Nommons-nous

( Le Parigot déploie un bel article, complet, circonstancié, sur la mouvance de l’ultra-droite : on y a des noms, des photos ; on n’a pas encore l’adresse des meneurs de ces groupes, mais en insistant un peu… on retrouve là la crudité des reportages du siècle dernier, où les noms et les photos s’étalaient sans problème ; de nos jours, quand on coince « en flag » un type, flingue fumant à la main, ses victimes pantelantes à ses pieds, on a droit à un portrait flouté et à une littérature du genre « le suspect William M. » : des pudeurs de chaisières ! sauf là… mais il s’agit de l’ultra-droite, hein, alors… mais l’ultra-gauche, blackblocs, anars radicaux et autres antifas ? rien, motus. Voyez, là ce sont les bons, les autres, ce sont les méchants. )

Mais j’en viens à du commentaire de textes. Tenez, sur Ouest-France : « Une femme et son mari découverts morts à leur domicile… » . Bien. Moi j’aurais écrit – faire court, c’est la règle d’or du journalisme – « un couple découvert mort à son domicile » ; mais de nos jours, hélas, c’est imprécis : quel genre de couple ? le vieux standard banal ? deux femmes ? deux hommes ? un « trans » (dans quel sens ? MtF ? FtM ?) et une femme-femme ? voyez, ça peut donner des tas de configurations (*). Les choses ont changé, on n’écrit pas pareil…

Et puis cet autre titre, cette fois dans Le Monde : « le chèque bois énergie, un dispositif pour aider celles et ceux qui se chauffent au bois… » . Voyez comme Le Monde a bien pris le pli ! la bonne formule… « celles et ceux » ! Bravo le journaleux. Notez toutefois que c’est plus long (de peu : une lettre !) que d’écrire du neutre « … pour aider les personnes qui… » , ou, pire encore, « pour aider les gens qui... » . C’est plus long, « celles et ceux » : oui, mais on nomme, on VOIT les femmes, là ! aaahhhh… des femmes qui se chauffent au bois, hein ? Elle, avec un grand E, au coin du feu… Notez, on s’en sort bien, on échappe pour le moment à l’écriture inclusive.

Allez, encore un effort…

Tibert

(*) Voyons, si nous notons {T1 T2 M F} les quatre « genres » possibles, ça donne les 4 couples « doublons » {T1-T1, T2-T2, F-F, M-M}, plus les 6 combinaisons classiques quatre-deux-à-deux, soit 10 types de couples. Mais je vais me faire disputer, T1 veut être considéré comme pleinement M, F se dit « asexuelle » , etc. Pffft… pas simple !

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