la complexité, le maquis juridique, font le bonheur de certaines professions, les notaires, les avocats, les juristes, les… tous métiers qui se contrefichent de travailler ou pas, le Premier Mai. Il y en même qui vont se faire du fric sur des inculpations de fleuristes qui auront, les infâmes, fait travailler leur salariée d’épouse, ce jour-là.
Tibert, bosseur ce jour
(*) C’est ici, j’ai fait la faute exprès, une formule idiote ; le signe « = » a un sens, au choix, de constat d’une identité de nature (A = B : tiens donc, les deux entités sont interchangeables ! ou d’assignation d’une valeur à une entité : B= 7 : je dis que l’entité B vaut désormais 7 (**). Mais des trucs du genre « 3 packs achetés = 1 gratuit » ? c’est lamentable. Eh non, 3 packs achetés ne sont pas « égaux » à 1 gratuit ; c’est en fait une implication. Il faudrait l’écrire » 3 packs achetés ==> 1 gratuit » . Comme ça, ce serait correct.
(**) D’ailleurs, en bonne programmation, l’assignation s’écrit B := 7 et non pas B = 7. C’est plus clair comme ça (***).
(***) Bon, j’arrête là.