Abracadapatachon

On a le béret sur la tête, à Pau dans le Béarn (on prononce Béarrrn en roulant rocailleusement les rrr), et notamment, couleur locale oblige, quand on s’en prend au Macronious en visite. Voyez cet article du Parigot (*) qui traite de l’échange fort vif  – mais purement verbal et de postures – entre ce gréviste, enseignant de maths paraît-il  (**) – et le Président. Lequel, constatant que son apostropheur dérive dans son argumentaire et les sujets abordés, lui balance « vous patachonnez dans la tête« . Et le Parigot de chercher, comme tout le monde, keskesaveudire. Patachon, patachonner… ah oui, désuet de chez Désuet, mais oui, effectivement, « ça a eu existé » : Errer sans rationalité. Ouais mais bon… faut aller le chercher, ce truc… pas évident… daté… et de commenter : « Sur le fond, le président de la République peut donner l’impression d’être à côté de la modernité, de la vraie vie, voire d’être arrogant et élitiste. »

Eh oui, la langue française est riche et ne se limite pas aux huit-cents mots de base qui permettent d’acheter sa baguette, insulter les automobilistes et parler du temps qu’il fait, qu’il a fait ou qu’il fera, non plus qu’aux borborygmes et onomatopées utilisés dans les textos pour faire plus djeune et gagner du temps à échanger des propos vides mais concis via son smart-faune. On a connu le tracassin du Grand Charles ;  les citations d’Eluard de Pompon ; l’abracadabrantesque de Chi-chi (Rimbaud succédant à Eluard) ; après une accalmie chez Sarko et Normal-Moi-Président, revoilà du vocabulaire qui a de la gueule, et qui ne vient pas du rosbif et des executive businessmen.  Hors de toute appréciation sur la politique et les initiatives macroniennes – ne mélangeons pas les sujets – ce patachonnage me plaît : j’ai appris un chouette mot nouveau – ancien, en fait, mais tombé dans les oubliettes – et ça commence bien la journée.

Tibert

(*) Eh oui, le matin de bonne heure ce canard est mieux en phase avec l’actualité et plus à jour  que les autres, d’où sa sur-représentation ici. Les jaloux n’ont qu’à se lever plus tôt.

(**) Ce qui ne se voit pas à l’oeil nu. Sa manière de dériver, peut-être ?

3 thoughts on “Abracadapatachon”

  1.  » … Attention à la dangerosité… »
    … J’y repensais en vous lisant parce qu’à propos de langage, je venais de voir passer sur un blog – en général de bonne tenue – ce qui constitue l’un des plus atroces barbaro-néologisme qu’on ait connu ces dernières années ! Outre que le mot en lui-même est absolument hideux, avez-vous jamais recensé le nombre incroyable de synonymes – parfaitement corrects quant à eux ! – qu’il compte ??? à commencer par « le danger », tous simplement ? Ça me rappelle encore un débat des années 80 sur l’emploi d’un autre néologisme – doublé d’un anglicisme, celui-là ! – : fallait-il donner comme masculin de « speakerine » l’horrible « speakerin » ? Ce qui ne prouvait que l’incurable inculture de ces prétendus « réformateurs agréés média » de la langue françouaize ; « speakerine » n’étant déjà rien moins que la féminisation de l’anglais « Speaker », dont le sens original est plus proche de « président » que d’animateur du « 20 heures » sur TF1. Et je ne dis rien des massacres ordinaires en matière de ponctuation ; pour laquelle, en français du moins, il n’existe pas de règles à proprement parler mais plutôt des « usages » !
    Un autre « détail », intéressant lui aussi : mon boulot d’écrivain(*) m’a donné l’occasion de me pencher sur « l’ancien » français, notamment celui employé à l’époque médiévale… Eh bien, j’ai toujours été sidéré de l’appauvrissement du vocabulaire contemporain par rapport à l’infini foisonnement de celui de cette époque, fort injustement qualifié(e) d’archaïque ! Il paraît que le vocabulaire courant du français (très-très) moyen d’aujourd’hui plafonne en général à… 150 mots ! Pour info, les études effectuées sur le « vocabulaire courant » des corbeaux (l’oiseau, pas le délateur !) compte à peu près autant de cris différents ; voire qqsuns en plus… et je ne parle pas de la Corneille des Philippines, ahurissante championne du genre, ni de son comportement social dont l’« homo sapiens » ferait parfois bien de s’inspirer ! Pour revenir à l’humain, je ne dis rien non plus des tics verbaux les plus courants et les plus répétitifs dont on nous gave au fil de l’irrépressible bavasserie médiatique ; notamment lors des épouvantables « micros-trottoir » et autres interviews à la volée ; du style : « Moi-je…, en fait…, voilà… » – j’en ai déjà parlé -, lesquels, outre la pauvreté du propos, illustrent parfaitement l’indigence de la pensée contemporaine. Et ça ne va pas en s’arrangeant !
    T.O.

    (*) Ben ouais : j’ai fait plein de choses dans ma vie ! Et c’est heureux, parce que sinon, y’a belles burettes que je serais mort d’ennui ! Allez, à la revoyure !

    1. Eh oui c’est ce que je nomme l’enflure : ça fait « plus mieux ». Technologie pour technique, et rien de moins sinon ça fait miteux ; dangerosité pour danger, péril, risque ; votre délicieux speakerin qui pourrait être simplement un présentateur, un orateur, un intervenant… bref il convient de lester le discours de mots « de poids » et qui font ronfler le discours. Mais avez-vous apprécié le « Vous patachonnez » ? fallait le sortir, celui-là.

  2. … Bon, j’avoue que j’ignorais complètement le mot, bien qu’ayant longtemps mené ce que ma mère-grand nommait « une vie de patachon ».
    Mais je veux ici souligner qu’en tant qu’autochtone d’Amiens, notre cher président a sans doute eu accès à ce qu’on nomme improprement le « patois du Nord » et qui n’est rien d’autre que les bribes de la langue d’Oïl, équivalant septentrional moribond de la langue d’Oc, elle encore bien vivante ici. Dans mon adolescence, il me souvient avoir même entendu pratiquer le flamand par des personnes âgées à Hazebrouck, pas loin de là ; un peu comme l’alsacien était encore très prégnant dans le Bas- et le Haut-Rhin au début des années 70 et revient – paraît-il – en force parmi les jeunes générations. Or, toute la région des « Flandres Françaises » est censée l’être… depuis Louis XIV et 1668 !
    Tout ça pour souligner que suite à d’innombrables occupations « étrangères », le français des « chtis » compte pas mal de mots et d’expressions venus d’ailleurs et passés dans la langue vernaculaire depuis longtemps ! Ex : une « selle » pour une chaise (espagnol), une « glaine » pour une poule (là encore espagnol. Ou latin, « gallina » ?) et des expressions comme « faire de son best » (région d’Hazebrouk ; néerlando-germain pour « faire de son mieux »)
    A vrai dire, ces recherches sont passionnantes – tout comme toutes celles sur l’étymologie ! – et si la ré-incarnation existe, je promets de m’y mettre sérieusement… dans une vie future !
    @ + !
    T.O.

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