Toujours aussi con… fus

Je passe sur la dépouille de Johnny Halliday-Smet embarquée pour les Antilles : bon vent, monsieur Smet ! (les Alizées, le top !), et voilà une tombe qu’elle aura pas trop de visites métropolitaines – françaises ou belges. Sniff, et puis RIP, comme on dit sobrement. Chouette, on peut maintenant passer à autre chose.

Je passe sur le scrutin pour désigner le président des LR, où, toute boussole politique égarée, les bulletins font dans l’écriture  inclusive, ce monstre bisexué. On avance au pif, les yeux bandés…

Je glisse fissa sur monsieur Macron : « Statut de Jérusalem : Macron «surpris» par la position du Crif« , dixit le Figaro, car le CRIF (le Conseil Représentatif des Institutions Juives de France) encourage icelui à reconnaître lui aussi, après Trump le provocateur « America First« , Jérusalem comme capitale d’Israël… les membres du CRIF ont pété des durites, là, probablement… ça devient du n’importe quoi… et puis que monsieur Macron soit surpris ? surpris la main dans le pot de confiture ? surpris à bailler pendant l’office funèbre ? non, étonné ! étonné de l’initiative aberrante du CRIF. A ce niveau de l’Etat, on comprend mal ces imprécisions de vocabulaire.

Je salue rapidos la fin territoriale de Daech, annoncée par l’armée irakienne. Bonne nouvelle, mais où sont passés les fanatiques armés de ce régime abominable et fugace ? disparus dans la nature ?  hem…

Enfin, revenant sur l’initiative de Trump pour son ambassade en Israël : ça a foutu le feu, bien évidemment, c’est comme ça  que fonctionnent les provocations. Hélas, on gueule un peu partout dans les pays musulmans (raccourci commode pour « pays à population majoritairement musulmane ») des trucs comme « mort aux Juifs » ; on s’en prend aux synagogues, etc. Cet amalgame malsain entre les Juifs et l’état d’Israël est lamentable, il est lassant d’avoir à le redire encore et encore. Et l’initiative du CRIF sur Jérusalem-capitale, dont je traite ici plus haut, s’inscrit hélas pleinement dans cette logique de confusion. Où le CRIF rejoint Trump…

Tibert

Si on passait à aut’chose ?

J’en ai, vous en avez peut-être, on est nombreux  à en avoir ras la casquette des développements médiatiques massifs sur le décès d’un chanteur de variétés nommé Smet, alias J. Halliday. Pitié, passons à autre chose, c’est confondant de bêtise et de complaisance douteuse.

Donald T. le massif blond brutal nous a pondu pendant ce temps-là, pendant que la France en affliction pleurait à jet continu son défunt troubadour septuagénaire, nous a pondu une décision qui va sûrement arranger les choses au Proche-Orient. Déplacer l’ambassade des USA en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem, c’est signer l’arrêt de mort de décennies d’une diplomatie faux-cul et délétère, appelant en façade Israël à la modération et au dialogue tout en lui fournissant assistance, sollicitude, et toute l’aide possible pour ses efforts de guerre. La provocation « trumpienne » a au moins le mérite de casser ce jeu sournois et malsain : on voit désormais très clairement pour quelle cause roulent les USA. Maintenant, que ça entraîne des violences, que ça ferme un peu plus les très ténus espoirs de règlement pacifique du différend israélo-palestinien, alors là, il s’en fout, Donald : il fait plaisir à son électorat, c’est là tout ce qui compte. America First, qu’il nous dit, quelles qu’en soient les conséquences planétaires.

Tibert

C’est délicate de traiter de la neutre…

Oui, je sais… Johnny, ah que… gnagnagna… rocker… idole… manque… vide, etc. Oh, manque… pas tant que ça, je n’ai jamais déboursé UN centime pour abonder son compte en banque, concerts, disques, films : zéro. Mais saluons l’homme, le pro du spectacle, sinon ses réalisations. Au fait, Jean d’Ormesson aurait pu lui laisser la priorité, à trois jours près : après vous, cher monsieur, je vous en prie ! Mais non : résultat des courses, premier d’Ormesson, deuxième Smet. Ce qui va accélérer fissa le passage du premier aux oubliettes journalistiques ; Johnny c’est autrement meilleur à tartiner médiatiquement (**).

