Feu l’état

On m’envoie une photo d’une entrée de grand magasin à Singapour : une silhouette de flic grandeur nature en contreplaqué veille à l’entrée, menottes bien visibles attachées à la ceinture, tandis qu’un texte en retrait affirme : « Voler est un crime ! » : un crime, quand chez nous c’est un délit. Il est vrai qu’à Singapour les murs ne sont pas tagués, les voitures pas cramées, les rares dealers rasent les murs, sachant ce que ça coûte de se faire gauler, face à une justice sans humour ni laxisme… c’est loin, l’Asie du Sud-Est ; par chez nous c’est une autre ambiance. Le Figues-à-rôts s’interroge gravement : « Voitures brûlées de la saint-Sylvestre : pourquoi l’état reste impuissant » : bonne question ! parce que l’état s’en fout, a baissé les bras, et Macronibus le premier, qui se gargarise de la Présidence française de l’UE à partir de janvier, surjoue la crise Covid pour occuper le terrain, mais néglige les tâches régaliennes qui pourtant lui incombent. Notez, il n’est pas le premier… Hollande, fier de son immense « mariage pour tous » , s’est contenté ensuite de déplorer les violences et accompagner les cercueils des victimes d’attentats ; Sarkozy a pris des postures, fait des moulinets prometteurs… et puis voilà ; Chirac a superbement flatté le cul des vaches aux salons agricoles, englouti photogéniquement des bières et des têtes de veau-ravigote, mais la sécurité des Français, alors là…

Notez que lorsque ça le chatouille vraiment, l’état, il sait trouver les moyens d’agir (*) ; mais ça se limite aux citoyens « manoeuvrables » , c’est-à-dire vous et moi : on sait leur serrer le kiki, inexorablement, sur les règlements d’urbanisme, sur la circulation, sur les taxes et impôts, sur les initiatives étiquetées écologie (ça aide si la Justice n’est pas ou peu dans le circuit) ; cependant qu’une vaste frange des occupants de ce pays échappe impunément à tout fonctionnement civilisé.

Sombre constat ? hélas oui. Tenez, voilà pour ajouter à la sombritude, le noir commentaire d’un lecteur – un lecteur abonné du Figaro, que d’aucuns classeront aussi sec chez les fachos, donc – : L’Etat n’existe plus vraiment. Il se contente de prélever de l’argent auprès des capables et de le redistribuer à des incapables, et à garder les enfants en garderie nationale jusqu’à 18 ans. On peut prévoir des fuites massives de diplômés dans les années à venir. C’est moche, un pays qui meurt.

PCC, Cassandre

(*) Un exemple brillant : la sécurité routière sous Chirac. C’était abominable, on y a mis le paquet, ça a fonctionné. Je parle au passé, car a) Il n’y a plus que les radars pour agir – brutalement, donc – ; la police a déserté les bords des routes ; b) effet pervers, des dizaines de milliers de conducteurs roulent sans permis ni assurance. Mais bof… il y a des problèmes plus graves, pas vrai ?

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Recopiez ces symboles *