Sombres heures, rebelote

Comme je suis un peu versé dans la langue des Grands-Bretons, j’ai pu déchiffrer texto un article du périodique israélien, anglophone, économico-financier « Globes« , du moins sur son site houèbe – site dont je me passe très bien d’ordinaire. J’avais été incité à cette lecture inhabituelle par un article du Monde plutôt dérangeant : en substance, le Ministère des Finances – le nôtre – y démentait formellement les assertions du Globes, à savoir : entretenir, au 13ème étage (le chiffre 13, forcément) du célèbre bâtiment du quai de Bercy, une équipe spécifique et secrète de fonctionnaires des Impôts parlant l’hébreu moderne, équipe destinée à contrôler, surveiller, traquer et faire rendre gorge à nos compatriotes contribuables Juifs… Le Globe titre ainsi : « La cellule secrète comporte 20 employés parlant l’hébreu, et va en embaucher 5 de plus pour traquer l’évasion fiscale« .

Le Globes, comme souvent la presse de langue anglaise, ne sait pas faire court, et délaye, se répète dans un article à rallonge. Au total, si on a bien suivi ce qui y est dit, c’est scandaleux ! les heures les plus sombres, stigmatisation etc… et puis antisémitisme, forcément ! Je me suis payé l’article in extenso, et puis les commentaires… des vertes et des pas mûres ! af-f-freux ! le Point Godwin atteint en moins de deux, et haut la main ; le 3ème Reich, presque le Vel’ d’Hiv, etc.

Outre que notre Ministère des Finances – on s’y attendait – a traité ces propos de  » bobards  » ( » fake news   » en hébreu), j’ai pu, amusé, lire ce commentaire de lecteur – je vous  traduis :  » Hum …. il n’y a que 9 étages à Bercy 🙂 Pour faire partie de cette équipe, il faut non seulement parler l’hébreu, mais aussi apprendre à léviter…  l’auteur de cet article pourrait peut-être fournir les substances permettant d’y arriver 🙂 « .

Voilà… maintenant, il reste que des Français plus ou moins riches achètent de l’immobilier en Israël  – c’est parfaitement légal, si déclaré ; que des bi-nationaux franco-israéliens se sont illustrés ces dernières années par des magouilles et délits juteux (*) ; que les nouveaux immigrants français en Israël (essentiellement des Juifs, faut-il le préciser ?) sont exonérés de pas mal d’impôts pendant 10 ans, et que les services fiscaux de nos deux pays ne collaborent pas. Tout ça peut justifier que « Bercy » s’intéresse tout particulièrement à certaines couches de la population, par exemple de préférence les bi-nationaux franco-israéliens qui investissent là-bas plutôt qu’aux retraités des postes, ex-fonctionnaires de catégorie C. On pourrait parler de contrôle au faciès, certes ! mais … mettez-vous à leur place : ils cherchent là où ils pensent que ça peut rendre, c’est humain. Et, non, le chef de cette crypto-cellule secrète ne s’appelle pas Darquier de Pellepoix.

Moralités :

1) Premio – Il y a une grosse différence entre surveiller un certain nombre de contribuables Juifs, bi-nationaux ou pas, parce qu’ils ont des filières de fraude bien identifiées, et surveiller spécifiquement les contribuables juifs parce qu’ils sont Juifs.

2) deuxièmo – il paraît, mais chuuut, que Bercy a monté une cellule clandestine de 50 salariés lusophones (**) pour  traquer les nombreux retraités attirés par l’eldorado portugais et rebutés par la hausse de la CSG – qu’ils prennent justement en pleine poire en ce début 2018. Au 14ème étage à Bercy, précisément. C’est un tuyau très sûr.

Tibert

(*) Notamment les arnaques de soi-disant PDGs appelant au téléphone leurs Directeurs Financiers pour virer en urgence des fonds destinés à conclure des affaires… voir par exemple cet article du Parigot.

(**) Scoop : ils vont en embaucher 6 de plus ; les petites annonces pour le concours administratif ad hoc sont en cours d’impression.

9 thoughts on “Sombres heures, rebelote”

  1. … Ahlàlà ! Des fois, à lire les nouvelles caisse ch’uis content de ne pas être riche, et moins encore juif* ! A force de plus savoir quoi faire de son fric, on devient naïf qu’on croirait jamais ! Remarquez, ça fait des décennies que je suis domicilié (en location !) ici ; depuis 2009 je n’ai que mes 3 petites retraites pour vivre (en dessous du minimum vieillesse, si-si) et cette année, pour la première fois, on me demande… de justifier que je ne suis pas redevable de l’ISF ! Le seul impôt que j’aimerais tellement payer… Et je ne vous parle pas de la taxe foncière, de la redevance télé (et les monceaux de fric des annonces publicitaires, y-z-font quoi à France-Télévision ?) et autre conneries du même tonneau, qui devraient disparaître vu mon grand âge, nââân ???
    L’ouverture du gouvernement aux « pointures »de la société « civile » aura eu au moins un effet immédiat : jamais on n’a eu affaire à un tel amateurisme ! On ne gère PAS un État comme une chaîne de supermarchés ou un fabricant de bagnoles. C’est tellement difficile à comprendre ?

