Les antis et les méchants

Je commence à radoter, ces temps-ci. Vous vous en êtes aperçus ? ah bon… mais je tourne toujours un peu autour, je reviens dessus, je m’y plonge, bref je m’entête sur le thème « …phobie » , « anti… » , etc : sémantiquement, c’est assez fascinant, en fait – du moins pour moi, tant les discours sont confus sur ces termes, induisant le tout et le n’importe quoi. Allez, je m’y jette, allons-y, Alonso.

On dit antisémite mais on dit agoraphobe ; antiracisme mais homophobie ; islamophobe mais antivax. En somme et selon l’étymologie, on CRAINT (… phobe) ou on EST OPPOSÉ Á (anti…). Pas tout à fait le même topo, pas vrai ? l’anti… est actif, en fait, il agit contre ; le … phobe a – paraphrasant monsieur Jospin et son délicieux « sentiment d’insécurité » – un « sentiment de crainte » , s’exprimant par la chair de poule, les tremblements, l’appréhension, les sueurs froides ; c’est tout personnel : ça n’agit pas nécessairement sur l’environnement.

Cependant, si l’on regarde les textes de loi et les écrits gouvernementaux, on tombe aussi sec dans la mélasse et la confusion. Un exemple, le site du Ministère des Sports. Qui traite d’un sujet sûrement essentiel aux sports : les LGBTQ++ et j’en oublie (essentiel, effectivement : certains pays autorisent désormais les femmes transgenres (ex-hommes) à concourir avec les femmes innées, si les analyses sanguines montrent des taux de testostérone inférieurs à… gnagnagna). Je cite le texte : « Les LGBT-phobies : c’est quoi ? Les comportements anti-LGBT, ou LGBTphobies, correspondent aux attitudes hostiles à l’égard des personnes... » .

Et voilà, hop ! LGBT-phobie = comportement anti-LGBT ! d’un tour de passe-passe, la crainte est identifiée à une attitude hostile. Osons un parallèle canin : le chien qui couine, s’aplatit dans un coin et regarde ailleurs, la queue entre les jambes – qui a peur, clairement – est identifié à celui qui fait face et gronde, queue droite et babines retroussées.

Mais poursuivons. Ces …phobies (craintes), ou ces anti… (attitudes hostiles), ou les deux, conduisent, paraît-il, à des discriminations. Et savez-vous combien y a-t-il de catégories discriminatoires punies par la loi ? vingt-quatre (24), pas une de moins. Tenez, en voici la liste. Par exemple, discrimination sur le handicap, sur les moeurs (très vague, les « moeurs » ).

Et c’est quoi une discrimination ? je cite le site (sic) de Droit Légifrance : « Constitue une discrimination toute distinction opérée entre les personnes physiques sur le fondement de leur origine, de leur sexe… » . C’est tout bonnement une lapalissade, un truisme, une paraphrase : discriminer, c’est faire une distinction. Je vois deux individus, l’un blond, l’autre brun : j’opère une discrimination entre eux, je les distingue. Et paf ! je tombe sous le coup de la Loi.

Eh non, ce qui me sauve, c’est que ma discrimination sur la teinte des cheveux – juste la teinte des cheveux, attention ! – n’est pas dans la liste des 24 ignobles discriminations condamnables. Je n’irai pas tout droit en prison (je ne passerai pas par la case Départ, je ne recevrai pas Francs 20.000…) ; j’en serai juste quitte pour un « sentiment d’effroi » .

(à suivre)

Tibert

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