Poids, Droit et Liberté

( Je lis ici qu’une agricultrice a été retrouvée morte, manifestement écrasée par et sous un « ballot de paille » … l’illustration qui accompagne ce court entrefilet montre un rouleau, pas un ballot. Du coup, je suis allé me renseigner sur le poids d’un de ces rouleaux : c’est du genre 250 à 400 kilos, selon le diamètre, la nature – paille, foin, ensilage… – et la teneur en matière sèche. Voilà… c’est le progrès. De mon temps (allez pépé, à la niche !) les machines agricoles ahannantes et poussiéreuses crachaient derrière elles ou sur leur flanc des bottes : des pavés-droits (des parallélépipèdes rectangles) de foin, de paille… qu’un humain robuste soulevait au bout de la fourche, à la force des bras. Des poids de 5 kilos, quoi… qui n’ont – individuellement, du moins – jamais écrasé personne. Mais de nos jours on manque de bras, pas vrai ? )

Et puis au Sénat, on transpire sur la dissertation de philo « droit ou liberté » . C’est à propos de cette idée baroque d’inscrire dans la constitution le droit ou la liberté (rayer la mention inutile) d’avorter. Idée portée par la gauche, qui craint très fort… a) que les fachos prennent, légalement ou pas, le pouvoir ; b) qu’ils abrogent la loi Veil. Du coup, vous voyez le tableau, le nouveau Jefe français (le Lider, le Caudillo, le Duce bedonnant en treillis kaki et bottes de cheval… ), constatant que ce droit (cette liberté) est inscrit en lettres d’or à la constitution, s’exclame, déconfit : « p… de b… de m…, on est marrons, on peut pas y toucher ! c’est sacré !  » . On est en plein délire, là, on fantasme. Tiens, pourquoi ne pas y inscrire aussi l’interdiction de l’écriture inclusive, cette vérole ? (excellente idée ! je suis pour !) : je vous parie que si les fachos déboulent au pouvoir (*), ils vont tenter de lui faire la peau, ces détestables machos, cramponnés au neutre-masculin, qui l’emporte sur le féminin ».

Je vais vous dire : mon sentiment scolaire, vieux souvenir du Bac, c’est que le droit l’emporte sur la liberté… du point de vue du droit ! Mais c’est pinailler… la liberté est libre, c’est l’essentiel, y compris dans une simple loi Veil, si l’on y veille ; et l’essentiel, c’est que la démocratie française peut et doit résister aux abolisseurs du droit – ou de la liberté – d’avorter.

Triste citation, madame Rossignol, du PS, énonce dans cet article de France-Info : « Ce qui compte aujourd’hui, c’est que l’avortement entre dans la Constitution ». Triste, en effet, d’inscrire « dans le marbre constitutionnel » l’échec de la contraception ! Je sais, c’est réducteur, c’est déformer les choses, gnagnagna… mais c’est aussi ça !

Tibert

(*) Symétriquement on peut craindre que, dans le cas peu joyeux où les écolos-woko-fémino-gauchos prendraient le pouvoir, on ne se tape l’écriture inclusive obligatoire !