    (*) Bien qu’une partie de ma famille – la plus sympathique, au demeurant… – en soit. Mais pour ma part, comme le disait Sacha Guitry « … Je n’ai pas cet honneur. »

  2. « (**) Scoop : ils vont en embaucher 6 de plus ; les petites annonces pour le concours administratif ad hoc sont en cours d’impression. »

    Voilà ce qui s’appelle une « fake-new » ou je ne m’y connais pas ! Malheureusement, le projet de loi visant à « encadrer » les sites susceptibles de propager ce genre de gags n’en est pas une, de « fake-new »*… Ce petit guignol imbu de lui-même qui nous fait office de magistrat suprême élu par K.O. technique entend décidément régir et diriger tout à sa sauce personnelle… jusqu’à retoucher la sacro-sainte loi de 1881 sur la liberté de la presse et donc, de l’opinion !
    Parce qu’enfin, comprenez-le bien : le peuple de France est bien trop intellectuellement borné pour comprendre tous ces trucs si qu’on lui explique pas pas-à-pas en lui tenant la zigounette affectueusement pour qu’il n’en mette pas partout ; faut tout lui apprendre ! Vous vous rendez pas compte le boulot j’ai l’impression…
    Au fond, m’étonne pas qu’il s’entende si bien avec ch’Trumpf, notre Macroléon 1er : Ils sont de la même trempe, à défaut d’être de la même génération. « Salut-à-toi Dame Bêtise…! », comme le chantait le grand Jacques…
    Ben, « … on n’est pas rendus ! », comme on dit à Besançon.

    * ‘Tention à vous, Tibuche… tenez-vous bien ; fini de rigoler !

    1. Oui, les bobards… une loi contre les bobards… et une loi de plus dans l’arsenal des lois opportunistes, mal nées et inapplicables – dans le droit fil des initiatives sarkoziennes, toujours avec un coup de retard. Il existe des tas de textes poussiéreux réprimant la propagation de fausses nouvelles avec intention de nuire (diffamation etc…) alors servons-nous en.
      Mes bobards, mes « fake news » (marque déposée, comme la magnifique nouvelle « flat tax » qui est une taxe uniforme – c’est forcément moins beau, ça ne sonne pas rond comme un flat-four – mes fake news sont évidemment de l’ordre du clin d’oeil, du trait d’humour : mais y aura-t-il encore possibilité de faire de l’humour d’ici quelque temps ? ça se rétrécit sérieusement !

  3. (D’abord : bonne année à ce blog ! voilà qui est dit.)
    Je relie ce billet (relier, pas relire) à cette réaction d’un lecteur du Monde sur le renoncement de NVB, N. Vallaud-Belkacem, qui finalement ne briguera pas la direction du PS :  » Tout mon respect à cette jeune femme que je pense intègre et qui doit faire face en permanence à une haine incompréhensible sans doute liée à ses origines « . Voilà le truc : on est Noir et on se fait éconduire en draguant ? la fille est raciste ! on est Juif et on a un contrôle fiscal ? c’est de l’antisémitisme ! on a été une ministre – soyons gentils – piteuse (intègre, c’est le minimum, mais ça ne suffit pas !), et si on la critique, c’est du racisme ! drôle de grille de lecture…

    1. Merci de vos voeux. Eh oui, c’est la Théorie du Complot appliquée aux petits évènements du quotidien. Bien commode, ça évite de se remettre soi-même en question.