Mais bon… je pensais, cette nuit, dans ma tête, ignorant du drame apocalyptique dont je vous cause ci-dessus. Je pensais au neutre ! y a-t-il un genre neutre dans notre langue ? on me dit à ma gauche-gauche, non. Masculin féminin et basta, le masculin l’emportant etc etc…, règle honnie qui fait problème de nos jours – citons la « grande souffrance » (sic) des petites filles découvrant cette injustice grammaticale, selon les promotrices de l’écriture inclusive. Nous avons ainsi à faire face à l’émergence indigeste du sexuellement correct, qui veut qu’on cite les divers sexes de manière exhaustive, qu’on les voie tous bien !

Moi je vais vous dire : j’aime la concision. En maths on utilise élégamment la notion d’ensemble : tous les membres de l’ensemble Grand-E, qu’ils soient moches ou beaux, vieux ou laids, héritent des propriétés communes à Grand-E. Ce qui m’épargne l’énumération besogneuse de chacun de ces éléments. Eh bien, pour moi le genre humain est un ensemble Grand-H. Tout homme est mortel – les femmes aussi, donc.

Bon, soit, mais le neutre ? tenez, la phrase « C’est tout de même malheureux de devoir expliquer ça« . « C’est malheureux de… » c’est du neutre. C’est « on », l’indéfini, qui est neutre. « On a bien rigolé » : des hommes? des femmes ? des trans ? des… on s’en fout, on a bien rigolé. Il se trouve, c’est historiquement hélas indéniable, et quelle souffrance, que le neutre se confond avec le genre grammatical masculin. C’est comme ça, et si l’on veut faire concis – les journaleux en sont à écrire massivement de l’anglais parce que c’est plus soi-disant plus concis, « black friday » est en effet plus court d’un caractère que « vendredi noir » (*) – c’est pertinent, vu qu’au féminin on ajoute parfois, pas toujours, des lettres. « C’est difficile de…« , c’est kif-kif, mais « C’est malheureux que… » fait plus court que « C’est malheureuse que…« . Pas de beaucoup, mais sur tout un texte…

Bon, j’arrête là, je sens que je vais me faire des inimitiés. Mais pourtant, le neutre existe ! eppur’, si muove.

Tibert

(*) Vendredi Noir c’est sinistre, ça ne fait pas vendre. Tandis que Black Friday, là, je sens qu’on va faire des affaires.

(**) La débilité gagne du terrain à grand pas : une ovation debout  (en anglais, of course, « standing ovation« , ça fait plus debout) pour Johnny ! et où ça ? pas à son fan-club, non, à l’Assemblée Nationale. Bravo les gars…

Sous les couches géologiques

Vous avez sûrement loupé cette information essentielle : Lutte Ouvrière alias LO (« Travailleurs, travailleuses, le grand capital blahblahblah... » ) a tenu ce houikinde son congrès – à huis clos.

Ils se revendiquent, chez LO, de Trotsky, Léon, Trotro pour les amis. Léon, le barbichu qui faisait marronner Staline. Héritière pure et dure de Léon, LO, qui se garde de toute compromission, beurk, a pu capter aux environs de 7 pour mille suffrages exprimés, tant aux Présidentielles qu’aux Législatives. Vous imaginez ? sur un bled de 10.000 habitants, 70 en moyenne ont voté pour Trotsky. Hélas, malgré ces scores plébiscitaires, Léon s’est fait dessouder en 1940 au Mexique et au piolet par un sbire de Staline. Et depuis 77 ans on le pleure – du moins chez LO – lui qui n’a jamais eu le bonheur d’instaurer sur Terre le Bonheur, justement, le bonheur révolutionnaire de la classieuse, éternelle, increvable Classe Ouvrière, la rédemptrice.

