Les bras aussi

« Les masques tombent« , titrent les fulminations des professionnels de santé : le titre allait de soi, s’agissant de cette ahurissante épopée des masques anti-Covid. Eh oui, tout d’abord ils ne servaient à rien, et d’ailleurs il n’y en avait pas (et réciproquement) ; les petits malfrats en piquaient des cartons par ci-par là, dévalisant les camions et les armoires des hôpitaux, pour les revendre à la sauvette 2 euros pièce, eux ou leurs pâles copies en papier mâché, fabriquées dans les caves des faubourgs ; les Etats-Uniens les détournaient par palettes entières en signant des traites ou en sortant des liasses de billets verts sur le tarmac des aéroports. Et puis zou, on change tout, si si, il faut les mettre. Sibeth-La-Voix-de-la-France changeait soudain d’antienne, oui mais non, d’inutiles ils devenaient hautement recommandables. Ah bon… mais quand même, y en avait pas ! On devait donc faire avec les moyens du bord, aux armes citoyens, le Système D, ressortir, confinés, nos machines à coudre – voire la Sinjair à pédalier de la mémé -, retrouver au grenier des coupons de tissu ou découper des rideaux, télécharger et imprimer des patrons… la veillée des chaumières. Au lieu de l’épluchage des cerneaux de noix, confection de masques !

Mais, les bras nous en tombent, ce n’est plus la peine. Des masques? pfff, il va y en avoir à ne plus savoir où les coller. Des centaines de millions, des montagnes de masques. On peut remballer nos machines à coudre, on perd notre temps, on s’emmerde pour rien… Carrouf, Leuclair, Hochant, Mamoutte, Superhu, bref ils vont tous avoir des masques en pagaille, conditionnés par petits lots tout de même, pour décourager les stockeurs fous. Où ils étaient, ces masques ? ah ça… si vous avez une idée…

Tout ceci me rappelle furieusement le Beaujolais Nouveau du 3 ème jeudi de novembre ; bien entendu il est sur place bien avant, le divin pinard, chez Métrot, chez les grossistes, dans les sous-sols des caboulots, prêt à bondir, attendant l’heure du déballage sur les zincs. Mais avant l’heure c’est pas l’heure ! il faut savoir l’attendre… Ou bien, plus crapuleusement, le film de Jacques Rouffio, « Le sucre ». Du jour au lendemain, Piccoli prononce « y a pus d’ sucre !« . Et… y en a plus ! en attendant qu’il refasse surface… c’est juste l’histoire d’une manip, qu’il faudra bien nous raconter un jour. Nous aimons qu’on nous raconte des histoires.

Tibert

PS – J’apprends, après la mise sous presse, que le Grand-Chef de la région PACA, monsieur Muselier, veut des preuves comme quoi la grande distribution n’a pas fait de la « rétention de masques » ; je comprends ses interrogations…

PS du PS – A la réflexion, je ne vois pas pourquoi la grande distribution aurait planqué des masques par millions pour créer la pénurie : les caissières, ces femmes-tronc héroïnes de l’ombre – saluons-les au passage, elles le méritent – qui bravent les postillons des acheteurs, en avaient, en ont toujours foutrement besoin, de ces masques. Disons que ça s’est très mal goupillé, nos gouvernants ayant tardé à changer leur masque d’épaule, eux qui juraient que ça ne servait à rien… c’est eux qu’il faut engueuler ! à vrai dire, comme on n’avait quasiment pas de masques, il fallait bien se justifier, nous raconter quelques salades…

4 thoughts on “Les bras aussi”

  1. … C’est vrai : l’automne 74, pour marquer mon entrée de Dr de la Pub dans une chaîne de grande distribution alsacienne – filiale de la « Food & Drugs » américaine -, y’avait plus de sucre… juss’ au moment des confitures ! Vent de panique de Mulhouse à Strasbourg… Sur le conseil de mon beau-père, qu’était boulanger-épicier depuis les années 20 à Erstein, je contacte les raffineries de St Louis, le principal fournisseur de sucre du Bas et du Haut Rhin :  » Mais noooonnn ! Y’en a autant que vous voulez ! combien de camions il vous faut ? »
    Impossible de déterminer d’où était parti ce « Fake-New » avant la lettre ! Et y’avait pas encore cette calamité des réseaux sociaux…
    Aujourd’hui, on a le même genre de mouvement de panique… mais à propos du papier Q !!! « Tempus mutantur » : Ce siècle a les priorités qu’il mérite !
    « Confinés de tous les pays, unissez-vous ! »
    P.S. / ça va être bientôt fini, ce délire mortel ?
    T.O.

  2. … Eh ben quoi Tibuche ? Z’êtes pas coronaviré, j’espère ?!?
    Allez : heureusement, y’a encore matière à rigoler avec les news du jour. Comme cette américaine qui se balade avec un masque découpé à hauteur du nez et de la bouche « … parce qu’autrement, elle respire mal « !!!
    Y’a aussi le mec bourré qu’a crevé avec son vélo… et qu’a fauché une péniche pour rentrer chez lui (Ça, c’est pas aux States mais chez nous… Et z’avez bien lu : une péniche !!!). J’imagine la tronche de sa légitime quand elle l’aurait vu débarquer sur son gazon comme en 44 !!! Vous me direz, le 6 juin, c’est pas loin : juss’ un peu d’avance sur le calendrier des commémorations. Mais le gonze était tellement pinté qu’il a réussi à envaser son esquif(quif bourricot) ! Et pour cause : il avait pas de brevet de navigation…
    Pour revenir au trou dans le masque, je la comprends très bien, la dame américaine : moi, y’a belle lurette* que je laisse les trous dans mes chaussettes pour que mes orteils puissent respirer ! Et ils ne s’en portent que mieux : pour l’instant, je n’ai pas encore entendu parler de pandémie des doigts-de-pied…
    Bon, j’essuie mes larmes (de rire) et je vais m’essorer un bon kaouah éthiopien (Pas trop agressif, mais très fruité. Je vous recommande ; à Carrouf, y z’en ont un bon à des tarifs abordables…)
    Santé !
    T.O.

    1. Ben non, pas encore (corona)viré. A suivre…
      « Belle lurette » suivi d’un astérisque, et sans renvoi en bas de texte, c’est à dessein ? une campagne d’accroche ? ou ???
      Oui, le café éthiopien. Certes… quand Carrouf a du café.

  3. Exacouëtt’ !!
    Je voulais juss’ demander à qqu’un de l’honorable assistance publique s’il savait d’où venait cette expression idiomatique à réluctance variable… Je n’ai jamais rencontré de lurette en bonne santé ; tout juste quelques lurons plus ou bien montés… et pis dans la lancée, j’ai bouffé la grenouille. Faut dire aussi que mon Expresso italien* venait tout juss’ de commencer à siffler ; et là faut y foncer toute affaire cessante sinon, chaud devant ! C’est sous peu Pompéï dans votre salon…
    Donc, si quelqu’un pouvait me renseigner sur les lurettes, belles ou pas, j’y en serais très reconnaissant !
    @ + !
    T.O.
    (*)… Vrai de vrai des années 30 ; cylindrique, tout chromé avec un couvercle hémisphérique à verrou basculant façon « U-boot » et PAS DE THERMOSTAT… mais y’en a pas un qui sait faire des capuccinos(ni ?) comme çui-là.

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