  4. … Bon, je ne vais pas m’embarquer maintenant dans une diatribe sur le respect dû à l’œuvre d’art (« Diatribe », ç’t’un mot que j’ai appris dans la dictée du Brevet Élémentaire, au début des années 60 ça…. Ça nous rajeunit pas, dites-donc ! On fait encore des dictées, aujourd’hui ? Mais les diatribes, c’est pas ce qui manque, et à tout bout de champ ! Celle-là concernait – déjà ! – l’automobile : on se rendait pas compte mais on était des précurseurs, et pas plus fiers pour ça !)
    Où en étais-je (je suis le roi de la digression…) ? Ah oui : le « Mai Musical Florentin »* s’est permis de « retoucher » la fin de Carmen !!! Histoire de souligner la tragédie des femmes battues par leur copain/con-joint et de leur apporter un soutien mo’al, paraît ! Outre qu’à force de l’entendre je suis devenu quasi-allergique à notre opéra national** – joué au moins une fois par jour partout dans le monde et même en chinois, prétend-on ! -, je trouve qu’on a singulièrement oublié les mouvements LGBT dans cette « retouche » pleine de bons sentiments ! Aussi voici la nouvelle fin que je suggère instamment, à partir de la tragique réplique de Germaine… pardon, CARMEN « … Et bien frappe-moi donc ! Ou laisse-moi passer… »
    Don José cède à ses bons sentiments et libère le passage ; Carmen se précipite dans les escaïers des arènes de Séville pour aller au devant de Ramuntcho (Zut, non, ça c’est un autre bidule… là, c’est Escamillo), glisse sur une peau de banane qui traînait par là, dégringole 45 marches la tête la première (c’est ça être une « femme de tête »…) et se tue dans un grand frou-frou de jupons zensanglantés : bonjour la cascade !
    Dernier tableau, funérailles de Carmen. Don José, en larmes, aperçoit le bel Escamillo en question venu (avec des lunettes nwâres) juss’ pass que les photographes sont là aussi. Les deux « ex- » tombent dans les bras l’un de l’autre. Ils s’aperçoivent qu’ils ne pourront plus vivre l’un sans l’autre (Because ze souvenir of Carmencita, of course !). Ils se pacsent et partent bras dessus-bras dessous au Para-Gays, où il vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants (Ah, flûte : là y’a un lézard… Bon, disons qu’ils ouvriront un orphelinat, point-barre.)
    Je vous invite très fort à suggérer d’autres fins pour tous les grands machins du répertoire. Exemple, une fin de Tosca où l’exécution de Mario est réellement une fake-new ; les balles étaient bien à blanc, mais il a eu tellement peur qu’il en a fait dans sa culotte. Mort (de honte, cette fois.) il se refuse à sa belle et décide d’entrer à la Trappe. Toscallas est furieuse ; de rage, elle épouse Scarpia ; ils partent vivre au Gâtez-moi-là où ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants.
    À vous ! C’est pas la matière qui manque : je vous ai abandonné tout Wagner… et aussi Verdi, ‘scusez du peu !

    (*) Ah, le « Longarno » et le Ponte-Vecchio : une de mes ballades florentine (sans épinards) préférées…
    (**) … on rapporte que de Gaulle l’aurait supporté pas moins de 47 fois tout au long de son règne…

    1. Un peu hors sujet, voire carrément, mais rafraîchissant. A propos de fin façon LGBT pour « Carmen », j’ai lu dans un canard que deux hétéros – un « sénior » handicapé et son aide de vie – se sont quand même pacsés !! bicôse comme ça l’handicapé peut léguer plus facilement ses biens à l’autre, et les Impôts pourront se la mettre sous le bras… Idem, Don José et Escamillo pourraient se pacser pour des tas de raisons autres que de coeur (et plus si affinités). Ce qui ferait des variantes à vos variantes.

  5. … »Idem, Don José et Escamillo pourraient se pacser pour des tas de raisons autres que de coeur… »
    Dont l’héritage de Carmen, entre autres ! Si les droits courent toujours, pire que le « Beau Lérot » de Ravel* !!! Vous imaginez ? Maintenant, si c’est juste la Carmen de Séville, l’héritage d’une rouleuse de cigares (sur la cuisse, si-si…) du SEITA de Séville, ça doit pas mener bien loin, même avec les petits à-côtés de la contrebande…

    (*) Dont les bénéficiaires actuels sont une très obscure société néerlandaise de « droit international (!) » basée aux Caïmans ou quet’chose comme ça… Il me souvient d’une interview du dernier descendant connu – avant cette société zarbi, pour le moins ! – de la gouvernante de Maurice, qu’il avait instituée son héritière pass’ qu’il avait pas eu le temps de faire des gosses : un coiffeur parisien (!!!) L’interviewer lui avait demandé s’il connaissait au moins la musique de Ravel, qui lui rapportait des paquets de miïons tous les ans sans avoir à lever le petit doigt. Réponse du mec : « Moi, la musique classique, vous savez… »
    C’est ce qu’on appelle avoir la reconnaissance du ventre, à défaut de celle des oreilles. J’espère qu’après sa mort, le Figaro inculte aura droit à une éternité de purgatoire avec, 24 heures sur 24, toutes les versions possible de « Petit Papa Nowëll » à fond la caisse dans un casque greffé directement sur sa cervelle (s’il en a une !)

    1. A ma connaissance, les droits en France courent jusqu’à 70 ans après le décès de l’auteur. Ravel : 1937, une exception : depuis mai 2016 le Bol-hérault ne nourrit plus ses ayant-droits. Bizet : depuis 1875, ça fait jolie lurette qu’il est tombé dans le domaine public, non ?

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