La bataille des grèves longues, impopulaires et mal barrées, c’est assez souvent la fatigue et le baromètre qui la gagnent. Le baromètre « Soutenez-vous les grévistes ? oui / non / ne sait pas« . Le Monde, dont l’objectivité intransigeante ne fait pas débat 😉 s’est fendu à ce propos (*) d’une enquête « Appel à témoignages : dites-nous comment, quoi, que…« . Et l’on découvrait hier le résultat des courses, je cite :
Les non-grévistes assurent « ne pas pouvoir se permettre » de cesser le travail et manifester, évoquant des raisons financières, mais aussi pratiques.
Belle unanimité ! les non-grévistes… pas le partitif « des non-grévistes« , non ; l’article défini, sans nuance. Si l’on suit bien, donc, aucun des témoignages, nous dit le Monde, n’invoque une autre raison de ne pas faire grève ! par exemple, je ne sais pas, moi… le désaccord avec les syndicalistes SNCF-RATP « Nos avantages acquis » : ce serait possible, ça ? ou bien, la réprobation de cette prise d’otages massive et cynique… l’accord avec le projet de simplifier, unifier, en finir avec des systèmes de niches inégalitaires et archaïques… la volonté d’équilibrer les comptes… de ne pas financer les retraites de luxe de certains par le régime général… de réduire l’écart effarant entre le régime des fonctionnaires et celui du secteur privé… de proposer enfin une retraite décente aux commerçants et artisans… j’arrête là. Non non, écrit la journaleuse commise à ce panégyrique pro-grève, les non-grévistes, tous les non-grévistes, soutiennent la grève, nonobstant les apparences et leurs empêchements.
Le Courrier des Lecteurs afférent, riche et varié, et dont je vous recommande la lecture, remet largement les pendules à l’heure, comme quoi les articles biaisés ne trompent pas tout le monde… une citation parmi moult autres dans le même sens rectificatif : « Je cherche toujours l’article du Monde sur la France non gréviste ET favorable a la réforme – pour reprendre la formulation initiale. Un lien? Mais j’ai quelques doutes… » – moi aussi ! 😉
Tibert
(*) On traite de l’actuelle grève SNCF-RATP, essentiellement parisienne, en fait : les provinciaux sont largement à l’écart de ces emmerdements dans leur vie quotidienne ; pour leurs déplacements à travers le pays, évidemment, c’est plus coton, grâce aux conducteurs SUD-Rail, CGT et consorts.
Mouais. Difficile de prendre position… Si l’on évite Toulouse, ici on ne peut pas dire que la région soit particulièrement touchée par les mouvements « sociaux » en cours. Il me semble même que le TER circule aussi. Pour le reste, on assiste aux amalgames coutumiers à ce genre d’actions : il y a ceux qui soutiennent parce qu’ils savent très bien qu’il seront les premiers – et peut-être les seuls ! – à régler l’addition. Et puis il y a les autres, cramponnés à leurs avantages/privilèges d’un autre âge, comme la « prime charbon » des cheminots… À propos de « prime charbon », on devrait leur conseiller d’aller demander l’avis des habitants de Sydney, à ce propos, non ?
Mais c’est un autre problème.
Pour le reste, si l’on comprend parfaitement la nécessité pour le gouvernement d’assurer le financement des retraites des trente années à venir, il y a l’urgence…. et la méthode ! Or, outre le mépris ostensible des Delevoyou et autre Dr des RH du « AUCHAN » de Béthune, soudainement intronisé Grand Mamamouchi en toute extravagance/invraisemblance* et en dépit du bon-sens, le gouvernement fait, comme d’hab, preuve d’un amateurisme coupable et d’une précipitation qui ne peut apparaître, de l’extérieur, que comme un signal de panique. Et je passe sur tout le reste : j’ai encore des paquets-cadeaux à faire et j’entends célébrer une vieille tradition complètement oubliée à l’époque des « Réseaux Sociaux » : la trève (pas la grève !) des confiseurs.
Tiens à propos : je n’ai jamais vu de toute mon existence un Noël aussi éloigné de la tradition chrétienne qui en reste l’origine, du moins par chez nous ! On ne voit plus que Pères Nowëll hilares et replets aux couleurs de Coco-Lala, attelages de rênes érotomanes à pif érubescent, boules et guirlandes en tous genres, illuminations profuses (un peu… grêles ici cette saison. Mais la municipalité accuse un tel déficit budgétaire qu’il n’y pas de petites économies !) etc. etc. Tant pis pour l’ ADF** : au moins, Golfech ne surchauffera pas.
Cependant, pas une seule crèche : les santons aussi sont en grève ? Ou hésite-t-on désormais, en célébrant une vieille tradition chrétienne, à encourir l’ire aveugle des salafistes et autres illuminés d’à la (Bonnevôtre)? C’est terrible à dire, mais c’est à ce genre de détail – d’apparence bénin – qu’on se rend compte des avancées d’une idéologie terroriste qui se dissimule de moins en moins…
Et Paix sur la terre aux Hommes de bonne volonté, dont les VRAIS musulmans, bien loin de tout ça !
T.O.
(*) Faut reconnaître aussi que le poste, en première ligne par ces temps agités, n’a peut-être pas suscité autant de candidatures zélées qu’on était en droit d’attendre… Dommage qu’il ne s’appelle pas « Charles », le MachinSzucki en référence, on aurait pu lui donner le sobriquet de « Charles-le-Téméraire »… Mais y’en a toujours des pour se croire plus malins que les autres ! Ben voilà ; lui a gagné la patate bien chaude ! Paris ouverts : il la mâchouillera combien de temps ?
(**) C’est notre femme de ménage (polonaise) de Roubaix qui dénommait de la sorte « Électricité de France », où son mari était par ailleurs contremaître.
Les « prime de charbon » et « prime pour absence de primes » sont des légendes urbaines. Celle de charbon, ça fait 40 ans qu’elle a disparu. Ceci dit, les cheminots ont encore de beaux restes à leur statut, comme on sait, avec le départ à la retraite précoce… pour un boulot qui n’a plus rien de particulièrement pénible. Calculs en brut fin 2015, les retraites « moyennes » donnent ceci :
Pensions de droit direct (y compris majoration pour enfants) POUR DES PERSONNES À CARRIÈRES COMPLÈTES, salariés du régime général : 1820 €
SNCF : 2350 € (pour l’ensemble des régimes spéciaux, c’est 2600, mais le montant à la SNCF est environ 10% inférieur)
Bref les actuels retraités de la SNCF à carrières complètes gagnent environ 30 % de plus en moyenne que les retraités du privé à carrières complètes en termes de droits directs.
Voilà… et sans se noircir la tronche au charbon.