Voilà, comme on dit quand on n’a plus rien à dire. Mais tout ça m’inspire un parallèle hardi, toutes proportions de chapelles gardées : le papam des cathos, obstiné, cabochard, buté, se cramponne à son dogme et refuse mordicus d’élargir la prêtrise aux femmes, aux hommes mariés… tandis que LO, à huis clos,  se cramponne à son dogme et continue sa petite messe révolutionnaire toute seule dans son coin. François et les Authentiques Héritiers de Léon, même hauteur de vue.

Tibert

Pingouins et limaces

J’ai craqué ! tel le lecteur assidu de Marie-Patch ou de Points-de-Cul-Images-Du-Monde (ça existe peut-être encore ? au moins sur les tables basses des salles d’attentes des coiffeurs et des dentistes ?)  j’ai visionné la petite vidéo qui illustre le prologue du dîner de gala, bref le banquet des prix Nobel à Stockholm… le prologue : arrivée majestueuse, lente et solennelle, avec musique appropriée, des invités qui valent quèqu’chose (les autres dans la salle en bas, qui regardent processionner les lents et majestueux invités, ce sont probablement les figurants embauchés pour la soirée – boulot vachement saisonnier – et puis le petit personnel ). Superbe ! des rangées de casquettes d’étudiant.e.s (*), et puis des fracs, noeuds-paps, looongues robes colorées… du beau linge ! Et je ne puis m’empêcher de penser qu’Alfred Noble, pardon, Nobel, avait du pot de s’appeler comme ça. Nobel : ça le fait, ça sonne bien pour un prix ! Mais si monsieur Nobel s’était nommé Donald Mach’prout, Roger Zunic ou  Marcel Dubeur, qui en voudrait, de son prix ? le Prix Zunic, le prix Dubeur…

Et puis je lis qu’ « ils » songent sérieusement à limiter la vitesse tout partout à 80 km/h, nationales ou départementales. C’est que la vitesse c’est accidentogégène ! Donc le brave con qui se traîne à 82 km/h derrière cinq semi-remorques (dans l’ordre : lituanien, bulgare, roumain, hollandais et portugais) en procession sur une nationale sans problème – sans espoir de les doubler, est-il besoin de le préciser ? – va se faire aligner, chauffard, assassin !… pendant ce temps-là, les furieux qui se moquent des panneaux, des lignes continues, des stops et des priorités à droite, les malades qui textent d’une main et d’un oeil tout en conduisant, les cinglés qui ne connaissent que la poignée dans le coin ou le pied au plancher et qui vous collent au cul pour doubler quoi qu’il advienne, les éponges zigzagantes et imbibées à 1,8 g. par litre de sang, les inconscients qui pilotent tout en farfouillant dans la boîte à gants à la recherche de leur briquet, les radins qui ont acheté leur bagnole sans l’option clignotants et tournent brusquement à gauche…  tous ces braves petits pour qui les textes réglementaires sont lettre morte, pourront continuer à pourvoir les statistiques de mortalité routière, en y invitant les malchanceux qui passeront là au même moment.

« Ils » continuent à bien saisir le problème, là-haut… faut-il le rabâcher ? durcir les lois, les règlements, c’est juste punir les gens qui les respectent. Alors qu’il faudrait enfin et d’abord s’en prendre à ceux qui s’en foutent, des règlements.

Tibert

(*) Echantillon gratuit d’inclusivité scripturale. Attention !  ne pas lire « étudiant point e point e s« , c’est moche, c’est laid et c’est illisible, mais « étudiants et étudiantes » : des fois qu’on n’aurait pas remarqué sur la vidéo qu’il y a des robes longues. Il y a les deux sexes ? voire plus ? donc il faut l’écrire explicitement, sinon on ne les voit pas vraiment bien, les femmes, on n’y pense peut-être pas, ce qui est dommage, tout de même. Elles aussi elles ont le droit d’être sur la photo et qu’on le spécifie. Donc : « tou.te.s » bien « habillé.e.s » ; lire « tous bien habillés, et toutes bien habillées« , ou « tous et toutes bien habillés et bien habillées« , en articulant bien la fin, « habillé-heus » – les deux versions sont correctes, correctes et concises et gracieuses comme des parpaings. Ou des briques (la brique est la femelle du parpaing).