Diplomatie et malotruité

Deux des huiles européennes de premier plan, Mme Von Der Leyen (disons VDL) et monsieur Michel, rendent visite à monsieur Erdogan… madame VDL est envoyée s’asseoir – la vidéo citée ci-dessus est coupée à ce moment-là – sur un canapé latéral et distant des deux hommes, assis préalablement, eux, sur deux fauteuils voisins l’un de l’autre. Que croyez-vous qu’il arriva ? madame y alla d’un « hum ! » surpris et choqué, mais obtempéra. Monsieur Michel, bien assis, resta coi sur le sujet et fit comme si de rien n’était. Et l’on discuta…

On ne va pas refaire l’histoire, mais face à l’inconduite du président turc, face à ce bras d’honneur aux règles diplomatiques et de simple politesse, face à (*) un affront délibéré aux femmes parce que femmes, on pouvait jouer le truc (**) autrement. Madame était sans doute mal placée pour « monter sur ses grands chevaux » ; le Belge Michel n’avait pas besoin non plus de provoquer un clash, mais il avait une partition à jouer impromptu, ce qu’il n’a pas fait. Il aurait été élégant de sa part, voire courageux, de… a) proposer de permuter galamment avec sa collègue ; b) « Vous n’auriez pas plutôt un troisième fauteuil, on se mettrait en triangle ? » ;  c) rejoindre VDL sur le canapé, « nous sommes très proches l’un de l’autre, n’est-ce-pas… » ; d) suggérer de rapprocher le canapé selon un angle et à une distance permettant à VDL de participer normalement à la discussion…

D’aucuns argumentent que Michel, vu ses attributions, était en l’occurrence l’interlocuteur privilégié, donc il était normal que, gnagnagna… mon oeil ! On connaît Erdogan et sa vision des femmes, qu’il a clairement illustrée là. Michel a été ou pusillanime, ou passif, ou n’a pas voulu faire de vagues, ou n’a rien compris. Mais comme dit l’autre, celle-là, on nous la fait une fois, pas deux.

Tibert

(*) « Face à… face à … face à …  » : c’est une anaphore ! Comme quoi il n’y a pas que Normal-Président pour savoir bâtir une chouette anaphore, surtout si c’est une obscure plume qui la lui a pondue.

(**) Le truc : ben oui, c’est une anagramme !

Citations des classiques

En ce moment pascal suspendu d’avant le Grand Nouveau Renfermement, où les énormes 4×4 rugissants, les quads, les motos « vertes » (vertes mon cul…) sillonnent connement, bruyamment, polluement, pétarades assourdissantes, panaches bleus, odeurs de mazout, les petits sentiers auvergnats champêtres, rupestres, sylvestres – ah la nature, on s’éclate, le grand air ! – en ce moment, donc, de bringue pascale avant la purge annoncée d’Avril (*), je lis des trucs assez ahurissants. Comme quoi, Audiard l’avait bien vu, les cons, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît. Tenez, cet exemple qui pourrait faire office de mètre-étalon de la chose : ce restaurateur qu’on dit grand amateur de Napoléoneries et qui susurrait il y a peu sur M6 qu’il recevait à dîners clandestins des ministres, oui madame ! sans masques ! en nombre ! entre autres, tiens, mon ami Gabriel Dugenou, le célèbre bzzbzzbzz… tiens… En fait non, c’était une blague ! Ah, on se marre. Grosse rigolade. L’humour bien parisien, fin, irrésistible. Décidément – ce n’est pas de l’Audiard, celle-là : « A touché le fond, mais creuse encore ».

Tibert

(*) Paris ne peut décemment être puni seul pour son non-respect des consignes, quand moult régions de l’Ouest et d’ailleurs sont peinardes, covidement parlant :  il faut donc que la mortification soit générale, que la France entière fasse pénitence. C’est ça le jacobinisme, coco.

Disco, flingues et chiens écrasés

Je l’admets, mon pénultième billet sur les propos de madame Pulvar défendant les réunions « racisées » de l’UNEF, ça fait un peu débat sur le sexe des anges quand le volcan voisin est en pleine éruption : c’est hyper-secondaire, ça ne devrait pas, dans un blog normal, faire plus que les chiens écrasés – rien, quoi : je n’ai pas souvenance d’avoir écrit sur les chiens écrasés. Mais je peux vous écrire un truc sur la seule ministre – secrétaire d’état, en fait – qui, à ses dires, ait su traire les vaches !

Madame Paulette Guinchard, obscure membre d’un gouvernement Jospin, chargée de s’occuper des « vieux », et qui subissait les dégradations progressives et inéluctables d’une maladie terrible, est allée mourir volontairement en Suisse à septante-et-un ans : en France on n’a pas le droit. C’est une info déjà vieille de quatre semaines, et qui a peu suscité de commentaires : c’est nettement moins « vendeur » que le décès d’un vague chanteur suisse, pousseur de chansonnettes façon « disco », juste septuagénaire et installé aux USA. Madame Guinchard souhaitait pourtant que son initiative soit rendue publique, mais, comme l’écrivait le cher Caussimon, il est des sujets qu’on évite :

"Ne chantez pas la mort, c'est un sujet morbide

Le mot seul jette un froid aussitôt qu'il est dit

Les gens du showbizness vous prédiront le bide...".

C’est ce fait divers, pourtant très politique, que je vous propose de mettre en parallèle avec le second, que voici : dans le Var, un homme de quatre-vingt-sept ans tue sa femme à coups de fusil, retourne l’arme contre lui et se flingue avec succès, si j’ose écrire : ils sont morts tous deux. Il paraît qu’ils étaient très malades, qu’ils allaient mal. On me dira que c’était un bon plan : ce couple a économisé des frais de voyage et d’hôtellerie, des démarches pénibles auprès des Helvètes, des moments angoissants… mais si on leur avait posé la question « chevrotine dans la gueule » avec succès aléatoire – surtout ne pas se rater – contre potion anesthésiante et létale, que croyez-vous qu’ils auraient choisi ? On a du retard, du retard dans les vaccinations anti-Covid, un bon mois de balbutiements lamentables de notre éléphantesque Administration Nationale ; mais du retard également dans les progrès d’humanité sur la fin de vie ! Loin de disserter sur « euthanasie » face à « suicide assisté », on en est encore à laisser crever. Les toutous domestiques sont mieux traités, quand le futur n’est plus que douleur annoncée.

Tibert

PS – Dans le second cas évoqué, d’aucunes ont aussi sec compté un féminicide de plus ! Oui… si on veut… c’est une façon de voir…